vendredi 23 septembre 2011

Open Source, un modèle à suivre pour l'entreprise numérique

Pour GreenSI c'est en 2000 avec l'expression "click & mortar" que la prise de conscience de la transformation numérique de l'entreprise s'est révelée. C'est à dire la prise de conscience de:
  • sa capacité à produire, distribuer, commercialiser ses produits et services,
  • via la relation numérique qu'elle peut développer avec ses prospects, clients, fournisseurs et partenaires.
Ce n'est pas nouveau pour l'industrie de la musique, du film ou la banque, où des produits sont déjà totalement dématérialisés, mais a terme toutes les entreprises seront concernées. Même celles qui semblent aujourd'hui très "mortar" comme dans le BTP, la logistique ou les utilités. Et pour s'en convaincre on pourra consulter les travaux du Cigref sur le sujet de l'entreprise numérique ("L'entreprise numérique - Quelles stratégies pour 2015?").

Et vous vous en doutez puisque c'est un sujet GreenSI, cette transformation n'est pas sans impact sur le système d'information. Dans ce paradigme le SI "se fond" dans cette entreprise numérique et en assure les communications et la circulation de l'information, jusqu'à en être inséparable.
Enlevez iTunes (application) et Internet/3G (réseau) a Apple et les ventes d'iPad et d'iPhone vont chuter car ces équipements redeviendront de simples machines. Belles, certes, mais ce ne seront que des machines quand même. Et ce n'est certainement pas un hasard si le modèle économique tourne aussi autour d'iTunes, point de passage obligé (sans "jailbreaker") du contenu, des applications et des paiements.

Ce qui interpelle GreenSI aujourd'hui c'est la mutation de la DSI dans une entreprise numérique. Car son SI devient encore plus un moyen de production et est intimement lié à l'entreprise. Cette interrogation remet le logiciel sur le devant de la scene, a un moment où l'infrastructure "monte dans les nuages" et devient une commodité que l'on commande avec sa carte bancaire sur un serveur Amazon ou Azure. Le logiciel représente un actif (immatériel) majeur de l'entreprise numérique. 

Cette semaine l'Open World Forum 2011 a été l'occasion de faire le point sur le développement de l'OpenSource et de sa pénétration dans l'entreprise. Longtemps décrié, aujourd'hui cette nouvelle forme de marché et d'économie du logiciel présente bien des avantages pour construire ces entreprises numériques. Car si pour le "mortar" les infrastructures que sont les ZAC, les routes et les péages... sont bien connus de tous, pour l'entreprise numérique les standards, l'interopérabilité, les modèles économiques et de propriété intellectuelle sont certainement encore à inventer.

Et si l'Open Source était finalement une source d'inspiration pour réussir cette transformation vers l'entreprise numérique?


Open: c'est le logiciel ouvert mais surtout partagé.
N'est ce pas une réponse à l'édition de logiciel qui n'offre plus la garantie d'une perenité de ses investissements? Car avec le recul, nous voyons que tous les jours les éditeurs sont secoués par des fusions, des acquisitions et des calculs tactiques pour dominer un segment, doper leur cours de bourse... sans prendre en compte l'intérêt de leur clients. Les coûts marketing et commerciaux explosent alors qu'ils ne délivrent aucune valeur in fine aux SI des entreprises. Les mises à jour sont souvent des projets majeurs, très coûteux, loin des promesses du début d'une mise à jour permanente. Et que les éditeurs de taille moyenne ont souvent un modèle économique qui repose sur du service délivré sur une base de clients captifs... a un prix difficilement négociable. 
Le dogme de la force du progiciel standard par rapport au développement logiciel spécifique serait-il en train de s'éroder et le développement spécifique de reprendre le dessus?

GreenSI pense que oui!!!
Si le développement sait, comme l'Open Source, tirer partie des économies d'échelle liée au développement en commun et à la mobilisation de communautés.
Et si un open source comme OpenErp, né dans un garage du Sud de la Belgique (tinyERP), a pu en 8ans  se développer, s'adapter aux dernières évolution technologiques comme le Cloud, malgrè des moyens limités, alors que des poids lourds de l'édition ERP sont omni présents, c'est que c'est faisable, non?

Communautés: la capacité d'innovation d'un eco-system est supérieure à celle de ses membres. 
Ne cherchez pas la démonstration de cette assertion, c'est une hypothèse, mais cela ressemble quand même a du bon sens.
Mieux que les autres modèles logiciels, l'open source a su tirer partie de ses communautés pour les tests et la promotion du logiciel. Les cycles de production peuvent être réduits et la qualité du code améliorée. D'une certaine façon la communauté open source est une entreprise numérique 2.0, sans hiérarchie forte, reconfigurable, organisée en mode projet... L'open source peut clairement être un modèle et une source d'inspiration pour la production de logiciel de l'entreprise.

D
'ailleurs la diffusion dans les entreprises, des méthodes agiles comme Scrum, s'inspire d'une approche similaire en mettant en avant les individus et non les processus ou les outils. Son impact dépasse la DSI puisqu'elle redéfinie la relation traditionnelle MOE-MOA et fait émerger une communauté interne d'utilisateurs qui fixent les priorités.
La vitesse d'évolution du logiciel demande une réactivité que peu d'entreprises peuvent encore sourcer totalement en interne. Elles sont condamnées à s'associer avec les compétences clefs a un moment donné... ou a ne plus innover. C'est dans ce contexte qu'une approche par communauté prend tous son sens.Le point de départ peut être l'association avec des start-up pour retrouver l'agilité d'une informatique en communauté. L'entreprise amène son besoin, ses usages, un amorçage financier, la start-up son énergie, ses compétences et son goût du risque, qui lui permet de franchir des étapes que l'entreprise n'aurait jamais passées seule... où alors après de nombreux comités d'engagement!
Mais GreenSI pense que ce stade n'est qu'une première étape vers la formation d'une communauté plus large incluant d'autres entreprises qui vont développer en commun les briques logicielles de l'entreprise comme l'open source depuis 20ans. Peut être au niveau sectoriel, peut être par grande fonctionnalités, après tout les coopératives et les mutuelles sont des modèles économiques qui ont fait leur preuve.
La force du modèle est dans l'adoption de standards communes facilitant in-fine l'assemblage de ses entreprises numériques dans leurs échanges quotidiens.
Les freins, dans la contractualisation de ce partage de R&D et des droits d'usage. L'open source y a déjà répondu avec ses licences libres. Une licence dédiée à l'entreprise est certainement à élaborer.

Open Data: un monde d'API qui stimule la créativité
Les développements de l'internet montrent l'importance des API pour "consommer" des services. Un achat sur un site marchant est une expérience continue pour l'utilisateur alors qu'il fait appel a de nombreux acteurs (marchand, banque, livraison, satisfaction), tous présents via des API tout au long de la navigation.
Google Map ou Mappy, gratuits dans le grand public, se sont imposés dans les entreprises. Ils offrent des contrats qui pour quelques centimes, fournissent la capacité d'enrichir les applications de son SI avec des cartes rémunérées "a l'appel de service". C'est l'un des nouveaux modèle économique de l'entreprise numérique et il se passe au coeur du SI. Car demain la DSI vendra aussi ses API à l'acte aux autres acteurs de son écosystem.

L'évolution vers un monde d'API ouvertes est donc une tendance forte. Les projets d'open data, ouverture des données des services publics mais aussi du privé, qui fleurissent, vont dans ce sens.
Pour l'entreprise c'est un peu le stade ultime de la SOA dans un monde totalement ouvert. Il n'y a plus d'applications mais une myriades de services, internes ou externes, que l'on assemble pour délivrer l'application attendue par les utilisateurs. Et directement dans le navigateur vous diront les bons architectes ;-)
C'est aussi pour les SI les plus agiles, une source de revenus, en tout cas de nouveaux modèles économiques à inventer.
L'open source peut aussi amener dans ce paradigme la standardisation nécessaire pour accélerer cette évolution et réduire la trop grande puissance que certains pourraient tirer du contrôle de certaines API clefs.

En conclusion, penser 'Open', 'Communautés' et 'Open Data', c'est un bon début pour imaginer dès maintenant votre entreprise en numérique

vendredi 2 septembre 2011

Et si Salesforce.com changeait de nom pour SocialBusiness.Cloud?

Cette semaine Salesforce, le leader des solutions SaaS de gestion de forces de ventes a tenu a San Francisco son évènement annuel Dreamforce 11 (#df11) et rassemblé cette année plus de 45.000 personnes ! Le Moscone Center, centre de conférence de San Francisco, a trouvé un remplaçant à Steve Jobs, en la personne de Marc Benioff, pour délivrer une vision de l'industrie informatique a une foule recueillie...

En 2004 lors de son introduction en bourse Salesforce.com avait alors raflé le symbole CRM ("ticker") pour sa quotation au New York Exchange (et non au NASDAQ comme la majorité des star-ups). Le CRM - Customer Relationship Management était alors a son plus haut et annonçait une vision plus large que le "SFA - Sales Force Automation", positionnement initial de Salesforce, en incluant l'ensemble de la relation avec le client dont le marketing et les services.
Depuis le départ l'offre de salesforce.com est totalement basée sur Internet. Huit ans plus tard l'internet est une plateforme et le Cloud est devenu un modèle "sérieux" qui plait aux entreprises. L'internet est passé pour les entreprises du ".com" au ".cloud", une façon de mettre en avant la révolution architecturale, et notamment la scalabilité, qui se cache derrière les applications dans le Cloud sur cette plateforme Internet.

Aujourd'hui, après cette nouvelle convention DreamForce 11 et une activité 2011 qui a vu nombreuses participations et acquisitions - et l'arrivée de plus de 1000 salariés - Salesforce est prête a changer de nom et embrasser la vision de son CEO Marc Benioff autour des "Social Entreprises".

Alors qu'est ce qu'une "social entreprise" et pourquoi salesforce (dot com) est prête à devenir "Social Business Dot Cloud" ?

L'entreprise sociale reconnait le profil social de ses clients. Elle ne se contente plus de la connaissance interne 360° du client mais s’intéresse aux relations de ce clients avec son environnement numérique, de plus en plus utilisé (Facebook, Youtube....)
Pour cela elle sait mobiliser ses partenaires, écouter et analyser le web, marketer ses produits, engager la relation, vendre, servir et collaborer avec ses clients. En interne elle s'appuie sur le développement de ses réseaux sociaux.


Pour les lecteurs de Green SI on retrouve les idées brossées depuis un an sur ce blog à savoir:
  • l'importance du développement des réseaux sociaux internes pour préparer la capacité de l'entreprise à s'ouvrir aux réseaux externes ("les community managers ce sont vos employés, mais chut, ils ne le savent pas encore"),
  • l'importance du Social CRM pour aller au delà du CRM actuel... et le conseil de privilégier les investissements sur le "social" et non de remettre une nouvelle couche de peinture sur votre CRM,
  • le Cloud est LA plateforme de collaboration ultime avec les clients et les partenaires. Les CRM actuels deviennent des "back office" de cette plateforme pour des tâches de gestion, mais de plus en plus d'interactions se font en ligne,
  • la stratégie collaborative d'IBM autour du "Social Business". La différence que j'ai perçue est qu'IBM avait fait jouer un groupe de Gospel à Paris alors que Salesforce a mobilisé le groupe Metallica pour mettre de l'ambiance dans son congrès ;-)
Ce qui est peut être plus affirmé maintenant par rapport à il y a un an, c'est que Chatter est clairement positionné comme un concurrent de Jive et BlueKiwi et non une extension sociale du CRM. Dommage ça perturbe certains clients qui ont peur de réduire en miettes leurs investissements passés dans le développement de leurs réseaux sociaux internes.

Mais la plateforme cible de demain aura trois composantes Cloud, Social, Mobile (que GreenSI préfère a Social, Mobile, Local qui ne représente qu'une vision marketing oubliant l'infrastructure). Marc Benioff aurait-il oublié cette dimension Mobile dans sa stratégie? Et passer si près de la Social Mobile Entreprise?

Et bien non, bien sûr. Il a confié à Seesmic, société de notre entrepreneur tricolore Loic Lemeur, le développement de la mobilité, via une prise de participation réalisée en début d'année. Seesmic, devenu le laboratoire mobile de Salesforce, est en marche et Dreamforce11 a été l'occasion de voir pour la première fois "Seesmic CRM" le produit sur iOS et Android (Mango annoncé). Il permet de plonger les utilisateurs de Salesforce dans une nouvelle relation mobile et temps réel avec leur environnement. Le business modèle gratuit pour l'instant est annoncé comme un service payant au dessus de salesforce ($10 par utilisateur).
Notons fièrement que dans les archives de GreenSI un article décrivait ce scénario Seesmic en septembre 2010 - Social CRM le challenge de l'intégration temps réel en entreprise)

Enfin le rachat de Heroku (plateforme Ruby et framework Ruby-on-rail) a amené la compétence pour mettre Java sur la plateforme as a service PaaS de salesforce. Ainsi plus besoin pour les entreprises d'aller chez Microsoft ou Amazon pour faire tourner ses applications Java dans le Cloud. L'ouverture de cette plateforme PaaS est donc un élément clef de la stratégie de salesforce qui va devenir plus généraliste et éviter de rendre sa plateforme propriétaire ce que les investissements des entreprises n'aiment pas trop. Java en sort aussi renforcé comme choix dans les développements. A Salesforce maintenant de ralier la communauté des développeurs et de stimuler l'adoption de ces standards ouverts dans son éco-system et notamment chez les intégrateurs.

Donc oui, Saleforce.com a toutes les cartes en main pour réaliser sa vision et devenir leader du Social Business.
Elle n'est pas seule, bien sûr mais, peut vraiment préténdre à être la première Social Business Dot Cloud company. et réserver dès maintenant le ticker SBDC au NYSE

Une société qui ne se définit plus par la "négation du software" (rond rouge barré dans son logo actuel) mais par un positionnement affirmé dans le Cloud, avec la couleur bleu des nuages.

Enfin, ce n'est qu'une suggestion, logo compris, cela clarifierait grandement les choses, au moins pour Green SI...

L'humour de ceux qui aiment le numérique