mardi 27 septembre 2016

Le changement brutal de direction du SI vers les données

"Diamonds are forever" et c'est peut être ce qui est en train de se produire pour les données : "Data are forever". Le SI qui s'est organisé depuis son origine autour des fonctions est en train de basculer progressivement vers les données.

Cette inversion des pôles change déjà beaucoup de choses. Il est donc temps de se poser la question de la nouvelle boussole à utiliser pour trouver le Nord. Ce billet essaye d'en montrer quelques contours.

Le SI s'est traditionnellement organisé autour des applications et donc des fonctions, au fur et à mesure de sa croissance dans l'entreprise.

Les données étaient propres à chaque application, ce qui a vite posé un problème de cohérence globale avec de multiples redondances.

Mais aussi des problèmes de gouvernance quand il fallait trouver une maîtrise d'ouvrage "neutre" pour les applications transverses comme le décisionnel et le collaboratif (partagées par tous) ou même la clientèle (partagées par le marketing, le commercial et la communication, à minima)
Plusieurs réponses se sont alors développées. D'abord l'ERP qui prône la base de données unique pour toute l'entreprise, mais aussi le "master data management" - MDM qui se proclame garant des données de références au service des applications. Cependant aucune de ces réponses n'a pour l'instant montré sa pertinence pour gérer toutes les données de l'entreprise. Peu d'entreprises ont un ERP unique comme SI, et les projets de MDM ont des difficultés à justifier leur ROI donc leur financement.

Et l'avenir ne sera pas plus favorable à cette situation, puisque la tendance avec le digital est de plus en plus au développement de ses applications "front office" ou différenciantes, sur des plateformes PaaS ou IaaS (ce qui va à l'encontre de la logique ERP et progiciels), et le rythme imposé par l'économie numérique demande souvent des applications temporaires (le temps d'une conquête ou d'un événement) avec de multiples données externes (hors MDM).

Un nouveau paradigme du SI orienté données 

Et si finalement la donnée était éternelle et les applications jetables ?

Et si la valeur du système d'information était sa capacité à collecter, gérer, faire circuler les données ?
Et si les données ne devaient surtout pas être dans les applications, mais bien gérées à part, les applications venant les utiliser quand elles en ont besoin ?

GreenSI en est convaincu depuis longtemps, et a traité ce sujet en 2014 dans la revue Veille Magazine d'août 2014. Mais en 2016, avec le développement des objets connectés qui amènent de nouvelles architectures, c'est l'occasion de revisiter la position des données dans le SI et quelques unes de ses conséquences.

Techniquement, entre l'ERP et le MDM, l'avenir est certainement plus près du MDM que le l'ERP. Cependant avec une vision beaucoup moins structurante (ou "régalienne") que celle prônée par les démarches MDM, car on doit traiter les données internes ET les données externes, sans préjuger des usages applicatifs de demain par l'entreprise ou par ses clients et partenaires.

Cela n'est pas sans rappeler la philosophie de Hadoop pour créer des applications distribuées etscalables, et sa logique de stockage (HDFS) en rupture complète par rapport aux bases de données traditionnelles. 

Organiser la circulation plutôt que le stockage 

On cite souvent la métaphore de la donnée comme l'or noir du XXIème siècle par référence au pétrole et à sa valeur.

Certes la donnée a de la valeur, mais pour GreenSI c'est parce qu'elle est une marchandise qui circule et qui s'enrichit, et non parce qu'elle se stocke. Et contrairement au pétrole, les données ont un coût de production marginal très faible qui en font une matière inépuisable qui génère de fortes externalités positives (nouveaux usages, développement économique, etc.). 

Le piratage des comptes de Yahoo! cette semaine montre la valeur des logins à une messagerie et leur réutilisation à l'infini pour d'autres usages comme de pirater d'autres comptes de la personne (qui a mit le même mot de passe) et de savoir où et ce qu'elle achète sur internet.Les stocks de données posent des problèmes de sécurité. Autrefois on attaquait les diligences parce qu'elle transportaient l'or des banques, aujourd'hui on attaque les grandes bases de données. L'Europe va d'ailleurs légiférer en 2017 pour engager la responsabilité des entreprises qui gère ces bases de données pour ce qui est des données personnelles.

Vers de nouvelles architecture orientées données

Mais revenons au SI dans ce nouveau paradigme où la donnée est une marchandise qui circule et a de la valeur.

1 - Si la circulation a de la valeur il faut structurer le SI  pour cette circulation, pas uniquement pour son stockage.

Le MDM reste pertinent pour l'interne de l'entreprise et pour fixer des référentiels, mais l'enjeu de l'entreprise devient celui de collecter et de partager à grande échelle, à fréquences de plus en plus élevées, avec son écosystème. C'est dans ce contexte que s'inscrivent toutes les initiatives autour des API ouvertes, et de l'open innovation avec des tiers, pour construire des systèmes de collaboration à grande échelle (chaînes logistiques, Smart City, ....).

Un MDM, sans API pour exposer les données en interne ou en externe, laisse donc un SI au milieu du guet à l'ère du digital. Ce n'est pas suffisant.

Et puis l'externe peut avoir une vision différente des données par rapport à l'interne. L'enjeu de l'entreprise est de s'enrichir de ces visions pour proposer un consensus global, qui, s'il devient une référence partagée par tous, lui donnera un avantage compétitif. On a vu sur internet la féroce bataille livrée par les API de FacebookGoogle ou LinkedIn (Microsoft) pour devenir LA référence en matière de login à un service en ligne. C'est cette idée qu'il faut avoir en tête quand on aborde le MDM à l'ère du digital, et non plus celle, caricaturale, d'arriver à réconcilier deux départements internes de l'entreprise sur la définition commune d'un objet.. 

2 - Les objets connectés amènent de nouvelles architectures orientées données.

La collecte de données est faite sans préjuger de ses usages, donc des applications qui vont les utiliser (voir Que penser des objets connectés en entreprise?). Les données traversent successivement une couche de collecte, puis de traitement, pour être utilisées par des applications d'un nouveau genre, moins axées sur les transactions, et plus sur la supervision voire l'anticipation.
La température relevée dans un entrepôt permet de superviser un risque d'incendie, mais peut aussi être utilisée dans un modèle prédictif, ou tout simplement affichée sur un panneau dans l'usine. L'entreprise va aller chercher en interne ou en externe toutes les données pertinentes par rapport à ses activités, puis va réfléchir aux usages qu'elle pourrait en faire.
On assiste donc aussi sur le plan de la méthode à une inversion de l'approche. Moins de temps passé en amont à chercher à tout définir de façon détaillée, et plus dans l'idéation, l'open-innovation et l'agilité pour faire émerger progressivement les usages

3 - Les interfaces utilisateurs de manipulation de données évoluent fortement vers l'interaction naturelle avec le SI.

C'est un peu la conséquence de l'augmentation exponentielle du nombre de données disponibles.

Les applications transactionnelles sont encore pertinentes avec des interfaces classiques accessibles avec des menus ou des boutons pour, par exemple, créer des commandes ou des devis à l'unité. En revanche, on a besoin de nouvelles interfaces pour aller chercher l'information et répondre rapidement à des questions précises. C'est ce que l'on retrouve dans les assistants mobiles qui sont sortis en 2016 comme celui de Google ces derniers jours. À une question posée, il nous suggère des options et vont chercher l'information où qu'elle soit stockée. 

 
IBM va peut-être plus loin en ajoutant de l'intelligence artificielle dans ce questionnement et l'a montré dans une vidéo de présentation deWatson qui aide le conseil d'administration d'une entreprise à faire des évaluations d'entreprises en direct et choisir des cibles pour acquisition dans un secteur. Les consultants financiers ont des cheveux blancs à se faire si cette vidéo se réalise...
On attend dans les prochains mois la démonstration de Facebook qui va sortir son "IA", à suivre.

Quoi qu'il en soit, ce sont des indices qui nous montrent que les données doivent être accessibles indépendamment des applications pour être réutilisées par ces interfaces d'un nouveau genre. 

4 - L'opendata, une architecture à venir des SI? 

Dernier indice, et pas des moindres, la nouvelle loi sur l'économie numérique de 2016 fixe les obligations en matière d'opendata pour les collectivités locales, mais aussi pour tous ceux qui travaillent par contrat avec les collectivités locales. La Ville de Paris a anticipé cette loi et a déjà ajouté dans ses clauses d'achats ces obligations. 

Si cette ouverture des données en dehors de la collectivité est exigée en quasi temps réel, comme cela se préfigure dans le domaine du transport, cela veut dire que le producteur de la donnée a une architecture qui supporte ce besoin, en plus de gérer ses données dans ses applications de gestion. Ainsi les opérateurs de bus doivent pouvoir dire aux applications externes, qui ré-utilisent ces informations, quand arrivera le prochain bus. Et on voit mal comment arriver à cela avec du stockage de données puis un batch nocturne ;-)

L'opendata va continuer de développer les usages API et flux de données.

La mesure impactera tout ceux qui utilisent ou produisent les données dites "d'intérêt général", mais compte tenu du poids du service public en France et dans les économies locales, c'est tout un pan de l'économie qui est concerné. Bien sûr la CNIL sera garante de l'anonymisation et Etalab conseillera les entreprises pour la contractualisation de ces échanges.


En synthèse, les API, objets connectés, assistants, intelligence artificielle et opendata, préfigurent les contours d'une nouvelle façon d'organiser les données dans le SI, et certainement d'organiser le SI lui-même.


Les interfaces deviennent les nouveaux domaines porteur de valeur et d'agilité dans un monde digital.

Peut-être une réflexion à lancer dans les DSI qui ne croient encore uniquement aux applications pour gouverner le SI...

mardi 20 septembre 2016

Que penser des objets connectés en entreprise?

Les objets connectés est un sujet qui a envahi le grand public depuis 2012. À tel point qu'aujourd'hui les objets connectés ont leurs propres boutiques spécialisées ou leurs "corners" chez les grands distributeurs d'électronique. 
Cependant, l'échec relatif (par rapport aux prévisions de ventes) des premières montres connectées - dont celle d'Apple qui n'a pourtant pas lésiné sur les moyens marketing - n'en font pas encore un objet incontournable.
Mais que penser de ces objets dans l'entreprise en 2016 ?

Sujet d'innovation en 2014 (GreenSI des objets connectés pour innover à la DSI), a t-il franchi les étapes de l'adoption et de la compréhension des ruptures qu'il porte pour toute l'entreprise et pour son système d'information ? C'est le thème de ce billet.


Si les prévisions se réalisent, chaque personne sera équipée de 6 ou 7 objets en 2020, offrant autant d'opportunités aux entreprises pour se connecter à leurs clients ou à leurs salariés (car ils ne vont pas les laisser à la porte de l'entreprise). Cette évolution du CRM omnicanal a déjà été traitée par plusieurs billets sur GreenSI et ne sera pas ici le focus.

Pour GreenSI, la première idée à garder en tête sur l'objet connecté en entreprise, c'est peut-être de commencer par oublier que c'est un objet.

C'est vrai que le marketing grand public a mis le focus sur l'objet lui même : la montre, le bracelet, le thermostat, même le hub pour les connecter dans la maison a une petite bouille toute mignonne,...

C'est certainement pour en faire un produit rassurant, haut de gamme et donc relativement cher, histoire de financer le marketing et la R&D de ces nouveautés.
Mais le plus important, ce n'est pas l'objet lui-même, ce sont bien sûr les données !

Celles qu'il collecte et qui sont utilisées pour délivrer le service : coach santé, économies d'énergie, surveillance et confort dans la maison,... D'ailleurs les produits grand public n'aiment pas trop que l'on pose des questions sur les données personnelles collectées par tous ces objets...

Dans un cadre professionnel c'est tout à fait différent et surtout beaucoup plus réglementé.

Il ne faut donc pas chercher dans l'entreprise les nouveaux objets connectés à acheter, mais les nouvelles sources de données,capturées en automatique et en continu sur des équipements, mobiles ou non, et même sur l'immobilier.

Une flotte de véhicules géolocalisés dont les tournées sont optimisées par rapport à la circulation et aux commandes clients est un cas d'application que l'on connaît bien dans les secteurs où le prix du carburant et où la maîtrise des délais de livraison jouent un rôle important dans l'offre de l'entreprise ou sa différenciation. Et bien c'est un exemple d'intégration d'un objet connecté dans l'entreprise !

L'objet "véhicule" existait déjà, mais il a été "augmenté" par les données qu'il peut capter et transmettre en continu pour permettre le traitement par des algorithmes plus ou moins sophistiqués.

Vous l'aurez compris, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, l'entreprise a déjà ses applications "objets connectés" depuis bien longtemps. Et leurs données circulent déjà dans son système d'information.

Mais alors qu'est-ce qui change en 2016 ?

Du moins pour les entreprises qui cherchent déjà la maîtrise de ces chaînes d'information, du terrain à la décision, notamment toutes les entreprises avec une partie de leurs agents, véhicules ou actifs dispersés sur les territoires de leurs prestations.

Tous connectés

La première idée, c'est peut-être qu'il y 10 ans il fallait construire son propre réseau de communication ou faire appel à des spécialistes de chaque objet à connecter qui avaient déjà leur propre réseau. Le marché était plus ou moins segmenté par secteur d'activités.

Aujourd'hui les réseaux disponibles sont plus nombreux: le GSM data a encore de beaux jours devant elle, Lora, Sigfox ou 169MHz en longue portée se déploient alors que d'autres montrent déjà le bout de leur antenne (NB-IoT). Ce contexte est donc favorable pour l'entreprise à une (re)négociation des prix et des services, donc à la réduction du coût d'exploitation des objets connectés. De nouvelles applications autrefois non rentables peuvent maintenant envisager de se connecter avec plus de données collectées.

D'autre part, le développement des objets grand public, smartphone en tête, a fait exploser l'offre de capteurs en tout genres à des coûts raisonnables. Le capteur est presque devenu une commodité avec de nouveaux acteurs généralistes pour compléter les offres souvent spécialisées par industrie qui existaient. Il est donc aujourd'hui beaucoup plus facile de prendre un objet de l'entreprise et d'en faire un objet connecté, en lui ajoutant les capteurs et le réseau adapté à l'usage opérationnel souhaitée.

Ne cherchez donc pas les nouveaux objets connectés de l'entreprise : ils sont déjà autour de vous !

Plus intelligents

La seconde idée, c'est que l'analyse de données a fait beaucoup de progrès ces dernières années, que ce soit pour traiter les volumes (technologie "map reduce" pour paralléliser les traitements qui est maintenant à la portée de tous les projets avec Hadoop ou Spark en open source), ou pour en tirer de la valeur notamment avec des algorithmes prédictifs par apprentissage (machine learning). Voir le billet GreenSI sur la santé connectée et sa vraie rupture, le prédictif.

Ces objets connectés qui produisent des données sont donc devenus intelligents, "smart" diront certains ;-)

Connectés + Intelligents = Systèmes complexes + adaptatifs

Dans l'entreprise, les objets de votre entourage font maintenant partie d'un système complexe qui associe des équipements matériels bourrés de capteurs, de choix de la connectivité, du stockage de données produites à tous les niveaux (notamment pour assurer larésilience quand le réseau se coupe), des capacités de calcul locales (microprocesseurs) et bien sûr du logiciel.

C'est le logiciel qui permet de développer de nouvelles fonctionnalités pour ces objets, ou la chaîne dans laquelle ils opèrent. Il ouvre le champ à des applications intelligentes intégrant ces nouvelles chaînes de données issues des objets connectés, parfois bi-directonnnelles, devenues de véritables systèmes ou solutions. Les besoins couverts partent du simple "monitoring" et évoluent vers une complète autonomie à piloter le système.

Le logiciel amène une autre rupture par rapport à l'objet classique, sa capacité à être mis à jour et amener de nouvelles fonctions aux objets, autrefois figés fonctionnellement en sortie de l'usine de fabrication. Cette mise à jour ne peut cependant pas tout résoudre, sinon Apple aurait rendu son AppleWatch étanche avec un simple patch logiciel au lieu de devoir sortir (et nous vendre) un nouvel objet AppleWatch 2 ;-)

Tout objet physique aura donc aussi une partie numérique, parfois embarquée et/ou parfois dans un Cloud, qui délivrera son intelligence ou ses services.
Une vision pourrait être que ces systèmes complexes sont les applications de demain, les solutions "smart", pour insister sur leur capacité à gérer des systèmes répartis en intégrant objets intelligents et processus métier. On peut imaginer par exemple une évolution de la logistique pour être plus adaptative et plus résiliente en fonction d'événements non prévus, ou pourquoi pas une ville intelligente qui optimiserait seule sa maintenance et ses services en s'appuyant sur toutes les compétences de la ville.



Ceci va demander à l'entreprise de repenser l'architecture des objets qu'elle va rendre connectés et intelligent.

Elle va aussi devoir adopter un peu plus le Cloud, public ou privé, interconnecté à internet et aux offres de connectivité du marché qui pourront communiquer avec tous les objets. Le système d'information de l'entreprise continue donc de s'étendre, mais la gestion de cette extension sera de moins en moins gérée en interne de l'entreprise, car elle demande ouverture, interopérabilité, et mutualisation (pour réduire les coûts) ce qui poserait un problème de sécurité (ou de complexité) si ce nouveau SI était hébergé au coeur du SI "traditionnel".

Le défi de la DSI, ou de la Direction du Digital, est donc de penser une nouvelle infrastructure et son architecture pour l'internet des objets, tout en restant connectée au SI actuel pour faire le lien avec les processus métier.

Finalement, Monsieur Jourdain a encore un peu de boulot...

samedi 17 septembre 2016

La rentrée (numérique) s'est bien passée, enfin, je crois

Ça y est, la rentrée est passée !

Comment je le sais ? Et bien rien qu'en regardant mon niveau d'e-mails quotidiens, qui a plus que triplé depuis le mois d'août puis s'est stabilisé cette semaine. Sans aucun doute, l'entreprise fonctionne au ralenti en août en France, tous les serveurs de messagerie peuvent vous le dire.

D'ailleurs la base d'information que représentent les centaines d'e-mails quotidiens, reçus et envoyés par salariés, est certainement sous-exploitée, au-delà de savoir si les affaires reprennent, ou pas. Sur les messageries grand public on trouve des applications qui analysent les emails, comme GmailMeter, et qui envoient un rapport mensuel sur l'analyse de ses e-mails: nombre par jour de la semaine, par semaine, internes versus externes, temps moyen de réponse ou taille des messages,... 


Aviez-vous, vous aussi, remarqué que votre flux de messages reçus est en plateau entre 8h et 17h chaque jour, et dans la semaine en croissance du lundi au mercredi, puis en chute en fin de semaine ?

Mais pour ce qui est des e-mails dans les messageries d'entreprises, ce type d'analyse n'est pas disponible en standard, même pour l'utilisateur final. 

Pourtant vos e-mails contiennent des informations qui pourraient vous faciliter la vie, par exemple sur le meilleur moment pour contacter telle ou telle personne (car le serveur connait ses heures de réponses les plus probables), ou savoir si c'est normal ou non (par rapport au délai moyen) que Georges n'ait pas encore répondu à votre demande de prime de fin d'année...
Futuriste ? Technologiquement c'est très en deçà de ce qui se fait déjà dans les applications e-mails marketing ou service client, qui vont par exemple jusqu'à analyser le "sentiment" dans le corps de l'e-mail ou proposer des réponses automatiques. Peut-être que l'entreprise est en train de passer à côté d'un formidable indicateur sur l'activité et le moral de son principal actif... ses collaborateurs !

Certes, le sujet est sensible et la mesure anonyme pourrait dériver en informations moins anodines si elles perdaient cet anonymat. Mais revenons à cette rentrée.

Ça y est, toutes les universités d'été ont eu lieu et aucun candidat déclaré ou pressenti à la prochaine élection de 2017 n'a parlé de numérique. Même pire, un de ceux qui savaient en parler au gouvernement n'y est plus. On est maintenant sûr que les GAFAs et autres groupes internationaux qui ont compris le numérique, ont un boulevard devant eux pour faire leur shopping dans les actifs numériques de la France.

C'est peut-être la raison pour laquelle le français Deezer est passé en silence cet été sous contrôle du groupe américain Access Industrie, ou que Withings notre fleuron des objets connectés dans la e-santé est passé sous le contrôle du Finlandais Nokia. Le contrôle d'Aldébaran par le japonais Softbank en 2015, alors que la France accuse un retard considérable sur l'Allemagne au niveau de la robotique dans les chaînes de production, n'aura visiblement été une leçon de politique industrielle pour personne.

En revanche, si vous touchez à une usine dans l'industrie, par exemple le site de Belfort - fleuron du ferroviaire qui a construit les premières locomotives et les premiers TGV - là vous êtes sûr de vous faire étriper immédiatement par les politiques.

Comme si l'industrie était encore le moteur économique de la France qui créée le plus d'emplois. Heureusement, seules ou sous l'étendard de la Frenchtech, les collectivités territoriales ont pris le sujet à bras le corps et c'est maintenant par là que la politique du numérique se passe en France.



Pourtant, il y a peu de chance que les 1.000 étudiants qui, pour cette rentrée, cherchent coûte que coûte une place à l'école 42 de Xavier Niel et sa célèbre "piscine", moment de stress, de travail collaboratif et de dépassement de soi (empruntée à l'Epitech et l'Epita) aient une envie folle de fabriquer des trains dans 3 ans quand ils en sortiront.

D'ailleurs, la première génération qui sort de 42 en novembre 2016 - 3 ans après son inauguration en mars 2013 - a déjà trouvé du travail, beaucoup dans les startups du numérique et les autres dans les équipes de projets innovants de grandes entreprises. Bref, dans des emplois qui auront été créés par l'économie numérique en dehors de l'industrie lourde. 

En cette rentrée des étudiants on peut aussi se poser la question de l'adéquation des formations au numérique avec les besoins des entreprises engagée dans leur transformation digitale.

Le développement s'installe dans les projets stratégiques des entreprises. Ils demandent toujours plus de compétences, avec de nouvelles approches (agile, devops, lean startup...) sujets de nombreux billets de GreenSI, ce qui laisse envisager une certaine pénurie sur certains profils. Les grandes écoles traditionnelles qui forment des profils généralistes, un peu individualistes, dont le nombre a très peu augmenté depuis 20 ans dans un contexte de vocations scientifiques baissier, sont-elles encore adaptées à cette nouvelle économie ? Qu'apportent les nouvelles formations au numérique dans les écoles qui misent sur l'hyper-spécialisation et les projets collectifs permanents comme Epita ou 42 ? C'était le débat (içi en replay) de Frédéric Simottel ce samedi sur BFM Business auquel j'ai participé.

C'était aussi la rentré à l'Education Nationale et on a encore parlé au 20h télévisé du poids du cartable en kg. Je serais certainement à la retraite depuis longtemps quand on en parlera en Mo de livres numériques de cours ou en heures de MOOC - Massive Open Online Courses - disponibles. Encore un domaine pourtant essentiel et où le numérique à du mal à quitter la façade et rentrer dans les pratiques. 

Une rentrée qui, comme chaque année, ne pouvait pas se passer sans sa keynote Apple pour annoncer son prochaine produit, cette année l'iPhone7 et l'Apple watch2. De l'avis de tous, ce n'était pas vraiment une révolution. Sauf peut-être pour Nintendo qui débarque sur des consoles qu'il ne fabrique pas (l'iPhone7), quelques mois après le succès de PokémonGo qui a rappelé la force de sa communauté autour des Pokémons. C'est surtout la confirmation que le smartphone et ses périphériques est bien devenu le terminal d'accès stratégique prioritaire pour tout ceux qui comprennent le numérique (ou veulent rattraper leur retard comme Nintendo) et lancent des projets pour en exploiter les opportunités.

Des sociétés comme Apple ou Amazon, ont compris depuis longtemps l'hybridation des produits et services et de l'entreprise avec le numérique, qui maîtrisent à la fois les produits physiques, les plateformes de services numériques et ont des bases clients immenses et encore plus de données collectées. Ce sont aujourd'hui les plus grandes capitalisations de la planète. 



On notera le "retour" de Microsoft qui après avoir ignoré le Cloud et le Mobile en 2006 revient dans la course avec les initiatives dans le Cloud autour d'Azure et d'Office365 en 2016. Message en trompe l'œil pour toutes ces DSI qui continuent de vouloir héberger leurs serveurs en interne, surtout pour les nouvelles applications normalement technologiquement compatibles avec le Cloud, public ou privé, elles sont en train de limiter le potentiel de développement externe de leur entreprise avec le numérique. Et cela finira par se voir dans les classements...

Bien sûr de grandes entreprises comme GE, première capitalisation en 2001, ou Mercedes-Benz suivent cette voie. Ainsi la division transport de Mercedes-Benz qui s'était déjà faite remarquer par son partenariat pour produire un van contenant des drones de livraison pour aller là où le van ne peut aller (voir la vidéo), va maintenant investir $500 millions pour développer une division logistique et tous les services numériques que cela demande. Il lui reste toujours la fabrication des vans, mais cela devient une petite partie d'un service totalement intégré et hybride.

Finalement l'industrie a aussi besoin du numérique, c'est même certainement son avenir dans de nombreux domaines comme le transport. La reconversion de friches industrielles en parcs d'entreprises du numérique comme Eura-technologies à Lille, est certainement un symbole de cette mutation profonde.

C'est donc aussi la rentrée pour GreenSI avec des billets en préparation sur le digital, les objets connectés et l'innovation, mais aussi les méthodes SI en complète transformation pour ne pas dire en rupture. Allez, on parlera même de PokemonGo si vous ne saturez pas déjà.

Bonne rentrée à vous également et à bientôt !

samedi 10 septembre 2016

Les formations au numérique répondent-elles aux besoins des entreprises ?

L'hebdo, du samedi 10 septembre 2016, présenté par Frédéric Simottel, sur BFM Business.

Frédéric Simottel et ses invités ont débattu autour du thème "Les formations au numérique répondent-elles aux besoins des entreprises ?". 
Avec Nicolas Sadirac, co-fondateur et directeur général de l'École 42, Benoît Charles-Lavauzelle, co-fondateur de Theodo et Frédéric Bianchi, journaliste à bfmbusiness.com.

http://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/les-formations-au-numerique-repondent-elles-aux-besoins-des-entreprises-1009-856051.html

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L'humour de ceux qui aiment le numérique