dimanche 26 octobre 2014

Entreprise numérique: vers la fin des industries?

Bon je sais, le titre est un peu accrocheur, et l'objet de ce billet n'est pas d'annoncer la fin du monde économique, mais de revisiter la notion "d'industrie" à l'ère de l'entreprise numérique.

Vous savez la catégorie qu'on vous fait remplir dans les formulaires des salons et qui comme moi vous laisse peut être souvent perplexe. 

Quand vous travaillez chez Carrefour dans le Drive (quand on commande sur internet et qu'on se fait livrer dans le coffre de sa voiture via un entrepôt spécialisé), vous êtes dans le e-commerce, dans la distribution où dans la logistique?

Certainement un peu les trois à la fois. En tout cas c'est dans ces trois domaines que les projets, les technologies et les échanges seront fructueux d'enseignements. Les démarches d'open innovation le savent bien, on a beaucoup d'idées à partager entre industries différentes. C'est donc que la notion d'industrie n'est pas si pertinente que ça pour appliquer ces idées.

Mais vous allez me dire que dans un salon spécialisé ce n'est pas grave, car vous avez encore la liberté d'aller explorer les stands que vous voulez. En revanche quand un commercial d'une ESN est assis en face de vous, et vous annonce fièrement en vous tendant sa carte de visite, représenter la division "distribution", vous ne pouvez vous empêcher de vous dire que vous être en train de rater l'expérience de cette ESN en matière de e-commerce et de logistique. Et vous n'avez peut être pas l'agenda assez dégagé pour rencontrer ses deux autres collègues...

A l'heure de l'entreprise numérique,et de la transformation numérique des entreprises traditionnelles, est-ce que cela a encore un sens de classifier les entreprises par industrie?

Voir, d'organiser la force commerciale des ESN (éditeurs hébergeurs, intégrateurs, services...) sur ce modèle. Après tout, un bit est un bit, qu'il représente la qualité de l'eau mesurée en continue, la commande de votre repas du soir ou une publicité sur le web. Ce qui est important c'est pourquoi vous voulez le transporter, le stocker, l'analyser ou le transformer, et pas nécessairement ce qu'il représente.

Prenons un autre exemple chez les constructeurs dans l'industrie automobile.

Le salon de l'automobile 2014 a fermé ses portes le mois dernier. Tout le monde a compris, au travers des annonces, qu'on était rentré dans l'ère de l'usage du véhicule et de l'expérience de son usager. Et que pour cela l'industrie automobile allait déployer de multiples technologies informatiques: accès internet, ordinateur de bord à écran tactile, OS et applications mobiles embarquées en lien avec le Cloud, reconnaissance vocale, et même à terme le pilotage autonome et automatisé relancé par Google il y a déjà un an. Je ne vais plus nécessairement choisir ma voiture sur son moteur mais sur ses services à bord, car selon l'Insee on passe en France en moyenne 55mn par jour dans le véhicule quand on l'utilise pour aller travailler, et que le coût du temps perdu dans les embouteillages est de 6 milliards par an.

Les "constructeurs" automobiles sont donc potentiellement des opérateurs de services. Mais ils pourraient aussi devenir des "exploitants de réseau", à l'image de Tesla qui gère des bornes de recharges rapides. Ou si la tendance est de renoncer à l'usage individuel de la voiture mais a un usage partagé comme c'est même devenu un axe de développement pour les véhicules électriques.

Et quand on commencera a imprimer en masse avec des imprimantes 3D, il faudra aussi revenir sur les certitudes que nous avons autour de la notion de constructeur... 

C'est d'ailleurs dans cette industrie, bien avant internet, qu'une entreprise innovante qui faisait des pneus, est devenu sans aucun complexe, une référence dans le tourisme et la mobilité. Alors pourquoi imaginer que le découpage des industries est figé, et qu'un constructeur restera constructeur?

Regardons maintenant les nouveaux acteurs du numérique promis a un bel avenir comme Nest, qui vend un thermostat intelligent ou Netflix, qui diffuse de la vidéo en streaming. 

Ce sont avant tout des "data companies". 

C'est à dire que leur modèle économique et leur savoir faire est basé sur la capture et l'analyse d'un grand nombre de données. Le thermostat ou la série TV ne sont qu'un domaine d'application. La valorisation est aussi bien du côte du client utilisateur (B2C) que des entreprises qui pourraient bénéficier de ces données (B2B).
Dans le cas de Nest pour délivrer un confort intelligent en fonction des usages et du contexte météorologique, et pour Netflix pour mieux personnaliser le contenu a proposer à chacun, mais aussi pour mieux produire du contenu à succès en connaissant les goûts de ses utilisateurs. Car Netflix est aussi un producteur.
L'inverse est donc vrai,
dans un monde numérique les "opérateurs de services" peuvent devenir "constructeurs" (de contenu).

Ce sera vraisemblablement aussi le cas dans pour les entreprises qui s'engouffrent dans le développement des objets connectés autour de la santé. Rendez-vous en janvier au CES pour en parler.

Alors on peut se demander quelle serait la typologie pertinente dans une économie numérique? 
 

Pour GreenSI c'est la fonction qui va devenir plus pertinente que l'industrie. Mais ce n'est qu'une intuition. Car ce n'est pas si simple que cela quand on voit la convergence entre le marketing et l'informatique autour de la donné et des relations numériques de l'entreprise. Les fonctions dont on parle ne seront donc pas nécessairement celles que l'on a aujourd'hui dans les entreprises.
De là a prédire la fin des salons sectoriels et le développement des salons par fonction, il n'y a qu'un pas que... GreenSI ne franchira pas!

En revanche, il y a certainement des opportunités et des innovations perdues, si vous ne fréquentez que des salons sectoriels qui vous délivrent des solutions clef en main. Car il y a peu de chance que ces startup qui sont en train d'imaginer comment repenser l'expérience utilisateurs et les fondamentaux de votre industrie les fréquentent...

Mais vous, qu'en pensez-vous ?

lundi 20 octobre 2014

La ville sensible, de l'utopie à la réalité... connectée!

Il règne une certaine confusion autour du concept de "ville intelligente" ou "smart city".
Certains y voient des réseaux intelligents (smart grid) faisant la part belle à la technologie pour optimiser leur fonctionnement, d'autres des villes durables (sustainable city) ou des villes numériques (smart city), pour mettre en évidence le déferlement de données capturées et leur analyse, parfois en temps réel. 

Il ne fait aucun doute que chaque projet est unique et qu'une ville comme Masdar, ville nouvelle en plein désert, n'a pas les mêmes objectifs que Barcelone (vidéo) ou Helsinki de la vieille Europe. 

Mais y a t-il des chemins (et des noms) différents pour converger vers un même objectif ou y a t-il autant de types villes que de projets de smart city? 

C'est l'une des questions que s'est posée à Bordeaux pendant la semaine digitale, le réseau Eurocities des principaux porteurs de projets de villes européennes. Il ressort de l'enquête effectuée auprès des différents projets, que les principales caractéristiques recherchées pour la smart city sont l'innovation, l'intelligence et le bien vivre.
 
Le modèle qui est plébiscité, est celui d'une ville "Startup", une ville moteur économique, stimulateur d'innovation et lieu de création humaine.

La technologie (capteurs, données, big data...) y est un catalyseur qui accélère la transformation, et le chemin qui la rend possible, mais la technologie n'est pas la destination du voyage.

Car la smart city tire aussi son intelligence de ses citoyens, en grande partie connectés en Europe, qui par leur implication et leur e-participation, individuelle ou communautaire, donnent une capacité d'adaptation et de résilience renforcée.

C'est le réseau intelligent qui rencontre l'économie du partage.

Prenons l'exemple du transport, la première des préoccupations des citadins.
Une ville peut développer et optimiser son offre de transports publics, mais elle atteindra une limite si elle ne repose que sur la planification d'infrastructures. Elle ne pourra pas aller jusqu'à mettre un arrêt de transport en commun devant la porte de chaque citoyen. En tout cas, même si elle se fixe cet objectif, le coût d'un tel système l'arrêterait certainement avant.
 
De son côté, l'économie du partage part du citoyen qui met en commun ses biens propres, comme sa voiture avec Buzzcar ou un trajet a effectuer avec BlaBlaCar pour ne citer que deux exemples.

Cette offre individuelle est consolidée par la technologie (internet, smartphone, NFC...) et complète defacto le réseau de transport public. Une économie du partage qui repose sur la confiance et créé tout ce qu'il faut pour la renforcer et la mesurer (votes, e-réputation, ambassadeurs...).

Entre les deux modèles, infrastructure ou partage, la ville peut développer un modèle mixte d'auto-partage d'infrastructures, avec chauffeur comme les taxis ou VTC, ou sans chauffeur avec les AutoLib et ou la ZipCar

L'offre de déplacement pour aller d'un point A à un point B de la ville est donc plus riche que ce qu'on pourrait croire en ne regardant qu'une carte des bus ou du tramway. C'est bien l'ensemble de l'offre venant d'un réseau optimisé ou de la consolidation de la participation des citoyens, qui représente l'offre de la ville.
 
Imaginez sortir de chez vous, consulter votre smartphone qui vous indique qu'un de vos voisins part aussi pour son lieu de travail et peut vous déposer. Il ne vous restera ensuite qu'une station de métro que vous pourrez éventuellement faire à pied ou en prenant un vélo partagé. La prévision vous indique qu'a priori 6 vélos seront disponibles au moment où vous arriverez et le temps de trajet pour vérifier que, non seulement vous ne serez pas en retard au travail, mais qu'en plus vous ferez faire des économies à la ville en terme d'émissions de gaz à effet de serre. D'ailleurs la plateforme numérique qui gère le challenge "Déplacez vous durable" , comptabilisera cette économie d'émissions de CO2 pour votre quartier et fera de vous... un héro! ;-)

N'en déplaise aux monopoles publics des régies autonomes et autres syndicats de transports, la multi-modalité devrait maintenant intégrer tous les moyens de transports et pas uniquement les moyens publics. C'est ce que feront les citoyens de toutes les façons, sans se soucier si c'est un service public, privé ou personnel. Ce qui nous amène a une autre caractéristique essentielle de la smart city: l'interopérabilité.
 
Les données doivent pouvoir circuler entre les différents acteurs, entre le public et le privé, entre les services et les citoyens. Le monde physique rencontre le monde virtuel, une réalité "augmentée" par le monde virtuel. C'est une autre façon de voir la ville intelligente. 

Barcelone avec son projet de "City OS", sorte de système d'exploitation de la ville, propose un environnement commun a tous pour se connecter ou utiliser les données de la ville. A l'heure du cloud, cette vision est tout a fait réaliste et même très pertinente quand il s'agit de découpler les systèmes des opérateurs et les applications mobiles des citoyens.

Et le transport ne sera pas le seul secteur concerné. On peut déjà imaginer des développements similaires dans les loisirs, la restauration, l'hébergement, l'accès à internet, la protection de votre domicile, la santé et pourquoi pas même l'énergie.

Bienvenue dans la ville sensible!

La ville est a toujours été un lieu de vie et de partage. La technologie et l'internet, ne font qu'amplifier cela et la transforme en facilitant la participation des communautés, et l'émergence de l'innovation pour imaginer, à la demande, de nouveaux services. 
Avec les citoyens et les communautés en son coeur, la ville est devenue "sensible".
Un terme qui fait référence au laboratoire de Carlo Ratti le directeur du MIT Senseable Lab pour montrer que la ville déploie de nouveaux sens et parfois tout simplement du bon sens. Un terme aussi utilisé par Carlos Moreno autre expert de la ville sensible.
Les citadins, et les entreprises qui les emploie, n'ont d'ailleurs pas attendu la ville pour adopter les technologies et les nouveaux usages de l'internet. Facebook est la troisième plus grande communauté de personnes sur la terre, après la Chine et l'Inde.

Une communauté qui, pour l'instant, ne fait que s'amuser a créer des fermes (FarmVille) et des villes virtuelles (CityVille) mais son potentiel d'agir sur le réel est bien là, si on commence a relier ces univers à des capteurs branchés sur le monde réel et non sur le portefeuille des joueurs.
Car justement, les citadins ne sont pas les seuls connectés.

Les objets connectés se multiplient. Ils sont déjà plus nombreux que le nombre d'habitants sur terre depuis 2008 et Cisco nous en prédit 50 milliards en 2020, soit 7 par être humain. Autant de nouveaux "liens" qui se créent entre le monde réel et le monde virtuel.


La ville sensible est un espace de confiance où les réseaux optimisés rencontrent les citoyens, les communautés et les objets connectés, propices a stimuler l'innovation, le bien vivre et la création.
 
Certains parlent d'une utopie, au sens propre comme au sens figuré, puisque l'utopie désigne une forme de société idéale qui est certainement la quête de ces nouveaux modèles urbains. 

Mais les réalisations se concrétisent, posent de nouvelles bases et transforment déjà les grandes villes européennes. Pas uniquement avec un modèle Haussmannien qui organiserait tout,  mais aussi en exploitant l'énergie de ses citoyens et de ses jeunes entreprises, dopées par la technologie et l'économie de partage.

GreenSI y retrouve déjà tous les signes d'une nouvelle transformation numérique de grande ampleur et peut être même, en France, un déplacement des frontières entre le public et le privé.
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La présentation Eurocities: The sensitive city et un autre article sur le site de la Semaine Digitale.

lundi 13 octobre 2014

Mais où sont donc passées les geekettes?

Si vous lisez cet article sur GreenSI, il y entre 7 et 9 chances sur 10 pour que vous soyez un homme!
Tout simplement parce que c'est l'ordre de grandeur du nombre de femmes dans l'industrie informatique en France, mais aussi de l'autre côté de l'Atlantique.

Mais où sont donc passées les geekettes?

GreenSI est allé en rencontrer à la remise des trophées Excellencia. Une initiative de Syntec Numérique (commission intitulée Femmes du Numérique), et de l’EPITA, école d’ingénieurs dont le Président Joel Courtois se désespère de ne pas avoir plus de 7% d'étudiantes acceptées à l'entrée. Un score que l'on retrouve dans la majorité des meilleures écoles d'ingénieurs avec des débouchés dans l'informatique (11%) si on en croit le classement de la revue l'Etudiant. Les scores les plus élevés sont à 16-20%.

Ce qui explique la difficulté, 5 ans plus tard, de recruter des jeunes diplômées dans notre filière et donc dans les effectifs des ESN (services, éditeurs, hébergement...). Elles ne seraient que 30% dans les Entreprises de Services Numériques. Ceux qui souhaitent consulter une analyse plus détaillée, se reporteront à l'étude très complète du Cigref publiée l'an dernier (PDF).

Ce trophée a donc comme objectif d'attirer les jeunes femmes dans le numérique, de briser les stéréotypes, et de faire prendre conscience que les métiers des nouvelles technologies sont aussi une opportunité d'avenir pour les femmes.
 
D'ailleurs quand on parle de stéréotypes, en cherchant des images dans Google avec le mot "geekette", on y trouve plus de filles déguisées en héroïnes de jeux vidéos masculins, quand ce n'est pas en manettes de jeux, que de professionnelles de l'informatique. Il y a encore du boulot...



Mais pourquoi donc des femmes dans le numérique?

Vu de GreenSI la réponse est assez triviale: augmenter mécaniquement le nombre de lecteurs!

Mais au delà de l'humour, tout simplement parce que le numérique manque de candidats  tous sexes confondus, et que la Commission Européenne pronostique une pénurie de compétences qui laisserait un million de postes vacants en Europe d’ici à 2020. Alors pourquoi se priver d'un vivier de talents juste parce que nos métiers ne sont pas connus ou que les préjugés sont coriaces?

Et puis l'histoire a montré que certaines femmes avaient été déterminantes dans le développement de cette industrie. Pour ne citer que Grace Hopper conceptrice dans les années 50s du langage COBOL et du premier compilateur. Une informaticienne issue des mathématiques (Doctorat à la prestigieuse Université de Yale) qui rappelle les liens étroits, au début de l'informatique, entre ces deux disciplines.

Mais en 2014, plus besoin d'avoir une licence en mathématiques pour faire de l'informatique. Même si la filière ingénieur domine encore certainement, les origines des professionnels sont diverses. Il n'y a qu'a faire un tour sur LinkedIn pour s'en convaincre.

D'ailleurs, fin des années 1980, la pénurie d'élèves ingénieurs liée à la croissance forte des SSII (et de salaires d'embauche plus beaucoup plus élevés) avait même conduit des promos entières d'ingénieurs agronomes a se reconvertir dans les systèmes d'information et à quitter leur aspirations pour la biologie.

Depuis, les femmes ont atteint le sommet des DSI. Même les plus grandes dans le privé (GDF SUEZ), ou dans le public (CUB, CNIL). Et la DSI de l'année 2011 en France, Pascale Avarguès (Ville de Bordeaux), a aussi été reconnue DSI de l'année au niveau européen. Titre remis par Neelie Kroes, autre femme et ex-Commissaire Européen en charge de la société numérique. Terminons pas nos deux Secrétaires d'Etats à l'Economie Numérique, successives, Fleur Pellerin et Axelle Lemaire.

La qualité est donc là, c'est la quantité qui pose problème.

Et c'est certainement une chance, que dans les tendances qui impactent la DSI, on trouve le rapprochement avec le marketing, pour la conception des produits numériques, et le rapprochement avec la communication, pour pilotage des relations numériques - internes et externes - de l'entreprise sociale. Marketing, Communication, deux secteurs qui attirent plus les étudiantes que l'informatique, mais qui finalement, via un chemin détourné, pourraient amener ces talents a œuvrer in fine pour l'entreprise numérique.

Continuons donc à encourager l'attrait pour la filière SI, mais n'oublions pas d'élargir le champ au numérique tout entier, au delà des chefs de projets et des développeurs.

Il reste la question des salaires.

Une question qui n'a rien de spécifique à l'informatique, puisque pour l'INSEE, les hommes perçoivent en moyenne un salaire supérieur de 25 % (en équivalent temps plein) à celui des femmes. 

Une question qui a été posée cette semaine au CEO de Microsoft, Satya Nadella, lors d'une conférence pour la promotion des femmes dans les métiers de l'informatique (la Grace Hopper Celebration of Women in Computing) : Quel conseil donneriez-vous à une femme qui veut une augmentation? La réponse de Satya, de penser que le "système" détecterait sa compétence et d'attendre sagement une augmentation, n'a pas convaincu. Elle a même enflammée Twitter. Car justement il y a un biais dans le système, que les femmes qui assistaient à cette conférence, voudraient bien changer.

Ce qui a conduit le patron de Microsoft a s'excuser après coup sur Twitter ("Notre industrie doit combler le fossé entre les salaires des hommes et des femmes") et d'envoyer un email de clarification a toutes ses salariées avant de partir en week-end.
 
Remercions-le!
Car, outre d'avoir donné une partie de son temps précieux a cette conférence, il aura involontairement aidé a faire un peu bouger les choses dans la Silicon Valley, et même chez Microsoft qui n'affiche que 17,1% de femmes et aucune dans le top management. Un chiffre faible, comme dans beaucoup de sociétés d'informatique aux Etats-Unis, même si encore une fois la qualité montre la voie avec Meg Whitman (CEO HP) ou Marisa Meyer (CEO Yahoo!), mais la quantité ne suit pas.

Alors chères lectrices de GreenSI, vous êtes toutes fortement encouragées en cette fin d'année, a montrer votre contribution essentielle aux systèmes d'information de votre entreprise et à aller de ce pas, réclamer une augmentation à votre patron!Car visiblement de l'attendre ne suffit pas.
 

Mais n'oubliez pas aussi de parler de GreenSI à vos copines :-) 

dimanche 5 octobre 2014

Une cyberstratégie pour fédérer les acteurs publics et privés


Le 1er et 2 octobre se sont tenues les Assises de la Sécurité, ouvertes par Guillaume Poupard le nouveau Directeur Général de l'ANSSI, l'Agence Nationale pour la Sécurité des SI. Ce qui a retenu l'attention de GreenSI c'est le renforcement d'une approche de plus en plus opérationnelle de la cybersécurité, incluant les entreprises. Une approche qui s'éloigne de lois inapplicables cherchant plus à identifier et pénaliser les coupables, plutôt que d'aider à mettre en oeuvre des moyens de prévention. 

Et puis la France est aussi un des leaders de l'industrie de la "confiance numérique" (40.000 emplois, 13 milliards d’euros). Alors pourquoi ne pas faire d'une pierre deux coups? Développer une industrie en croissance et protéger toutes nos entreprises d'une menace qui est réelle et concerne en priorité les systèmes d'information.

Pour se convaincre de la réalité de la menace, et ne pas en rester au buzz sur les photos de stars nues, rien que ces deux dernières semaines ce n'est pas moins de 3 annonces de piratages qui ont touché l'activité d'entreprises. Et dans le cas de JP.Morgan, vu la sophistication des moyens employés, des Etats sont même suspectés d'avoir orchestré les opérations:
  • JP Morgan: annonce officielle de l'attaque informatique qui a conduit a la compromission des données de 76 millions de foyers clients et de 7 millions de PME. Ces données ( noms, emails, ...) qui vont ensuite certainement servir a des attaques de type "phishing" (hameçonnage), qui seront rendues plus efficaces car les données déjà connues améliorent la crédibilité des messages envoyés pour obtenir des données non encore connues (les mots de passe généralement).
  • Home Depot: Piratage de 56 millions de numéro de Carte Bancaire des clients de Home Depot. Ensuite il suffit pour le pirate de les revendre. Pour vous en convaincre voici par exemple une vidéo d'un pirate, publiée sur YouTube, qui présente "sa marchandise". En 2010, un numéro de CB se vendait 2,30€ sur le Net...
  • Microsoft : quatre cybercriminels présumés ont été inculpés aux Etats-Unis pour avoir dérobé des secrets commerciaux sur la console de jeux Xbox One. La valeur des données piratées est évaluée entre 100 et 200 millions de dollars et concerne les jeux les plus en vus de Microsoft.
Une menace réelle qui est parfois amplifiée par la DSI elle même, quand le RSSI n'a pas mis en place une sécurité adaptée aux différents cas de figure et s'entête a vouloir traiter tous les cas avec les mêmes règles de sécurité: celles du château fort et du déni du BYOD et de l'entreprise numérique. Si, si, ça existe encore!
Une politique qui a de fortes chances de conduire a faire des salariés, autant de chevaux de Troie prêts, pour juste faire leur travail, a contourner ces règles avec des clefs USB, des équipements ou des applications personnelles en ligne.

La communication sur les risques, qui commence par la prise de conscience et la compréhension des risques par tous les salariés, reste donc un incontournable et un fondamental. Les services de l'Etat veulent montrer l'exemple avec l'annonce, début septembre, de la politique nationale pour la sécurité de ses propres SI. Notamment la formation de tous les personnels des administrations. 

Le discours de l'ANSSI de cette semaine montre que nous passons de la phase "communication" à la phase "collaboration et opérationnel".
La collaboration entre tous les acteurs : publics et privés, entre fournisseurs et clients, entre grandes entités, PME-PMI et citoyens. Autant de barrières (parfois imposées par la loi...) qui cloisonnent les efforts et seraient autant de freins en cas de réelles attaques par des pirates voulant s'enrichir. 

Mais aussi en cas de cyberguerre, avec l'hypothèse d'une attaque massive de la France, comme a pu le subir l'Estonie en 2007. Un Etat de l'ex URSS, qui une fois indépendant avait massivement investi dans le numérique et les services en ligne pour ses citoyens. Il a fait l'objet d'un bocage de tous ses sites par une attaque coordonnée d'un groupuscule "pro Russes" qui a bloqué l'internet du pays pendant plusieurs jours et déclenché une inquiétude certaine des citoyens.  
Une attaque qui a fait prendre conscience à l'OTAN qu'il fallait aller au delà de la protection de ses sites mais aussi protéger ceux de ses Etats membres. L'OTAN publie régulièrement des vidéos très intéressantes sur son activité.
Cette collaboration s'appuiera sur une indispensable remontée des incidents pourt être en mesure de détecter des menaces multiples et coordonnées

Pour les PME-PMI qui n'auraient pas les équipes en interne, l'ANSSI envisage même de développer une offre "SaaS" de cybersurveillance qui leurs serait destinée, à l'instar de ce que font déjà certains hébergeurs qui intègrent des SOC (Security Operating Center). Ces centres qui supervisent et administrent la sécurité du système d'information qu'ils hébergent.

Et puis il est important de pouvoir s'appuyer sur des solutions et des prestataires reconnus, mieux, certifiés. Un service jusque là proposé uniquement aux OIV - Opérateurs d'Importance Vital - alors que les menaces d'aujourd'hui dépassent largement le périmètres de ces opérateurs. La création d’un « label France » (marque de confiance, de qualité et de performance) pour les offres nationales est l’une de ces mesures. 

Dans les entreprises, la sécurité du SI consomme déjà 4,1% du budget IT, un chiffre qui va donc certainement augmenter. Mais la sécurité ne doit pas rester un simple coût informatique et doit maintenant être comprise et abordée au plus haut niveau de l'entreprise, management et Direction Générale. C'est à ce niveau que les moyens de cette collaboration entre entreprises et avec l'Etat pourront être mobilisés et inscrits dans une stratégie opérationnelle et quitter la sphère règlementaire. 

C'est tout l'enjeu pour accompagner le développement de l'entreprise numérique dont GreenSI suit la transformation, mais aussi de la "République Numérique" que la Secrétaire d'Etat Axelle Lemaire appelle de ses voeux (Construisons ensemble la République Numérique).

La formation des dirigeants est donc devenue une priorité.
Le Centre des Hautes Etudes du Cyberespace (CHECy), parrainé par le Cigref, est né de ce constat d’un déficit de compréhension des enjeux numériques et des risques associés. Le CHECy propose une formation de haut niveau sur le cyberespace pour les cadres et les dirigeants des secteurs public et privé. Espérons pour l'entreprise numérique que ces initiatives vont aussi se multiplier dans toutes les écoles de management.
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samedi 4 octobre 2014

L'humour de ceux qui aiment le numérique