Ça y est, la rentrée est passée !
Comment je le sais ? Et bien
rien qu'en regardant mon niveau d'e-mails quotidiens, qui a plus que
triplé depuis le mois d'août puis s'est stabilisé cette semaine. Sans
aucun doute, l'entreprise fonctionne au ralenti en août en France, tous
les serveurs de messagerie peuvent vous le dire.
D'ailleurs la
base d'information que représentent les centaines d'e-mails quotidiens,
reçus et envoyés par salariés, est certainement sous-exploitée, au-delà
de savoir si les affaires reprennent, ou pas. Sur les messageries grand
public on trouve des applications qui analysent les emails, comme GmailMeter, et
qui envoient un rapport mensuel sur l'analyse de ses e-mails: nombre
par jour de la semaine, par semaine, internes versus externes, temps
moyen de réponse ou taille des messages,...
Aviez-vous,
vous aussi, remarqué que votre flux de messages reçus est en plateau
entre 8h et 17h chaque jour, et dans la semaine en croissance du lundi
au mercredi, puis en chute en fin de semaine ?
Mais
pour ce qui est des e-mails dans les messageries d'entreprises, ce type
d'analyse n'est pas disponible en standard, même pour l'utilisateur
final.
Pourtant vos e-mails contiennent des informations qui pourraient vous faciliter la vie,
par exemple sur le meilleur moment pour contacter telle ou telle
personne (car le serveur connait ses heures de réponses les plus
probables), ou savoir si c'est normal ou non (par rapport au délai
moyen) que Georges n'ait pas encore répondu à votre demande de prime de
fin d'année...
Futuriste ? Technologiquement c'est très en
deçà de ce qui se fait déjà dans les applications e-mails marketing ou
service client, qui vont par exemple jusqu'à analyser le "sentiment"
dans le corps de l'e-mail ou proposer des réponses automatiques. Peut-être
que l'entreprise est en train de passer à côté d'un formidable
indicateur sur l'activité et le moral de son principal actif... ses
collaborateurs !
Certes, le sujet est sensible et
la mesure anonyme pourrait dériver en informations moins anodines si
elles perdaient cet anonymat. Mais revenons à cette rentrée.
Ça y est, toutes les universités d'été ont eu lieu et aucun candidat déclaré ou pressenti à la prochaine élection de 2017 n'a parlé de numérique.
Même pire, un de ceux qui savaient en parler au gouvernement n'y est
plus. On est maintenant sûr que les GAFAs et autres groupes
internationaux qui ont compris le numérique, ont un boulevard devant eux
pour faire leur shopping dans les actifs numériques de la France.
C'est peut-être la raison pour laquelle le français Deezer est passé en silence cet été sous contrôle du groupe américain Access Industrie, ou que Withings notre fleuron des objets connectés dans la e-santé est passé sous le contrôle du Finlandais Nokia. Le contrôle d'Aldébaran par le japonais Softbank en
2015, alors que la France accuse un retard considérable sur l'Allemagne
au niveau de la robotique dans les chaînes de production, n'aura
visiblement été une leçon de politique industrielle pour personne.
En
revanche, si vous touchez à une usine dans l'industrie, par exemple le
site de Belfort - fleuron du ferroviaire qui a construit les premières
locomotives et les premiers TGV - là vous êtes sûr de vous faire étriper
immédiatement par les politiques.
Comme si l'industrie était
encore le moteur économique de la France qui créée le plus d'emplois.
Heureusement, seules ou sous l'étendard de la Frenchtech, les
collectivités territoriales ont pris le sujet à bras le corps et c'est
maintenant par là que la politique du numérique se passe en France.
Pourtant, il y a peu de chance que les 1.000 étudiants qui, pour cette rentrée, cherchent coûte que coûte une place à l'école 42 de Xavier Niel et sa célèbre "piscine", moment de stress, de travail collaboratif et de dépassement de soi (empruntée à l'Epitech et l'Epita) aient une envie folle de fabriquer des trains dans 3 ans quand ils en sortiront.
D'ailleurs,
la première génération qui sort de 42 en novembre 2016 - 3 ans après
son inauguration en mars 2013 - a déjà trouvé du travail, beaucoup dans
les startups du numérique et les autres dans les équipes de projets
innovants de grandes entreprises. Bref, dans des emplois qui auront été
créés par l'économie numérique en dehors de l'industrie lourde.
En
cette rentrée des étudiants on peut aussi se poser la question de
l'adéquation des formations au numérique avec les besoins des
entreprises engagée dans leur transformation digitale.
Le
développement s'installe dans les projets stratégiques des entreprises.
Ils demandent toujours plus de compétences, avec de nouvelles approches
(agile, devops, lean startup...) sujets de nombreux billets de GreenSI,
ce qui laisse envisager une certaine pénurie sur certains profils. Les
grandes écoles traditionnelles qui forment des profils généralistes, un
peu individualistes, dont le nombre a très peu augmenté depuis 20 ans
dans un contexte de vocations scientifiques baissier, sont-elles encore
adaptées à cette nouvelle économie ? Qu'apportent les
nouvelles formations au numérique dans les écoles qui misent sur
l'hyper-spécialisation et les projets collectifs permanents comme Epita ou 42 ? C'était le débat (içi en replay) de Frédéric Simottel ce samedi sur BFM Business auquel j'ai participé.
C'était
aussi la rentré à l'Education Nationale et on a encore parlé au 20h
télévisé du poids du cartable en kg. Je serais certainement à la
retraite depuis longtemps quand on en parlera en Mo de livres numériques
de cours ou en heures de MOOC - Massive Open Online Courses -
disponibles. Encore un domaine pourtant essentiel et où le numérique à
du mal à quitter la façade et rentrer dans les pratiques.
Une rentrée qui, comme chaque année, ne pouvait pas se passer sans sa keynote Apple pour
annoncer son prochaine produit, cette année l'iPhone7 et l'Apple
watch2. De l'avis de tous, ce n'était pas vraiment une révolution. Sauf
peut-être pour Nintendo qui débarque sur des consoles qu'il ne fabrique pas (l'iPhone7), quelques mois après le succès de PokémonGo qui a rappelé la force de sa communauté autour des Pokémons. C'est surtout la confirmation que le smartphone et ses périphériques est bien devenu le terminal d'accès stratégique prioritaire
pour tout ceux qui comprennent le numérique (ou veulent rattraper leur
retard comme Nintendo) et lancent des projets pour en exploiter les
opportunités.
Des sociétés comme Apple ou Amazon, ont compris depuis longtemps l'hybridation des produits et services et de l'entreprise avec le numérique,
qui maîtrisent à la fois les produits physiques, les plateformes de
services numériques et ont des bases clients immenses et encore plus de
données collectées. Ce sont aujourd'hui les plus grandes capitalisations
de la planète.
On notera le "retour" de Microsoft qui après avoir ignoré le Cloud et le
Mobile en 2006 revient dans la course avec les initiatives dans le Cloud
autour d'Azure et d'Office365 en 2016. Message en trompe l'œil pour toutes ces DSI
qui continuent de vouloir héberger leurs serveurs en interne,
surtout pour les
nouvelles applications normalement technologiquement compatibles avec le
Cloud, public ou privé, elles sont en train de limiter le potentiel de
développement externe de leur entreprise avec le numérique. Et cela
finira par se voir dans les classements...
Bien sûr de grandes entreprises comme GE, première capitalisation en 2001, ou Mercedes-Benz
suivent cette voie. Ainsi la division transport de Mercedes-Benz qui
s'était déjà faite remarquer par son partenariat pour produire un van
contenant des drones de livraison pour aller là où le van ne peut aller
(voir la vidéo), va maintenant investir $500 millions
pour développer une division logistique et tous les services numériques
que cela demande. Il lui reste toujours la fabrication des vans, mais
cela devient une petite partie d'un service totalement intégré et
hybride.
Finalement l'industrie a
aussi besoin du numérique, c'est même certainement son avenir dans de
nombreux domaines comme le transport. La reconversion de
friches industrielles en parcs d'entreprises du numérique comme
Eura-technologies à Lille, est certainement un symbole de cette mutation
profonde.
C'est donc aussi la rentrée pour GreenSI avec
des billets en préparation sur le digital, les objets connectés et
l'innovation, mais aussi les méthodes SI en complète transformation pour
ne pas dire en rupture. Allez, on parlera même de PokemonGo si vous ne saturez pas déjà.
Bonne rentrée à vous également et à bientôt !