dimanche 29 septembre 2013

DSI@HOME: ma chaudière est plus intelligente que mon frigo

Avez-vous déjà compté le nombre de microprocesseurs, d'écrans, de télécommandes ou de claviers d'appareils numériques chez vous? L'étude du CREDOC de décembre 2012 nous éclaire sur la vitesse d'équipement des Français en ordinateurs et smartphones :
  • l’équipement en téléphonie s’élève désormais à 90 % pour le fixe (+1 point) et 88 % pour le mobile (+3 points)
  • Quatre personnes sur cinq sont équipées d’un ordinateur à leur domicile, portable (70%) et relié à Internet (97%)
  • 64% des personnes disposent d’un ordinateur portable, d’un mobile ou d’une tablette tactile (+11 points).
Loin d'être isolés, certains de ces équipements se connectent tout seuls à internet en passant les box, ou directement entre eux via Bluetooth, le réseau local Wifi ou CPL.

Côté logiciels et données, le stockage de photos, vidéos, la bureautique en ligne ou le partage de fichiers, sont devenus indispensables dans un usage domestique :
  • Les démarches administratives et fiscales sur Internet (48 % des foyers);
  • la déclaration des revenus (33 %) la demande de documents administratifs (36 %);
  • ou les achats en ligne (29%) se développent.
Tous ces équipements générant des besoins de stockage et de classement de documents administratifs, promettant un bel avenir au vendeur de disques durs et de coffres forts en ligne.

Bref, un vrai système d'information est en train de se développer dans les foyers. 

Et la question que se pose GreenSI c'est: comment le faire fonctionner au quotidien? Parce qu'a la maison comme au bureau, l'informatique ça tombe en marche, mais ça tombe aussi souvent en panne!
 
Et d'ailleurs lors de la dernière panne, ça vous est peut être déjà tombé dessus, "Cheri(e) tu peux regarder pourquoi l'imprimante n'imprime pas?". Et parce que vous êtes dans l'informatique, ou que vous avez une affinité avec la technologie: vous vous êtes retrouvé avec la responsabilité de faire marcher ensemble toute cette technologie. Et quand ça ne marche pas, c'est toute la maison qui se plaint d'un service déplorable.

Bref, vous êtes devenu Directeur des Systèmes d'Information (DSI)... chez vous!

Pour partager autour de ces systèmes d'information qui se développent dans les foyers, GreenSI a décidé de rassembler les expériences collectées à la machine à café, dans une série de billets sur ce thème: "DSI @ HOME".
Ce premier billet nous parle de l'enjeu de la chaudière, car on parle depuis longtemps du frigo connecté qui ferait le renouvellement des vivres tout seul, mais c'est une Arlésienne. Alors qu'aujourd'hui ma chaudière est devenu plus intelligente que mon frigo.


Le chauffage devient intelligent et connecté.


Depuis deux semaines, après avoir été sélectionné sur les caractéristiques de mon logement par le LabEnergie de GDFSUEZ, je teste le pilotage de ma chaudière à gaz reliée à internet.

Comment? Et bien avec un relais placé dans la chaudière et relié sans fil à un thermostat d'ambiance dans le salon, le tout connecté à la box Internet (via une extension "Zenbox") pour aller y stocker les données.

La température dans la pièce est mesurée en permanence et enregistrée. Les consignes de programmation horaire, envoyées au relais qui pilote la chaudière, pour respecter des heures "confort" et d'autres "eco". Mais ça, on savait déjà le faire avant avec un simple programmateur.

Ce qui est nouveau, c'est que tout ceci peut être supervisé et modifié depuis n'importe où via internet. 

Donc avec une tablette, un smartphone iOS/Android ou un ordinateur, on se connecte via internet a son programmateur, on vérifie la température de la pièce, la température externe, la météo a 3 jours et on décide de changer le programme.

Un départ imprévu en weekend? Un clic sur "hors gel" et la chaudière s'arrête. Un retour plus tôt que prévu et on rallume. Le tout avec une interface de programmation en couleur plus agréable que ce que proposent généralement les chaudières en standard. Et à la clef, des économies d'énergie. Enfin on verra dans un an à la fin du pilote.

Mais on peut déjà se douter que le champ d'application est vaste. Une fois les bases de données établies, ce pilote n'est qu'un avant-goût des possibilités qui seront offertes sur le marché par les acteurs du gaz, mais pas que.
Une étude récente montre que ce marché de la régulation d'énergie atteint déjà $1,5 milliards en équipements et est estimé à $4 milliards en 2017. On y retrouve des opérateurs de télécoms, des acteurs fournissant des capteurs ou des automatismes, mais aussi les logiciels de pilotage des systèmes ou d'analyses de données.

Par exemple l'acteur français Netamo connu pour sa station météo connectée qui mesure aussi la qualité de l'air ambiant, se lance dans la sortie d'un nouveau thermostat (Janvier 2014) que l'on pilotera depuis son smartphone et au design pensé par Philippe Stark.

Certainement pour être à la hauteur de son concurrent américain: Nest, une société créée par des ex-ingénieurs d'Apple qui ont fait le design de l'iPod et l'iPhone. Le résultat est sympa:

Pas de doute, ces solutions sont en train de se développer et vont entrer durablement dans nos maisons.

Mais comment gérer toute cette technologie à la maison?

Depuis que vous êtes devenu DSI chez vous, vous avez de nouveaux privilèges:
  • choisir la technologie,
  • vérifier qu'elle supporte les normes et standards de communication avec vos autres appareils,
  • souvent de l'installer,
  • et surtout d'en faire le support de niveau 1 avant de passer la main à des installateurs quand ce n'est pas au fabricant lui-même.
Bienvenue dans un monde complexe ou l’hétérogénéité et la nouveauté vont occuper une bonne partie de vos weekends. 

L'idée de tout normaliser vous passera rapidement par la tête. Après tout c'est vous le DSI à la maison, vous faites un choix unique et tout devrait marcher, non?
Jusqu’à ce que votre fille vous explique qu'elle ne prendra que du Mac, pour ne pas avoir le même Androïd que son frère et que votre femme ne voulant pas prendre parti, achètera un Windows phone.

Et puis vous réaliserez que les fabricants eux même ne sont pas normalisés et que les standards sont finalement un levier de guerre commerciale entre fournisseurs. Comme dans l'entreprise. Que dans un monde bien urbanisé les produits dialoguent avec des interfaces qui devraient être multi-produits. Raté, chaque produit arrive avec sa propre interface. Et comme l'interface devient clef pour capturer le client, ce n'est pas prêt de s’arrêter.

Donc à moins d'acheter ou de faire construire une maison neuve et de prendre toute votre domotique avec le même fabricant, comme Legrand MyHome par exemple, il y a de fortes chances que des équipements ne fonctionnent pas entre eux. Pour plein de bonnes et de mauvaises raisons.

La domotique d'aujourd'hui c'est l'informatique d'avant le "PC compatible", après avoir tout perdu (normes, applications communes, urbanisation, services...) et ajouté un peu d'ergonomie (applications tactiles et smartphones).

Une lueur d'espoir vient de l'industrie du bâtiment, en salon cette semaine à La Défense, pour mettre un peu de cohérence et d'interopérabilité dans tout ça. Mais cela concernera en premier les bâtiments neufs ou la rénovation et surtout le tertiaire et l'habitat collectif.

Donc sans aucun doute, le marché du dépannage à domicile pour les particuliers va se développer.

Là où avant il fallait intervenir parce qu'un appareil ne marchait pas, il va falloir maintenant intervenir sur les liaisons entre appareils. Le problème prend une tout autre dimension et augmente exponentiellement avec le nombre d'équipements connectés du foyer!

Certainement une aubaine pour des entreprises qui, comme PC30 le spécialiste de l'assistance informatique pour les particuliers, vont se structurer pour couvrir tout le champ des équipements et des usages numériques.

Alors peut-être qu'en sous-traitant cette complexité à ces sociétés vous allez pouvoir acheter votre paix dominicale. Vous qui ne juriez que par l'internalisation des compétences à la DSI, finalement vous commencez à penser que l'outsourcing aurait du bon à la maison?

Pour GreenSI, le développement de la fameuse domotique tant annoncée depuis longtemps, mais maintenant boostée par le développement de l'informatique et d'Internet,  ne décollera qu'avec le développement d'un marché de l'assistance.  

En attendant, le DSI c'est vous...

lundi 23 septembre 2013

L'accord Salesforce et Workday: le signe que ça converge dans le Cloud?

Cette semaine, deux géants du Cloud, Salesforce et workday, ont annoncé une alliance stratégique pour intégrer leurs produits (communiqué).

Au-delà de la guerre de positions pour dominer un modèle Cloud où les économies d'échelle sont clefs, pour GreenSI cet accord nous permet de bien comprendre les enjeux du Cloud et en filigranes comment les exploiter à l'avantage de nos SI.

Salesforce, on ne le présente plus. C'est le pionnier et le leader du CRM dans le Cloud, mais c'est aussi le créateur de deux produits essentiels pour l'avenir des ERP : Force.net la plateforme de développement et Chatter une plateforme sociale.
Workday, beaucoup moins connu en France, est un pionnier des ERPs dans le Cloud. Et comme il a été fondé par l'ancien DG de Peoplesoft (un ERP depuis repris par Oracle), leur spécialité c'est les ressources humaines et la finance, le coeur de Peoplesoft. La finance les a amenés aussi à développer des modules d'analyse de données, et pour être à la mode, de "big data".

Alors pourquoi bigre ces deux sociétés, déjà bien occupées dans leurs domaines respectifs  a accompagner les entreprises a renoncer a leur ERP "in house" pour basculer vers une solution dans les nuages,  ont besoin d'une telle alliance?

Aller vers un ERP complet dans le Cloud?

Déjà on constate qu'il n'y a pas de recouvrement fonctionnel entre ces solutions. Elles ne sont pas concurrentes et s'appuient sur un même concept 100% SaaS.

Une telle alliance permet donc de proposer une offre fonctionnelle plus riche, si les deux solutions s'intègrent mieux.

Mais quand on connait les processus RH, Finances et CRM, on sait qu'à part les données financières, il y a finalement peu de lien et de processus transverses sur ces domaines. En tout cas moins qu'entre les achats, les stocks et la production par exemple.

Pour GreenSI cet argument d'une offre plus complète ne parait pas essentiel. Éventuellement si il y avait eu le rachat ou une fusion des sociétés puis la construction d'une offre unique d'ERP dans le Cloud. Mais pas dans le cadre d'une simple alliance.

De plus, l'annonce récente de Salesforce d'enterrer la hache de guerre avec Larry Ellison le patron d'Oracle et de signer un accord de partenariat technologique pour 9 ans entre Salesforce et Oracle, jette la confusion sur la stratégie de Marc Benioff avec Workday.

Et pour faire simple il semblerait que Salesforce soit proche d'Oracle en interne pour utiliser la techno Oracle d’infrastructure, mais en revanche pour les applications c'est du côté de Workday qu'il faudra rechercher. Pas très clair, donc à suivre et prudence pour vos projets.

L'ERP 2.0 en ligne de mire pour workday?

Mais si ce n'est pas la couverture fonctionnelle qu'il faut regarder, c'est peut-être  l'intégration et l'interopérabilité, les clefs de cet accord.

Comme tous les ERP, Workday va avoir besoin de se "socialiser" (Règle #3 de GreenSI) C'est-à-dire de pouvoir débrancher ses processus métiers vers des interfaces de collaboration. Par exemple avant de réceptionner une facture de fournisseur, de pouvoir poser une question sur la bonne fin de la prestation, voire sa qualité, puis de reprendre le cours du workflow en validant (ou pas) la facture dans l'ERP.

C'est aussi la capacité de mettre des alertes sur des objets métiers et quand elles se déclenchent de pouvoir les lancer dans cet espace de discussion. C'est ce que fait déjà Chatter avec Salesforce. Une alerte comme la création d'un nouveau prospect peut ensuite se discuter, chacun dans la conversation pouvant enrichir l'information qu'il a sur le compte.

L'accès à cette technologie intégrée dans Workday est une opportunité pour cette solution de faire face à un besoin actuellement différenciant et certainement dans la lignée de l'évolution des ERP 2.0 (article GreenSI).

Un big data pour Salesforce?

C'est un secret pour personne, les fonctions décisionnelles et de manipulation de données de Salesforce commencent a dater...

D'ailleurs dans le domaine marketing, au coeur du CRM, où il est essentiel d'explorer les données externes de l'entreprise sur les réseaux sociaux par exemple, ou de travailler sur des campagnes multicanales, Salesforce a procédé par acquisition. Et non par évolution de sa plateforme.

Donc même si Salesforce nous parle depuis longtemps de son "Marketing Cloud" c'est seulement avec l'acquisition de Radian 6 pour la partie sociale puis avec Exact Target pour le marketing, que ce "marketing cloud" prend une réelle substance.

Cet accord avec Workday est donc une opportunité pour Salesforce de se mettre au standard de Workday plus avancé en matière de décisionnel.
Il ouvre aussi l'accès a une plateforme "big data" pour manipuler directement les données applicatives, sans passer par la case reporting ou un entrepôt de données dédié.

Une Infrastructure as a Service (IaaS) pour développer autour de l'ERP?

Salesforce propose depuis plusieurs années Force.com sa plateforme de développement dans le Cloud. Elle permet de construire des applications autour des objets CRM de Salesforce qui peuvent ainsi être enrichis.

Cet accord est l'opportunité pour Workday d'exposer ses objets dans cet environnement et de pouvoir développer des applications métiers spécifiques autour des RH et de la Finance, qui ne sont pas dans le cœur du produit.
Il faut quand même se méfier de la créativité de nos métiers autour d'un Force.com, car c'est la porte ouverte au développement spécifique, façon "je forge moi même mes propres applications parce qu'elles sont plus jolies"... mais pas toujours bien urbanisées. Comment ce code va vivre sur le long terme? Pas évident à dire et attention à la réinvention de ce qui existe déjà. Je connais quelques champions de ces ateliers, malheureusement en train de faire exploser les coûts alors que depuis qu'ils ont commencé, d'autres l'ont fait mieux, plus vite et sont maintenant disponibles pour moins cher.
En tout cas c'est clairement un atout de plus pour Workday, surtout dans le domaine RH. Car l'air de rien ce domaine est bien cloisonné dans nos SI, par le sacrosaint principe que le référentiel des salariés c'est lui... et le constat au quotidien qu'il y a plus d'infos sur les salariés dans LinkedIn et Viadeo que dans ce référentiel.

Le SaaS en voie de consolidation?

On voit avec les positions tactiques prises par les acteurs du logiciel SaaS, que les schémas traditionnels des fusions acquisitions d'ERP pour racheter les bases clients comme dans le passé sont modifiées.

Le besoin d'interopérabilité est un nouveau driver d'alliances stratégiques pour les clients, en revanche la consolidation des infrastructures est un nouveau besoin pour les éditeurs. Normal puisque les clients s'en sont débarrassés en basculant en SaaS.

L'avenir dira si un Salesforce + Workday sera meilleur qu'une DSI pour ne pas se retrouver dans 5 ans avec un "legacy" et des investissements difficiles à financer. Surtout avec un modèle "pay as you go" pas toujours adapté au financement de nouveaux investissements lourds.

Mais en miroir de cet accord, on voit un Oracle partenaire et compétiteur. On peut se poser la question de la stratégie d'Oracle Applications "in house" qui devra bien arriver un jour dans le Cloud.

En tout cas ça bouge dans le logiciel Cloud et le champ des possibilités d’agrandi pour les clients... avertis. Marc Benioff a annoncé cet accord en disant "a great day for the cloud" le 18 septembre. GreenSI pense que oui.

dimanche 15 septembre 2013

Et si nos boites mails d'entreprises devenaient intelligentes ?

Maintenant que l'activité des entreprises s'est réveillée après la torpeur de l'été, nous avons certainement tous partagé une même corvée à notre retour: trier nos emails!

Et cette année la tâche fut encore plus rude, car soutenue par la croissance du nombre d'emails échangés. Selon Mashable, de l'ordre de 145 milliards d'emails envoyés par jour à fin 2012. A titre de comparaison, il n'y a que 4 milliards de commentaires et de photos partagés chaque jour sur Facebook (qui a cependant une base installée d'utilisateurs 3 fois moins importante).  Pas de doute, nous vivons bien encore dans un monde d'emails, malgré le développement des réseaux sociaux, qui d'ailleurs en génèrent eux aussi de plus en plus...

La majorité de ces emails sont des spams (65%) et heureusement la majorité de ces spams n'atteignent jamais leurs cibles. Des destinataires déjà bien occupés 11,2h par semaine à traiter ceux qu'ils reçoivent (28% d'une semaine de 40h).



La situation est cependant assez paradoxale. Tout le monde parle du temps qu'il passe a traiter ses emails, et chacun continue à utiliser cet outil de plus belle, pour des conversations qui ressemblent toutes à "Re:Re:RE:TR:RE..."

Sherlock Holmes nous dirait que quand on a éliminé l'impossible, quoiqu'il reste, aussi improbable que ce soit, doit être la Vérité. Cette vérité que personne n'ose dire est pourtant toute simple :
Tout simplement parce que ce n'est plus possible. Mais comment choisir ceux qu'il faut lire et ceux qu'on ne devrait pas lire?

Qu'est-ce qui se profile du côté des particuliers?

Explorons un peu du côté de la technologie grand public pour identifier des options pour l'entreprise (Règle #9 de GreenSI), et plus particulièrement du côté de la dernière interface de Gmail et de OneCub.



Depuis Août, Gmail a une boite "principale" qui s'est vidée de ce que Google considère être des promotions, des notifications sociales, des abonnements a des forums ou des newsletter ou des "mises à jour". Comment? Grâce a sa technologie de recherche et de catégorisation.



Ceci dans l'interface sur PC mais aussi sur mobile et tablettes.
Franchement pour utiliser l'option depuis son activation, c'est redoutable. On redescend d'un coup à une dizaine d'emails par jour, triés automatiquement par Google (depuis 100 à 150).

On peut aussi les déplacer d'une boite à l'autre et Gmail apprend la règle pour ne plus avoir à le faire la prochaine fois avec ce destinataire. Après quelques jours d'apprentissage pour récupérer des mails importants perdus dans les autres boites, la solution est relativement fiable.

Sans surprise, la boîte la plus chargée est rapidement "promotions".
Bon c'est vrai que pour aimer cette fonction il ne faut pas être stressé par un robot qui lit tous vos emails avant vous. De toutes les façons il le faisait déjà pour cibler la pub. Si vous ne voulez pas qu'on lise vos emails... ne les écrivez pas!

En effet, les conditions générales des services changeant de façon unilatérale si souvent, et la conservation des écrits numérique étant longue et ne dépendant pas de vous, immanquablement vos écrits tomberont un jour sur l'écran d'une personne a qui vous n'avez pas explicitement donné accès au moment de les rédiger (Règle #17 de GreenSI).

Cette nouvelle fonction de Gmail, chamboule tellement les usages du marketing toujours généreux en emails promotionnels, que j'ai déjà reçu plusieurs emails de VPCistes, certainement très inquiets par la chute de trafic qu'ils ont constaté suite à leur dernière campagne d'emailing.  A tel point qu'ils nous expliquent comment remettre leur courriers dans la boite principale et ainsi ne rater aucune bonnes affaires...






Bien avant Gmail, OneCubeune startup française, avait lancé un service similaire cette année. Mais plus orienté comme intermédiaire entre les utilisateurs et les marques pour atténuer la pression de l'email promotionnel.
 
OneCub vous fournit une "ultime" adresse mail  pour trier les flux qui arrivent (je sais c'est étrange de vouloir réduire les emails en créant une adresse de plus!) . Mais OneCub sait aussi accéder à votre boite mail classique et les rapatrier pour être triés dans OneCub.

Votre boite mail devient un tableau de bord avec une fiche par "partenaire" qui permet de regrouper automatiquement toutes les relations que l'on a avec ce "partenaire", en distinguant le service client, les commandes, les promotions,...
De quoi vous aider à mieux gérer vos relations qu'un simple tri chronologique ou par conversation.

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En validant la liste des partenaires que l'on souhaite gérer, tous les autres passent en spam. L'idée est séduisante et relève du domaine "VRM" pour Vendor Relationship Management en fort développement aux Etats-Unis. Pour résumer, c'est l'équivalent du CRM, mais à l'envers quand le client reprend le pouvoir: ses opt-in, ses données, la finalité de ses achats (durable, bio...). C'est le client qui gère les fournisseurs et les relations qu'ils veut avoir avec et non l'inverse.

Quelle leçon pour l'email d'entreprise?

Les chasseurs de spam dans nos boites d'entreprises, ne sont que des balbutiements de catégorisation intelligentes, basées sur les expéditeurs classés dans des listes blanches ou noires, mises à jour régulièrement.
Ces deux exemples grand public, sont certainement le signe que l'avenir du déluge d'email passera par plus d'intelligence dans nos boites d'entreprises
  • OneCub, suggère de redonner le pouvoir aux utilisateurs et de les laisser maitriser eux même ce qui est important et ce qui ne l'est pas. Plus celui qui envoi l'email.
  • Une autre idée est celle que la classification que vous attendez pourait être un tableau de bord et non chronologique. Par exemple : Vos Collaborateurs, Votre hiérarchie, le projet X, les actions à traiter (notifications de validations de congés, facture...) ...
  • Gmail, suggère que le potentiel d'analyse automatique des emails est certainement considérable. Mais y a de gros obstacles autour de l'emails d'entreprise si l'entreprise cherche a y accéder. Problème que le grand public contourne en laissant libre choix a l'utilisateur d'utiliser le service et de lui faire valider les fameuses conditions générales, alors que dans l'entreprise le salarié n'a pas le choix de ses outils et il y a rarement des conditions générales.
    Mais cela n'est pas incontournable et peut se traiter en laissant le salarié donner son accord lors de l'activation d'un service de catégorisation automatique des emails par exemple. L'information des représentants des salariés étant obligatoire.
Le second enseignement que l'on peut tirer de ces solutions, c'est que l'avenir passera par une sélection des emails que l'on reçoit et non par la lecture de tous les emails et encore moins leur tri manuel comme les salariés bien organisés continuent à faire.

L'interface "à la Outlook" avec des dossiers est devenue une chimère. On a plus assez de temps pour tout lire et tout trier. D'ailleurs relisez bien votre contrat de travail, quel serait la conséquence de ne pas répondre à un email ?
 
Et pour pousser le bouchon plus loin, une salariée s'est fait licencier récemment pour trop utiliser Facebook et ne pas laisser assez de temps a ses objectifs.

Trier ses emails pourrait très bien rentrer dans cette catégorie de tâches improductives puisque le salarié ne maitrise pas la qualité et le nombre des mails qu'il reçoit, et passe donc une bonne partie se son temps sur des emails inutiles qui le détournent de ses objectifs. Mais il ne le sait qu'après les avoir ouverts et les avoir lus...

Arrêtez donc de trier vos emails avant qu'on ne vous le reproche ;-)

Conférence - Comment éviter le chaos 2.0 ?

Dans 01Business, avec Frédéric Simottel, sur BFM Business, Louis-Pierre Guillaume (Knowledge Office - Schneider electric), Yann Serra (grand reporter 01Business) et Frédéric Charles (Responsable Solutions Collaboratives de Suez environnement) se sont penchés sur les solutions collaboratives d'entreprises.


 

En préparation du morning 01Business du 17 Septembre : "Entreprise Collaborative" : comment éviter le chaos 2.0 ?

Communications unifiées, email, messagerie instantanée, visio-conférence, réseau social, intranet 2.0… Au fil des ans, les technologies de communication et de collaboration se sont empilées dans les entreprises dans une optique plus tactique que stratégique. Au point qu’au chapitre du collaboratif, les organisations se retrouvent dans une situation similaire à celle vécue au début des années 2000 où les intranets fleurissaient dans une même entreprise sans aucune logique. Il faut dire que le marché foisonnant et atomisé des outils collaboratifs n’arrange rien. Plus que jamais, l’urbanisation des systèmes collaboratifs devient un impératif.

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vendredi 13 septembre 2013

Les règles de GreenSI


A la demande de certains lecteurs, GreenSI a décidé pour cette rentrée de mettre en évidence dans certains articles, les clefs du nouveau monde numérique en train de transformer les SI et la DSI. 

Elles sont glissés entre parenthèses dans les articles au moment de leur utilisation, et n'ont d'autre prétention que de faire avancer le débat.
Nous les mettrons à jour ensemble au rythme des publications, alors revenez-y régulièrement !


Règle #1
L'utilisateur et ses usages, au cœur de ta réflexion, tu mettras.

Règle #2
La pensée PC-centric tu abandonneras, le mobile tu considéreras.

Règle #3
Toutes les applications seront sociales, ou ne seront pas.

Règle #4
Tout ce qui est connectable sera connecté. (merci JM.Billaud pour cette formulation percutante)

Règle #5
Les standards imposés tu oublieras, à l'hétérogénéité tu t'adapteras.

Règle #6
L'expérience utilisateurs tu vénéreras  Une parfaite articulation entre relations humaines et numériques, tu rechercheras

Règle #8
Quelle que soit ton industrie, en société technologique tu te transformeras. Le leadership numérique de ta direction, tu développeras.


Règle #9
Du côté de la technologie grand public tu regarderas, et l'innovation tu verras.

Règle #13
L'innovation à l'extérieur tu rechercheras.

Règle #15
La question n'est pas d'avoir l'idée en premier, mais d'être le premier à l'implémenter. 

Règle #17
Dans un monde numérique, ce que tu ne veux jamais voir divulgué, jamais tu ne l'écriras

Règle #19
Les marchés sont des conversations, entres acheteurs et vendeurs. Particulier ou entreprise, la technologie sociale tu apprivoiseras.


Règle #32
La loi de Moore toujours tu respecteras.

Règle #64

Les applications tu oublieras, les données tu vénéreras  les API tu adopteras.


Règle #99
Et n'oublions pas : dans un monde d'espionnage numérique par les États, les pirates d'aujourd'hui sont les espoirs de retrouver une certaine "privacy" demain. Tout est relatif... 


Mais c'est bien sûr aussi un clin d’œil à Leroy Jetro Gibbs dans NCIS qui passait le vendredi soir quand j'ai commencé à rédiger les premiers billets de ce blog. 

lundi 2 septembre 2013

Collaboration: voici venu le temps d'urbaniser le SI, pour éviter le chaos 2.0


L'époque des aventuriers du 2.0

En 2008-2009 tout était plus simple. Peu d'entreprises avaient identifié le collaboratif comme un nouveau domaine du SI de l'entreprise. Peu d'offres existaient sur le marché. Et ceux qui à cette époque se lançaient partaient uniquement d'un intranet et de bases documentaires qui commençaient à proliférer depuis quelques années, pour essayer de les rationaliser.


Valeo par exemple s'est attaqué dans les premiers à la création d'une entité interne spécialisée sur la collaboration ("Office Automation"), pour faire table rase du passé et offrir aux utilisateurs un nouvel environnement de collaboration plus riche, mieux intégré et surtout moins cher. Car dans un contexte 2009 de crise et de réduction des coûts (recul du chiffre d'affaires de Valéo de 14%, et perte nette en 2009), ce type de projet informatique remportait la faveur de la Direction et calmait, au moins temporairement, les nombreux freins au changement


Et comme souvent en informatique, les promesses ne manquaient pas à l'époque. Microsoft par exemple voyait Sharepoint 2007 + Office, comme la plateforme qui allait traiter la collaboration depuis l'individu qui classait ses documents sur son PC (le truc anticollaboratif au possible, quoi!) jusqu’à l'internet et à la collaboration étendue à l'extérieur de l'entreprise.

L'avenir en aura finalement décidé autrement, et l'internet fixe puis ensuite mobile, fera la course en tête, très loin devant l'entreprise, ses utilisateurs et ses PCs. La flèche d'adoption s'est inversée !


 


Entre 2009 et 2012, d'autres entreprises ont suivi et les outils 2.0 se sont développés. Certains pour remplacer l'email comme BlueKiwi avec la plateforme ZEN (Zero Email Network), d'autres pour ouvrir les relations dans l'entreprise et y partager tout ce qu'il y avait à partager (documents, photos, vidéos...). Dans tous les cas pour offrir une alternative interne aux salariés, à la pléthore d'outils collaboratifs qui se développait sur l'internet... avant que les utilisateurs ne les adoptent.


Et aujourd'hui dans un contexte de salariés "suréquipés" en smartphones et parfois en tablettes, la tentation est encore plus grande d'aller faire son choix d'outils dans des stores en ligne regorgeant d'applications collaboratives sans poser la question à la DSI. La pression sur les équipes du SI collaboratif est donc toujours aussi forte pour l'adoption des solutions de collaboration internes sécurisées. Elle passe maintenant par la disponibilité de son offre de façon sécurisée sur les nouveaux équipements mobiles des salariés.


Et l'exercice n'est pas simple, tant l'internet grand public financé par le capital et la prise de risques est puissant par rapport à une informatique d'entreprise qui ne jure que par la réduction des risques et des coûts.


En 2013, cinq années ont passé depuis cette période d'aventuriers dont on retrouve nombreux témoignage sur le Web. Cinq ans, la demi-vie d'une application, à l'échelle du cycle des applications qui ne dure rarement plus de 7 à 10 ans. Et donc, aussi surprenant que cela puisse paraître, certaines entreprises parties en premier sont déjà en train d'attaquer le début du second cycle et rationaliser leurs applications collaboratives, alors que d'autres se posent encore la question de savoir s'il y a un ROI à la collaboration dans l'entreprise.

Le chaos 2.0 se profile-t-il à l'horizon?

Au fils des ans, les outils de collaboration se sont développés, empilés: intranet à tout faire, communications unifiées, email encore et encore, messagerie instantanée, visioconférence, réseau social, photothèques, vidéothèques, recherche étendue, drive partagés dans le cloud, annuaires d'entreprise,... chacun voulant assoir sa position pour assurer son avenir et recouvrir le domaine du voisin pour gérer sa croissance.

Signe de ce changement d'époque, des conférences sont positionnées cette fin d'année pour aborder ce nouveau cycle sur le thème de : l'urbanisation du collaboratif dans cette jungle d'outils à tout faire. Et notamment le 17 Septembre au Morning 01Business sur l'Entreprise collaborative, où j'interviens dans une table ronde avec Arnaud Rayrole, DG du cabinet Lecko, spécialistes des réseaux sociaux et outils collaboratifs. 


L'évolution du référentiel de Lecko qui cartographie toutes les solutions collaboratives d'entreprises est d'ailleurs intéressante. Avant on y cherchait des solutions complémentaires pour couvrir la palette fonctionnelle globale des besoins. Maintenant on y va pour savoir ce que l'on achète en double, car toutes les solutions se recouvrent... Bon d'accord, j'exagère, mais on en est pas loin.




Par exemple un produit comme Exo qui, comme beaucoup d'autres, se positionne dans tous les domaines, de la recherche d'informations au partage de ressources en passant par la gestion de projets, offre finalement peu de choix aux DSI. L'adopter ou y renoncer.


Ce n'est plus la couverture fonctionnelle qui va tirer le choix, mais sa capacité à n'activer que les modules nécessaires pour compléter des outils déjà installés dans l'entreprise.


On entre aussi dans une zone dangereuse. Car ne nous leurrons pas. Cinquante produits n'arriveront pas à survivre sur le marché de la collaboration en France. Les ERP ont aussi connu un cycle d'expansion puis de consolidation et de rachats pour converger sur une offre plus réduite et couvrant un champ plus large. C'est certainement le scénario qui va se produire dans les outils de collaboration dans les deux prochaines années avec la fin de vie des premières applications.


Et puis les ERP 2.0 vont aussi finir par débarquer dans l'arène de la collaboration avec la promesse de mettre de la collaboration dans les processus métiers. Arriver à mixer processus métier et collaboration sociale, le saint Graal de l’entreprise 2.0:


L’urbanisation des systèmes collaboratifs devient un impératif.

Elle est essentielle à la fois :

  • pour éviter des investissements inutiles dans des outils redondants, et les coûts de maintenance associés,
  • pour redonner à l'utilisateur une expérience "sans couture" d'un outil à l'autre,
  • (et surtout) pour que l’utilisateur voie l'utilité de la collaboration dans le cadre de ses responsabilités opérationnelles. Les utilisateurs qui ont franchi cette porte, souvent seuls, en tirent des avantages et le disent. C'est aussi vrai avec la collaboration externe à l'entreprise. Alors, comment en faire un modèle général dans l'entreprise et dépasser les quelques exceptions actuelles.

Mais l'urbanisation du SI collaboratif doit aller au-delà de la répartition des fonctions entre les outils, du type: "tel outil gère les documents et tel outil gère les discussions." Des objets communs et partagés par tout le collaboratif apparaissent. Comme le profil utilisateur par exemple. Il est dommage de ne pas savoir quand on discute avec quelqu'un ce qu'il a publié comme document, et réciproquement dans un document quels sont les thèmes de discussions que l'auteur anime dans l'entreprise pour son travail. Le partage du profil utilisateur entre applications collaboratives permettrait de le faire, à condition que ce profil soit en retour enrichi par toutes ces applications.


De même, les statistiques d'utilisation des outils ne doivent pas être piégées dans chaque plateforme. C'est même essentiel pour voir l'adoption de nouveaux usages et piloter le développement des usages de façon transverse à moindres coûts.


Profils utilisateurs, catalogue des sources, statistiques d'utilisations,.. le partage de ces référentiels devient un impératif si l'entreprise veut construire une plateforme de collaboration sans couture, pour piloter sa transformation et développer de nouveaux usages.


Dans le monde de l'internet grand public, Google par exemple, ne se pose aucune question (alors qu'il devrait...) créer ces référentiels, pour croiser et rapprocher les usages de ses différents produits, mieux cerner les utilisateurs et leur proposer proactivement de la publicité. Dans le monde de l'entreprise, l'éclatement des produits et la faible urbanisation, freine cette possibilité d'avoir une vision globale de la collaboration et mieux aider l'utilisateur à travailler.


Certes des standards d'interopérabilité apparaissent (OpenID, OpenSocial,...) mais ils ne sont pas encore... standards! Et d'ailleurs en  2009, le W3C appelait déjà de ses voeux à une architecture de collaboration distribuée et décentralisée que l'on attend toujours. Ceux qui sont à la manœuvre doutent d'une issue à court terme:


La DSI n'a donc pas beaucoup d'options.


Soit elle attend la consolidation de l'offre ou l'émergence de standards qui devraient faire émerger quelque chose de mieux intégré, soit elle prend le taureau par les cornes et gère l'intégration elle même. Ceux qui ont démarré l'aventure il y a quelques années ont déjà plein d'outils 2.0 à mieux intégrer entre eux pour créer une meilleure expérience utilisateurs. Les autres seront vigilants avant de s'engager sur l'une des 50 plateformes disponibles et questionneront son ouverture et son intégration.


Profitons de la période pour échanger et partager sur nos trajectoires respectives, car GreenSI flaire que les embuches risquent d'être aussi au rendez-vous.

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