lundi 2 novembre 2015

Innover en startup ou en entreprise: une question d'équilibre ?


Cette semaine GreenSI a été invité à la soirée de sortie des startups accélérée au NUMA, le "Demo Day".
Une soirée qui s'est tenue cette année dans la superbe salle Gaveau à Paris. Victimes de leur succès, les locaux du NUMA ne sont plus assez grand pour recevoir les participants et surtout le contingent d'investisseurs et de responsables innovations en  entreprises, venus voir le résultat de 4 mois " d'accélération" des idées décapantes de ces startups.

Pour GreenSI, le résultat auquel on arrive en 2015 est assez impressionnant. En effet toutes ces startups mixent plateforme SaaS, business modèle et services innovants, pour se faire une place dans la nouvelle économie. Une soirée très inspirante (cf. Ces startups dont la DSI devrait s'inspirer) dont je vais partager mes impressions dans ce billet.
Le NUMA a été créé en 2011 en mode associatif. Mais depuis 2015 il a levé des fonds via une opération de crowdfunding (1M€) et auprès d'investisseurs (Maif, Roland Berger et Leroy Merlin - 3M€) pour se développer à l'international (déjà Bengalore, Casablanca, Moscou) et déployer son modèle.
Le NUMA c'est d'abord un lieu, mais surtout un réseau (250 mentors) et une autre façon de penser l'innovation. C'est un endroit fréquenté par GreenSI (depuis La Cantine le lieu précédent) car le numérique s'y développe avec les startups et les geeks savent que la Force y est puissante ;-)
Son programme "d'accélération" a déjà transformé 104 startups, dont 85% sont encore actives. Jeudi soir ce sont 20 jeunes pousses de 2 à 10 personnes qui ont pitché sur scène en 3 min chrono leur offre, les premiers résultats commerciaux, et leur business modèle. Elles ont ensuite lancé un appel à financement de 400-500k€ dans les prochains mois pour les aider à poursuivre leur développement. Le retour des années précédentes montre qu'en général elles obtiennent ce financement en quelques mois.
Cette année on a pu assister, entre autres, à la découverte de Skippair, le premier site de location où on choisit son skipper et non son bateau ; PandaScore qui se voit comme le "Reuters du e-sport", cette nouvelle industrie de la compétition avec des jeux en ligne qui cherche ses référentiels de données ; ou encore VocalApps qui veut révolutionner la prochaine version des objets connectés et robots domestiques, avec la commande vocale.
Les méthodes du NUMA, reprises par d'autres incubateurs, sont pour l'entreprise des armes "non conventionnelles"... voire interdites!
Tout commence par une "washing machine" d'un mois dont l'objectif est de trouver 25h par jour pour confronter son idée à l'eco-système de mentors et startups déjà en place. À l'issu de cette étape il y a peu de chances que l'idée initiale soit toujours la même car elle a été améliorée pour trouver le "bon angle d'attaque" du marché. Ensuite, pendant 3 mois avec un rythme hebdomadaire, vont s'enchaîner des "cérémonies" (market-place, workshops, CEO Diner,...) sous le regard bienveillant du "lead mentor". Le NUMA leur met aussi à disposition des experts, véritables services support de ces jeunes pousses : Chief Technology Office, User eXperience, Data et CFO.

À l'issu de ces 4 mois ces entrepreneurs ont un produit (au moins prototype) qui est opérationnel sur au moins un marché, permettant d'avoir des retours clients, et sont de plus capables d'aller décrocher des investissements. Oui, oui, en quatre mois...

Difficile dans l'entreprise pour un porteur de projet d'avoir en si peu de temps une rencontre avec toutes les autres directions, un support de la DSI et des Finances, et un agenda aussi chargé en business développement qu'en développement informatique.
Donc vous l'aurez compris c'est surtout le temps que l'on accélère au NUMA !
Le parallèle avec la démarche agile est aussi très fort.

On y retrouve le rythme, avec ses temps, ses cérémonies et ses répétitions qui permettent l'amélioration continue (cf Et si le "lean" était la voie de la transformation digitale). Le "demo day" est directement inspiré de la démo faite régulièrement au "product owner" auquel le "lead mentor" emprunte certains aspects, mais aussi le décloisonnement des compétences pour mixer business et technologie. Enfin les experts, en plus des financiers, sont adaptés à un monde numérique: architecture, UX et Data.

Donc sans surprise, ayant accès a cette expertise, toutes les startups ont présenté (et mis en oeuvre) une offre reposant sur une plateforme SaaS sachant exploiter le mobile.

Mais ce qui a beaucoup plu à GreenSI et qui montre l'avance que peut parfois avoir une startup sur l'entreprise, c'est quand le fondateur de FoodmeUp, site de recettes pour professionnels, nous explique son business modèle.
Trois sources de revenus, l'abonnement (45M€), les produits dérivés (35M€) et... les APIs. La valorisation des APIs  (15 à 200M€) étant potentiellement supérieure aux deux autres. Alors là bravo !

Soit Sébastien Vassaux a lu le billet de GreenSI publié lors de la dernière API Connection (Les APIs au coeur de la valorisation de l'entreprise numérique), qui traitait d'ailleurs du "food", soit les startups sont clairement en avance dans leur façon de penser sur l'entreprise. Et c'est bien cette dernière option qui est privilégiée par GreenSI. En effet, ceux qui ont développé des plateformes API savent combien il faut faire des efforts pour en expliquer les enjeux stratégiques sous-jacents aux directeurs. 
Tout  cela est sans oublier qu'un fondateur de startup est aussi un DG membre du Comex de sa (petite) société ! Là, vous avez compris la capacité et la vitesse d'une startup à orienter son modèle dans un monde numérique...


Innover autrement en entreprise

Est-ce que cette approche peut marcher en entreprise ? Pourquoi-pas ! En tout cas certains essayent, et pas que les grands groupes (cf Oser, explorer, expérimenter les services de demain).
Mais cela demandera un rythme, une transversalité entre Directions, un support technique des équipes intra-preneuses, qui n'existent certainement pas dans la majorité des entreprises. Les Chief Digital Officer, rattachés au plus haut niveau de l'entreprise, peuvent justement jouer ce rôle de "mentor" bienveillant, mais aussi protecteur, pour s'assurer que les idées ne seront pas broyées par la mécanique conservatrice construire dans les processus de l'entreprise.

Et c'est peut être là une différence importante entre startups et entreprises : la startup développe un écosystème qui l'aide à réussir, alors que l'entreprise développe des anticorps qui la protège de toute pénétration non conventionnelle.
Quoi qu'il en soit, dans son nouveau stade de développement, le NUMA fait le pari qu'il peut aussi aider les grandes entreprises à se transformer. Un premier partenariat stratégique a été signé avec le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger pour faire la passerelle avec les Directions Générales des entreprises et la "traduction" de ses méthodes dans le monde de l'entreprise.
Pour le NUMA (et pour GreenSI depuis longtemps), accélérer une startup et innover en entreprise sont les deux faces d'une même transformation numérique.
 


La dynamique est une question d'équilibre

Cette soirée a aussi été l'occasion d'un spectacle sur le thème de l'équilibre.
 
Un message qui s'adresse aux entrepreneurs de cette 7eme saison  qui quittent un environnement, et une zone de confort, qu'ils ont fini par apprivoiser pour aller affronter leur marché. Comment trouver un nouvel équilibre ?
L'équilibre, un autre sujet où la perspective semble différente entre la startup et la grande entreprise et qui nous en apprend sur ce qu'il faut changer d'un côté comme de l'autre pour s'enrichir mutuellement.
 
Dans l'entreprise on aime à penser, comme Albert Einstein, qu'il faut avancer pour garder l'équilibre. C'est rassurant car l'entreprise est déjà en train d'avancer. L'entreprise est donc guidée par la peur de tomber et tout le monde est concentré sur le maintien de sa trajectoire.
La plus petite idée de déséquilibre au sein d'un service est rapidement balayée si elle n'est pas réalisée hors de la ligne de visibilité du management, ou supportée à haut niveau. Avec le recul, créer des déséquilibres est souvent le talent des dirigeants qui ont réellement influencé leur entreprise et marqué leurs salariés.
La perspective de la startup est forcément différente. Contrairement à l'entreprise, elle doit démarrer et accélérer pour se développer. Elle sait que le meilleur moyen d'avancer n'est pas l'équilibre mais bien sûr le déséquilibre !

Regardez un départ de 100 mètres en athlétisme et vous comprendrez que c'est bien le déséquilibre qui nous pousse en avant et nous fait avancer, une jambe après l'autre pour ne pas tomber.
Alors course à pied ou bicyclette, à vous de choisir la méthode à impulser à vos activités et à vos équipes, et si vous en avez l'occasion allez prendre un café à l'accueil du NUMA pour y chercher l'inspiration et la rencontre avec des entrepreneurs.
Si, si, le NUMA ça fait même le café !
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