mardi 7 septembre 2021

Cloud : et après ?

L'histoire des SI est relativement jeune et le Cloud peut-être vu comme une Nem évolution des infrastructures des systèmes d'information, depuis le mainframe commercial des années 60. Mais ce serait oublier l'évolution de la démarche de construction du SI, qui est passée dans le même temps de "make" (datacenter interne) à "buy" (externalisation), de son rythme d'évolution qui est passé des "paliers d'évolutions" au déploiement continu (DevOps), et bien sûr celle de l'Internet qui est devenu une plateforme numérique mondiale pour les applications, partagée ou privée.

Sur le plan des coûts, le Cloud a amené un modèle de performance dans lequel les coûts unitaires se sont effondrés avec l'industrialisation, mais sans toujours profiter à l'entreprise, car d'autres dans la chaîne de valeur ont dégagé de fortes marges. Les principaux acteurs à avoir construit en 10 ans ces plateformes mondiales sont Américains ou Chinois. Et à l'image des dernières annonces de Microsoft (2021 Q3), ce sont les revenus du Cloud qui dopent les revenus globaux et la capitalisation boursière de ces géants que sont Amazon, Microsoft, Google, Oracle ou Alibaba.

En cette rentrée où le Cloud, qu'il soit PaaSSaaS ou Iaas, n'a plus à convaincre pour être candidat dans les nouveaux projets de la DSI, et après avoir su délivrer des services collaboratifs - digital workplace - résilients en période de crise, on pourrait se dire que le modèle est stabilisé et n'évoluera plus de façon radicale. 

Mais les radars de GreenSI captent des signaux d'évolutions à moyen terme. Avant de les aborder rappelons un certain nombre de constats sur le déploiement du Cloud en 2021:

  • La majorité des dépenses actuelle des DSI ne concernent pas le Cloud.
    Ceci est vu par les fournisseurs comme un potentiel de croissance immense, et attise donc la guerre commerciale à l'instar de celle entre Amazon et Microsoft avec les rebondissements du contrat JEDI de la Défense américaine ou celui des données de recherche de la NASA. Mais c'est également un signe sur la transformation de l'entreprise : soit le Cloud n'est pas encore adapté à la reprise de tout le SI, soit cette migration est très lente et prendra encore 10 ans (la part du "build" versus "run est limitée dans les budgets chaque année).

  • Les usages vont maintenant au-delà des IaaS (les serveurs et la communication), PaaS (la stack technique de développement) et su SaaS (les applications en ligne). L'IaaS et le SaaS sont sans surprise les deux premiers marchés du Cloud, car demandent moins d'effort de mise en œuvre. Ils remplacent des applications ou infrastructures obsolètes.

    Pour la suite, avec le PaaS, on rentre dans la transformation du SI et de l'entreprise, comme le montre le schéma de GreenSI ci-contre.

    Dans les DSI en pointe adoptant déjà le PaaS, on pourrait dire qu'on fait un peu plus "dans la dentelle" avec le recours au Cloud pour des composants du SI, comme, par exemple, les bases de données d'une application, qui sont déportées sur un Cloud en services managés. L'évolution des architectures vers les micro-services, et donc des applications plus modulaires et plus scalables, supportent cette tendance.

  • La répartition des architectures entre le Cloud et l'Edge. L'Edge, ce sont ces infrastructures locales dans les usines, avec le développement de l'IoT dans la logistique partout où l'entreprise se déplace, ou dans les échanges des villes intelligentes. L'Edge est en forte évolution et remet en question le modèle totalement centralisé du Cloud.
    Le billet "Edge, annexe du Cloud ou l'inverse ?" l'a récemment exploré.

  • La dimension géostratégique du Cloud est maintenant comprise par l'Europe, bien après les Américains et les Chinois.
    L'initiative GAIA-X européenne vise à faire émerger des champions européens, ayant la taille et la technologie, pour répondre à la demande des entreprises européennes de façon souveraine. De la même façon que Galileo permet à l'Europe de continuer d'avoir un service de géolocalisation, si le système GPS américain est brouillé, l'Europe cherche la résilience de ses entreprises dans l'éventualité de la coupure des Clouds américains. 

C'est donc dans ce contexte de guerre commerciale et géostratégique sans merci, qu'il faut en 2021 pousser ses projets, dans des services Cloud de plus en plus liés à l'architecture du SI de l'entreprise, à la résilience de ses applications et à la transformation du SI. 

Pour aller plus loin dans sa stratégie Cloud, les services managés sont clairement un sujet à regarder en priorité.

C'est la promesse de pouvoir déporter des fonctionnalités avec un niveau de performance et de coûts difficilement atteignable en interne. Et dans le cas d'opérations demandant beaucoup de puissance pendant de courtes périodes, l'élasticité du Cloud est clairement la réponse. Ces services sont donc facturés à l'acte et demandent un nouveau contrôle a posteriori des coûts (FinOps) et son optimisation.

Mais comme toute promesse, elle n'engage que ceux qui y croient... 

L'analyste Forrester à publié une étude (payante) dans laquelle il analyse les acteurs mondiaux du Cloud, fonction par fonction, et non plus globalement comme dans la majorité des classements quand on met en avant uniquement leurs "muscles" (CA, nombre de serveurs, ...). Ainsi le chinois Alibaba (ci-contre) est fiers d'être au coude-à-coude avec l'américain Amazon sur ses capacités de calcul, l'une des quarante fonctions étudiées. 

Cela nous amène donc rapidement à la question du multi-cloud, pas dans un seul souci de réversibilité et de répartition de son sourcing, mais aussi pour tirer parti des meilleures fonctions de chaque Cloud.

Les services managés sont un sujet délicat, donc stratégique, car le risque de "lock-in" avec un seul fournisseur ne doit pas être sous-estimé. N'oublions pas que le modèle économique du Cloud consiste à attirer au départ suffisamment de clients pour amortir l'investissement des infrastructures, puis à monter ses prix comme nous l'a rappelé Microsoft en plein moins d'août en annonçant l'augmentation des licences unitaires d'Office365 en 2022. Intuitivement, on aurait pu imaginer que le développement du télétravail devrait les baisser avec l'augmentation des volumes, mais visiblement l'économie du Cloud n'est pas l'économie du monde industriel que l'on apprend à l'école.

La réversibilité, y compris son impact financier, reste donc un incontournable pour les entreprises dans le paysage actuel.

Et si le modèle économique actuel du Cloud devenait un facteur d'évolution des stratégies des entreprises, mais aussi des nouveaux acteurs ?

L'initiative GAIA-X peut s'envisager dans la perspective de la mise en commun d'infrastructures par les entreprises pour en assurer une meilleure gouvernance long terme. C'est tout l'enjeu des "data spaces" - espaces de données sectoriels - qui réunissent actuellement des groupes de travail par Industrie, avec l'objectif de stimuler la collaboration, les échanges de données et la performance globale de cette Industrie.

La prochaine plénière du Hub France le 29 septembre, sera l'occasion de faire le point sur ces feuilles de routes sectorielles et les cas d'usages retenus. C'est toute l'originalité de cette initiative que de s'intéresser aux usages de l'entreprise, qui complémentaire des infrastructures, forme le fameux X de GAIA-X.

Dans une économie numérique qui s'ouvre en APIs, on peut imaginer les acteurs d'un même secteur se regrouper pour traiter ensemble des problématiques de leur secteur, non différenciantes, sans dupliquer leurs efforts dans chaque SI comme c'est le cas aujourd'hui. Par exemple, tous les acteurs de l'énergie en France ont développé chacun un moteur de facturation qui applique strictement la même réglementation. Est-ce bien nécessaire ? Le partage des données de santé pendant la crise sanitaire est un autre exemple.

On voit donc à l'horizon se développer des "Industry cloud", qui amèneraient une dimension sectorielle au Cloud, dont ces services s'intègreraient au SI ou au PaaS traditionnel, pour y développer les fonctionnalités plus différenciantes. Plusieurs analystes comme Gartner (dans "Hype cycle for Cloud Computing 2021") ou IDC qui l'estime à $20 milliards en 2022, ont introduit cette stratégie de verticalisation du cloud sous le nom de "Industry Cloud" dans leurs analyses.

Les acteurs du Cloud ou des applications SaaS, comme Salesforce (qui redouble d'acquisitions en ce moment) ou SAP, l'ont également bien compris. Ces offres sectorielles sont une opportunité pour faire basculer une plus grande part du budget SI dans le Cloud (les solutions cœur de métier).  Ils commencent à aborder cette dimension avec certains clients et surtout avec un écosystème de spécialistes des industries capable de valoriser cette initiative. Ainsi, SAP ouvre sa plateforme Cloud, et des services avancés comme de l'IA, aux clients et développeurs qui souhaitent co-innover. Les applications sectorielles développées sont alors réutilisables par d'autres clients via le magasin applicatif de SAP S/4HANA, sa solution native dans le Cloud SAP.

Après être passés de "make" à "buy", et si maintenant, vous passiez de "buy" à "make again" ?

C'est ce que GreenSI pense qui va structurer les services Cloud à moyen terme. IaaS, SaaS et PaaS standard, n'étaient qu'une première marche. Faites donc revenir les "makers" (versus la Direction des achats des "buyers") car les enjeux du Cloud pour les entreprises sont dans l'architecture et la réinvention de leur SI, et pour les Européennes certainement avec une bonne dose de souveraineté en plus. 

mercredi 19 mai 2021

Stratégie Cloud First dans l'Administration

Ce 17 mai 2020, ce ne sont pas moins de trois ministres qui ont tenu une conférence de presse, suivi d'une table ronde, pour annoncer le plan destiné à assurer l'autonomie du pays pour ses capacités d'hébergement Cloud tout en contribuant à une informatique européenne.

Cette annonce n'est pas sans rappeler celle du Président Charles de Gaulle en 1966, avec le Plan Calcul, destinée à assurer l'autonomie du pays dans les techniques de l'information, et à développer une informatique européenne. Le mot d'humour de GreenSI c'est qu'il suffit de remplacer "informatique", "calcul" ou "ordinateur" par "cloud", dans ce relevé de décision qui date de 55 ans, et on ne sera pas loin de l'annonce de 2020 ;-)

 

Le Plan Calcul nous rappelle d'ailleurs, avec le recul, qu'une fois l'annonce effectuée, tout est dans l'implémentation.

En effet, on sait maintenant que ce Plan Calcul aura eu des hauts (création de l'INRIA dans la recherche, développement de la filière de semi-conducteurs, ...) et des bas (échec de produire des ordinateurs français performants sur le long terme, des Administrations obligées d'acheter des équipements progressivement moins compétitifs, ...).

Mais pour revenir à cette nouvelle stratégie française du Cloud, il fallait également un "sacrifice originel" pour concrétiser le changement. C'est le contrat d'hébergement des données de santé par Microsoft, le fameux "Health Data Hub" - en français dans le texte - qui a été choisi. Il avait déjà reçu pas mal de plombs dans l'aile ces derniers mois, exacerbés par la crise sanitaire et l'importance cruciale des données de santé dans la gestion de la crise, mais maintenant, c'est décidé il sera rompu.

Le message de transformation digitale de l'État n'a peut-être jamais été aussi fort et associé au Cloud, éclipsant même un peu le label de confiance tant attendu.

Ce label reprend finalement le visa existant SecNumCloud, délivré par l’ANSSI pour les fournisseurs de service, et ouvre la possibilité de création d'entreprises, alliant actionnariat européen et technologie étrangère. C'était un point clef pour éviter de mettre de la R&D sur le chemin critique, avant de pouvoir multiplier les offres labellisées.

Sur ce point, cela ressemble à l'approche pragmatique utilisée pour la 5G par les États-Unis, qui tout en bannissant Huawei s'appuyait de facto sur de la technologie européenne (Ericsson, Nokia, ...), sous contrôle d'opérateurs américains, le temps qu'ils rattrapent leur retard.

Cela va donc permettre aux opérateurs étrangers leader des services Cloud de se développer en France dans le cadre de cette stratégie.

Maintenant,  il reste à voir avec qui et comment ces acteurs (AWS, Azure, Google) vont exploiter cette possibilité d'européanisation. OVHCloud a déjà annoncé son partenariat avec Google (Antheos). Amazon déteste la vente indirecte, mais ça pourrait changer sur ce marché public puisque Microsoft, son principal challenger pour le faire quitter le haut du podium, est lui le champion de la vente indirecte dans toutes ses divisions.

Mais pour GreenSI, l'annonce principale du Gouvernement reste de faire du Cloud un prérequis pour tout nouveau projet numérique au sein de l’État. Une stratégie "Cloud First" qui complète de facto celle d'un SI plateforme. Ceux qui, encore aujourd'hui, étudient l'option Cloud, puis retombent sur leurs pattes en expliquant qu'il vaut mieux conservent son propre datacenter interne, viennent de se retrouver encore plus seuls... 

Cette stratégie "Cloud First" s'adosse à une migration volontariste vers le cloud des projets existant ("Move to Cloud"). Elle doit être engagée par tous les ministères, avec seulement deux exceptions (l'Armée et Bercy). Donc fini les infrastructures par ministère (outch !) ce sera un service du performant dans un Cloud interministériel ou d'une offre du marché labellisée.

Ça tombe bien puisque le troisième volet de la stratégie est une stratégie industrielle façon "Plan Calcul", financée par le plan de relance. La crise aura donc été décisive pour la stratégie numérique de la France, en montrant à tous la résilience et les menaces amenée par le numérique, en ouvrant les données de la santé et en créant un plan d'investissements d'avenir projetant nos infrastructures.

La stratégie Cloud pour les administrations, bizarrement appelée "Cloud au Centre", est une rupture dans l'usage des SI de l'État qui renforce la priorité de la transformation numérique.

Elle est portée par le ministère de la transformation de l'action publique dirigé par Amélie de Montchalain.

C'est également une rupture dans les usages pour les Français, puisque l'ambition de rendre disponible en ligne l'intégralité des services du quotidien des Français d'ici à 2022, tient toujours. Le dernier bastion des services non disponibles en ligne a besoin du Cloud pour atteindre les usagers de l'administration qu'ils soient citoyens ou entreprises. Il a également besoin d'une fonction publique qui accède à des plateformes collaboratives pour mieux décloisonner les services et les administrations dans le traitement, et entrer en relation avec les usagers.

Le Cloud est donc clairement affiché pour permettre de développer de nouveaux services publics numériques, de façon plus agile moins coûteuse (clairement cité).

Maintenant pour modérer l'annonce, rappelons-nous qu'il y a trois ans le secrétaire d'État au numérique Mounir Majoubi, avait déjà présenté une stratégie cloud en trois volets qui visait déjà à développer les usages du cloud dans les administrations, les organismes publics et les collectivités territoriales. La notion de "Cloud souverain" avait été écartée, suite aux déboires de l'initiative précédente et le gouvernement ne s'interdisait pas de travailler avec des fournisseurs qui hébergent les données en dehors du territoire français, du moment qu’ils répondent aux exigences du gouvernement en matière de sécurité.

Ce sera donc la mise en œuvre qui fera la différence, et de ce point de vue, le moment semble plus favorable avec un plan de relance qui flêche des investissements dédiés aux infrastructures et un sentiment d'urgence exacerbé par la crise sanitaire et l'appel à plus de souveraineté.

Le 4ᵉ Programme d’Investissements d’Avenir et de France Relance va donc soutenir des projets industriels de développement de technologies cloud en France, avec en ligne de mire les suites logicielles de travail collaboratif, ce qui est nouveau dans les annonces de l'Etat plateforme. On part de loin et de cloisonné. Il n'y a pas par exemple d'annuaire unifié au niveau de la fonction territoiriale, l'équivalent d'un France Connect mais pour les agents.

Pourtant, des solutions françaises ou européennes existent depuis longtemps, occupent des niches, que ce soit des offres privées ou de l'open source, mais qui n'ont jamais décollé, ou n'ont pas été fortement considérées par l'Administration, l'Éducation Nationale en tête. C'est donc un second message fort envoyé cette fois au monde du logiciel qui trouvera des débouchés sur ces futurs clouds publics avec peut-être l'émergence d'une suite collaborative européenne. Après tout un Skype aurait très bien pu la porter, avant de se faire racheter par Microsoft.

GreenSI a également noté le rapprochement fait entre le "Cloud vert" et le Edge computing, ou pour le dire différemment la possibilité d'étendre le cloud sur terrain avec l'Edge, qui en déploie les technologies et permet de mieux répartir les données en fonction de l'usage pour réduire l'emprunte environnementale des réseaux ou bénéficier de capacité de production d'énergie décentralisée et durable (voir Edge, annexe du cloud, ou l'inverse).

Avec de la R&D sur l'Edge et l'avance de l'Europe en technologies 5G, le cloud européen pourrait évoluer en terme d'architecture, par rapport au modèle Cloud développé par les GAFAs.

Cette stratégie cloud française et la stratégie européenne autour de GAIA-X, semblent bien alignées. Rappelons que GAIA-X vise à labelliser des offres cloud respectant des standards de respect de la réglementation européenne, mais également de fédérer les industriels autour de "hub de données" pour collaborer dans un contexte protégé par les lois européennes.

Il reste maintenant aux fournisseurs européens à être accessibles aux marchés de l'Administration, plus vite que les acteurs américains ne pourront s'allier pour les prendre de vitesse... Le cloud est un marché très dynamique où jouent à fond les économies d'échelles et la consolidation. L'Europe offre plus de potentiel pour une R&D et des investissements que la seule migration d'applications de l'administration française. Le cloud français va donc pouvoir accélérer avec la stratégie cloud de la France (côté Demande), mais il ne sera pas indépendant du cloud européen sur le moyen terme (côté Offre).

Selon un rapport de KPMG publié quinze jours avant, le marché européen du Cloud de 53 milliards d'euros aujourd'hui aura une taille comparable à celui des télécoms en 2027, avec une croissance de 27% en moyenne, sur un marché par nature très concentré. L'enjeu économique est donc considérable pour les acteurs européens qui ont actuellement une part faible de ce marché dominé par les acteurs américains. Pour illustration, notre champion national, aussi champion européen, OVHCloud, atteint à peine 4% du marché européen.

 

Or le rapport souligne également le manque de régulateur dédié comme dans les télécoms, donc une complexité potentielle sur le plan concurrentiel qui va se jouer dans les détails techniques de choix, standards et normes d'interopérabilité ou de réversibilité.

Ce rapport dresse alors plusieurs scénarios d'évolution très pertinents, allant d'un cloud européen comme "bien commun" (porté par GAIA-X) a une "hyper-fragmentation" par pays et industrie. Cet écart de situations montre les défis et les incertitudes entourant le futur du cloud européen, et donc les risques pour ceux qui doivent se positionner avec de nouvelles offres. Les acteurs américains ou chinois (Alibaba) peuvent eux compter sur le marché de leur "base arrière" pour assurer leur développement en Europe.

Pour GreenSI l'appel du 17 mai restera donc un jalon important de l'histoire du cloud français pour aborder sans tabou l'équation, insoluble jusque-là, de faire croître les acteurs nationaux, voire européens, avec une stratégie Cloud First du service public, et leur donner une "base arrière" pour la bataille européenne qui se prépare.

Maintenant, cela prendra du temps, certainement 5 à 10 ans, et donc le moteur du Cloud français restera encore un certain temps celui des entreprises françaises.

samedi 3 juin 2017

L'internet des objets se construit aussi dans les nuages

On a pu lire dans le dernier billet de GreenSI comment Google a basculé en dix ans d'une stratégie "Mobile First" à une stratégie "AI first", pour faire de l'intelligence artificielle le cœur de tous ses services et des prochaines interface homme-machine. Cette semaine, nous allons revenir sur les annonces de la conférence Google "Cloud Next" qui s'est tenue en mars de cette année, et faire le lien entre le Cloud, l'IoT et l'IA. Comme le nom de la conférence le suggère, Google y a présenté aux développeurs sa vision de l'avenir du Cloud. Une vision, qui si elle se réalise, ne sera pas sans impact sur les SI des entreprises et la façon de les gérer.

Ce qui a retenu l'attention de GreenSI, c'est la volonté de Google de rattraper son retard sur l'internet des objets dans les entreprises.


Google en retard ? Oui, GreenSI le pense, mais peut-être pas pour encore très longtemps. Aujourd'hui, quand on parle d'internet des objets et que l'on pense à Google, on pense par exemple à Nest, le thermostat connecté racheté en 2014. On peut également penser à Google Home, son interface vocale qui arrive en France à l'été, et qui va monter en puissance pour tenter de rattraper Amazon Alexa. Dans les deux cas, il s'agit d'applications grand public et non utilisées en entreprises.
 
Il y a bien eu fin 2016 l'annonce d'Android Things pour les futur fabricants d'objets connectés, et notamment ceux de la voiture connectée, mais Google n'est pas aujourd'hui encore très présent dans les entreprises sur ce marché estimé à $1420 milliards en 2020. Pour Gartner, en 2017 le marché des particuliers représente 63% des applications IoT en 2017 en nombre (communiqué) mais les dépenses des entreprises représentent, elles, 57% du marché en chiffre d'affaires. Le marché des entreprises créée donc beaucoup plus de valeur autour d'un objet connecté.

Ce segment du marché des solutions informatiques est déjà très occupé par des sociétés spécialisées sur le monde l'industrie (comme PTC qui annonce sa version 8 de ThingWorx et veut en faire le Microsoft Office de l'IoT), mais il attire aussi les convoitises des nouveaux acteurs du Cloud comme Amazon, Microsoft et plus récemment Salesforce. C'est aussi un virage stratégique pour SAP et sa plateforme HANA, un éditeur bien implanté dans l'industrie notamment en Allemagne.

Tous les quatre proposent maintenant une offre de collecte des données des objets connectés industriels : machines dans une usine, réverbères dans une ville ou compteurs d'eau chez les particuliers, pour en remonter les données mesurées régulièrement directement dans leur Cloud. 

Vous l'avez compris, capturer les données c'est ensuite un formidable produit d'appel pour utiliser les autres services Cloud de ces fournisseurs, y héberger les applications métiers qui ont besoin de ces données ou de souscrire à leurs propres services de data visualisation par exemple.

Le Cloud de Google ne pouvait pas laisser passer la combinaison motrice de la 4ème révolution industrielle : Cloud + IoT

C'est donc chose faite puisque Google a annoncé sa plateforme "Cloud IoT" de collecte de données, intégrée avec sa plateforme Cloud et ses autres services. Les atouts annoncés sont la disponibilité, l'interopérabilité avec le monde industriel, et la capacité des infrastructures de Google à absorber et traiter beaucoup de données, car le sujet n'est pas tellement applicatif, mais surtout technique. Les DSI qui regardent ce type d'offres pensent à étendre les capacités (nécessairement limitées) de leurs propres infrastructures.


La tendance observée est donc celle de la poursuite de la convergence "OT" + "IT", dans toutes les activités de l'entreprise. Les OT ("operational technologies") sont les technologies au cœur des chaînes de production et les IT ("information technologies") sont les technologies de l'informatique dites de gestion par rapport à l'autre informatique, dite industrielle. Des informatiques qui parfois ont même chacun leur propre DSI pour leur gouvernance.

Les opérateurs de télécoms connaissent depuis longtemps cette convergence entre ces deux informatiques, celle qui assure la communication (réseau, autocom...) et l'information de gestion (facturation, services...). Les regroupement des deux DSI, celle OT et celle IT, se sont produits au début des années 2000. Internet a ensuite confirmé cette tendance en imposant IP comme protocole unique de communication pour les réseaux et les offres de communication ont toutes convergé. 

Aujourd'hui toutes les entreprises sont confrontées à cette fusion OT+IT, car même les entreprises qui pensaient ne pas avoir "d'OT" les voient apparaître avec l'internet des objets le long des chaînes de production et de livraison, et également avec la multiplication des capteurs (dont les coûts baissent), mais aussi au cœur de la relation avec les clients (box, objets connectés...).
Mixer en temps réel les données des ventes (IT) et de la température ou de l'éclairage des magasins (OT) devient une optimisation de la performance possible pour un distributeur de vêtements ; comme un industriel va lui piloter la qualité de fabrication en fonction (IT) de la température de chauffe d'une machine (OT).

Vous saviez qu'à l'ère du digital, toutes les entreprises allaient devenir des éditeurs de logiciels, on peut désormais ajouter que ce sera avec une infrastructure d'informatique industrielle.

D'ailleurs dans de nombreux cas les capteurs sont déjà là, ce qui va accélérer les applications par rapport au grand public qui doit encore s'équiper en nouveaux objets. Ce qu'il manque c'est de pouvoir y accéder!
La difficulté c'est soit parce que les constructeurs gèrent ces données à un format propriétaire, soit tout simplement parce qu'il n'y a pas de possibilité technique (port, interface, données analogiques...) de les extraire. Mais la capture de ces données avec des "add on" (2) permettant d'ouvrir les données de ces équipements (1) attire de plus en plus de startups qui débordent d'imagination pour réutiliser ces données en dehors des équipements avec de nouveaux services d'optimisation (3). C'est une application concrète de l'opendata, un concept qui est loin d'être réservé aux organismes publics voulant faire preuve de transparence. Dans les cas où l'interface existe et est normalisée, comme dans les véhicules et les camions, c'est encore plus simple.


Tout équipement de l'entreprise qui ne sera pas connecté au Cloud pour pouvoir en lire les données va vieillir en accéléré et devenir un équipement "legacy" de l'entreprise.

De facto, un corollaire est le besoin de renfort de la sécurité des SI des entreprises qui doivent imaginer de nouveaux moyens de défense adaptés à ce nouveau paradigme.

Une fois ces données collectés, Google met en avant la puissance de ses autres services Cloud comme BigQuery pour avoir la capacité de traitement d'importants volumes de données ou ses API de machine learning qui peuvent apprendre de ces données. On retrouve ici la cohérence avec stratégie "AI first" de Google qui propose les outils d'exploitation de ces données et c'est là que Google peut dépasser ses compétiteurs.

Aujourd'hui l'attention est sur la "datavisualisation" et on s'extasie dans les démos de Salesforce voir la température d'un moteur en temps réel sur un smartphone, et on a pas attendu Salesforce pour avoir ce type d'applications dans l'industrie, mais demain la question sera de prédire cette température et d'optimiser la performance en temps réel avec cette prédiction. D'où certainement le partenariat stratégique en Salesforce et IBM pour bénéficier des avancés de Watson, l'IA d'IBM, sur la plateforme de Salesforce.

Et puis ces données vont aussi devenir des photos et de la vidéo qui va demander encore plus de puissance de stockage et de traitements. Les API de traitement d'images et de vidéos (Cloud Vision API)  ont été présentées à la conférence et sont déjà impressionantes pour catégoriser et identifier des objets en temps réel (détection de visages, d'objets, de lieux, de marques dans les photos et vidéos, lecture OCR dans l'image...)

Avec cette perspective de l'IA à la fin de l'équation Iot + Cloud, non seulement Google exploite son avantage pour rattraper son retard, mais il pose aussi une double question à tous les acteurs du SI de l'entreprise : votre infrastructure est-elle prête à affronter les défis des besoins des entreprises numériques et industrielles ? quel est votre plan IA ?

Sans aucun doute, l'internet des objets est certainement en train de se construire dans les nuages.

jeudi 14 juillet 2016

L'adoption massive du Cloud est devant nous

Cette semaine c'était la CloudWeek. Non pas un salon unique, mais des manifestations partout en France, avec beaucoup de prises de parole des acteurs du Cloud. C'était donc la semaine idéale pour faire le point sur son développement.




Et comme pour le lancement de cet événement j'ai été dans invité à parler lors de la conférence des "visionnaires", on en profitera pour regarder aussi devant nous ; par ailleurs une grande partie de ce billet reprends les thèmes que j'ai développés lors la conférence.

Le Cloud - 10 ans déjà - est un marché des services qui pour Markess est passé de 900 M€ en 2007 à 5.900 M€ en 2016 soit 11% de la dépense dans les logiciels et services. Le Cloud n'est donc pas encore la plateforme de référence pour la DSI en France. Les explications que l'on pouvait entendre tiennent autant à la frilosité des DSI qu'à la maturité de l'offre qui ne répond pas à tous les besoins.
Mais compte tenu de ces chiffres, et après 10 ans "d'évangélisation", il faut bien reconnaître que le Cloud n'est pas encore dans les réflexes de la DSI.

L'usine à services du futur 

On a déjà vu par le passé des technologies arriver et être tellement en avance qu'elles n'avaient pas encore d'usage.
L'histoire nous rappelle que l'on a déjà inventé une usine avant d'en inventer ses produits : l’imprimerie. Certes, à l'époque le marché du livre recopié à la main était florissant, mais le marché du livre imprimé a ensuite changé la donne quand d'autres se sont approprié cette usine à recopier.



Si l'invention arrive à créer une attente, un rêve, elle peut modifier l'écosystème dans lequel elle arrive, car les écosystèmes sont adaptatifs. Une invention peut inventer elle-même ses produits qui transformeront l'écosystème.

C'est comme cela qu'il faut voir le Cloud qui modifie fondamentalement l'écosystème dans lequel il a surgi : l'industrie informatique (ex. les moines copieurs) mais aussi tous ses usages (ex. les bibliothèques).

La conférence des visionnaires a été l'occasion de revenir sur le développement fulgurant de l'intelligence artificielle. Pas une journée sans que l'on parle d'une nouvelle IA qui va remplacer l'Homme quelque part. Mais on oublie que l'IA est apparue dans les années 50 en tant que concept puis 40 ans plus tard dans les années 1990 dans les applications (moteur de règles, réseaux neuronaux, programmation par contrainte...) quand l'informatique se développait dans l'entreprise.

Comme pour le Cloud, l'IA est arrivée à une époque et répondait à des questions qui n'étaient pas posées.
Il y avait peu de cas d'applications de gestion de connaissances. La maintenance de machines ou le pilotage de système complexes ont permis de belles réalisations exploitant ces premières techniques appliquées d'IA, mais c'était encore trop tôt, trop cher, pour envisager une utilisation plus large. La France était d'ailleurs en avance dans ce domaine.

Vingt ans plus tard, l'IA déploie ses labos et ses expérimentations à travers le monde: une division Watson chez IBM pour se réorganiser autour de l'IA et des données, mais aussi chez Google qui a démontré son avance en battant le champion du monde de Go, ou Facebook et bien sûr Apple. J'oubliais Microsoft mais vu que leur IA avait prévu la victoire de l'Allemagne en demi-finale de l'Euro ;-)

Les meilleurs spécialistes sont chassés par les grands groupes qui se lancent.

La semaine dernière on pouvait lire dans l'actualité qu'une IA avait battu un pilote de chasse au combat. Il y a 10 ans on aurait dit qu'un ordinateur aurait battu un humain au combat ou aux échecs, pas une "IA". C'est un signe que l'IA a quitté l'ordinateur et commence à transformer son écosystème. Elle n'est plus associée à l'ordinateur, le Cloud va lui donner encore plus d'autonomie quand elle sera disponible en SaaS pour analyser nos données ou répondre en tchat a nos clients. Mais on y est pas encore et l'IA qui a battu ce pilote sur un simulateur de vol tournait sur un Raspberry Pi, ce micro ordinateur à 40€...

Pour en revenir au Cloud, en 10 ans il a déjà énormément transformé son écosystème, mais on a encore certainement rien vu quand des technologies comme l'IA vont venir s'y loger.

Sur la voie de l'adoption massive

Arriver tôt c'est le signe qu'on est leader.  Mais ce qui fait le succès, ce n'est pas l'innovation, c'est l'adoption massive.



Apple a lancé son Newton, son premier PDA - Personnal Device Assistant - début des années 1990, il y a 23 ans.Steve Jobs voulait absolument lancer un produit reconnaissant l'écriture manuelle. Mais ce n'était pas assez au point et ça ne s'est pas vendu.

La route du PDA a ensuite été longue d'innovations avec Palm pilot qui a travaillé le concept d'un produit toujours dans la main avec un stylet dans l'autre, puis le PDA a été intégré à la téléphonie avec Nokia.

Aujourd'hui on sait que la caractéristique clef d'un assistant personnel a été la téléphonie, la photographie ou la musique mais pas l'écriture manuelle. Apple est revenu avec l'iPhone et en a vendu des centaines de millions dans le monde.

L'avenir de ces PAD, ce sera les assistants qui comprennent directement notre voix, pas notre écriture. Et pour cela ils s'appuieront sur l'Intelligence artificielle et sur le Cloud qui leur amènera la puissance de calcul nécessaire, à la demande. C'est la promesse de VIV, "l'intelligence as a service" des créateurs de Siri.

Car le Newton était une innovation en avance sur son temps. Et "ce petit rien" qui a fait basculer une innovation délaissée en un produit utilisé à l'échelle mondiale, c'est la simplicité - dans le design de l' iPhone , dans les apps qui ont repensé les applications, ou la voix haute définition - qui a été cet élément déclencheur.
Une simplicité recherchée depuis le départ avec l'écriture manuelle.

On est clairement devant la métaphore de l'effet papillon quand une petite variation peut avoir des conséquences d'un autre ordre, en amenant l'étincelle qu'il fallait au bon moment au bon endroit. Ce qui, dans nos projets, doit nous inciter à regarder les détails, a chercher les aspérités qu'il faut changer et gommer dans nos innovations et identifier les déclencheurs pour une adoption massive.

Qui dit adoption massive dit utilisateurs, qui dit utilisateurs dit usages. Ce sont eux qui adoptent massivement. Il faut donc être très attentif à ce qu'ils pensent et font, à mesurer et collecter les données les plus insignifiantes, pour déceler les nouveaux usages.

On est plus dans la maîtrise des usages, beaucoup moins dans la maitrise d'ouvrage à laquelle est habituée la DSI. On est dans l'adaptation permanente, car les usages évoluent rapidement.

Le Cloud, cette usine arrivée en avance comme celle de Gutenberg, doit se demander quels sont ces "petits rien" qui en feront son adoption massive dans chaque domaine.
En 2009 le Cloud répondait à une question à laquelle les DSI n'avaient pas envie de répondre. La productivité et l'efficacité de leur propre infrastructure. On a donc essayé de faire croire que le Cloud ne servait a rien et n'avait rien de neuf. Même le bouillant Larry Ellison, patron d'Oracle, a longtemps nié l'intérêt du Cloud (dans une interview qui restera célèbre) alors qu'Oracle annonce aujourd'hui vouloir être le premier éditeur SaaS mondial.

Ce n'est pas via la DSI que le Cloud avait une chance de déclencher une adoption massive.
C'est le grand public qui a donné ses lettres de noblesses au Cloud. Dans l'entreprise l'appétence est venue du rêve d'applications déjà installées, mutualisées et mises à jour en permanence: le SaaS. Ce sont donc les utilisateurs et les métiers qui ont continué de tirer le Cloud.

La simplicité pour le Grand Public et Directions métiers sont ces "petits rien" qui ont engagé le Cloud sur la voie de l'adoption massive.


Mais maintenant que les DSI abordent leur transformation dans un monde plus ouvert et plus agile, ils commencent à vouloir exploiter le potentiel du Cloud pour développer ces nouvelles compétences qui accompagneront la transformation de l'entreprise. Et ceux qui continuent de croire que "le château fort" est un modèle d'avenir pour leur informatique auront malheureusement tort. L'avenir sera un Cloud hybride pour tout le monde si il n'est pas 100% publique.

Demain avec l'internet des objets, la collecte et l'exploitation des données va aussi demander des plateformes d'un nouveau type et le Cloud est déjà là pour y répondre. Car si ces objets se développent et prolifèrent, par exemple pour optimiser les processus de maintenance, de gestion des ressources..., ils influenceront le design des futures architectures du SI. Déjà parce que leur nombre et le besoin de quasi temps réel changent les règles du jeu dans le SI et seront l'architecture dominante.

Le Cloud simple "réduction des coûts" n'est plus le sujet. Les DSI se sont aussi améliorées sur ce point. Ce Cloud est mort.

Le cloud répond donc aujourd'hui aux questions posées par les DSI qui engagent leur transformation numérique. Le Cloud arrive a un moment où la complexité des problèmes à résoudre a encore plus besoin de lui. Vive le Cloud, la plateforme mondiale des services de l'entreprise.
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lundi 6 juin 2016

Oracle a-il la tête dans les nuages?

Cette semaine une ancienne comptable d'OracleSvetlana Blackburnpoursuit Oracle en justice car elle pense qu'elle a été congédiée, en octobre 2015, suite à son refus "d'ajuster les données" pour améliorer la présentation des comptes de la division Oracle Cloud Services.

Elle affirme que la Direction Générale lui a demandé d'ajouter quelques millions de dollars dans les comptes de facturation "prévisibles" pour soutenir les revenus du Cloud et les communications prévues en fin d'année.

Oracle de son côté a publié un communiqué pour affirmer que la société était confiante dans ses comptes de l'activité Cloud. Mais cette information a quand même jeté un doute sur les marchés financiers et fait chuter immédiatement l'action Oracle le 2 juin de plus de 4%, et dans de gros volumes échangés.



Une information qui a aussi retenu l'attention de GreenSI pour ce billet, dans le contexte "technico-juridique" actuel de cette société très présente dans les DSI et qui après son rachat de SunMicrosysems, s'est retrouvée avec deux nouveaux métiers: fabricant de hardware et acteur de la destinée du langage Java (le plus utilisé pour les développements sur Internet).

Deux nouveaux métiers où le juridique prends tout le devant de la scène pour Oracle en ce moment :

  • Oracle avait attaqué Google sur la propriété des API Java incorporées à l'OS Android et utilisées par Google notamment pour ses smartphones. Mais Oracle vient de perdre cette bataille judiciaire. Et les DSI peuvent souffler un peu car en cas de victoire d'Oracle, d'autres procès auraient eu lieu, avec des risques sur la pérennité de Java actuellement en open source (comme l'avait lancé Sun au départ).
  • Et puis cette autre affaire qui se déclare cette semaine: HPE attaque Oracle et réclame $3 milliards de dommages, car HPE estime avoir subi un lourd préjudice avec l'abandon du support des processeurs Itanium (utilisés par HPE), ce qui arrange bien les ventes de hardware du nouveau constructeur Oracle.
Toutes les attentions seront donc portées vers les revenus de sa division Cloud.

Oracle doit publier ses résultats le 15 juin et ils seront certainement épluchés par tous les analystes pour y voir les résultats des annonces et de la stratégie mise en oeuvre depuis le retrait du fondateur Larry Ellison. Une stratégie pas si simple à déchiffrer, avec de multiples questions ouvertes pour ses clients, comme l'abordait déjà le billet de GreenSI en septembre 2014.


Il est vrai que la société a annoncé la croissance forte de ses ventes dans le Cloud (+57%) qui représenterait $583 millions.

Et le toujours très bouillant Larry Ellison, de rajouter "qu'ils allaient devenir la plus grande société de SaaS et PaaS dans le monde" !
Et pourtant, on part de loin pour réaliser une telle affirmation. En 2008, Larry Ellison faisait une conférence devenue célèbre pour expliquer que le cloud n'avait aucun avenir et ne voulait rien dire (bande son sur YouTube). C'est d'ailleurs certainement ce que devaient penser la majorité des DSI de l'époque. Comme quoi , tout changer très vite...


Est-ce qu'on ne serait pas dans un bon Tex Avery: il suffirait d'y croire pour avancer dans le vide ? Ou est-ce qu'il y a une réelle hyper-croissance du Cloud Oracle ?

Entre temps Salesforce, leader mondial des ventes de CRM en SaaS, a refusé l'offre de rachat d'Oracle qui se murmurait en 2015. De plus, cette semaine Salesforce vient de faire un pas de géant dans le e-commerce avec l'offre de rachat de Demandware pour $2,8 milliards. Un domaine ou le Cloud d'Oracle essaye aussi de se développer par acquisitions successives.

Oracle se retrouve donc a un moment charnière de son histoire, démontrer qu'il a pris le virage du Cloud. Mais surtout rassurer sur le fait que les logiciels "non Cloud" qu'il vend aujourd'hui aux DSI du monde entier, ne sont pas des "pilules empoisonnées" augmentant leur dette technique car ils ne pourront jamais évoluer vers les infrastructures Cloud qui sont pourtant l'avenir.

Oracle n'est pas le seul bien sûr. Tous les éditeurs de logiciels sont confrontés à cette transformation de leur modèle technologique, qui est aussi une transformation de leur business modèle (licence vers abonnement) sans compter la capacité d'investissements demandée pour y arriver.

En janvier de cette année le cabinet d'analyse Gartner mettait d'ailleurs en garde les DSI dans une de ses publications (payante), contre les chiffres annoncés par les acteurs du Cloud. Le cabinet d'analyse y relèvait par exemple une communication d'IBM qui annonce "$9,4 milliards de revenus dans le Cloud sur les 12 mois glissants" et un peu plus loin d'un "taux annualisé de $4,5 milliards pour les activités As as Service". Des concepts compliqués et difficiles à croiser, lâchés sans explication d'IBM.

Pour Microsoft les chiffres des logiciels en SaaS comme Office 365 ou Dynamics CRM, incluraient nécessairement des ventes plus classiques de licences sur microordinateur si les stockage des données se fait sur OneDrive. Le cas d'Oracle y est aussi abordé mais on attendra l'issue du procès pour se prononcer.

La recommandation est donc de ne pas faire confiance aux multiples annonces et de proposer aux DSI une batterie de questions à se poser avant d'écouter le chant des sirènes. Par exemple comme celles d'isoler la part des technologies sous-jacentes (dont la vente, la location ou l'hébergement de matériels), du conseil et de l'assistance ou encore d'identifier les nouveaux clients de la plateforme cloud des anciens.

Et pourtant le Cloud n'est pas une option, que ce soit pour les nouveaux ou les anciens systèmes. D'ailleurs pour me le rappeler tous les jours une affiche représentant un tableau du peintre Magritte trône fièrement dans mon bureau. Non, dans les SI, ce n'est pas si surréaliste que cela ;-)



Les DSI pressés par leur DG pour la transformation numérique de l'entreprise pourront à l'avenir s'inspirer de la réponse d'Elon Musk, CEO de Telsa qui a présenté ses comptes ce 1er juin. 

Quand on lui a demandé si la construction de l'usine pour la Tesla Modèle 3 avançait bien, Elon Musk a donné une réponse dont il a le secret : "aussi vite que la vitesse de mon fournisseur le plus lent..." 

lundi 20 avril 2015

Unexpected IT: DSI attendez-vous à l'inattendu...

Il y a 60 ans, presque jour pour jour, le Président d'IBM France proposait le mot "ordinateur" pour parler des machines IBM 360. Un terme déjà présent dans le dictionnaire Littré et signifiant "Dieu qui met de l'ordre dans le monde". Ce terme est depuis passé dans le langage courant pour parler de l'informatique.

En 2015, l'ordinateur (hardware + software) c'est plutôt celui qui met le désordre dans le monde!

Et il n'est pas tout seul, car il s'est allié depuis 20 ans à un réseau mondial unique, Internet. Il a aussi lui même muté sous diverses formes, dont certaines mobiles ou tout simplement des objets connectés. La combinaison de l'ordinateur et du réseau transforme le monde et provoque par exemple l'arrivée d'acteurs nouveaux comme les GAFAs, d'une économie collaborative dont l'open-source, ou la redistribution du savoir et la transformation de la façon d'enseigner.

C'était donc une excellente idée d'organiser pour les 15 ans de Linkbynet, un hébergeur français très en vu, une conférence sur le thème "Unexpected IT". Car depuis 15 ans l'informatique nous surprend quotidiennement. Des nouveautés auxquelles on ne prête pas attention amènent parfois des ruptures majeures quelques années plus tard.

Et c'est d'ailleurs tout l'esprit de GreenSI que d'être témoin de cette transformation numérique, mais aussi celui de Kareen Frascaria, ex-blogueuse ZDnet sur le Cloud, en charge du pôle veille & communication chez Linkbynet, qui a organisé l'événement.


L'iPhone, un produit inattendu à la DSI

Le 27 juin 2007, quelques jours après la keynote de Steve Jobs pour confirmer la sortie du premier iPhone d'Apple (annoncé le 29), le très sérieux cabinet Gartner publiait une étude pour déconseiller son achat aux professionnels.

Gartner voyait l'iPhone comme un simple iPod communiquant... et ratant la perspective de nouvelles industries. Celle des applications mobiles. Et puis celle des opérateurs OTT "over the top", qui capture la majorité des bénéfices en verrouillant la relation clients via Internet mobile. Car l'iPhone 1, n'était que le premier test d'un processus d'innovation continue tous les 15 mois.
Heureusement de ce côté de l'Atlantique, le 28 juin, Louis Naugès, aussi ex-blogeur surZDnet, écrivait sur son blog un papier très visionnaire sur la rupture des usages que pouvait amener ce nouveau terminal. 

Alors que vous soyez DSI, fournisseur ou acteurs des SI, oubliez les plans quinquennaux. Même l'Etat y a renoncé en transformant son ex commissariat au plan, en France Stratégie, structure de veille stratégique (avec des contenus de qualité).
Regardez au loin, et préparez-vous à l'inattendu. Car dans ce monde technologique, c'est la seule chose dont on est à peu près sûr...

GreenSI a été invité pour la keynote de Unexpected IT 2015, a présenter sa vision de la DSI en regardant dans le rétroviseur les articles publiés sur ce blog ces dernières années, et où l'inattendu était déjà très présent. 

Qui dans une DSI, aurait dit en 2009 que le Cloud serait aussi incontournable en 2015?

Pour avoir été interrogé dans la première étude du Cigref sur le sujet, et bien pas grand monde. Car on avait posé la question aux DSI. Et en plus à ceux des grandes entreprises.

Mais en 15 ans, les SI de ces grandes entreprise sont devenus minoritaires par rapport au "SI mondial", l'ensemble des ordinateurs en réseau.

Si 90% des données ont été créées en 2014 dans les deux dernières années, et ce sera en une seule année en 2015,  on oublie de dire que ce n'est pas dans les SI des entreprises mais dans celui de quelques SI (GAFA, opérateurs, startups...) en lien direct avec les internautes et leurs objets connectés. De même, quand on parle  bigdata en entreprise, on oublie de dire que dans la plupart des cas il faut aller chercher les données à l'extérieur. Et là généralement quelqu'un de conservateur prend la parole pour dire que ce serait bien déjà d'analyser celles en interne... sans réaliser que leur valeur ne sera révélée que par des données externes. Sinon on l'aurait déjà fait!

La réalité inattendue qui s'est imposée aux DSI, c'est que le SI mondial s'est déporté sur Internet. Les nouvelles technologies sortent en priorité pour le marché grand public. Les choix des DSI ne portent plus que sur l'accostage de leur propre SI a ce nouveau monde digital, sous peine de déconnecter leur entreprise de ces nouveaux marchés. 


Unexpected IT - Keynote GreenSI 15 ans Linkbynet from Green SI

Fabrice Benaut, ex-DSI de Gfk mais surtout activiste du numérique auprès des DSI est venu compléter cette vision de la transformation numérique sous l'angle des data.
Il nous a rappelé une évidence que l'on oublie parfois. Après avoir connecté et numérisé l'ensemble de notre monde, ce monde est maintenant représenté avec des data qu'il faut gérer et exploiter, en écrivant du logiciel (algorithme).

L'inattendu pour la DSI est assez paradoxal, car elle va devoir se réapproprier ses métiers de base du début de l'informatique: la maîtrise des données et du logiciel. Quand l'ordinateur "mainframe" était l'affaire de quelques équipementiers, le métier de la DSI c'était de faire des applications dessus, donc de s'intéresser au logiciel et aux données. Car l'infrastructure, le bijou de famille qu'on aime bien montrer, est lui devenu en 2015 une commodité car industrialisée par le Cloud et achetée en mode service.

Et pour ceux qui sont encore sceptiques devant cette vision inattendue, Boris Lecoeur d'Amazon Web Services, nous rappelle lors de la conférence que Netflix, le leader des videos à la demande via Internet, n'a pas d'infrastructure en propre. Et ce chiffre que l'on a du mal a imaginer: chaque jour Amazon reçois les commandes équivalentes à l'informatique nécessaire pour un business de $7 milliards.
Les investissements de Netflix portent sur le contenu (la production de séries TV, films...) pas sur l'infrastructure, qui est achetée à la demande et mondialement... auprès d'Amazon. 

C'est le nouveau modèle de ces startups qui visent les marchés mondiaux et Amazon se positionne clairement comme le modèle de distribution de tout ce qui sera numérique... ou pas. Allez consulter le blog deWerner Vogels, CTO d'Amazon, qui est toujours très intéressant.
Son nom est prémonitoire: All Things Distributed.

Philippe Dewost, Directeur Adjoint à la Mission PIA, en charge de l'économie numérique à la Caisse des Dépôts, nous a donné en 3 points sa vision sur les 15 prochaines années pour les DSI.
GreenSI dirait, le code, le code et le code, pour rappeler que ça doit être l'objet de toutes les attentions. Qualité, agilité, collaboratif, développeurs,... et qu'une partie de la gouvernance de la DSI va devoir se réorganiser autour de ces objectifs de maîtrise du code. 

Le monde est maintenant trop compliqué pour sortir des applications ou des produits parfaits. Ils arriveraient trop tard. C'est la devise de plusieurs startup (dont Blablacar) mais ça doit aussi être le leitmotiv dans les grandes entreprises qui doivent rechercher l'agilité. Développons seulement les premières fonctions d'une application et mettons les de suite dans les mains des opérationnels ou des clients, pour avoir un retour, avant de s'attaquer à la totalité de l'application. Mais ne sous-estimez pas le conservatisme de l'entreprise pour arriver à ce résultats, et pire encore, celui de vos fournisseurs de services qui préfèrent sans aucun doute signer des contrats de 18-24 mois, qu'on ne trouvera bientôt plus que dans le secteur public.

Enfin, les talents qui pourront piloter ces projets de nouveaux services numériques mondiaux, et peut être même les coder, vont se tarir rapidement, au fur et à mesure que les entreprises basculent dans le monde digital.
La capacité à attirer les talents du numérique sera peut être le plafond de verre qui séparera les meilleures entreprises des autres. Encore quelque chose d'inattendu pour notre monde de pensée (occidental) qui suppose que la ressource est illimitée et qu'il suffit d'appeler son intégrateur préféré pour réussir un projet. Le passage de l'idée à l'implémentation deviendra beaucoup plus compliqué, c'est même ce qui fait aujourd'hui la différence entre deux entrepreneurs.

Quel sera le prochain iPhone?

Celui qui transformera radicalement l'internet et avec lui le monde et la vie des internautes.

L'intuition de GreenSI c'est que si Google réussi son projet Loon de ballons mobiles autour de la terre, pour connecter à internet les milliards d'individus (et de machines) qui ne savent pas ce qu'est Internet, alors le monde de demain ne sera certainement pas celui que l'on connait. Son centre de gravité va se déplacer. La géopolitique pourrait même en être modifiée. C'est un des domaines qu'il faut s'attendre à l'inattendu, et plus vite qu'on ne pense puisque la technologie Loon est prête a passer en mode industriel.

Gilles Babinet, co-fondateur de Captain Dash et Digital Champion français auprès de laCommission européenne, a lui mis en avant dans les perspectives de ruptures, celles amenées par la fusion de l'environnement et de la data.

Car l'environnement est pour lui le challenge principal à 15 ans et la data peut être une partie de la solution pour nous aider à réaliser cette transition énergétique mais aussi des usages et des comportements.
Quand on travaille pour SUEZ environnement et qu'on pilote des projets "Data", on ne peut qu'approuver cette vision! Merci Gilles ;-)

Malheureusement pour cette soirée, Axelle Lemaire, Secrétaire d'Etat chargée du numérique, qui a du accompagner à la dernière minute François Hollande pour son déplacement en Suisse, n'a pas pu faire la clôture des keynotes. Elle a certainement du aider le Président dans son avion, à trouver en urgence une porte de sortie à l'Assemblée, avec le projet de loi sur le renseignement qui obligerait les hébergeurs (dont Linkbynet) a installer des boites noires.

Un rejet d'une ampleur inattendue (voir Les hébergeurs montent à la barricade) qui a pris le gouvernement par surprise, pensant bénéficier encore de l'effet "Je suis Charlie".
Comme quoi, avec la technologie,  il faut toujours se préparer à l'inattendu !

lundi 30 juin 2014

Entreprise numérique: Now, Open for business

Il y a deux ans GreenSI se lançait dans une tentative de synthèse de toutes les ruptures à laquelle la DSI et le SI était confrontés et organisait la bataille sur 4 fronts. C'est la carte "Transformers 4" qui a eu un certain succès et a inspiré plusieurs d'entre vous. Du nom du 4eme opus de la série Transformers, ces petites machines qui allaient sauver le monde, comme un clin d'oeil sur la nature de la tâche qui attendait la DSI.

 


A la veille des vacances (propices à la lecture sur tablette sur la plage!) avec la sortie (enfin) du film Transformers 4, il était temps pour GreenSI d'amener un éclairage supplémentaire sur cette carte, avec le retour d'expérience de ces deux dernières années.

Cet éclairage, c'est que maintenant le SI et la DSI sont à la fois intégrés au business numérique et ouverts sur un nouvel écosystème née dans le digital.

Car loin d'être un sujet de transformation de la DSI seule, voire de son remplacement, de sa perte de pouvoir ou de sa mort comme certain le clament (cf DSI: l'age de l'extinction?), c'est bien le sujet de transformation par le numérique de l'entreprise tout entière qui est abordé.

Les changements, et parfois les ruptures, observés ces dernières années, sont bien les symptômes de la transformation de l'entreprise avec et par le numérique, mais aussi de toutes les industries, et même des collectivités locales et administrations, car les enjeux de relations numériques dépassent très largement les services marchands.
Si vous n'êtes pas encore convaincu, relisez par exemple les billets ci-après:
Le nouvel éclairage 2014, c'est que toutes les transformations observées se classent en deux catégories seulement, qui sont les lames de fond de la transformation en cours :
  • OPEN: celles relatives à l'impact amené par l'ouverture et la déconstruction rendue possible par le numérique pour une recomposition plus efficace,
  • BUSINESS: celles relatives à la construction de la nouvelle plateforme numérique orientée business de l'entreprise
Et comme les 4 domaines d'origine restent toujours pertinents ("l'usine à services" est juste rebaptisée "infrastructure") on peut retenir tout simplement Open For Business ("for" se prononce comme "four" - 4 - en anglais) comme l'illustre la nouvelle carte ci-dessous:




Les clients de l'entreprise font la course en tête et développent leur propre système d'information


Il est loin le temps où les solutions d'entreprise étaient l'état de l'art dans tous les domaines. Aujourd'hui c'est le grand public qui mène la danse dans le logiciel (services en ligne financés par la publicité) et même dans les matériels (smartphones, objets connectés et bientôt smart home).

Soucieux de protéger leur vie privée, ces clients, consommateurs ou usagers, vont gérer leurs données personnelles plus précautionneusement et seront enclins à les ouvrir (VRM) aux entreprises qui sauront les valoriser dans une relation équilibrée. 

L'ouverture se traduit aussi par l'innovation interne qui bénéficie d'une innovation ouverte avec les clients (open innovation) ou avec des partenaires. Les produits son co-designés avec eux, adaptés à leurs usages, pour titrer partie d'une expérience utilisateur (U+X) hors norme et fidélisatrice, pour être visible dans cette profusion de nouvelles technologies.


Les utilisateurs du SI sont de plus en plus équipés et connectés

Les utilisateurs sont des clients qui franchissent la porte de l'entreprise et ils ne vont pas laisser sur le seuil, l'expérience toujours renouvelée qu'ils ont quand ils sont chez eux. Une expérience qu'on a parfois tendance à oublier, quand on conçoit les produits pour eux,  comme au premier temps de l'informatique. 

L'ouverture se traduit par l'intégration de leur terminaux dans le SI quand c'est pertinent ou une demande forte (BYOD), et pour l'entreprise à bénéficier de leur capacité collective à produire, gérer et retrouver (Search) de la connaissance (Knowledge Management). 

Côte business, la DSI reconnait ces utilisateurs comme des clients internes. Après avoir mise en place son catalogue de service et structuré ses services support (ITIL) elle en fait la promotion (Marketing DSI) pour que ses offres soit connues et utilisées, surtout les applications pratiques qui répondent à des problématiques simples (Apps) ou vertueuses (Collaboration).
Enfin elle concentre son attention sur la mise à disposition d'un poste de travail adapté pour booster la productivité de ces utilisateurs, dans un monde submergé de données et d'informations.


L'infrastructure devient stratégique

De Facebook (communication) à AirB&B (hôtels) en passant par Uber (taxis), Amazon (distribution), Netflix (films) ou Google (publicité), voici venu le temps des plateformes hyper capitalistiques qui ne peuvent espérer une rentabilité qu'en comptant leurs clients par paquets de dix millions. Leur datacenter et son interconnexion avec les réseaux planétaires sont leur force (voir Comprendre Google et Facebook). 

Au moins un des datacenters de l'entreprise, certainement dans le Cloud, doit redevenir stratégique et assurer la stratégie et la transformation numérique. Avec comme corollaire qu'en matière de sécurité, de développement (DevOps) et de nouvelles infrastructures (Smartgrid), qu'il faut certainement stopper de prendre des décisions par référence au "legacy" qui assure les fonctions supports non stratégiques de l'entreprise. Un privé (legacy) et un public (business), l'avenir sera forcément hybride, sauf pour quelques entreprises qui feront le choix du tout public.

C'est aussi le moment de préparer des architectures qui savent ouvrir les données (opendata) et les gérer en masse (bigdata). La capacité à fédérer un écosystème et de pouvoir accéder à de la puissance (et de la payer) uniquement quand nécessaire, seront deux atouts dans le jeux de ceux qui contrôleront ces futures plateformes de données.


Les métiers doivent évoluer, impactés aussi par la transformation numérique

Dans ce tsunami numérique, vous avez compris que le sujet dépasse la simple gouvernance entre la DSI et la MOA (maitrise d'ouvrage métier) puisque les forces de transformation sont externes. Le débat sur la DSI ou le marketing, voir la Finances, pour mener la transformation numérique n'est qu'une question interne qui ne résout rien en externe.

De plus dans ce domaine, non seulement il faudra se transformer, mais en plus il faudra gérer le "legacy de l'ERP" accumulé au cours des années. Un système gros consommateurs de ressources et de moins en moins adaptés, que dans certaines entreprise on passe son temps à contourner avec le développement d'applications connexes, et surtout a n'upgrader que techniquement et façon iso-fonctionnelle. Quand c'est tombé en marche, il ne faut mieux pas y toucher, on se sait jamais..
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Le rôle du DSI va donc être celui d'un animateur des Directions Fonctionnelles, qui, sur la base d'une veille technologique et de son eco-système, pourra conseiller et accompagner les métiers, y compris en dehors de la plateforme interne (SaaS) quand les applications ne sont pas stratégiques.


Et maintenant?

Pour chacun de ces domaines et de ces mots clefs, il y a au moins un article de GreenSI qui a abordé le sujet et posé déjà quelques pierres de la réflexion. Alors si vous vous sentez de lire encore un peu avant de griller sur cette plage, n'hésitez pas à explorer ce blog et approfondir cette carte. 

Et bien sûr en retour, venez partager les pierres de votre propre réflexion avec la communauté GreenSI, en laissant un commentaire où sur l'un des réseaux de votre choix (LinkedIn, Twitter).

Bonnes vacances!

 

L'humour de ceux qui aiment le numérique