mercredi 26 février 2014

Etude SocialNextWork: villes déconnectées, c'est pire qu'on ne le pensait !

Le dernier billet de GreenSI (Des citoyens connectés, dans des villes déconnectées d'Internet) analysait les 15 dernières années de labels Villes Internet, pour constater qu'après les 5 premières années de la nouveauté, plus beaucoup d'initiatives numériques fleurissaient en France au niveau local.
En tout cas, pas dans les proportions auxquelles on pourrait s'y attendre dans un pays de 66 millions d'habitants et de 36.683 communes et compte tenu de la croissance d'Internet qui compte 42 millions d'internautes en France et un bon taux d'équipement des foyers en PCs;, Smartphones et maintenant tablettes.
Les projecteurs ont mis en évidence une faible motivation des politiques locales pour ces sujets, et parfois une confusion entre Internet et l'outil de communication des élus.

L'espoir réside dans une sensibilisation des élus, dès maintenant, pour ne pas prendre encore 15 ans pour découvrir que le web 1.0 est mort (site "plaquette") et que le web 2.0, plus social et mobile est déjà une réalité. Même dans le rural.

Malheureusement la lecture de l'enquête publiée ce jour par Social NextWork, le réseau des délégués du numérique (Renaissance Numérique), laisse penser que les 6 prochaines années (durée du mandat de ceux qui vont être élus) seront encore stériles. 

En effet, l'étude des programmes de 527 candidats plus de 250 villes montre que si pour 60 % des candidats ayant un programme en ligne, ces programmes parlent de numérique, l'appropriation de ces nouveaux outils reste principalement cantonnée aux grandes villes de France et les mesures proposées peu innovantes.

Or le numérique est pour les collectivités locales un enjeu majeur, au même titre que pour les entreprises confrontées en plus à la mondialisation.

C'est un facteur d'attractivité du territoire, un outil de réduction des coûts en plus d'être un moyen d'associer les citoyens, ou les regroupements de citoyens comme les associations, à la prise de décision des villes, à défaut de les associer dans la gestion.

Il y a quelques lueurs d'espoirs et un peu d'innovation avec certaines villes ci-après, qui veulent mettre en avant les sujets les plus avancés du numérique comme l'open data, le support aux startups regroupées sous la marque FrenchTech créée récemment par l'Etat, ou les FabLabs.

GreenSI vous laisse découvrir le document, et vous donne rendez-vous dans un an pour mesurer le trajet parcouru, en espérant fortement que pour une fois on va se tromper...


lundi 24 février 2014

Des citoyens connectés, dans des villes déconnectées de la réalité d'Internet

Cette semaine a eu lieu à Paris, la 15eme remise des labels "Ville Internet" en présence de Bertrand Delanoë, Maire de Paris, et de Cécile Duflot, ministre de l’Égalité des territoires, pour récompenser les initiatives numériques de nos communes avec un label qui va de @ à 5@ et que vous pouvez fièrement afficher sur un panneau d'entrée de ville.

Quinze ans déjà que ces labels ont été lancés, et qu'ils ont été attribués à 945 collectivités locales, dont 268 en 2013. L'Ile-de-France, Rhône-Alpes, Nord-Pas-de-Calais, Lorraine et Aquitaine, étant les régions recueillant le plus de villes ayant reçu un label.
Cette année 187 villes restent au même niveau, pour ne pas dire stagnent, 27 progressent d'une @, 5 de deux @. Tous les détails dans un document de 7 pages mis en ligne sur le site du label Ville Internet.



Tout ça pour ça!

Car GreenSI est loin de partager le satisfecit qu'il règne autour de ces labels "Ville Internet". 

Rappelons-nous qu'il y a 36.683 communes en France pour mieux apprécier l'ordre de grandeur des chiffres donnés précédemment. On est très très loin du compte. Nous vivons donc majoritairement dans un désert d'initiatives numériques avec quelques bons élèves par-ci et par-là. Ou alors tous les dossiers ne remontent pas, ce dont on peut douter une veille d'élections municipales quand les équipes en place cherchent a valoriser leur action.
Et ce qui est grave, c'est que la croissance du nombre de dossiers depuis 2004 est plutôt nulle, si on en croit la courbe ci-dessous.


En tout cas rien à voir avec la croissance des courbes que l'on a l'habitude de regarder quand on parle d'Internet. 12 millions d'internautes en France en 2001, 41,2 millions en 2013 selon Médiamétrie. Le nombre d'internaute aurait été multiplié par 3,4 sans que les idées d'initiatives ne jaillissent? Peu crédible. Les équipes municipales ne vivent pas en autarcie et sont aussi connectées que le reste de la population.
D'ailleurs GreenSI s'est amusé a calculer le nombre de citoyens français qui vivent dans une ville 5@ ou 4@ : 3,5 millions soit 5,3% de la population. Et quand on considère toutes les villes qui en 2014 on eu un label, cela ne représente que 6,5 millions de Français soit un peu moins de 10% de la population.
Or quand on sait que plus de 3/4 des Français vivent en ville, ce n'est donc pas à cause de la population rurale que ces chiffres sont faibles. Encore une iée reçue. Madame la Ministre de l’Égalité des territoires a bien fait de se déplacer pour constater l'inégalité extrême des territoires entre ceux dans la salle et le reste de la France.
La fracture numérique entre les villes et les citoyens est en marche. Un comble dans un pays fier de sa démocratie locale, dont le Président se doit d'ouvrir chaque année le salon de l'Agriculture, symbole de la proximité locale.
 
La réalité c'est que le numérique est le dernier des soucis de la très grande majorité de nos élus. C'est l'hypothèse à laquelle arrive GreenSI pour expliquer un tel désintérêt sur une période si longue. Si vous avez un autre explication, n'hésitez pas à enrichir le débat en laissant un commentaire.
Il faut donc appeler à la sensibilisation de nos élus. 
Ce que certains comme Gilles Babinet, notre Digital Champion français auprès de l'Europe, ont commencé, avec par exemple ce livre. Un autre est en préparation chez Pascale Luciani-Boyer, membre du Conseil National du Numérique et Présidente de la commission numérique à  l'Association des Maires de France.
Mais cette sensibilisation ne pourra pas prendre 15 ans de plus !

Le politique aime bien imposer son rythme mais là il n'a plus la main. Google (9/1998), Facebook (2/2004), YouTube (2005), Twitter (2006), sont nés depuis la création des labels (1999) et ont changé la façon dont les relations s'organisent et se passent entre individus, que ce soit sur Internet, mais aussi dans la "vraie vie" (IRL) avec l'Internet Mobile.
Et les critères des labels sont suffisamment généraux pour intégrer ces changements :

  • L'accès public au numérique et à internet et à leurs usages
  • L'administration au service du public
  • La démocratie locale.
Pourtant un balayage rapide des initiatives, montre que peu d'initiatives exploitent encore le potentiel amené par ces changements, le social, le mobile et cloud. Même parmi les 5@. Donc vraisemblablement, si on devait considérer des critères de labels intégrant l'utilisation par les villes des réseaux sociaux ou la présence sur le mobile, beaucoup de villes dans le classement n'y figureraient peut être même plus.

Car ce sont bien les citoyens qui changent et qui vont plus vite que les équipes municipales sous l'impulsion des élus.

Le chiffre publié par La Tribune cette semaine fait réfléchir : plus de 80% des entreprises qui ont fait faillite en 2013 n'avaient pas de site internet. La non présence sur internet est devenue une variable statistiquement significative.

Du site "plaquette" au site interactif et communautaire

Mais le plus extraordinaire c'est quand même cette phrase dans la plaquette des résultats des labels 2014:

"Comme chaque année, un lot significatif d’une vingtaine de collectivités aurait dû enregistrer une baisse d’une arobase. Nous avons décidé de suspendre d’une année cette possibilité afin de ne pas courir le risque d’une éventuelle instrumentalisation politique en année d’élection municipale."
GreenSI ne commentera pas le fait que l'on puisse changer les règles d'un label en cours de route.

Ce que GreenSI trouve extraordinaire c'est qu'on change les règles justement l'année où les électeurs sont censés venir voter pour des résultats et un programme. Y compris sur le numérique bien sûr. Un peu comme si on annonçait qu'il n'y aurait plus de publication de l'évaluation des budgets municipaux les années électorales, où qu'on ne comptabiliserait plus les pollutions environnementale et autres sujets délicats pour les équipes sortantes. Et pourquoi pas carrément ne plus publier de données les années électorales?

Est-ce qu'on a bien intégré les changements d'usages d'Internet depuis 15 ans? 

Un site internet ne serait encore qu'un outil de communication, qui devrait même être interdit pendant les campagnes électorales? Si c'est le cas, voici donc le fond du problème qui confond développement du numérique pour le territoire et développement de la réputation de l'élu.
C'est d'ailleurs ce que GreenSI a trouvé dans le bilan d'un maire sortant d'Ile de France. Quelle piètre excuse que d'expliquer a ses administrés que le nouveau site de la ville (l'ancien date de 2005 année des @@) n'a pas été mis en ligne à cause des élections qui arrivent. Et pourquoi pas à cause de l'Europe...

 
On ne doit pas parler du même site internet comme outil numérique de la ville.
GreenSI parle d'un site internet permettant le lien entre une équipe municipale (il n'y pas que des élus) et les citoyens.
D'un site qui via des formulaires en ligne, permet de faire ses demandes administratives et d'entrer en relation avec les services publics locaux dont les horaires d'ouvertures ne sont pas toujours adaptés aux nouveaux rythmes de vie.
D'un site communautaire qui permettrait de créer du lien entre associations locales et citoyens, de stimuler l'économie du partage et de l'échange en développement.

Non, on ne doit clairement pas parler du même site internet, pour risquer une infraction au code électoral si on le met en ligne.

Élection municipales, une chance pour la fracture numérique?

Heureusement la capitale montre l'exemple. Les programmes numériques sont (pour l'instant) un élément de débat entre les candidates.
Et "poids politique" des deux candidates oblige, Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusco-Moriset, ils sont même relayés par la presse spécialisée. 


Car s'il y a une certitude c'est bien que la fracture numérique est un sujet politique. Au sens premier du terme, "la vie de la cité", numérique en l’occurrence. Dans ces deux programmes :

On y parle d'utiliser le numérique comme un facteur d'attractivité du territoire.
On y parle du numérique comme un accès public aux données... même les années électorales!
On y parle du numérique comme un moyen de faciliter la participation citoyenne et de se préoccuper en urgence de ceux qui n'y ont pas d'accès.
Espérons que ces programmes de campagnes ne resteront pas lettre morte une fois que les urnes auront départagé les candidates. Espérons aussi que dans les autres villes de France le numérique sera un sujet de prise de conscience et de propositions des candidats. Il est temps de se remonter les manches dans les 90% des villes qui ne sont pas encore labellisées Ville Internet.

Que l'on puisse enfin clore ces labels qui ne devraient plus exister après 15 ans, car le numérique est maintenant installé, comme le développement durable ou la sécurité, et qu'il devienne un axe normal et quotidien de relations avec les citoyens et de développement du territoire. Avez-vous encore un panneau à l'entrée de la ville pour dire qu'il y a l'eau courante dans cette ville ?
Et pourtant je peux vous dire que les distributeurs y travaillent tous les jours et qu'ils innovent en permanence. Mais c'est juste devenu "normal". L'internet citoyen est devenue la norme.


La France numérique avance à deux vitesses, mais la très grande majorité des Français attend encore le TGV. 

Pour combien de temps encore ?

lundi 17 février 2014

L’open-source, moteur de l’open-data








Une interview par Karine Durand-Garçon, qui aborde la vision de l'open source par certains DSI et le monde d'ouverture pour les SI qu'il a initiée et qu'on pourra difficilement stopper. Dorenavant ce sont aussi les données qui s'ouvrent (open data), l'innovation (open innovation) et encore beaucoup de choses à venir si vous savez observer.
 
Cliquez sur le chat pour en savoir plus...



https://twitter.com/fcharles/status/403631964722593792

Entreprise 2.0: faiblesse passagère ou fin du modèle? (partie 1)

Cette semaine, a eu lieu à Paris dans les locaux de l'ESCP, l'Entreprise 2.0 Summit, la conférence de travail annuelle sur le travail collaboratif et les réseaux sociaux d'entreprise.

Beaucoup d'experts et de matière grise échangée, pour faire le point sur l'avancement de la construction de l'Entreprise 2.0. Une entreprise 2.0, suivie par GreenSI car elle concerne la DSI tant elle va impacter les évolutions de l'ERP qui en supporte les processus et des solutions collaboratives qui se généralisent.

Ces dernières années, de nombreux succès ont su faire passer les réseaux sociaux d'entreprise (RSE) d'une simple phase de pilotes, à une phase utilisation plus large et une présence dans 27% des intranets selon l'étude de l'Observatoire de l'intranet.

Mais force est de constater, que les domaines de prédilection des RSE sont généralement des domaines limités (même si parfois transverses), et qu'on est loin d'une généralisation du RSE comme outil de travail ou d'une adoption massive des salariés. Même parmi mes "early adopters" (dès 2009) comme Pernod-Ricard, Alcatel ou Lyonnaise des Eaux.
Des RSE qui souvent grâce a l'énergie d'une poignée d'évangélistes qui conduisent le train, emmènent la majorité des autres employés, confortablement installés à l'arrière et profitant de la vue de façon passive. Et dans certaines entreprises, tous les employés ne sont pas montés dans le train. Tout simplement parce qu'ils ne sont pas reliés au système d'information pendant les heures de bureau. Condition sinequanone pour utiliser le RSE.

En tout cas, l'usage en entreprise des RSE n'a pas réussi à capitaliser sur celui de leurs cousins: les réseaux sociaux grand public.

Des réseaux qui, comme Facebook, sur la période ont fait le plein de centaines de millions d'utilisateurs ou comme tous les autres ont testé régulièrement de nouveaux formats de partage (Twitter pour l'information instantanée, Pinterest ou Instagram pour les photos, Vine pour les vidéos, ...). Et certains comme LinkedIn, commencent à empiéter sur le terrain de l'entreprise, en collectant des données de profils des collaborateurs, très pertinentes pour la gestion du recrutement et des RH, ou pour la prospection des commerciaux...


Or on parle bien des mêmes collaborateurs qui utilisent ces réseaux. Qu'ils soient sur les réseaux sociaux grand public sur leur mobile la journée et sur la tablette le soir, chez eux mais aussi salariés pour certains et utilisateurs potentiels du RSE d'entreprise.


Si l'utilisation des Réseaux sociaux doit être une nouvelle forme d'organisation du travail en entreprise, elle doit trouver sa place dans la mallette des outils de collaboration des travailleurs. 

Et devra certainement trouver sa voie à côté des processus de l'entreprise. Car c'est peut-être ça le problème. Les réseaux sociaux en entreprise ne sont pas encore assez intégrés dans les rouages de l'entreprise, les fameux processus.  Pourquoi?

Y aurait-il incompatibilité entre les processus et les RSE?

Les processus sont une forme déterminée à l'avance ("modélisée") d'enchainement des activités. Avec des déclencheurs, des produits en entrée, des produits de sortie et une affectation claire des activités a chaque acteur en fonction de rôles, eux aussi prédéterminés. Un monde idéal qui ne laisse aucune place à l'improvisation.

Le réseau social lui, se caractérise par les profils riches des acteurs, par un flux d'activités et un graphe social, qui s'enrichira en permanence avec le déroulement des activités par les acteurs. Personne n'affecte pas les activités, au mieux l'interface les suggèrent à ceux qui sont les plus à même d'être intéressés donc de les réaliser en fonction du graphe social justement. Un monde qui fait entrer en scène la sérendipité, l'art de trouver ce que l'on ne cherche pas.

Donc, dans le cadre d'activités opérationnelles, processus et réseaux sociaux s'opposent dans la façon de distribuer le travail. Obligation et déterminisme d'un côté, facultatif et sérendipité de l'autre. L'entreprise semble avoir choisi son camp, celui des processus.



Dans ces conditions, la transformation profonde de l'entreprise vers entreprise sociale et la mise en œuvre d'un modèle social dans l'entreprise ne pourra pas émerger sans régler cette question: RSE ou processus?
Complémentarité des processus et du RSE


Pourtant il existe bien un territoire naturel pour les RSE qui montre que ces deux modèles sont complémentaires :
  • Déjà, là où les RSE se sont développés car les processus ne sont pas définis ou sont extrêmement simples: revue de presse, suivi de projets, entraide, créativité, veille, production de connaissance, ... Il n'y a qu'a regarder les multiples témoignages d'entreprises à ce sujet.

  • Ensuite, là où ne peut pas imposer les règles de l'entreprise, notamment autour du Social CRM et de la relation avec les clients. Pour les entreprises qui veulent garder la main avec les réseaux sociaux grand public dans lesquels l'entreprise devra aller sous peine d'occulter une partie des conversations de ses clients.
    On pourrait imaginer que cela soit aussi le cas avec les fournisseurs, mais la relation fournisseur est souvent moins sophistiquée que la relation clients dans l'entreprise.
    Et aussi avec les actionnaires ou les candidats... bref tous ceux qui sont en externe de l'entreprise et à qui elle ne peut pas totalement imposer ses méthodes.

  • Enfin, là où les processus ont été mis en place... par erreur. Du moins faute de mieux. Là où il suffit de fixer un objectif, a peine structuré, et de laisser faire les salariés. Ne pas se plaindre ensuite que l'entreprise manque d'entrepreneurs...
Un constat qui est aussi fait par ceux qui viennent du monde des processus, comme João Pinto dos Santos, Digital Transformation leader chez Accenture et spécialiste du BPM - Business Process Re-engineering. Les processus n'ont bien fonctionné qu'avec les activités principales, les données structurées et les acteurs en charge des workflows. Un fossé existe pour couvrir avec les processus toutes les activités de l'entreprise. Les modèles de BPM sont en train d'évoluer pour les combler et cette évolution (Adaptative Case Management) ressemble étrangement au fonctionnement d'un RSE.



Et puis n'oublions pas que les processus demandent un investissement important au départ (modélisation) et une énergie plus faible ensuite, alors que les RSE c'est l'inverse. On démarre simplement mais ensuite on doit structurer et animer en permanence. Quand on est pressé ou que l'on a pas d'argent, le RSE est plus efficace à court terme. C'est peut-être pour cela que les startups adoptent souvent ce type d'organisation peu structurante et ne se préoccupent des processus que bien plus tard.
Il y a donc une réelle complémentarité entre les deux approches et aucune ne remplacera l'autre.

Alors pourquoi ce modèle d'organisation appuyé sur le RSE peine à émerger?

De ce que comprend GreenSI, la situation actuelle s'explique par le non-allumage d'un moteur : celui du salarié. Les salariés utilisent majoritairement le RSE comme un outil passif, alors que c'est à eux d'en faire un outil actif. A leur décharge on ne leur a pas toujours dit comment...

Les RSE reposent sur l'utilisation d'une plateforme informatique donc sur un certain volontarisme des salariés pour apprendre à l'utiliser et lui trouver un usage. Les processus, eux, ont pu émerger bien avant leur informatisation (avec des manuels de procédures très épais), et leur usage s'est ancré dans l'entreprise, puis ils ont été boostés par le développement de l'informatique, notamment avec les ERP.
Cette plateforme informatique  est d'une certaine façon une barrière qui freine leur déploiement. S'il n'y a pas un avantage immédiat, les salariés n'y passent pas le temps suffisant pour y chercher des usages personnels et l'adopter comme outil. Non pas qu'ils rejettent l'informatique, car c'est de plus en plus nécessaire pour accéder à l'information et traiter la partie administrative de leur travail (communication , ordre du jour , les dépenses , factures, ... ), mais qu'ils ne l'ont pas assimilé comme un outil de développement personnel.

Une statistique cette semaine a indiqué qu'un milliard de personnes avaient utilisé Twitter alors que le nombre d'utilisateurs actifs n'est que du quart. On retrouve ce même phénomène avec ce réseau social grand public: je suis venu, je n'ai pas compris (et on ne m'a pas expliqué) alors j'ai laissé tombé. Et pourtant Twitter est un outil performant, certainement adapté a des usages qu'ils n'ont pas eu le temps de découvrir.

Ces "employés 1.0", n'utilisent le numérique que pour faire un travail qui se numérise un peu plus tous les jours. Là où avant ils remplissaient un papier maintenant ils doivent saisir en ligne.

Ils ne cherchent pas à en savoir plus ou découvrir de nouveaux usages. Il veulent juste faire leur travail, un point (zéro) et c'est tout. Et ils représentent la majorité des salariés, avec ceux qui ne sont pas raccordés.




Ce n'est pas parce qu'ils ont accès a un ordinateur, et donc au RSE, qu'ils vont devenir des utilisateurs actifs d'un outil qui n'est pas inscrit dans les processus ou dans leur contrat de travail. Un peu comme si on voulait que chaque conducteur automobile, soit aussi totalement au point sur l'entretien de son véhicule et bien connaître son moteur.
Bien sûr, pour ceux qui n'ont pas de terminaux reliés au SI, la question se pose encore moins et les processus sont pour eux la seule forme d'organisation du travail.


On est donc pour ces deux types de salariés, loin des motivations des sponsors qui eux veulent transformer l'entreprise, des animateurs dans l'âme dont le métier est l'animation de communautés internes ou des utilisateurs 2.0 qui ont compris tout l'intérêt qu'ils pouvaient tirer des RSE, pour leur travail d’aujourd’hui ou leur eRéputation de demain.

L'entreprise 2.0 ramène à la motivation des employés et leur implication dans leur travail. 

D'ailleurs, l'adhésion faible au RSE pourrait peut-être, être un indicateur d'une certaine « rupture » entre l'entreprise et ses employés. Rupture à laquelle les RH se doivent de répondre, pas le RSE. Pourquoi devrais-je faire plus que ce dont j'ai besoin pour assurer mon travail et investir dans la création de relations dans l'entreprise. L'enquête Endered-Ipsos 2013 au niveau européen sur le bien-être et la motivation des salariés met en avant que seuls 43% des salariés français, 48% des italiens et 49% des espagnols se déclarent satisfaits de la reconnaissance de leur implication. Le potentiel de « frustration » est donc élevé.

Le RSE ne peut pas être responsable de tout quand même!

Une aspiration a un modèle d'entreprise plus ouvert?

Mais le social n'est pas seul dans cette quête de changement de modèle.

On retrouve les mêmes questions avec l' innovation ouverte ("open innovation"), qui n'est pas non plus quelque chose de naturel ou de prévu par les processus : aller partager votre innovation avec les autres et même les concurrents. Une innovation ouverte qui a pourtant réussi à stimuler la transformation de plusieurs entreprises autour de thèmes stratégiques qu'elles se sont choisis.
Et en y regardant d'un peu plus près, on voit apparaître de toutes parts, de nouvelles approches d'organisation des activités de l'entreprise, en interne ou avec l'externe, se cachant sous des noms anglophones pour la plupart: " hackathons " , " barcamp " , fablabs , design thinking , ...

Toutes ces approches nécessitent de quitter la rigidité des processus et des règles de gestion bien établies.

Récemment GreenSI a trouvé dans la très sérieuse Harvard Business Review un article très pertinent de Raffi Duymedjian : ""Bricolage en entreprise, la fin d’un tabou". Un manifeste qui questionne si l'homme dans sa quête de rationalité et de déterminisme, n'est pas allez un peu loin dans la rationalisation des processus de l'entreprise. Et si de vouloir tout régir avec des processus et un ordre établi n'était finalement qu'une obsession de notre condition humaine? 

 

N'est-ce pas l'écho de ces flops qu'on ne sait pas toujours expliquer :
  • taux d'échec élevé des projet ERP,
  • un effort de conduite des changement démesuré pour leur mise en œuvre,
  • une gestion des exceptions et des anomalies qui demande 80% des efforts et ne représente que 20% des cas,
  • qui a des processus bien formalisés et à jour ? sérieux !?
L'entreprise 2.0 va au delà du RSE et ne s'appuiera pas que sur des processus formalisés. Ils trouvent eux-même leur limite et se doivent d'évoluer.
 

C'est une nouvelle forme d'organisation, plus ouverte, plus agile, moins déterministe car reposant moins sur des processus structurés et plus sur de la collaboration social. Le RSE, qui est la nouveauté et la priorité de ces dernières années, y joue un rôle, mais il n'est pas seul. Les processus vont continuer d'exister.

Mais pour ne pas rester un phénomène éphémère, le RSE va donc devoir résoudre sa propre équation et aller plus loin dans son adoption: s'intégrer avec les processus opérationnels. 

Ce sera le thème du prochain billet: Entreprise 2.0, un coup de processus et ça repart! (partie 2)
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dimanche 9 février 2014

DSI: l'âge de l'extinction?


Clin d’œil de ciné-fil, le 14 juillet 2012, le jour d "Independance Day" à la française, GreenSI lance un appel pour résister à ces nouveaux envahisseurs des DSI qui remettent en cause son modèle et sa gouvernance (Transformers 4: déjà à l'affiche dans toutes les DSI).
Un an plus tôt, un premier signal d'alerte était donné avec le billet Cloud + Mobilité + Social: l'ère post-PC a commencée.

Pour GreenSI, la résistance a adopter est celle du bambou, et non du celle chêne. Plier sans casser et envoyer ses rhizomes dans les bonnes directions pour occuper de nouveaux territoires. Ceci afin de se transformer en même temps sur 4 fronts, pour absorber les ruptures technologiques que sont le Cloud, le Social et le Mobile, tout en développant de nouvelles compétences et une nouvelle gouvernance du SI.

Voilà que 2014 démarre avec des éléments déchaînés et que la bande-annonce de Transformers 4 (qui sortira en Juin) vient d'être présentée cette semaine lors du Super Bowl. Une occasion toute trouvée avec ce billet pour regarder le chemin parcouru depuis 2011 et faire un point sur la situation de la DSI et son avenir.

Transformers 4 : l'âge de l'extinction




Un titre qui ne s'invente pas!
Et qui ne pouvait pas être plus prémonitoire de cette année 2014 pour les DSI. Car il n'y a pas un mois qui passe, sans un article sur la disparition du DSI ou de la DSI.

La résistance aurait donc échoué? Les forces de transformation "extra-DSI" auraient emporté l'organisation et la gouvernance du SI dans la tempête?
Parfois, on se le demande, mais jugez par vous même :

Et ce n'est qu'une sélection... Bon alors, il est mort et encore chaud ce DSI ou ce n'est qu'une illusion collective, orchestrée par les consultants en organisation et autres vendeurs de changement ?

Entreprise numérique = Data + Relations Numériques

Sur le diagnostic, Cloud (et Data dans le Cloud), Mobile et Social, la période a montré que ce n'était pas une mode mais bien de réelles forces externes sur la façon de gérer l'information.
Et même mieux, Gartner a montré que ces forces formaient un "Nexus" convergent ("nexus of forces") et qu'elles se renforçaient l'une l'autre.
Le Mobile est boosté par les données dans le Cloud devenues accessibles, là où les infrastructures SI internes sont freinées par les règles de sécurité. Le Social dans le Cloud est la règle, avec du SaaS ou directement des applications construites sur réseaux sociaux. Le Social démultiplie la Data, et les objets connectés (qui seront sociaux et beaucoup plus nombreux que les humains) vont amplifier ce phénomène, etc...
Aujourd'hui l'interdépendance entre la stratégie technique et la stratégie d'entreprise, le fameux "alignement stratégique du SI" est une obligation. Mais sans rigidifier l'entreprise qui doit rester agile. On comprend que les deux se gèrent donc en même temps.
La transformation de la DSI, n'est qu'un aspect de la transformation numérique de l'entreprise. La sempiternelle question du DSI siégeant au Comité Exécutif de l'entreprise, qui a animé les débats des dernières années est donc tranchée. Pour réussir la transformation numérique de l'entreprise, soit le DSI y rentre, soit on le remplace par un patron déjà au COMEX.


Et ce n'est pas que dans les entreprises.

Dans le public aussi la transformation numérique est en marche, trop lente pour certains, mais elle n'est plus discutée. Le Conseil National du Numérique fait ses recommandations au plus haut de l’État. Les Ministres se bousculent dans les salons technologiques pour y parler sécurité, startup et innovation. Même dans l'éducation nationale on redouble d'efforts, avec le Plan Numérique pour l’École et la FUN (France Université Numérique) qui se lance dans les cours en ligne (le MOOC à la française), c'est dire.


Une transformation qui englobe tous les produits et services de l'entreprise ou des collectivités locales et qui conduit jusqu'aux clients ou aux citoyens, quand ces derniers se sont eux mêmes connectés.

D'où l'arrivée sur le devant de la scène de la transformation, d'un nouvel acteur, souvent inconnu de la DSI, le Marketing. Ce département qui est justement en charge de définir le "go to market", c'est à dire quels marchés cibler et comment l'entreprise les atteint. Et qui explique certainement le nombre important d'articles qui commencent à traiter de la relation entre le Marketing et la DSI.

Marketing & DSI, des trajectoires convergentes pour l'innovation

Mais il se trouve que le Marketing est lui même aussi fortement impacté par cette transformation numérique de l'entreprise.
Car, quand il s'agissait de juste montrer du doigt les "masses" à viser dans les marchés cibles, maintenant, dans un monde numérique, c'est la personnalisation qui compte. Remplacer une division de blindés habituée à arroser de courriers et d'emails, par des snipeurs infiltrés dans les réseaux sociaux et sur les sites de e-commerce, n'est pas une mince affaire. Surtout, que les équipes clientèles de l'entreprise, sont elles aussi en première ligne au contact avec les clients, que ce soit en SAV ou en commercial. Attention aux balles perdues...
Les entreprises ayant un peu trop segmenté leurs fonctions communication, marketing, commerciale et clientèle pourraient vivre une période intéressante de "cacophonie numérique" vers les clients.


Et puis le marketing avait pris l'habitude de tout sous-traiter, a des agences qui regroupent tous les métiers pour capturer le maximum de budget et proposer des approches globales. Une stratégie de sourcing qui a atteint sa limite quand on parle de la transformation de l'entreprise. Car l'agenda des agences (protéger ses marges), n'est pas aligné avec celui de l'entreprise (se transformer). Et le contrat (quand il y en a) est un faible outil d'alignement stratégique. Comme on dit, quand on écrit un contrat c'est en pensant au divorce, il est peut-être temps de ressortir les contrats...


Ce qui compte désormais c'est l'usage de la technologie.


Et pour améliorer cet usage, une grande place est faite à l'innovation et à l'expérience utilisateur. Et pour appuyer cette idée, je citerai le nouveau patron de Microsoft, Satya Nadella, qui dans son mémo aux salariés pour sa prise de poste cette semaine, déclare, 

“Our industry does not respect tradition - it only respects innovation”.


Toute la DSI est concernée par ce message et ce n'est pas un hasard, car Microsoft partenaire historique du DSI, est aussi engagé dans la même transformation.

D’où les appels réguliers de GreenSI sur la DSI condamnée à innover et l'ouverture de son ecosystème pour adopter l'open innovation.


Tout ce qui est numérique sera raccordé au SI (Règle GreenSI #4), pas nécessairement avec le réseau de la DSI, et échangera de l'information. Donc une amplification des relations numériques de l'entreprise avec ses clients et partenaires. Au départ avec les données du SI mais très vite avec les données externes (réseaux sociaux, open data, objets connectés,...) , dont la croissance amène vite a la notion de "big data".


On ne pourra pas échapper à la résolution de l'équation de la relation : DSI + Marketing = Innovation. Car la DSI ne dirige pas l'innovation, elle la co-créé avec les métiers... et avec les clients et citoyens. Une chasse gardée historique du marketing, où elle n'est pas toujours la bienvenue. Et le niveau de compréhension du numérique n'est pas toujours très développé si peu ont été recrutés
pour cela au marketing.

De même pour les données, anciennement "Business Intelligence" territoire historique du marketing. Car 2014 sera aussi l’année de la Data, voire du big data pour certains. Encore un domaine où il faudra (re)préciser que le SI doit jouer un rôle clef pour capturer et organiser les données, et le marketing ou les métiers, pour les analyser. Ces données devront dépasser le simple usage de ciblage et permettre de fabriquer des modèles qui enrichiront les applications métiers et la prise de décision en temps réel dans la relation clients ou le pilotage.

Donc fini les échanges de fichiers Excel avec les agences si c'est encore le cas. Si la data est l'or noir du 21em siècle, il est temps de l'organiser, de l'analyser et d'en maîtriser sa diffusion. Bienvenue dans le monde des API et de l'Open Data. Les SI sont des plateformes et Internet la plus grande d'entre elles.
Le focus de la DSI évolue donc vers la Data pour développer la capacité de l'entreprise a être plus "intelligente", smart diront les anglophones. C'est le nouveau territoire à organiser. Les géants du web l'on bien compris.
Celui de la circulation de l'information, sur une infrastructure devenue une commodité, et finalement retrouver son rôle premier, traiter et faire circuler l’information.



Si la DSI reste sur son territoire traditionnel de support quand ce n'est pas uniquement l'infrastructure, son activité peinera à accompagner la transformation numérique de l'entreprise. La DG se tournera vers d'autres acteurs.

Comme le disait très justement en février 2012, au gala des DSI, Pierre-Noël LUIGGI, PDG fondateur d’OSCARO le leader de la vente de pièces auto par Internet:

"Le DSI doit être un entrepreneur et non un manager. Je souhaite la mort du DSI, et la naissance de celui qui sera un "intra-preneur" pour épauler son dirigeant".


Finalement GreenSI se demande si il ne faudrait pas qu'il meure pour mieux renaître de ses cendres?


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Teasing du prochain épisode :




Ce n'est pas pour cela qu'il faut faire table rase du passé!

Les applications métiers se classent en deux catégories. Celles qui produisent des données ou des services pour les clients, de la gestion de stocks de produits au CRM en passant la logistique, et celles qui sont tournées vers l'entreprise son organisation et son support. Les premières devront s'ouvrir et s’agréger autour de cette nouvelle capacité de traitement de la Data. Les autres se rationaliser pour réduire les coûts de gestion tout en gérant au mieux la conformité de l'entreprise.

Décodage de l'actualité IT 01 Business - 8 Février 2014



Décryptage de l'actualité de la semaine avec le nouveau patron de Microsoft, la fusion des réseaux SFR et Bouygues, le piratage d'Orange et la messagerie dans le Cloud.



dimanche 2 février 2014

IBM, Microsoft, HP : Pourquoi les dinosaures de l’informatique NE VONT PAS disparaître

Titre certainement un peu trop affirmatif, mais GreenSI ne pouvait pas, ne pas réagir à la publication dans Le Monde Économie, d'un article au titre inverse (IBM, Microsoft, HP : Pourquoi les dinosaures de l’informatique VONT disparaître). Non ils ne vont pas disparaître, mais s'adapter, c'est la loi de l'évolution, en tout cas au moins les deux premiers.

D'ailleurs, cet article du Monde est illustré par un ordinateur "goupil - année 1983" (ci-contre) de la société française SMT Goupil, dont la spécialité était de fournir des ordinateurs à l'administration française. Elle a disparu et les administrations achètent américain depuis bien longtemps, alors que nos trois compères, eux, se portent bien, peut-être moins bien qu'avant, mais ils sont toujours là. Ce sont déjà des vétérans qui sont arrivés jusque ici pour qu'on en parle encore aujourd'hui, ne l'oublions pas.

Alors pourquoi Le Monde les déclare à l'agonie?

Surtout la semaine où Microsoft annonce des résultats records, qui ont surpris tout le monde, et qu'IBM tient son salon mondial comme chaque année (IBM Connect 2014) sur le thème de la "Digital experience", un des sujets chaud du moment. Microsoft de son côté préparant les TechsDays Paris,l'évènement de sa communauté de développeurs qui attire toujours autant de décideurs.

On semble loin de la chambre de soins palliatifs. Et dans leurs copains de chambrée il y aussi SAP, créé en 1972, qui se porte comme un charme, à la tête du progiciel mondial.

Avoir connu le début de l'industrie n'est donc pas encore pour GreenSI un critère de disparition infaillible.

L'argumentation de l'article du Monde est la suivante :
  • La machine à vapeur fut un composant clef de la révolution industrielle et tout ceux qui en ont tiré profit n'ont pas vu venir le moteur à explosion et ont disparu.
  • Or l'informatique est la proie à de grands changements depuis l'avènement de l'internet, qui ont été mal analysés par les HP, IBM et Microsoft pour ne citer que ces trois. Des entreprises qui ont manqué de vision.
  • Donc on entendra plus parler d'eux pour la troisième révolution industrielle. Et d'ailleurs leur chiffres d'affaires stagnent... même si l'article reconnait que leurs marges augmentent et sont solides.
Mais l'argent c'est le nerf de la guerre. Ce raisonnement un peu simpliste est l'occasion de rappeler que ce qui caractérise l'informatique c'est bien l'information (data) et pas l'ordinateur. 

Et en anglais, IT, c'est bien pour "Information Technology". Quelle que soit la technologie. L'ordinateur peut disparaître, tant qu'il y aura "des formes plus avancées" pour manipuler l'information, l'informatique sera toujours présente. Et l'informatique a progressé avec les réseaux, les bases de données, l'internet, la collaboration, maintenant le mobile et demain les objets connectés et pourquoi pas le neuronal. MS-DOS a été incorporé à Windows jusqu’à la version XP, et Android emprunte bon nombre de lignes de codes à d'autres acteurs. C'est un peu Darwinien tout ça.


IBM : de la machine à l'intelligence


Or en ce qui concerne la compréhension de cette loi de l'évolution, je pense que Goupil, aurait aimé avoir la vision et la clairvoyance d'un IBM, International Business Machines, qui rappelons le, vient d'une époque où l'ordinateur n'était encore qu'une "machine" pour automatiser l'entreprise.

IBM a forgé le  terme "e-business" en 2003 pour parler de l'internet et reconnaitre son potentiel pour le business d'une chaine numérique entre producteurs et distributeurs, et même les clients eux-même maintenant.
Puis en 2008 "A Smarter Planet" a mis l'analyse de données et le potentiel de l'intelligencepour transformer nos industries et la planète quand il s'agit d'en optimiser la consommation de ses ressources. Relisez les dates, pensez aux projets que vous faisiez à l'époque, et avouez qu'au moins les marketeurs d'IBM ont bien une vision, n'en déplaise au journal Le Monde.

En fait, pour IBM, la crise du passage de la machine à vapeur au moteur à explosion, a déjà eu lieu début des années 1990. C'est même pour y faire face que Lou Gerstner, ex-McKinsey, ex-American-Express grand client d'IBM et non-informaticien, se retrouve sélectionné pour reprendre la barre d'un navire qui semble sombrer.

Il déclare dans une citation qui restera célèbre que " la dernière des choses dont IBM a besoin, c'est d'une vision", et recentre l'entreprise sur ses clients. Il créé la division IBM Global Services et fait se développer IBM en dehors du monde des machines, dans le monde des services. Plus tard les PCs sont vendus au chinois Lenovo, et cette semaine Lenovo acquiers les serveurs. Un même Lenovo quivient aussi de racheter Motorola à Google. Visiblement le matériel est en train de migrer en Chine et la machine à vapeur a encore de beaux jours devant elle ailleurs sur la planète, surtout si c'est le grand public qui s'équipe.

Cette épopée est relatée dans un livre à succès, traduit en français depuis "J'ai fait danser un éléphant".

Et l'aventure continue aujourd'hui avec des initiatives comme Watson, le moteur d'intelligence artificielle de l'initiative "Jeopardy" (et aussi le nom de l'un des deux fondateurs d'IBM), qui est devenu ce mois-ci une division à part entière d'IBM (Watson Business Group) en charge de la commercialisation de services basés sur cette nouvelle "intelligence". Le pari n'est pas gagné, mais il y peu de monde sur ces sujets de nos jours (au moins Google).

La transformation d'IBM c'est aussi dans l’acquisition de multiples acteurs du logiciel (Ilog, SPSS, Lombardi, Cast Iron, Unica,SoftLayer, ...) pour construire ou peupler sa plateforme Cloud. On sait maintenant que le Cloud est majoritairement un marché de services avec le SaaS et de gestion massive de données. Car l'industrie informatique est en perpétuelle évolution, avec de nombreuses acquisitions et recyclage de technologies et de brevets dans d'autres offres et d'autres modèles. Ce recyclage est produit par les gros qui mangent les petits, les malades et les retardataires rachetés par les riches. Car l'outil de production informatique est l'un des plus malléable et reconfigurable de toutes les industries.

Et IBM joue ce rôle.

Microsoft : un choix délicat entre l'entreprise et le grand public

En ce qui concerne Microsoft, la question posée régulièrement par GreenSI n'est pas sa disparition, mais celle de son focus sur l'un des deux marchés B2B ou B2C. Voire sa séparation en deux sociétés. Car dans IBM, le B c'est pour Business, marché des entreprises, et cela n'a pas changé depuis 100 ans.

Pour Microsoft c'est moins clair, avec des produits entreprise qui passent au grand public (MS-DOS, Windows, Office), des produits purement grand public (X-Box, Jeux, Nokia) et une solide offre pour les entreprises dans l'infrastructure (SQL Server, Visual Studio) et les progiciels (Dynamics). Et sur les sujets qui rapprochent le grand public des entreprises comme le BYOD (les salariés achètent les équipements pour travailler en entreprise) Microsoft est absent.
Les chiffres annoncés fin janvier ont d'ailleurs surpris les analystes... car ils étaient bons!

Et ce n'est finalement pas une surprise que ces chiffres puissent être aussi difficiles à prédire tant ils sont la consolidation de produits et marchés différents.

La X-Box s’envole, renforçant les positions sur le marché grand public avec un équipement connecté à l'heure de la convergence web, ciné, TV, jeux. Mais les logiciels d'entreprises ne se portent pas si mal avec 10% de croissance, y compris dans le Cloud avec de bonnes positions pour son Azure et son atout majeur, Office 365.

Méfions nous de l'eau qui dort. Comme Apple, qui fait aussi partie des dinosaures et a été réveillé par le retour de son fondateur, Microsoft cherche le produit qui va lui permettre de revenir sur le devant de la scène.
Microsoft joue aussi son rôle de recyclage dans l'industrie en faisant de multiples acquisitions (Yammer, Skype, Netbreeze, Nokia Phones...) et investit beaucoup dans l'émergence de nouveaux écosystèmes de startups (Bizspark) qui pourront lui amener les idées qui lui manquent. L'open innovation est une forme moderne de recyclage d'idées là où elles ont le plus de chance de germer.

Est-ce que ce sera avec la X-Box-Kinect, la technologie Nokia+Skype, OneOffice, Azure Entreprises? Ce qui est sûr, c'est qu'il sera dans le Cloud et sera une nouvelle forme avancée de traitement de l'information. Mais comme choisir c'est renoncer, IBM a vendu ses machines et développé son intelligence, le choix semble difficile chez Microsoft. Peut-être que le futur patron, dont la rumeur nous dit que ce serait Satya Nadella le patron de la division Cloud, devra trancher. A suivre...

Les requins sont fait pour durer car ils sont indispensables à l’écosystème

HP c'est plus compliqué. La direction est claire c'est le Cloud et les services. Mais la mise en marche a été retardée par rapport aux deux autres avec plusieurs échecs pour ne pas dire fiasco (tablette, OS, rachat d'Autonomy) et une instabilité du management déclenchée par les craintes des actionnaires.

Finalement HP confirme qu'IBM a pris le bon virage assez tôt, que Microsoft fait bien de se renforcer dans le logiciel d'entreprise, et que le marché des OS mobile est déjà ficelé avec Android et iOS pour au moins quelques années.
HP a cependant du potentiel dans les imprimantes avec la 3D, un domaine où HP est reconnu, tant dans l'entreprise que sur le marché grand public, et que les analystes nous donne comme très disruptif pour reconfigurer les autres industries.

HP est peut-être une proie faible qui peut ouvrir l’appétit, d'un riche, par exemple des opérateurs de télécoms qui sont eux aussi concernés par le développement des services dans le Cloud,  et seraient intéressés par la consolidation des acquis d'HP.

Donc peut-être finalement qu'HP manque de vision et prends conscience un peu tard de son potentiel, ou décide plus lentement des directions à prendre. Mais sa disparition, si elle arrive, pourrait être une renaissance au sein d'un opérateur Cloud pour accélérer sa mutation et perpétuer le cycle d'évolution dans l'industrie informatique.

Pour GreenSI si Microsoft et IBM sont des dinosaures, alors ce sont certainement des requins. Et oui, les premiers requins sont apparus au dévonien, il y a environ 420 millions d'années et sont des dinosaures qui ont su s'adapter.


Ce sont des superprédateurs, au sommet de la chaine alimentaire, qui sont indispensables à leur écosystème. Il le recycle et c'est comme cela que l'informatique avance.

Alors est-ce qu'ils vont disparaître? GreenSI ne le pense pas ! Et vous ?
@fcharles

L'humour de ceux qui aiment le numérique