mercredi 19 octobre 2016

Une semaine chez les GAFAM

Ce fut une semaine chargée pour l'actualité de l'univers numérique que nous construisent les GAFA, devenus GAFAM récemment - rejoints par Microsoft après son rachat de LinkedIn.
Un univers numérique auquel on se connecte de plus en plus avec son smartphone, et dans lequel les GAFAM aimeraient bien que la planète y passe encore plus de temps et soit encore plus en "ambiant", en contact permanent avec eux. L'internet n'a jamais aussi bien porté son nom : la toile...

Cette semaine de nouveaux fils ont été tissés par les GAFAM pour l'agrandir et la densifier, c'est le thème de ce billet.

Lundi 3 octobre

Facebook a annoncé un nouveau volet de sa stratégie avec sa "Marketplace".  Une plateforme de vente et d’achat d’objets entre membres du réseau social. Les CraigslisteBay ou Amazon, doivent certainement peaufiner leur réponse, car une fois l'internaute pris dans la toile Facebook à échanger et consulter des vidéos, sans surprise Facebook leur propose d'y rester un peu plus longtemps pour leur achats collaboratifs.
Pour l'instant le paiement et la livraison se font en dehors du réseau, mais n'oublions pas que Facebook a lancé en 2015 une plateforme de paiements entre membres du réseau...

Mardi by Google

Ce mardi c'était la conférence "MadeByGoogle". Une nouvelle tentative pour Google, après de multiples échecs (relatifs), d'étendre la toile avec des équipements connectés au plus près du grand public : un nouveau smartphone (Pixel), un assistant vocal dans la maison "Google Home", un casque virtuel le "Daydream View", une nouvelle Chromecast et un routeur wifi.
C'était aussi la refonte de sa stratégie de marque de Google avec un "G" multicolore qui permettra d'identifier ces produits et ne pas les confondre avec ceux qui ont une pomme croquée à la place. Finalement G, déjà utilisée par Gmail, est la première lettre de l'Alphabet ;-)


Cette fois Google met de son côté un nouvel atout que peu d'entreprises ont : ces objets sont connectés à une intelligence artificielle pour doper les capacités d'interactions. À la clef, développer de nouveaux usages qui les ancreraient dans le quotidien des internautes. 

Cette sortie est une attaque frontale d'Amazon Echo, le produit intégrant l'assistante virtuelle Alexa, maintenant disponible en Grande Bretagne depuis quelques semaines. Avec Google Home on pourra obtenir la consultation de base de données externes comme la météo, écouter des morceaux de musique, organiser un rendez-vous,... le tout en langage naturel.
L'extension de la toile a un leitmotiv annoncé pour les GAFAM : être au service des humains pour en faire un monde meilleur. Mais pour l'instant ce sont eux les décideurs de ce qui est bon pour nous. Alors pour que ce soit un peu plus acceptable, l'association qu'ils ont créé pour l'éthique en Intelligence Artificielle a prévu de fixer les gardes fous qui seront respectés par tous. C'est déjà un début...

Reconnaître la voix humaine sera certainement demain une fonction standard dans les systèmes d'information des entreprises en relation avec leurs clients. 

Mais il faudra certainement la payer à l'usage, en s'abonnant aux plateformes des GAFAM ou de quelques autres acteurs très pointus. On voit ici un lien intéressant entre le B2B et le B2C à l'avenir. Les GAFAM testent à grande échelle des fonctionnalités avancées qu'ils rendent ensuite disponibles sur leur plateformes cloud B2B, à disposition des entreprises. Des fonctionnalités d'intelligence artificielle de Microsoft Cortana ou d'IBM Watson sont aujourd'hui déjà disponibles sur Azure ou Bluemix.
Mardi c'était aussi le lancement du salon Microsoft Experiences, avec Satya Nadella sur scène à Paris pour nous parler de sa vision de la transformation digitale : cloud, mobilité, relation client (dont bots) sans oublier la bureautique collaborative. Bref, une transformation qui passe par les nouveaux axes produits de Microsoft que vous aurez tous reconnus. Pour GreenSI Satya Nadella est un visionnaire qui a certainement remis Microsoft sur les rails de l'innovation, mais parfois il se transforme en VRP de luxe qui pitch ce qu'il a sur étagère...

Mercredi, je réinvente ma marque

Mardi et mercredi à Paris c'était aussi le HUBFORUM, pour faire le point sur la transformation digitale des marques et où étaient présents... Google et sa filiale Waze,MicrosoftAmazon ! C'est sûr que quand on contrôle l'accès à des centaines de millions de personnes, on peut facilement le valoriser auprès des marques et des entreprises dans une logique classique de média. 

Mais les marques doivent aussi se réinventer et être là où sont leurs clients. On assiste à une bascule des actions vers moins de "promesses" via les médias et plus d' "expérience" avec leurs clients, ce que permet plus facilement le numérique. Internet n'est pas qu'un média mais bien un monde en expansion à explorer, où il faut suivre ses clients.

Les marques entrent dans l'univers de la donnée et de la relation pour créer des parcours personnalisés et offrir des services intuitifs.Voyages-sncf et Pizza Hut, témoignaient que l'intelligence artificielle et les assistants personnels sont des voies d'avenir à explorer pour créer ces nouvelles expériences. Les grandes entreprises ont finalement les mêmes priorités que les GAFAM.

Jeudi, je découvre la valeur d'une marque

Jeudi a été publié le classement Interbrand de la valeur des marques. Sans surprise AppleGoogle et Microsoft continuent de truster les premières places (dans le top 4).

 


Et devinez qui a eu la plus forte croissance ? Amazon et Facebook, le compte est bon !
 

Mais cette année la surprise est venue d'Axa qui fait une belle progression et rentre dans le classement des 100 premières marques et 1ère marque mondiale d'assurance. AXA, qui a depuis plusieurs années amorcé sa transformation digitale, a ouvert ses Labs à travers le monde ces dernières années (Data Innovation Lab à Paris depuis 2014), créé un incubateur d'innovations technologiques,  noué des partenariats stratégiques avec LinkedIn et Facebook, et récolte certainement ici les bénéfices de sa stratégie.

La France a cinq sociétés dans ce classement, toutes des marques de luxe et aucune marque technologique. Ce qui d'ailleurs est cohérent avec le fait que le secteur de la mode et du luxe est très dynamique en France (1.7% du PIB, selon une étude de l'IFM) mais surtout sa contribution à l'économie nationale est plus importante que l'aéronautique ou l'automobile. De quoi certainement alimenter la réflexion sur la pertinence de la stratégie industrielle française, très axée sur l'industrie "hardware" et moins "software".

Jeudi c'était aussi la conférence d'Occulus Rift, la filiale de réalité virtuelle (VR) de Facebook, où Marc Zuckerberg s'est déplacé pour la keynote et pour s'interroger en public. C'était à la manière de Steve Job (qui avait annoncé l'iPad de cette façon), sur le produit VR qui ferait le lien entre le Samsung Gear (sur mobile) et l'Occulus Rift (sur PC "hyper gonflé"), deux produits trop chers pour pouvoir être abordables par tous.

 
Cette question serait le signe d'un produit grand public en préparation, non lié au smartphone ou au PC et abordable ? En tout cas c'est ce dont aurait besoin un Facebook pour étendre sa toile auprès de plus d'utilisateurs, pas tous encore prêts à payer des milliers de dollars pour jouer dans les mondes virtuels que Facebook leur prépare.

Vendredi, David contre Goliath

La société française Nexedi a annoncé ce vendredi sur son blog qu'elle déposait plainte contre Apple !

Elle accuse Apple d'imposer un rapport de force déséquilibré en refusant que d'autres navigateurs puissent être exécutés sur iOS,alors que son moteur WebKit est en retard dans la prise en charge des standards HTML5, ce qui lui impose d'adapter (et de maintenir) son logiciel ERP5 spécifiquement pour Safari/iOS. Elle n'est bien sûr pas seule dans ce cas.

Une bataille qui a donc l'air moins anecdotique qu'il n'y paraît à l'ère du Cloud, puisque le navigateur et sa compatibilité HTML5, conditionnent le développement de tous les portails et applications dans le monde professionnel. L'interdiction par Apple de proposer sur iOS un autre navigateur que le sien est clairement devenue un frein à l'utilisation des produits Apple en entreprise. Mais Apple compte plus sur l'adoption inconditionnelle des partisans de sa marque que sur le respect de standards partagés...

Selon le site HTML5test.com, sur 555 critères de compatibilité, Safari (iOS) obtient une note de 370, très loin derrière Google Chrome(492), Firefox (461) ou même Microsoft Edge (460) qui a fait un "bon de compatibilité" très récemment.  Par exemple, Safari ne reconnaît toujours pas le standard WebRTC qui permet d’utiliser des services de visioconférence, ne supporte pas non plus le format vidéo webm car veut imposer le H.264


Une semaine certainement comme beaucoup d'autres pour les GAFAM, avec une émulation certaine entre eux.
Une semaine qui donne le vertige sur la vitesse d'évolution du monde numérique et des nouveaux territoires qui s'ouvrent sans cesse. Des territoires vierges, où l'expérience utilisateur est essentielle et où les marques se renforcent comme nulle part ailleurs dans le monde réel.
Mais aussi des territoires où il faudra être prudent et décider d'en rejeter certains attributs qui en ferait des prisons. GreenSI a l'optimisme de croire qu'avec le temps, la force est toujours du côté de la multitude, pas des géants qu'elle a elle même créé en leur confiant ses données.
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