Quand soudain un "ovni" est apparu: Helixee.
Mais avant de vous en parler, revenons sur Kickstarter. Cela fait déjà plusieurs années qu'en cette période de préparation des budgets de l'année suivante, je compare le processus interne des DSI avec celui des startups. Dans les deux cas, à la clef, on retrouve le financement d'un projet censé rapporter un retour sur l'investissement, si on évite la facilité des projets réglementaires du type "on a pas le choix".
Mais la démarche pour y arriver est totalement différente entre la startup et la gouvernance SI.
Et si on s'inspirait des startups pour financer les projets SI ?
En entreprise, beaucoup d'énergie est dépensée dans le formalisme du processus, généralement avec des fiches projets plus ou moins détaillées, et moins dans les travaux préparatoires comme la conception. Mais ce qui consomme le plus de temps en discussions (et de facto d'argent), c'est l'arbitrage final entre projets puisque l'enveloppe allouée aux nouveaux projets SI est fixe. Pour décider quel projet retenir, on part souvent de... pas grand chose : au mieux, une étude d'opportunité quand la Direction métier a bien préparé son investissement.
Les études de conception de l'application, de sa contribution à l'architecture (qui est un avantage concurrentiel dans une économie numérique) sont généralement incluses dans le projet, donc non prises en compte dans la décision car elles ne seront réalisées que si le budget est accordé.
En "mode startup", l'attention est sur le "proof of concept" et la communication envers les futurs utilisateurs pour qu'ils plébiscitent le projet, voire qu'ils le finance. C'est là que des plateformes comme Kickstarter ou Indiegogo jouent un rôle. Car non seulement ceux qui pré-commandent sont importants pour financer une première série du produit, mais ceux qui donnent quelques euros pour supporter l'idée indiquent le potentiel des clients qui seront prêt à commander une fois le produit sorti. Et pour réussir cette étape rien ne vaut un bon prototype dont la conception est terminée et prêt à être fabriqué.
Ensuite en entreprise, une fois le projet financé, il est sur sa trajectoire et devient "intouchable". Dans certaines DSI, il peut même bénéficier d'un statut "projet en continuité" qui l'exempt d'être à nouveau discuté ou remis en question l'année suivante. La décision initiale avait été prise pour plusieurs années, ce qui dans l'économie numérique actuelle est finalement assez prétentieux. Le plus intéressant c'est quand un projet a accouché d'une première version (appelons-la prototype) qui met du temps à s'installer auprès des clients, et qu'à l'horizon un nouveau paradigme arrive et va remettre en cause certains choix fondamentaux. La gouvernance SI incite à poursuivre le déploiement et non à le remettre en question. C'est vraiment en cas de crise majeure qu'un projet est arrêté car il y a rarement de processus systématique de revue des objectifs, de leur atteinte, voire de retour sur expérience du projet.
Côté Startup, le projet terminé, ce sont les premiers clients qui sont livrés, et c'est là que tout commence. Tout en gérant les évolutions, la même équipe va maintenant chercher a conquérir au plus vite les clients potentiels et développer avec eux de nouveaux usages ("growth hacking") pas toujours imaginés au départ. La survie économique du modèle, et le financement d'une nouvelle étape de développement reposent sur ces résultats. La motivation de tous est donc extrême. Et si les résultats ne sont pas au rendez-vous, ce sera la fin de l'aventure et l'envoi d'un email de remerciement aux clients de leur avoir fait confiance.
Vous allez me dire et alors?
Ce sont deux mondes séparés et votre sujet de l'année à la DSI c'est par exemple de financer le projet "Notes de frais", déjà décalé les deux années précédentes, et estimé par vos fournisseurs à 390 000 euros. Mais savez-vous que la start-up française Birdly, spécialisée sur les solutions de gestion de notes de frais innovantes (API, smartphone, #Slack...), vient de boucler sa première levée de fonds de 312 000 euros auprès d'investisseurs privés pour accélérer le développement de sa solution en entreprise ? La comparaison interpelle !
Dans un cas vous créez une nouvelle application qui va consommer 20% de son investissement chaque année en coût récurrent, et vous n'obtiendrez votre ROI au bout de 5 ans que si vous traitez réellement plus de 3000 à 5000 notes de frais par an et que vous supprimiez réellement les ETP qui étaient en charge de ça. Elle sera conçue pour être intégrée "pile-poil" a vos outils ce qui en limitera sa réutilisation, même au sein de l'entreprise si on suppose qu'elle ne concernait qu'un service.
En revanche, dans le second cas, vous lancez un business sans vous limiter à la cible initiale, l'application est conçue pour et par les utilisateurs et vous créez une dynamique de revenus autour du SI, jusqu'à en devenir rentable par la croissance (notamment des usages), et non la simple réduction des coûts. C'est certainement ça le sujet de l'entreprise numérique.
GreenSI espère donc que cette comparaison sera une source d'inspiration, tout au moins de réflexions pour toutes les DSI. Mais revenons à Helixee.
Helixee: comment repenser la gestion de fichiers ?
GreenSI a donc détecté un autre "ovni" sur Kickstarter, Helixee, qui va nous permettre d'explorer plus profondément la vision d'une startup sur un problème SI de l'entreprise.Helixee, c'est un objet connecté, conçu par la société Novathings, incluant un disque dur (1 ou 2 To), qui permet de sauvegarder automatiquement les fichiers présents sur les appareils mobiles, sur ce disque local. Mais un Helixee peut aussi être appareillé avec un autre Helixee et l'utiliser comme un appareil de secours.
Helixee est donc un produit :
- au cœur d'un sujet vieux comme la DSI: la sauvegarde et la sécurité des fichiers,
- qui mélange matériel, communication - brevet déposé pour sécuriser les transferts FTP/HTTPS - et logiciel,
- qui est piloté par une application (Android, iOS, Windows et MacOS) et permet donc de se connecter à distance... à son disque local. Helixee c'est votre Cloud, chez vous.
- qui devrait plaire à tous ceux qui se disent que les réseaux sociaux et le cloud ne sont (et ne seront) pas assez sécurisés pour sauvegarder ses données quand on parle de sa vie privée,
C'est vrai qu'Helixee est ciblé grand public, et même famille, car ce sont les usages qui ont été choisis.
Mais il est clair que cet objet connecté a un sens dans l'entreprise quand on voit tous les disques durs portables qui traînent sur les bureaux. Sans compter les situations très particulières (appels d'offres, fusions et acquisitions...) où il est déconseillé d'avoir des fichiers qui traînent sur les ordinateurs que l'on peut voler dans le métro, ou dans les boîtes emails vulnérables, voire pire, dans le cloud public. Le piratage cette semaine du Bureau néerlandais pour la sécurité, qui enquête sur le crash du vol MH17, nous rappelle que nous pouvons tous a un moment ou a un autre, dans nos activités quotidiennes, être des cibles par des hackers et certainement même des Etats dans le cas présent.
Le moto de Novathing, c'est « Redonner du pouvoir aux utilisateurs ». Pour GreenSI c'est certainement aussi un objectif de la DSI autour des postes de travail et des infrastructures, tout en imaginant le moyen de les sécuriser encore plus que lorsqu'on verrouille tout... car dans ce cas, c'est l'utilisateur qui se met en danger sur des outils publics. Quand on parle d'utilisateurs, ça doit être "simple comme 1,2,3" ; ce que parfois on oublie.
Enfin, on voit bien qu'Helixee a été créé en pensant « web » dès le départ, pour avoir un objet universel qui fonctionne avec tous les appareils sur toute les plateformes, sans compromis par rapport à l'objectif de sécurité. C'est un autre paradigme important à l'avenir pour la DSI pour suivre la tendance du Cloud hybride.
Birdly et Novathings nous démontrent donc de façon pratique qu'il y a d'autres façons d'aborder les sujets auxquels la DSI est confrontée. Mais pour arriver à tirer profit de ces nouvelles approches, pour libérer la créativité et peut-être l'entrepreneuriat autour des nouvelles lignes de force que sont le Cloud, la sécurité et les utilisateurs, il va falloir tordre le coup à certaines "croyances" et certains processus, bien ancrés dans la gouvernance des SI.
L'objectif de GreenSI c'est de vous y aider ;-)