lundi 29 septembre 2014

Oracle aurait besoin d'une bonne stratégie

Lors de la présentation des comptes d'Oracle il y a 10 jours, Larry Ellison a annoncé sont retrait de la présidence d'Oracle après 37 ans à la tête de la société qu'il a fondé dans les bases de données en 1977.

Depuis, Oracle s'est développée par acquisition successives, pas toujours consolidées. Dans les ERP (Peoplesoft, Siebel, JDEdwards,Taleo), dans le middleware (BEA, Weblogic), dans le décisionnel (Hyperion) , dans le e-commerce (ATG), dans le hardware (Sun) et indirectement dans l'open source avec le rachat de Sun (Java, MySQL, Openoffice), entre autres.

Dès qu'une tendance était bien installée, Oracle rachetait un acteur pour y être présent, rattraper son retard, et bizarrement, passait à autre chose.

Vue de GreenSI, la stratégie d'Oracle a toujours été décalée et peu lisible. Finalement Oracle reste pour beaucoup la société associée aux bases de données, à l'image de son siège social en forme de cylindres autour d'un lac très calme, trop calme peut être pour apprécier la transformation numérique des entreprises qui est en marche.



Le décalage stratégique par exemple pour accepter la transformation du Cloud n'a eu lieu, au mieux, qu'en 2011 (Oracle débarque dans le Cloud... et Larry sur Twitter) alors que deux des menaces actuelles du modèle ERP d'Oracle sont déjà bien développées dans le Cloud (Salesforce, Workday) et signent même un accord en septembre 2013 qui défie Oracle.

Sans surprise, les résultats d'Oracle dans le Cloud se font attendre.

Car tous les analystes pensent que cette annonce de départ de Larry Ellison a aussi servi de contre feux pour annoncer des résultats en-deça des prévisions, mais aussi des perspectives floues. Larry aurait donc raté le virage vers le Cloud?

En tout cas, son seul tweet vieux de 2 ans, annonçait le contraire avec un style qui lui est propre pour parler de son concurrent SAP (qui venait de racheter SuccessFactors, et depuis SAP a clairement pris un avantage). Comme quoi Twitter n'est pas une fontaine du bonheur où il suffirait d'y jeter un tweet pour que ses voeux se réalisent...



Dans les discussions avec des professionnels de l'IT que j'ai pu avoir récemment, le point commun qui ressort entre les activités d'Oracle, c'est... la vente. Oracle est une société de vendeurs, presque une école de vente. Le titre du magazine pour les clients d'Oracle aurait d'ailleurs pu nous mettre la puce à l'oreille : PROFIT. Sans commentaire. Et d'ailleurs Oracle gagne de l'argent, dont une bonne partie de sa rente sur les licences de bases de données. Mais une organisation des ventes efficace ne remplace pas une stratégie technologique.

Finalement, le départ prévisible de Larry Ellison (même si les annonces disent qu'il reste Chief Technology Officer) va peut être créer un vide qui pourrait réveiller ce géant aux cylindres d'argile.

Le duo qui va le remplacer, Safra Catz et Mark Hurd (ex HP) va donc devoir définir une stratégie, pour ce qui ressemble de plus en plus a un conglomérat informatique, exposé sur tous les fronts de l'obsolescence technologique et au prise avec des acteurs beaucoup plus agiles que lui.

Nombreux points communs avec IBM en 1993 quand Louis Gerstner a repris la main alors que BigBlue était au plus mal. Mais contrairement à IBM, le problème d'Oracle, n'est certainement pas le manque de trésorerie (40 milliards) mais bien le manque de stratégie. Et Oracle a pour l'instant choisi d'être piloté par des hommes du sérail et non un outsider qui aurait la voix de leurs clients.
L'intégration de Sun a testé une synergie entre le décisionnel (in-memory) des données des ERP, le hardware et le software, et a produit l'offre des machines Exalytics taillées pour la performance et le bigdata. Certainement deux problématiques qui attendent les entreprises numériques. Mais cette stratégie de décolle pas alors qu'elle a été portée par le VRPN°1 d'Oracle, son CEO.
Le problème c'est que ces machines arrivent a un moment où le cloud banalise la puissance "on demand". Alors pourquoi acquérir du matériel pour cela? A la limite, "vendez les a mes fournisseurs d'infrastructure", se dit le DSI agile. C'est certainement une des raisons des pertes récurrentes de la division hardware qui plombe les résultats d'Oracle depuis le rachat de Sun.
En tant que DSI n'oublions pas que notre destin est lié à celui de nos fournisseurs. Et Oracle étant très présent dans nos infrastructures, gardons sur notre radar les challenges qui attendent cette société:
  • L'open source: aussi incroyable que cela puisse être, Oracle est (par hasard?) avec Java, Javascript et MySQL, positionné comme l'un des acteurs qui peut construire un modèle neuf pour l'open source dans l'entreprise. Mais cela lui demandera de renoncer a deux choses: le niveau de profit de ses logiciels car l'opensource est un monde collaboratif de services, et l'acceptation que la base de données doit rester... une base de données (sans code ou procédures stockées).

  • No-SQL: c'est la fin des bases de données relationnelles et Oracle a jeté un pont vers Hadoop avec Cloudera. Franchira t-il le Rubicon?

  • In-memory: c'est l'évolution stratégique des bases de données et SAP a pour l'instant articulé une stratégie crédible. Oracle met toutes ses forces dans la version 12 de sa base de données, à suivre.

  • ERP 2.0: ce sera du SaaS, dans le Cloud, collaboratif et social, avec une stratégie multi-terminaux (mobilité) même si cela ne plait pas à Larry qui visiblement ne doit pas être un adepte de GreenSI vu le nombre de billets sur ce sujet.
    Les multiples stratégies Oracle Applications ces dernières années, comme Fusion, sont restées fumeuses ou disponibles que pour de grands clients pouvant s'offrir les experts. Mais fumée n'est pas nuage. L'articulation d'une stratégie ERP et Cloud claire, pour pérenniser les investissement Oracle Applications des entreprises, est attendue. Elle va même devenir de plus en plus critique avec le temps.

  • Serveurs: rachat de Sun et maintenant on fait quoi? C'est le point le plus critique dans les résultats d'Oracle.Mais surtout, le refus de reconnaître les machines virtuelles pour les licences est certainement en 2014 un archaïsme qui ouvre des boulevards à ses concurrents et met une épée de Damocles sur ses clients. Une position qui démontre, que finalement, Oracle n'a toujours pas compris le Cloud.
Cette semaine aura lieu Oracle Open Worlds 2014, le rassemblement de tous l'eco-système Oracle au Moscone Center à San Francisco du 28 septembre au 2 octobre. Les keynotes et conférences seront accessibles en streaming et sur les réseaux sociaux. Ce sera pour GreenSI l'occasion de rester vigilant sur l'inflexion stratégique, qui pourrait être amenée par la nouvelle gouvernance d'Oracle. La première depuis sa création. Même si l'horizon pour une telle inflexion reste plutôt a 1-2 ans, le temps que l'influence de Larry et des choix du passé, s'estompent un peu.

lundi 22 septembre 2014

La visibilité de DevOps grimpe en flêche en France

En mai de cette année, GreenSI regardant les DSI de l'autre côté de l'Atlantique, se demandait pourquoi si peu de personnes, en France, ne parlait et ne connaissait DevOps. Ce chaînon manquant dans l'agilité du cycle projet de bout en bout, dont la communauté grandissait aux Etats-Unis.

Cinq mois plus tard, il est difficile de rater en France les annonces de séminaires, formations et autres rencontres sur ce sujet :
Et la liste n'est pas exhaustive. Comme si tout le monde s'était donné le mot de vouloir évangéliser les DSI sur ce sujet à la rentrée!
Mais plus on creuse et on interroge des experts, plus on s'aperçoit que des fondamentaux de la DSI sont remis en cause. DevOps n'est peut être finalement que le symptôme d'un changement profond de l'information de production (ops).  Un symptôme, mais pas la cause qui est a chercher dans la transformation numérique des entreprises.

GreenSI propose à ce stade de retenir 3 choses sur DevOps.

1 - Toutes les DSI seront concernées, tôt ou tard, par DevOps

Déjà, les premiers concernés ces dernières années, sont ceux qui ont des infrastructures internet importantes. Ce n'est donc pas un hasard que Voyages-SNCF, premier site de e-commerce en France, soit dans ceux qui ont engagé cette démarche depuis plus longtemps. D'ailleurs l'exemple donné par GreenSI dans son billet de mai dernier, venait d'un échange remontant a 2 ans, avec Justin Ziegler le DSI de PriceMinister, autre ténor du e-commerce. DevOps, chez les pionniers ça marche!

Mais vous allez alors me dire que cela ne concerne pas toutes les DSI?

A très court terme, peut-être. Mais la transformation numérique des entreprises, fait que la plateforme internet se développe rapidement au sein du SI. Pour prendre l'exemple du PMU, le SI interne reliant les buralistes et les champs de courses, ne traite maintenant plus qu'une partie des paris du PMU (dont l'ancien patron Philippe Germont a été nommé Manager Numérique de l'année 2014). La transformation numérique du PMU a donc fortement développé les courses en ligne et les autres activités en ligne dont le Poker. Comme pour le e-commerce, le SI vers les clients repose de plus en plus sur l'innovation, l'agilité et des cycles courts. Le développement d'une usine logicielle, fiabilisant les mises en production, le suivi fin des performances (à l'intérieur des programmes) et le déploiement continu, deviennent incontournable sur le long terme.

Et puis les salariés qui utilisent le SI interne, peuvent aussi être vus comme des clients internes. On peut donc imaginer que les approches pour développer des applications mobiles ciblés sur leurs besoins d'efficacité, vont s'aborder avec la même agilité que pour les clients externes. Le rythme des livraisons des parties mobiles des applications actuelle va donc certainement aussi s'accélérer.

A terme, et progressivement, la question DevOps se posera à toutes les DSI, de toutes les industries, pour la majorité des applications.

2 - Il n'y a pas d'outil DevOps miracle

Et d'ailleurs DevOps est au départ un problème de fracture entre deux cultures, les "dev" (équipes de développement) et les "ops" (équipes d'exploitation). C'est donc la démarche de dialogue, de collaboration et de rapprochement entre ces deux mondes qui est en question. Pas l'outillage, comme nous le rappelle JMB sur son blog humoristique.

Et puis n'oublions pas que dans beaucoup de DSI, la partie exploitation est sous-traitée a un hébergeur. La fracture s'accompagne alors d'un contrat, long terme et figé, entre les "dev" et les "ops" qui ne sont plus dans les mêmes sociétés. Ce qui refroidit bien souvent toute initiative.

Pour GreenSI le choix d'un hébergeur, aujourd'hui, ne plus reposer que sur des critères techniques et financiers, mais doit aussi prendre en comptre la capacité a collaborer de façon agile avec son partenaire. C'est le corolaire de DevOps, que certains pourraient traduire comme un désavantage concurrentiel a ceux qui ne maîtrisent plus leur exploitation...
Les outils existent bien sûr. Pour partager les informations et référentiels, et automatiser cette nouvelle collaboration, une fois qu'elle est décidée et mise en place. Comme l'approche DevOps est née dans des communautés, des outils open source sont utilisés par ces communautés. Puppet, Junkins ou Rundeck sont souvent cités. Mais des éditeurs bien implantés dans auprès des responsables de production comme CA ou Serena, proposent aussi des produits.

La remontée d'informations précises de la production vers les développeurs, pour le suivi en temps réel du comportement en production de l'application, est une source d'information dont les développeurs auraient tort de se priver. Déjà, en cas de nouvelle version on peut comparer la nouvelle version au comportement (performance, mémoire,....) de l'ancienne telle qu'il a été vu en production. Car comme le diable se cache dans les détails, la performance d'un site peut parfois dépendre d'une seule ligne de code un peu trop gourmande en ressources.

De plus, entre nous on sait bien que pour un site internet, un environnement de pré-production ne peut pas être complètement représentatif de l'environnement de production avec des vrais clients connectés. Donc oui, certains tests se font en production, n'en déplaise a nos manuels méthodologiques, mais jurez moi de ne pas le répéter.
Alors si DevOps permet de mesurer et de réagir vite, finalement c'est peut être ça l'essentiel.

3 - C'est toute la gouvernance qu'il faudrait repenser en mode agile

Pour la partie du SI qui doit être agile (e-commerce, sites interne ou extranet,..) pourquoi ne pas repenser l'agilité de la chaîne complète.  Depuis le protoypage de fonctionnalités et la gestion agile, avec les MOA, d'un plan produit pour chaque application, en passant par le développement en mode agile type "scrum", et jusqu'au déploiement continue de fonctionnalités en production.

 

Cela semble ambitieux, vu l'épaisseur de nos référentiels CoBIT et ITIL, mais n'est-ce pas un bon levier pour repenser l'organisation d'une DSI plus agile?

lundi 8 septembre 2014

Le gouvernement se mobilise (enfin?) autour du numérique

Cette semaine GreenSI relèvera dans l'actualité, la proposition du Premier Ministre, au Président de le République, de faire du numérique l'une des priorités de l'action du Gouvernement (saisine) et de demander au Conseil National du Numérique d'organiser une grande consultation.
Chose demandée, chose faite, la plateforme du CNNum est déjà en ligne (http://contribuez.cnnumerique.fr/) mais pas encore ouverte à la collecte de contributions.

Au delà de l'effet d'annonce et de la probabilité (non nulle) que cela ne débouche sur rien de concrêt, c'est pour GreenSI, le premier engagement fort du gouvernement français sur le numérique, à ce niveau de l'Etat, depuis le e-G8 (forum en marge du G8 qui s'est tenu à Paris en 2011).

Un sommet e-G8 qui avait été "inspiré" à la  suite d'un billet sur le blog de Tariq Krim, serial entrepreneur créateur de Netvibes, qui mettait en avant que la France n'avait pas de CTO (Chief Technologie Officer). Billet qui avait enflammé les débats sur le web, jusqu'à ce que le politique s'en empare. Et puis les Etats-Unis avaient nommé leur premier CTO en 2009 suite à l'élection de Barack Obama. Mais dans un contexte 2011 de création de la loi Hadopi, la confusion régnait sur les enjeux du numérique, et le sommet a accouché d'une souris. La France s'est alors engagée dans une approche de "lawyers", via la loi, plutôt que de "makers", via des actions à impact. Nicolas Sarkoy, pourtant élu avec une campagne web remarquée par les professionnels, venait certainement de rater là, le titre de premier Président 2.0. 

Depuis, la France s'est doté d'une DSI au niveau de l'Etat (DISIC) et même d'un Chief Data Officer, qui aura les habilitations nécessaires pour ouvrir les données, jalousement gardées, par les administrations (open data). A suivre...

Cette semaine, avec Manuel Valls, le numérique ne s'installe donc plus uniquement à la table d'une secrétaire d'Etat au sein d'un ministère (Fleur Pellerin puis Axelle Lemaire), mais à celle de tous les Ministres. Pour faire le parallèle avec le privé, disons que la gouvernance du numérique de l'Etat vient de quitter la Direction de la Communication (plan de 15 millions pour la French Tech d'Axelle Lemaire) pour devenir une stratégie numérique opérante, élaborée en Comité de Direction. 

D'ailleurs la semaine dernière, via l'ANSSI, l'Agence Nationale pour la Sécurité des SI, l'Etat s'est doté d'une politique nationale de sécurité pour ses SI (hors militaires). On frise le sans faute, car développer encore plus le numérique au niveau national sans le maîtriser en terme de sécurité, pourrait s'avérer catastrophique a moyen terme. Dans ce document (PSSIE) d'une quarantaine de pages, on y trouve des bonnes pratiques à appliquer pour tous les SI de l'Etat, comme l'hébergement des données sensibles sur le sol national (voilà le "cloud souverain" qui revient) ou la formation à la cybersécurité de tous les agents de l'Etat utilisant un SI. 

La nouvelle gouvernance est donc claire, les services du Premier Ministre reprennent la main sur l'informatique de l'Etat. Ce qui est confirmé par un décret publié pendant la torpeur du mois d'Août, avec à la manoeuvre Thierry Mandon, le secrétaire d'Etat à la réforme de l'Etat et à la simplification, aussi en charge de réduire les dépenses informatiques de l'Etat de 20 à 40%.
 
Au menu, du classique pour les DSI de grands groupes: consolidation des datacenters, simplification du patrimoine applicatif, unification des réseaux... mais qui n'avait jamais pu être fait au sein de l'Etat, faute de gouvernance. La DISIC pilotée par Jacques Marzin, est donc désormais en charge de cette politique SI des ministères, qui comme dans les grands groupes, ne se fera pas sans difficultés.

Les acteurs du numérique français, applaudissent visiblement des deux mains, et saluent l'initiative du gouvernement.

Mais revenons au CNNum et à cette nouvelle concertation.
Une consultation qui fait suite à celle de la mission pilotée par Philippe Lemoine (dans laquelle je suis intervenu sur le thème de l'opendata) et que l'on trouve encore dans les archives du Ministère du Redressement Productif. Une mission qui aura vu 2 changements de gouvernement entre son lancement et ses résultats (au stade du rapport intermédiaire). Pas simple.

Et puis la consultation du CNNum fait aussi suite aux multiples rapports remis aux secrétaires d'Etats au numérique, dont celui de Tariq Krim sur les professionnels du numérique abordant les compétences des développeurs, ou celui de deux députés, Laure de la Raudière et Corinne Erhel, sur le développement de l'économie numérique. Le numérique est visiblement un sujet qui demande bien des avis...

Les thèmes de la consultation du CNum proposée aux citoyens (éclairés) sont :
  • Croissance, innovation, disruption : le numérique comme force de transformation des industries,
  • Loyauté dans l'environnement numérique : pour définir les grands principes du numérique pour les citoyens,
  • Un Etat stratège dans la transformation numérique : le numérique comme enjeu de transformation et de souveraineté pour l’Etat.
  • La société face à la métamorphose numérique: au delà de l'Etat et des entreprise,la métamorphose du monde et de la société avec le numérique. 
C'est donc une opportunité de vous impliquer dans cette réflexion nationale, via le sité dédié (http://contribuez.cnnumerique.fr/), si cela vous dit.

Alors que penser de tout ça?

Pour GreenSI la France à la chance d'avoir une effervescence d'innovations et de startups du numérique talentueuses. 

Ce qui n'est pas donné à tous les pays, et ce malgré un climat des affaires et social certainement moins attrayants que d'autres pays selon les enquêtes internationales.
La nomination hier de Azendoo, startup Bordelaise, au "Best Multi Platform Award" d'Evernote, seule française devant des startups du monde entier, nous rappelle la force de cet eco-système. Et rappelons nous aussi la présence massive de la France au CES de LAs Vegas l'an dernier avec de nombreux objets connectés et déjà des leaders français comme Parrot ou Withings.

Alors oui c'est déjà une bonne chose qu'un budget de communication soit alloué par l'Etat a ces succès, et consolidés dans la marque FrenchTech, pour au moins leur donner cet avantage à l'international.

Mais pour aller plus loin, il faudra en passer par la réforme des SI de l'Etat. Et exploiter le numérique en avantage concurrentiel pour la France, notamment dans l'Education, qui sinon sera balayée par un tsunami numérique et aura aussi raté la formidable opportunité du réseau mondial de la francophonie, si elle ne fait rien. Ou en accompagnant la transformation de ces industries secouées par le numérique, qui organisent une résistance vaine, au lieu de se transformer (taxis, livres, musique,...) alors qu'elles sont pourtant au coeur de la prochaine économie de partage et de services, que le numérique est en train de réinventer, et que le gouvernement appelle de ses voeux.

Et puis hasard du calendrier, la France se hisse vendredi à la première place européenne pour ses services aux citoyens, et à la quatrième mondiale. Sans compter notre excellence pour déployer des machines automatique de contrôle et de levée de l'impôts (site impots.gouv.fr, radards automatiques, portiques eco-taxes, hadopi,...). On est donc pas si mauvais que cela du côté de l'interface citoyen ("front office"). C'est donc bien à l'intérieur du SI de l'Etat, dans le "back office", et pas nécessairement dans le front office, qu'il doit y avoir les plus grandes marges d'amélioration. En tout cas c'est l'intuition de GreenSI sur laquelle je vous invite à réagir en commentaires.

Ce sursaut est donc une chance de poursuivre, plus vite, plus fort, la transformation digitale de la France, en commençant par celle de l'Etat, dont le poids dans l'économie est l'un des plus important d'Europe. Mais attention à l'écueil de vouloir tout faire rentrer dans le projet de loi relatif au numérique en préparation pour l’année prochaine. Cela nous ramènerait du côté des "lawyers" et nous éloignerait de la route des "makers" dont nous avons grand besoin après 4 ans de discours. 

Et pour regarder un peu plus loin, notons que le Président Obama vient de nommer son troisième CTO depuis 2009. Une nomination qui en France mettrait en évidence deux autres symboles: 
  • Megan Smith, est la première femme à la tête du SI de l'Etat, dans une profession où l'équilibre homme-femme est loin d'être atteint. 
  • Megg est l'ancienne VP de Google(X), le lab de Google qui travaille sur ces fameux projets "moonshot", comme la voiture sans conducteur, dont GreenSI avait parlé l'an dernier. Mais qui est aussi passée par Apple et quelques startups. En tout cas, pas quelqu'un qui a fait toute sa carrière dans l'administration voire même qui est issue de son école nationale.  
De quoi projeter Washington encore plus loin, au moins dans l'imaginaire.

Mais la France est-elle prête pour cela? 

Si oui, c'est à la French Tech a qui il faudrait demander de donner un coup de main pour la réforme du SI l'Etat. Elle regorge d'idées pour l'éducation, la santé et objets connectés, ou analyser les données pour rendre l'Etat plus efficace. Mais travailler avec la FrenchTech n'est pas gagné pour une administration. Déjà à cause de la complexité du code des marchés publics, de moins en moins adapté aux projets informatiques, encore moins a ceux de rupture, qui privilégie les acteurs établis et le conservatisme des choix techniques. 

C'est peut être par là d'ailleurs qu'il faudrait commencer la simplification.

L'humour de ceux qui aiment le numérique