Cette semaine GreenSI a été invité à la soirée de sortie des startups accélérée au NUMA, le "Demo Day".
Une
soirée qui s'est tenue cette année dans la superbe salle Gaveau à
Paris. Victimes de leur succès, les locaux du NUMA ne sont plus assez
grand pour recevoir les participants et surtout le contingent d'investisseurs et de responsables innovations en entreprises, venus voir le résultat de 4 mois " d'accélération" des idées décapantes de ces startups.
Pour GreenSI, le résultat auquel on arrive en 2015 est assez impressionnant. En effet toutes ces startups mixent plateforme SaaS, business modèle et services innovants, pour se faire une place dans la nouvelle économie. Une soirée très inspirante (cf. Ces startups dont la DSI devrait s'inspirer) dont je vais partager mes impressions dans ce billet.
Le NUMA a
été créé en 2011 en mode associatif. Mais depuis 2015 il a levé des
fonds via une opération de crowdfunding (1M€) et auprès d'investisseurs
(Maif, Roland Berger et Leroy Merlin - 3M€) pour se développer à
l'international (déjà Bengalore, Casablanca, Moscou) et déployer son
modèle.
Le NUMA c'est d'abord un lieu,
mais surtout un réseau (250 mentors) et une autre façon de penser
l'innovation. C'est un endroit fréquenté par GreenSI (depuis La Cantine
le lieu précédent) car le numérique s'y développe avec les startups et
les geeks savent que la Force y est puissante ;-)
Son programme "d'accélération" a déjà transformé 104 startups, dont 85% sont encore actives. Jeudi
soir ce sont 20 jeunes pousses de 2 à 10 personnes qui ont pitché sur
scène en 3 min chrono leur offre, les premiers résultats commerciaux, et
leur business modèle. Elles ont ensuite lancé un appel à financement de
400-500k€ dans les prochains mois pour les aider à poursuivre leur
développement. Le retour des années précédentes montre qu'en général
elles obtiennent ce financement en quelques mois.
Cette année on a pu assister, entre autres, à la découverte de Skippair, le premier site de location où on choisit son skipper et non son bateau ; PandaScore qui se voit comme le "Reuters du
e-sport", cette nouvelle industrie de la compétition avec des jeux en
ligne qui cherche ses référentiels de données ; ou encore VocalApps qui veut révolutionner la prochaine version des objets connectés et robots domestiques, avec la commande vocale.
Les
méthodes du NUMA, reprises par d'autres incubateurs, sont pour
l'entreprise des armes "non conventionnelles"... voire interdites!
Tout
commence par une "washing machine" d'un mois dont l'objectif est de
trouver 25h par jour pour confronter son idée à l'eco-système de mentors
et startups déjà en place. À l'issu de cette étape il y a peu de
chances que l'idée initiale soit toujours la même car elle a été
améliorée pour trouver le "bon angle d'attaque" du marché. Ensuite,
pendant 3 mois avec un rythme hebdomadaire, vont s'enchaîner des
"cérémonies" (market-place, workshops, CEO Diner,...) sous le regard
bienveillant du "lead mentor". Le NUMA leur met aussi à disposition des
experts, véritables services support de ces jeunes pousses : Chief
Technology Office, User eXperience, Data et CFO.
À
l'issu de ces 4 mois ces entrepreneurs ont un produit (au moins
prototype) qui est opérationnel sur au moins un marché, permettant
d'avoir des retours clients, et sont de plus capables d'aller décrocher
des investissements. Oui, oui, en quatre mois...
Difficile
dans l'entreprise pour un porteur de projet d'avoir en si peu de temps
une rencontre avec toutes les autres directions, un support de la DSI et
des Finances, et un agenda aussi chargé en business développement qu'en
développement informatique.
Donc vous l'aurez compris c'est surtout le temps que l'on accélère au NUMA !
Le parallèle avec la démarche agile est aussi très fort.
On y retrouve le rythme, avec ses temps, ses cérémonies et ses répétitions qui permettent l'amélioration continue (cf Et si le "lean" était la voie de la transformation digitale).
Le "demo day" est directement inspiré de la démo faite régulièrement au
"product owner" auquel le "lead mentor" emprunte certains aspects, mais
aussi le décloisonnement des compétences pour mixer business et
technologie. Enfin les experts, en plus des financiers, sont adaptés à
un monde numérique: architecture, UX et Data.
Donc
sans surprise, ayant accès a cette expertise, toutes les startups ont
présenté (et mis en oeuvre) une offre reposant sur une plateforme SaaS
sachant exploiter le mobile.
Mais
ce qui a beaucoup plu à GreenSI et qui montre l'avance que peut parfois
avoir une startup sur l'entreprise, c'est quand le fondateur de FoodmeUp, site de recettes pour professionnels, nous explique son business modèle.
Trois
sources de revenus, l'abonnement (45M€), les produits dérivés (35M€)
et... les APIs. La valorisation des APIs (15 à 200M€) étant
potentiellement supérieure aux deux autres. Alors là bravo !
Soit Sébastien Vassaux a lu le billet de GreenSI publié lors de la dernière API Connection (Les APIs au coeur de la valorisation de l'entreprise numérique),
qui traitait d'ailleurs du "food", soit les startups sont clairement en
avance dans leur façon de penser sur l'entreprise. Et c'est bien cette
dernière option qui est privilégiée par GreenSI. En effet, ceux qui ont
développé des plateformes API savent combien il faut faire des efforts
pour en expliquer les enjeux stratégiques sous-jacents aux directeurs.
Tout cela est sans oublier qu'un fondateur de startup est aussi un DG membre
du Comex de sa (petite) société ! Là, vous avez compris la capacité et
la vitesse d'une startup à orienter son modèle dans un monde
numérique...
Innover autrement en entreprise
Est-ce
que cette approche peut marcher en entreprise ? Pourquoi-pas ! En tout
cas certains essayent, et pas que les grands groupes (cf Oser, explorer, expérimenter les services de demain).
Mais
cela demandera un rythme, une transversalité entre Directions, un
support technique des équipes intra-preneuses, qui n'existent
certainement pas dans la majorité des entreprises. Les Chief Digital Officer,
rattachés au plus haut niveau de l'entreprise, peuvent justement jouer
ce rôle de "mentor" bienveillant, mais aussi protecteur, pour s'assurer
que les idées ne seront pas broyées par la mécanique conservatrice
construire dans les processus de l'entreprise.
Et c'est peut être là une différence importante entre startups et entreprises : la
startup développe un écosystème qui l'aide à réussir, alors que
l'entreprise développe des anticorps qui la protège de toute pénétration
non conventionnelle.
Quoi qu'il en soit, dans son nouveau stade de développement, le NUMA fait
le pari qu'il peut aussi aider les grandes entreprises à se
transformer. Un premier partenariat stratégique a été signé avec le
cabinet de conseil en stratégie Roland Berger pour
faire la passerelle avec les Directions Générales des entreprises et la
"traduction" de ses méthodes dans le monde de l'entreprise.
Pour
le NUMA (et pour GreenSI depuis longtemps), accélérer une startup et
innover en entreprise sont les deux faces d'une même transformation
numérique.
La dynamique est une question d'équilibre
Cette soirée a aussi été l'occasion d'un spectacle sur le thème de l'équilibre.
Un
message qui s'adresse aux entrepreneurs de cette 7eme saison qui
quittent un environnement, et une zone de confort, qu'ils ont fini par
apprivoiser pour aller affronter leur marché. Comment trouver un nouvel
équilibre ?
L'équilibre,
un autre sujet où la perspective semble différente entre la startup et
la grande entreprise et qui nous en apprend sur ce qu'il faut changer
d'un côté comme de l'autre pour s'enrichir mutuellement.
Dans l'entreprise on aime à penser, comme Albert Einstein, qu'il faut avancer pour garder l'équilibre. C'est rassurant car l'entreprise est déjà en train d'avancer. L'entreprise est donc guidée par la peur de tomber et tout le monde est concentré sur le maintien de sa trajectoire.
La
plus petite idée de déséquilibre au sein d'un service est rapidement
balayée si elle n'est pas réalisée hors de la ligne de visibilité du
management, ou supportée à haut niveau. Avec le recul, créer des
déséquilibres est souvent le talent des dirigeants qui ont réellement
influencé leur entreprise et marqué leurs salariés.
La
perspective de la startup est forcément différente. Contrairement à
l'entreprise, elle doit démarrer et accélérer pour se développer. Elle sait que le meilleur moyen d'avancer n'est pas l'équilibre mais bien sûr le déséquilibre !
Alors
course à pied ou bicyclette, à vous de choisir la méthode à impulser à
vos activités et à vos équipes, et si vous en avez l'occasion allez
prendre un café à l'accueil du NUMA pour y chercher l'inspiration et la rencontre avec des entrepreneurs.
Si, si, le NUMA ça fait même le café !