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vendredi 30 décembre 2016

Transformation Numérique: 15 comptes Twitter à suivre

Merci à ENEDIS d'avoir sélectionné GreenSI dans ses 15 comptes à suivre pour tout savoir sur la transformation numérique.
C'est effectivement une bonne partie des sujets traités sur ce blog avec une perspective complémentaire des autres influenceurs et communicants.

Pourquoi tant de buzz autour du CES à Las Vegas?

Comme chaque année depuis 1967, du 5 au 8 janvier 2017, se tiendra à Las Vegas le CES 2017, l'événement incontournable du secteur de l’électronique grand public. Un événement qui va rassembler dans tous les halls d'exposition et hôtels de la ville plus de 165.000 visiteurs, mais qui aura certainement une audience réelle 100 fois supérieure via Internet et le relais de plus de 6000 médias dans 150 pays.
Le buzz autour du CES monte et dépasse largement les médias spécialisés en électronique ou informatique.
GreenSI avait déjà identifié en 2014 le rôle majeur que prenait cet événement (Ces objets qui vont vous hyper-connecter) qui attire les startups du monde entier et incitait déjà les acteurs du numérique d'aller y puiser l'inspiration. 

Mais comment expliquer un tel engouement croissant pour cet événement ?
Depuis 50 ans le CES n'a pas changé de nom, Consumer Electronics Show, et c'est peut-être tout simplement par là qu'il faut chercher. Trois lettres qui lient fortement cet événement à la transformation digitale en cours dans l'économie qui reconfigure une à une les industries.

Consumer

Depuis l'origine, le CES c'est le salon des consommateurs, de ceux qui transforment leurs usages pour adopter progressivement la TV couleur, les enregistreurs (VHS), le numérique (CD, DVD, ordinateurs personnels)...




Des consommateurs qui ont pris le pouvoir, par exemple quand ils décident de ne plus utiliser d'appareils photos mais des smartphones pour immortaliser leur souvenirs ou de clavier physique pour taper un SMS, et déstabilisent des acteurs établis comme Kodak ou Blackberry. Ils sont aujourd'hui le coeur de toutes les attentions des modèles d'hyper-croissance, des GAFAs bien sûr mais aussi de ceux qui veulent les détrôner, créant une déferlante d'innovations qui commencent dans le B2C - Business to Consumer. La révolution numérique arrive par le consommateur avant de parfois toucher l'entreprise.

Parmi les 3800 participants exposants au CES, on y trouve donc de nombreuses startups qui visent de nouveaux consommateurs pour aller y "pitcher" leur objet qui veut changer le monde, et peut-être plus tard l'entreprise.
Dans la délégation française de l'année, GreenSI a repéré KeeeX qui a développé une blockchain, cette technologie qui a déjà donné le bitcoin et dont on nous promet la révolution des échanges bancaires, mais qui l'applique ici a un domaine original et plus concrêt pour le consommateur: la photo.

Via l'application mobile de KeeeX vous pouvez prendre en photo, authentifier, géolocaliser et horodater tous vos clichés en les stockant sur votre smartphone ou votre ordinateur. Les preuves d’intégrité, de géolocalisation et d’horodatage sont scellées au coeur du fichier de manière inaltérable, mettant ainsi à la porté du grand public un outil valide pour prouver un état des lieux, un inventaire, un défaut sur un objet...

Cet exemple illustre bien que ce n'est pas parce qu'on est spécialiste d'une technologie innovante mais incompréhensible pour le commun des mortels (et des entreprises), qu'on ne peut pas viser dès le départ les marchés de ses domaines d'application et directement les consommateurs.


Si le CES cherche a être une source d'innovation pour le grand public, c'est donc l'endroit pour aller s'y ressourcer. C'est l'appel lancé par GreenSI depuis 3 ans à tous ceux qui font le numérique dans l'entreprise, notamment les DSI. En 2016, beaucoup se sont déplacés au CES en "voyages organisés" multi-entreprises, que ce ce soit le via Cigref, via les associations de Directeurs Innovations ou autres cercles professionnels. Les sociétés de conseil en digital y envoient des consultants, et en janvier elles ne pourront pas faire l'impasse de communiquer vers leurs clients et prospects avec une matinée ou un livre blanc des "retours du  CES".

Mais ne manquez surtout pas fin janvier le rapport sur le CES publié chaque année par Olivier Ezratty sur son blog (et pour les lecteurs de GreenSI, une information de première main, ce sera le 24 janvier).

Electronic

Après la domination de l'électricité, puis des communications, l'électronique a ouvert de multiples marchés dont la TV et son formidable marché publicitaire exploitant plusieurs heures d'écoute par jour de plusieurs milliards d'humains. Le CES a été le salon où on annonçait les innovations autour de ces équipements TV, comme récemment la 4K.

L'internet, qui a d'ailleurs longtemps été pris pour un média, a réussi a créer un marché de taille supérieure. L'électronique s'est alors mise au service du numérique pour produire ces nouveaux terminaux internet que sont ordinateurs et autres smartphones, utlisés eux aussi plusieurs heures par jour, mais pas uniquement dans le salon comme la TV.

Mais le grille-pain dans sa cuisine, autrefois jaloux de l'affection portée à la TV, n'a pas dit son dernier mot. Avec le développement des capteurs à bas prix, tous les équipements électroniques seront potentiellement connectés. Ils échangeront entre eux de façon décentralisée autant d'informations qu'avec cet internet centralisé pensé comme un média. Le CES est donc très bien positionné pour observer et stimuler cette ère de l'Internet des objets, car quand la connexion internet devient une commodité, le focus revient sur l'objet, maintenant bourré d'électronique.

Avec la réalité virtuelle le numérique va peut-être tenter cette année de faire une nouvelle offensive pour rendre tous ces objets virtuels et ainsi nous ramener dans un monde de data. Cependant GreenSI pense que l'avenir sera à la réalité augmentée et surtout mixte, celle qui va mixer des objets du réel avec le virtuel, surtout quand la capacité des imprimantes 3D va faire sauter leur contrainte de pouvoir se déplacer facilement. 



Intel a d'ailleurs choisi le CES 2017 pour une annoncer une conférence de presse en immersion "unique en son genre" et peut être revenir dans la course contre Microsoft, l'ex-partenaire de l'alliance WinTel, qui a lui déjà quelques années d'avance avec ses HoloLens pour l'instant réservées au marché B2B.
Après le consommateur, l'objet restera au coeur de toutes les attentions.

Show

Oui le CES c'est un "show", litteralement là où on se montre. Un show dont l'effet est amplifié par Las Vegas, la ville des paillettes, des spectacles dans tous les hôtels, du divertissement et de l'illusion. Cette image de Las vegas avait d'ailleurs été choisie il y a 7 ans pour le lancement de GreenSI pour représenter cette informatique qui promettait aux DSI, à coup de budgets marketing en expansion, une nouvelle révolution à chaque nouvel acronyme.  Alors que l'importance grandissante du système d'information dans la compétitivité de l'entreprise demandait au contraire un SI durable, pensé avec une vision, rendu flexible par son architecture et gouverné de façon agile. C'est l'origine de la contraction de "Green" et "SI", et de ce blog décryptant l'actualité pour tenter d'aider à enlever les paillettes.


Aujourd'hui le "show du CES" c'est le retour en force du marketing, comme à la grande époque de l'informatique des années 2000. Mais la cible ce ne sont pas seulement les clients mais surtout les investisseurs et les levées de fonds. Et pour les attirer il faut savoir se montrer au CES et essayer de revenir avec un "award" décerné par le salon. De nouveaux lieux où les startups doivent être vues émergent, le CES, mais aussi SXSW, LeWeb,...


C'est donc certainement une très bonne idée de déplacer en masse la French Tech (la France est la première délégation en nombre) pour aller se montrer, l'aider à percer, contribuer positivement à l'image technologique de la France et y attirer des capitaux pour l'innovation et pas uniquement des touristes.

Le marketing de Samsung aurait aussi choisi le CES 2017 (rumeur sur les réseaux sociaux) pour sa conférence qui va annoncer le Galaxy S8 et chercher à oublier la malédiction du chiffre 7 et d'une année catastrophique pour sa division smartphone. Et puis tant pis pour Barcelone et le Mobile World Congress (en mars) taillé normalement pour ce type d'annonce. En Chine le 8 c'est un chiffre porte bonheur, alors si le Coréen Samsung veut se refaire une santé sur ce marché gigantesque c'est le numéro ou jamais...


Quelques grandes entreprises comme La Poste ou Engie ont un stand au CES et y amènent des startups dans lesquelles elles ont investi ou avec lesquelles elles ont des partenariats stratégiques. C'est certainement une autre façon de faire le show en interne sur l'importance de la révolution en cours et de l'adaptation qui sera nécessaire sur les offres et les business modèles.

Car en externe, GreenSI attend toujours la plateforme IoT de La Poste ("hub numérique"), annoncée l'an dernier au CES (voir La Poste nous livre un hub pour nos objets connectés), a grand renfort de boutons connectés dans les boîtes aux letttres pour venir y prendre les colis et de startups partenaires.
Ne ratez donc pas le CES cette année, trouvez-y l'inspiration et la motivation pour vos projets, mais ne prenez pas tout ce qui y sera dit pour argent comptant, pensez aux paillettes !

mardi 20 décembre 2016

Quand le sage montre les GAFAs...

Quand on parle de vague déferlante pour imager la transformation digitale, cette semaine c'était un Tsunami qui s'est abattu sur l'actualité et qui ne laisse planer aucun doute sur les forces de transformation qui réinventent une par une toutes les industries.


Google, ou plutôt Alphabet, qui a la vertu de savoir laisser dans ses labs ses projets par mûrs comme les Google Glasses, voire de les tuer, sait aussi mettre les moyens pour les faire passer à l'étape suivante: l'industrialisation. Cette semaine ce fut l'annonce par Alphabet du lancement de Waymo, une nouvelle société dédiée pour le logiciel des voitures autonomes, un projet qui quitte donc l'incubateur interne Google X.


Dans la famille Alphabet, nous avons donc maintenant le W ;-)

Certains pourront dire que Google vient de renoncer à produire des "Google Car" et que c'est un échec. Mais GreenSI pense qu'au contraire la démarche qui aura permis à Google un positionnement optimum sur ce nouveau marché est plutôt exemplaire. Les constructeurs traditionnels de voitures ont donc maintenant une carte à jouer sur leur voiture devenue "hardware", leur compatibilité sur un marché où rapidement les éditeurs de logiciels vont se compter sur les doigts d'une main.

Après le "PC compatible" (Intel+Microsoft versus IBM propriétaire) il y a 30 ans, est-ce l'époque de la voiture compatible qui s'ouvre ? Une époque où le logiciel sera un critère de choix déterminant des nouveaux acheteurs et où les "chassis/moteurs" chercheront à proposer leur gamme compatible avec plusieurs logiciels. Et si Google, comme pour Android, s'appuie sur l'opensource, ce sera tout un eco-système ouvert avec lequel travailleront les constructeurs, et non plus uniquement leurs fournisseurs.

En tout cas cette semaine BMW a déplacé sa bataille vers la relation avec le passager, et pour cela compte sur l'intelligence artificielle et les services d'IBM, reconnaissant par là que pour aller vite les constructeurs renonçaient aussi à cette bataille de l'IA et allaient se fournir sur le marché. 
Dans le même domaine mais dans une autre industrie, Amazon a annoncé cette semaine qu'ils allaient équiper un hôtel complet de Las Vegas avec son Amazon Echo, à qui on peut parler, pour que l'intelligence artificielle Alexa nous réponde. Une sorte de conciergerie d'hôtel totalement robotisée et directement dans votre chambre. La force de transformation des organisations et du service clients est une réalité.


Ce qui est frappant avec Alphabet, mais aussi Amazon, c'est cette capacité et ces méthodes pour produire de la disruption "en masse", produit après produit, comme si leur métier n'était pas dans une industrie, mais dans la réinvention des indutries.

Sans aucun doute, Alphabet est positionné pour être le premier conglomérat mondial de sociétés disruptives.

Quand le proverbe dit "Quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt", c'est bien l'innovation de rupture comme métier, la gestion des talents, la capacité d'industrialisation, qui sont le plus fascinant dans cette transformation numérique et non uniquement la technologie. 

Uber, lui, applique d'autres méthodes "non conventionnelles", pour ne pas dire illégales, pour déplacer les barrières, et après un test à Pittsburg, et ouvre cette semaine son service de voitures autonaumes à San Francisco. Des voitures "sans chauffeur" (avec un technicien humain) mais sans aucune autorisation !

Apple, quant à lui, a préféré la demander une autorisation pour ses futurs tests, avec un positionnement de plateforme logiciels comme Waymo.

Cette actualité nous confirme que nous allons donc bien vivre à court terme la révolution du transport dans les villes comme l'abordait le dernier billet de GreenSI (Les nouveaux usages dans la Smart City). Et l'effet collatéral sera de relancer la course des constructeurs (qui produiront la "voiture hardware") pour rester au coeur de ces innovations.

Malgré l'acharnement historique du conservatisme national en matière de numérique, la France a décidé cette semaine de ne pas rater toutes ces opportunités puisqu'une ligne de livraison par drone a été autorisée. Le groupe La Poste peut donc tester dans le département du Var le nouveau mode de livraison par drone et rester dans la course mondiale, puisque Amazon teste aussi ce mode de livraison en réel au Royaume-Uni. Encore un sujet qui peut profondément modifier la logistique dans les années qui arrivent.


La semaine aura été riche en amplifications de disruptions. Amazon a parachuté en Francequasiment sans prévenir son service de vidéo à la demande Amazon PrimeVideo. Un service qui concurence directement Netflix et toutes les offres de VOD déjà existantes.

Pour ses membres Premium (49€/an et livraison gratuite) ce service est pour l'instant aussi gratuit, même si pour l'avoir essayé, il n'est pas encore très fourni ni en film ou séries en anglais, et encore moins en français.

Cette ouverture illustre cependant le cauchemar de nombreuse sociétés, de se réveiller un matin avec un disrupteur confortablement installé dans son potager et lorgner sur ses carottes, et la force des plateformes qui peuvent ouvrir les pays les uns après les autres à coût marginal.

Dans ce contexte, la seconde conférence numérique franco-allemande, où François Hollande était au côté d'Angela Merkel (celle qui a compris bien avant beaucoup de politiques les enjeux de l'Industrie 4.0, des plateformes d'intelligence artificielle et des robots) est certainement un signe positif pour relancer la coopération Franco-Allemande sur les industries de demain. C'est vrai qu'on a réussi Airbus en Europe en démontrant la pertinence d'un outil industriel face à Boeing, alors pourquoi ne pas aborder la prochaine échéance, la transition numérique de toutes les industries et de tous nos outils... et sans y mettre 17 ans comme avec Galiléo le "GPS européen" !


Mais cette semaine restera dans l'histoire quand la première démocratie du monde reconnaît avoir été perturbée via des armes numériques pour l'élection, justement démocratique, de son Président. Derrière les ficelles, certainement un homme d'Etat Russe, mais surtout une puissance dont on ne soulignera jamais assez l'excellence pour sa maîtrise du côté obsur de la force du numérique.

Le numérique a déjà fait basculer la transformation de la géopolitique...

Cette actualité nous démontre la puissance des plateformes numériques pour réorganiser le fonctionnement de notre monde bien réel, et y amener des services d'optimisation et d'intelligence qui en décuple l'efficacité, mais aussi les risques.


Pour Gilles Babinet, qui sors ce mois-ci son troisième ouvrage "Transformation digitale: l'avènement des plateformes", les entreprises ou les institutions publiques qui n'auraient pas encore décodé ces bouleversements et leur radicalité, vont se retrouver dans une bataille où leurs stratégies issues du passé auront des effets de plus en plus faibles. Après L'Ere numérique, un nouvel âge de l'humanité et Big Data, penser l'Homme et le monde autrement, Gilles Babinet revient sur les conséquences de ces changement pour les organisations et leur nécessaire transformation comme le décrypte chaque semaine GreenSI. 

Aux sources de ces changements, un monde numérique ouvert, créé en dessous du radar des politiques, où la propriété intellectuelle est challengée par certains et offerte par d'autres (open source). Un monde où l'accès massif à la connaissance, aux technologies génériques, initie de nouvelles méthodes de travail et d'innovation.

Au cœur de ce monde se trouvent des plateformes pour centraliser les données, l'intelligence et coordonner des millions d'objets et de micro-décisions décentralisées.

Comme l'actualité de la semaine nous l'a montré, la culture de la disruption, des règles établies avec Uber, des modèles avec Amazon ou des technologies avec Alphabet, est devenu un modèle d'innovation, une nouvelle culture de l'échec et finalement tout simplement de management.

L'organisation adaptée à cet environnement va mettre en place un management du digital qui repose sur des piliers bien connus des lecteurs de Greensi: le pitch, le MVP - minimum viable product, le design thinking, l'amélioration continue et le management par la mesure, le capital humain, les talents et la culture d'entreprise. Au cours des pages, issues d'entretiens avec ces nouveaux barbares, cet ouvrage résume de façon très précise cette mutation profonde du management dans un monde digital.

Ouvrez donc vos chakras aux plateformes du numérique, mais quand on vous montre la technologie, regardez surtout leurs méthodes de management, c'est là que le retard est certainement le plus important.

jeudi 8 décembre 2016

Les nouveaux usages dans la Smart City

Cette fin d'année est la période des conférences "Smart City" et d'une forte mobilisation des acteurs engagés pour la ville à l'ère du numérique.

Tout d'abord à Barcelone au Smart City Expo World Congress mi-novembre, puis aux Trophées Open Data France dans le cadre Forum des Collectivités Locales, la semaine suivante au Forum Smart City à Paris, et la semaine d'après la Smart City s'est invitée à Pollutec, le salon de l'innovation environnementale, pour rappeler les liens entre la transformation numérique et la transition énergétique.

Cette semaine c'était au forum Smart City à Toulouse organisé par La Tribune où la métropole faisait le point sur l'avancement de son projet d'Open Métropole.  Et puis c'est sans compter les événements qui arrivent comme le congrès Véhicules autonomes et Ville de demain, celui des Interconnectés à Lyon ou le sommet qui réunit à Paris le Partenariat pour un Gouvernement Ouvert, initié par Barack Obama, et où les villes (appelées les "gouvernement locaux") prennent de plus en plus d'importance.



Cette profusion de salons et de conférences est le signe que ce sujet Smart City abordé sur GreenSI depuis cinq ans prend de l'ampleur.

La smart city, ville numérique, ou intelligente selon les humeurs, doit repenser son modèle pour rester durable et imaginer ses usages :
  • à l'ère du numérique et du tout connecté,
  • de sa taille qui explose (En 2050, la population urbaine atteindra 6,5 milliards d'habitants - contre 3,5 milliards aujourd'hui )
  • et de la raréfaction des ressources dont elle est un gros consommateur.
Élus, agents municipaux, opérateurs de services publics ou privés, associations, citoyens... doivent travailler ensemble pour partager différemment l'espace urbain et surtout l'espace numérique qui s'ouvre avec l'explosion des accès à internet des personnes, des machines et des objets. Ce sont des accès et une architecture qui progressivement va décloisonner les systèmes d'information de tous ses acteurs et encourager la donnée à y circuler de plus en plus librement.


Dans ce contexte, si vous êtes le DSI d'une agglomération de communes (qui fédèrent de plus en plus l'informatique des villes), vous savez que votre système d'information a quitté le périmètre des services internes et qu'il s'est déployé plus largement sur le territoire. On peut penser aux points d'accès Wifi dans les lieux publics, les systèmes de signalisation (feux rouges...) et de télésurveillance pilotés centralement, ou les services aux citoyens et aux entreprises désormais sur internet et sur mobile. 

Et puis ceux qui ont recruté des RSSI commencent à se pencher avec effroi sur les réseaux, les capteurs, et les objets connectés qui se déploient sans contrôle...

Il y a des signes qui ne trompent pas et la DSI de Toulouse Métrople vient juste d'annoncer sa réorganisation en Direction du Numérique et tient un stand au salon Smart City. Belle prise de conscience par les élus de cette position majeure du numérique dans la ville et pour son évolution.
 
Vous savez aussi que vous ne contrôlez plus seul le système d'information de votre ville à l'ère du numérique. De multiples acteurs, comme les opérateurs de services de la ville, déploient eux aussi sur le territoire des réseaux bas débit, des points d'accès, des applications de supervision ou d'optimisation, généralement dans le Cloud, qui contribuent à ce système d'information global de la Smart City.

Et puis il y a les citoyens, qui ont de plus en plus leur mot à dire, soit via la CivicTech qui cherche à leur donner la parole pour la gouvernance de la ville (ou du pays), soit via de multiples lieux d'expérimentation où certains services sont désignés pour eux et parfois par eux dans des laboratoires d'usages. Pour ne citer qu'une startup, Coovia avec son co-voiturage développe l'offre de transport locale. Les collectivités l'ont bien compris et sont très motrices pour faire émerger ces lieux et les idées sur leurs territoires. Mais le niveau national y prête aussi attention puisque Axelle Lemaire a d'ailleurs inauguré cette semaine le premier incubateur français dédié à la Civic Tech et a reconnu qu'il pourrait accélérer la transition démocratique vers une société plus ouverte.
La ville est devenue un système complexe qui cherche son système d'information et surtout son architecture pour que les données y circulent librement entre toutes les parties.

La gouvernance de ce système d'informations ne sera pas simple !
Pour GreenSI elle va certainement ressembler aux modèles qui se mettent en place dans le digital, où la transversalité et l'ouverture des systèmes n'est pas une option mais un socle fondamental. Le DSI d'une agglomération va devoir devenir aussi un "Chief Data Officer" ou un "Chief Technology Officer", pour faire circuler les données et fédérer tout l'écosystème impliqué dans le système d'informations de la ville.

Quand on parle d'usages à l'ère du numérique et du tout connecté dans les 5 prochaines années, il ne faut pas en rester aux applications de signalement de problèmes quand un citoyen signale un encombrant ou un éclairage défectueux. Les prochains usages à imaginer vont inclure des robots et de nouvelles façon de penser la circulation et les habitations dans les agglomérations et de les équiper.

Prenons pas exemple la voiture autonome qui sera utilisée en complément du covoiturage et des seules lignes de transports. Elle aura de multiples impacts en milieu urbain comme le développement "d'arrêts minute" au lieu de places de stationnement comme aujourd'hui, de plateformes de données "multi-modales" pour optimiser l'ensemble des moyens de transport entre opérateurs, et certainement des besoins importants en électricité, la source d'énergie de ce type de véhicule.

Certains plus conservateurs pensent que l'horizon de la voiture autonome est 2030, mais on peut noter qu'elle est déjà annoncée sur circuits fermés et domaine privé, par exemple sur des campus étudiants ou dans des parcs d'activités. A Toulouse, lors de la table ronde sur les impératifs de la mobilité à l'heure de la Smart City, le Président de la Régie de transport Tisséo à annoncé avoir déjà un responsable véhicule autonôme et déjà étudier des expérimentations pour prolonger l'offre plus traditionnelle de transports en commun. 

De l'autre côté de l'Atlantique, dans un courrier adressé à l'Agence fédérale de sécurité routière, Apple vient d'officialiser ses intentions de développer un véhicule autonôme. De quoi relancer le sujet et peut être accélerer les calendriers de la future Administration Trump.

Dans ce contexte, l'acteur dans les services de la ville qui sera le plus compétent techniquement pour coordonner ces nouveaux usages et penser l'ouverture de ces nouvelles infrastructures est certainement à la DSI. Un rôle dont GreenSI est convaincu mais qui n'est pas encore perçu par toutes les collectivités. Côté métiers, la coordination des projets et la transversalité nécessaire entre services va demander de nouveaux rôles, à l'image du développement du "Chief Digital Officer" pour aborder le changement de modèle des entreprises avec le digital. La gouvernance du numérique dans les collectivités est certainement à l'aube de grands changements.

La voiture c'est donc pour dans moins de cinq ans mais voici un autre projet en test cette semaine à l'échelle d'un territoire plus petit, mais au trafic très important, la gare.

La SNCF a décidé de déployer un robot pilote (BARYL) à la Gare de Lyon (du 5 au 10 décembre 2016) pour récupérer les déchets des voyageurs. Mais au-delà de l'enjeu capturé par le slogan "Si vous n'allez pas à la poubelle, c'est la poubelle qui viendra à vous" et des 2 tonnes de déchets par jour produits en gare, GreenSI ne peut qu'applaudir cette initiative très pertinente pour étudier le comportement de robots parmi des humains pour opérer un service de la ville.



BARYL c'est une poubelle intelligente qui sait repérer des signes que vous lui faite pour qu'elle vienne vers vous. Si ça vous rappelle une console de de jeu de c'est normal, c'est un capteur Microsoft Kinect à l'intérieur ;-)
Elle se faufile dans le trafic, évite les obstacles, remercie à sa façon avec des sons et de la lumière quand lui donne un déchet et sait aller trouver un agent pour être vidée. Elon Musk aurait certainement pensé à ce qu'elle se vide toute seule, mais on reste France, "step by step" ;-) 

Et puis demain GreenSI imagine bien des BARYL spécialisés pour détecter les canettes ou les papiers et améliorer le tri sélectif et transformer la gare en producteur de ressources via le recyclage plus performant des déchets collectés.

Mais BARYL c'est aussi une démarche de design pertinente pour tester et mettre à l'échelle les nouveaux usages de la ville de demain. L'idée est venue de la SNCF (Gares & Connexions) par analyse de sa problématique de propreté en gare (critère majeur de satisfaction des clients). Puis elle a été designée par un bureau d'études spécialiste des espaces fréquentés par les foules à toutes les échelles (AREP Design Lab). Enfin, la solution technique a été imaginée par une startup (Immersive Robotic) qui a prototypé pour la SNCF l'exemplaire opérationnel de BARYL, nécessaire à l'expérimentation.
Ces exemples laissent apparaître que les villes, mais surtout notre façon de "travailler la ville", sont en profonde mutation.

La ville est un système complexe avec un écosystème d'acteurs et de compétences, dont les relations se multiplient à l'infini, et qui cherche son système d'informations pour lui permettre d'être plus efficient et moins consommatrice de ressources. 

Dans ce système d'informations, la filière système d'informations des collectivités locales tient un rôle clef pour fédérer les compétences et faire inter-opérer les technologies, pour cette ville opérant avec un modèle d'un nouveau genre. Mais pour cela, elle devra adopter les nouvelles approches agiles du numérique, se penser en organisateur du SI, pas toujours en "faiseur", et exploiter au mieux les nouvelles possibilités offertes par le code des marchés publics pour innover avec dans un écosysème de compétences. 

C'est d'ailleurs peut être ce dernier point qui sera le plus complexe...

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jeudi 1 décembre 2016

Le futur de l'industrie et l'industrie du futur

"Le numérique c'est le futur de l'industrie et l'industrie du futur", comme le disait il y a déjà quelques années le président du Syntec Numérique.
L'industrie du futur, quand on est un lecteur régulier de GreenSI, on en doute pas : que ce soit avec la création d'emplois de la filière informatique qui n'a jamais flanché depuis les années 80, ou l'émergence partout de nouveaux métiers devenus nécessaires avec le numérique. Le numérique est une industrie qui exploite les gisements de données de la planète en y valorisant les inefficacités qu'elles révèlent.

Une illustration cette semaine avec une étude du très sérieux Boston Consulting Group démontre que, en France, la création de 22 000 emplois a été réalisée dans le seul domaine des chauffeurs de VTC, avec un potentiel de dizaines de milliers d'autres d'ici à 2022 (si la réglementation ne verrouille pas l'offre). 

On a souvent dit que le numérique cannibalisait totalement d'autres industries comme la Musique ou l'Edition par exemple. Aujourd'hui, on sait que la réalité est que ces industries ne sont pas transformées pour adopter le numérique et qu'au contraire elles ont cherché à en faire "un truc de plus" et surtout "un truc en dehors". Le résultat est celui que l'on connaît avec une chute des ventes et surtout la pérennisation des nouveaux acteurs qui se partagent maintenant une grande partie des profits.

Depuis, l'industrie de la Musique à compris que les plateformes, les consommateurs, leur expérience, et les modèles "à la demande" étaient les piliers d'une nouvelle économie dont elle s'est mise en dehors toute seule, et cherche à revenir dans le jeu. 

Le secteur industriel n'échappera pas non plus à la révolution numérique. 
 

Cette semaine, La Fabrique de l'Industrie, le think tank co-présidé par Louis Gallois, publiait "L'industrie du futur: une compétition mondiale" pour parler en réalité du futur de l'Industrie.
Le numérique est l'avenir de l'industrie !


Un rapport qui visait certainement les candidats à la primaire de la droite et du centre pour la Présidentielle de 2017. En France, l'Industrie a été moins concernée que d'autres par la révolution du numérique et sa nouvelle économie, mais l'évolution technologique aidant, le numérique ne transforme plus que l'interface avec les clients ou le monde des services, il commence à aborder aussi la transformation des processus de fabrication des produits.

Les "num labs" et autres "cantines numériques" où de nouveaux modèles naissaient sont maintenant rejoints par des Fablabs où le prototypage et la petite série est mise à la portée de ceux qui ont des idées pour imaginer de nouveaux produits, dont beaucoup connectés et utilisant le Cloud. On va observer la même vague de transformation des produits que l'on a connu avec les applications; une tendance qui a commencée avec les objets connectés.

Sur GreenSI, on a déjà abordé les promesses du BIM - Building Information Modeling - quand l'industrie de la construction se voit collaborer autour d'une maquette numérique, de l'idée du bâtiment à son exploitation.

On a aussi exploré le plan "Industrie 4.0" d'Angela Merkel, une politique visionnaire, qui a compris il y a plus de 6 ans qu'il fallait stimuler la vision du futur de l'industrie allemande pour la transformer et essayer de garder l'avantage compétitif qu'a l'Allemagne en ce domaine. Le chiffre 4 faisant référence à la quatrième révolution industrielle après la vapeur, l'électricité, l'électronique et l'informatique. Un plan Industrie 4.0 qui avait bien identifié le risque de ne pas digitaliser des pans entiers des processus de fabrication et d'attirer les GAFAs Américains à la recherche d'inefficacités, quand de l'autre côté du sprectre concurrentiel les Chinois et les Coréens produisent moins cher avec plus de qualité.


Un plan, mais aussi la vision d'usines connectées, flexibles et intelligente (smart), permettant à la fois la personnalisation des produits et leur production de masse, avec l'utilisation intensive de robots configurables à la demande et de plateformes de collaboration. Le numérique est bien au coeur d'une bataille géopolitique pour la compétitivité des Etats.

Dans ce contexte, le plan "Industrie du futur" engagé en 2015 (initié en 2013) pour accélérer la transformation de l'outil de production du tissu industriel français, et son volet d'accompagnement des entreprises françaises, est bien sûr essentiel, au moins pour rester dans la course.

Comment réorienter de façon efficace la recherche publique et les formations d'ingénieurs, reconnus mondialement, là où se passe cette bataille c'est-à-dire dans les PME et les ETI ?

Les technologies "transformatrices" sont connues, et évoluent à grande vitesse: robotisation, simulation, internet industriel des objets (IIoT), imprimantes 3D, analyse prédictive... comme l'a analysé le Boston Consulting Group dans une autre étude sur l'Industrie 4.0. Elles doivent maintenant reconfigurer les chaînes de fabrication et les business modèles des PME françaises...


Mais au-delà de ces technologies, c'est bien leurs connexions qui va décupler leur capacité de transformation, à un moment où GreenSI voit l'architecture des systèmes d'information adopter de nouveaux paradigmes dont l'industrie et les systèmes complexes peuvent bénéficier.
  • le Cloud est devenu la plateforme de collaboration par excellence.
  • On sait aujourd'hui gérer et piloter du quasi temps réel sur internet. Ceci va profondément changer les systèmes de pilotage des chaînes de production installées souvent localement.
  • Les architectures orientées messages (comme Twitter) sont matures et permettent des fonctionnements sur la base d'abonnement et de publications a des chaînes de messages (au lieu de requêtes dans des bases de données), qui simplifient la coordination dans les systèmes complexes répartis.
  • L'open source est le socle des architectures les plus robustes et les plus réparties
Cette année, SEB a dévoilé une stratégie pour son support après-vente et la gestion des pièces détachées qui illustre cette nouvelle façon de penser avec le numérique.

Là où l'industrie a pensé pendant des années "panne implique remplacement" et a cherché à réduire ses coûts de production pour sans cesse remplacer les modèles, SEB - le spécialiste du petit électroménager - pense "panne = réparation + services". Un paradigme qui semble promis à un bel avenir quand on intègre le coût du recyclage des produits et la raréfaction des matières premières notamment des métaux rares. Et puis, en consultant des bases d'objets 3D en open source, on y trouve déjà des pièces d'équipements SEB comme cette partie de mixer, réalisé par un client.

Et justement les technologies transformatrices peuvent réaliser ce nouveau paradigme avec une maîtrise de l'impression 3D, et de ses progrès à venir, pour avoir la capaciter à imprimer plus de 20.000 pièces détachées dès 2017, allonger ainsi la durée de vie de ses produits et offrir plus de services à ses clients.

Une impression 3D qui demande à SEB de constituer la base des modèles numériques de ses pièces imprimables en 3D et de mettre en place une organisation pour les fabriquer les imprimer, au plus près de l'appareil à réparer quitte à revoir totalement sa logistique et réduire ses stocks. Enfin, SEB s'est associé à une jeune start-up, Pollen AM, pour accélérer sa maîtrise de ces nouvelles technologies, ce qui montre qu'un effet indirect de développer la #FrenchTech sur les territoires est peut-être aussi d'irriguer ses innovations dans les entreprises établies.

C'est bien ce type de transformation où l'industriel prend l'opportunité de se repositionner sur la chaîne de valeur qui est encouragé par ce rapport.



Il ne faudra donc pas non plus négliger l'adaptation des compétences. La modernisation de l'industrie peut déjà commencer avec l'offre technologique actuelle.

Le Made in France a finalement plus d'avenir qu'on ne le pense si l'Industrie sait négocier le virage numérique à prendre. Les atouts de la France sont d'avoir de réelles compétences dans l'industrie du futur, le numérique, qui ne demandent qu'à être mises au profit du futur de l'Industrie.
Un futur que vous pourrez explorer la semaine prochaine au salon Smart Industries. 


L'humour de ceux qui aiment le numérique