samedi 17 septembre 2016

La rentrée (numérique) s'est bien passée, enfin, je crois

Ça y est, la rentrée est passée !

Comment je le sais ? Et bien rien qu'en regardant mon niveau d'e-mails quotidiens, qui a plus que triplé depuis le mois d'août puis s'est stabilisé cette semaine. Sans aucun doute, l'entreprise fonctionne au ralenti en août en France, tous les serveurs de messagerie peuvent vous le dire.

D'ailleurs la base d'information que représentent les centaines d'e-mails quotidiens, reçus et envoyés par salariés, est certainement sous-exploitée, au-delà de savoir si les affaires reprennent, ou pas. Sur les messageries grand public on trouve des applications qui analysent les emails, comme GmailMeter, et qui envoient un rapport mensuel sur l'analyse de ses e-mails: nombre par jour de la semaine, par semaine, internes versus externes, temps moyen de réponse ou taille des messages,... 


Aviez-vous, vous aussi, remarqué que votre flux de messages reçus est en plateau entre 8h et 17h chaque jour, et dans la semaine en croissance du lundi au mercredi, puis en chute en fin de semaine ?

Mais pour ce qui est des e-mails dans les messageries d'entreprises, ce type d'analyse n'est pas disponible en standard, même pour l'utilisateur final. 

Pourtant vos e-mails contiennent des informations qui pourraient vous faciliter la vie, par exemple sur le meilleur moment pour contacter telle ou telle personne (car le serveur connait ses heures de réponses les plus probables), ou savoir si c'est normal ou non (par rapport au délai moyen) que Georges n'ait pas encore répondu à votre demande de prime de fin d'année...
Futuriste ? Technologiquement c'est très en deçà de ce qui se fait déjà dans les applications e-mails marketing ou service client, qui vont par exemple jusqu'à analyser le "sentiment" dans le corps de l'e-mail ou proposer des réponses automatiques. Peut-être que l'entreprise est en train de passer à côté d'un formidable indicateur sur l'activité et le moral de son principal actif... ses collaborateurs !

Certes, le sujet est sensible et la mesure anonyme pourrait dériver en informations moins anodines si elles perdaient cet anonymat. Mais revenons à cette rentrée.

Ça y est, toutes les universités d'été ont eu lieu et aucun candidat déclaré ou pressenti à la prochaine élection de 2017 n'a parlé de numérique. Même pire, un de ceux qui savaient en parler au gouvernement n'y est plus. On est maintenant sûr que les GAFAs et autres groupes internationaux qui ont compris le numérique, ont un boulevard devant eux pour faire leur shopping dans les actifs numériques de la France.

C'est peut-être la raison pour laquelle le français Deezer est passé en silence cet été sous contrôle du groupe américain Access Industrie, ou que Withings notre fleuron des objets connectés dans la e-santé est passé sous le contrôle du Finlandais Nokia. Le contrôle d'Aldébaran par le japonais Softbank en 2015, alors que la France accuse un retard considérable sur l'Allemagne au niveau de la robotique dans les chaînes de production, n'aura visiblement été une leçon de politique industrielle pour personne.

En revanche, si vous touchez à une usine dans l'industrie, par exemple le site de Belfort - fleuron du ferroviaire qui a construit les premières locomotives et les premiers TGV - là vous êtes sûr de vous faire étriper immédiatement par les politiques.

Comme si l'industrie était encore le moteur économique de la France qui créée le plus d'emplois. Heureusement, seules ou sous l'étendard de la Frenchtech, les collectivités territoriales ont pris le sujet à bras le corps et c'est maintenant par là que la politique du numérique se passe en France.



Pourtant, il y a peu de chance que les 1.000 étudiants qui, pour cette rentrée, cherchent coûte que coûte une place à l'école 42 de Xavier Niel et sa célèbre "piscine", moment de stress, de travail collaboratif et de dépassement de soi (empruntée à l'Epitech et l'Epita) aient une envie folle de fabriquer des trains dans 3 ans quand ils en sortiront.

D'ailleurs, la première génération qui sort de 42 en novembre 2016 - 3 ans après son inauguration en mars 2013 - a déjà trouvé du travail, beaucoup dans les startups du numérique et les autres dans les équipes de projets innovants de grandes entreprises. Bref, dans des emplois qui auront été créés par l'économie numérique en dehors de l'industrie lourde. 

En cette rentrée des étudiants on peut aussi se poser la question de l'adéquation des formations au numérique avec les besoins des entreprises engagée dans leur transformation digitale.

Le développement s'installe dans les projets stratégiques des entreprises. Ils demandent toujours plus de compétences, avec de nouvelles approches (agile, devops, lean startup...) sujets de nombreux billets de GreenSI, ce qui laisse envisager une certaine pénurie sur certains profils. Les grandes écoles traditionnelles qui forment des profils généralistes, un peu individualistes, dont le nombre a très peu augmenté depuis 20 ans dans un contexte de vocations scientifiques baissier, sont-elles encore adaptées à cette nouvelle économie ? Qu'apportent les nouvelles formations au numérique dans les écoles qui misent sur l'hyper-spécialisation et les projets collectifs permanents comme Epita ou 42 ? C'était le débat (içi en replay) de Frédéric Simottel ce samedi sur BFM Business auquel j'ai participé.

C'était aussi la rentré à l'Education Nationale et on a encore parlé au 20h télévisé du poids du cartable en kg. Je serais certainement à la retraite depuis longtemps quand on en parlera en Mo de livres numériques de cours ou en heures de MOOC - Massive Open Online Courses - disponibles. Encore un domaine pourtant essentiel et où le numérique à du mal à quitter la façade et rentrer dans les pratiques. 

Une rentrée qui, comme chaque année, ne pouvait pas se passer sans sa keynote Apple pour annoncer son prochaine produit, cette année l'iPhone7 et l'Apple watch2. De l'avis de tous, ce n'était pas vraiment une révolution. Sauf peut-être pour Nintendo qui débarque sur des consoles qu'il ne fabrique pas (l'iPhone7), quelques mois après le succès de PokémonGo qui a rappelé la force de sa communauté autour des Pokémons. C'est surtout la confirmation que le smartphone et ses périphériques est bien devenu le terminal d'accès stratégique prioritaire pour tout ceux qui comprennent le numérique (ou veulent rattraper leur retard comme Nintendo) et lancent des projets pour en exploiter les opportunités.

Des sociétés comme Apple ou Amazon, ont compris depuis longtemps l'hybridation des produits et services et de l'entreprise avec le numérique, qui maîtrisent à la fois les produits physiques, les plateformes de services numériques et ont des bases clients immenses et encore plus de données collectées. Ce sont aujourd'hui les plus grandes capitalisations de la planète. 



On notera le "retour" de Microsoft qui après avoir ignoré le Cloud et le Mobile en 2006 revient dans la course avec les initiatives dans le Cloud autour d'Azure et d'Office365 en 2016. Message en trompe l'œil pour toutes ces DSI qui continuent de vouloir héberger leurs serveurs en interne, surtout pour les nouvelles applications normalement technologiquement compatibles avec le Cloud, public ou privé, elles sont en train de limiter le potentiel de développement externe de leur entreprise avec le numérique. Et cela finira par se voir dans les classements...

Bien sûr de grandes entreprises comme GE, première capitalisation en 2001, ou Mercedes-Benz suivent cette voie. Ainsi la division transport de Mercedes-Benz qui s'était déjà faite remarquer par son partenariat pour produire un van contenant des drones de livraison pour aller là où le van ne peut aller (voir la vidéo), va maintenant investir $500 millions pour développer une division logistique et tous les services numériques que cela demande. Il lui reste toujours la fabrication des vans, mais cela devient une petite partie d'un service totalement intégré et hybride.

Finalement l'industrie a aussi besoin du numérique, c'est même certainement son avenir dans de nombreux domaines comme le transport. La reconversion de friches industrielles en parcs d'entreprises du numérique comme Eura-technologies à Lille, est certainement un symbole de cette mutation profonde.

C'est donc aussi la rentrée pour GreenSI avec des billets en préparation sur le digital, les objets connectés et l'innovation, mais aussi les méthodes SI en complète transformation pour ne pas dire en rupture. Allez, on parlera même de PokemonGo si vous ne saturez pas déjà.

Bonne rentrée à vous également et à bientôt !
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