samedi 7 mars 2020

COVID-19: les salons passent en ligne

Ça ne vous a certainement pas échappé, la crainte d'une pandémie mondiale a provoqué une hécatombe dans les salons informatiques à travers le Monde

Le CES de Las Vegas 2020 a été le dernier grand rassemblement technologique d'ampleur, car début janvier le virus était encore cantonné en Chine, et l'OMS n'avait pas émis de niveau de risque. 

Mais le Mobile World Congress prévu à Barcelone du 24 au 27 février n'aura pas eu cette chance. Le 13 février ce congrès qui mobilise 100.000 personnes a été purement et simplement annulé, car la présence de la Chine dans les Télécoms est très forte. Une certaine ironie pour une connectivité mondiale qui annonce sur l'affiche qu'elle n'a aucune limite. Elle en aura trouvée une ! ;-)

Cet électrochoc a déclenché des réunions de crise chez les principaux fournisseurs de technologie qui ont tous leur salon, leur conférence utilisateurs annuelle, ou leur "World Tour" avec des évènements réguliers partout dans le Monde, comme Gartner ou Salesforce. Mars, c'est d'ailleurs en France la saison de ces évènements quand on regarde les statistiques de EventEye.

Salesforce a réagit immédiatement en ré-imaginant une nouvelle expérience pour son World Tour Sydney, et en le produisant uniquement en ligne.

Ainsi les utilisateurs et consultants du Monde entier ont pu assister ce mercredi 4 mars en live sur internet à la keynote et a une journée de conférences réalisées dans des studios. Ce contenu est également accessible en replay et c'est ce qu'à fait GreenSI pour se plonger dans cette "nouvelle expérience".

Bon, soyons francs, même tranquillement installé dans son canapé, ce n'est pas une ambiance de keynote quand on est déjà allé dans un salon de Salesforce. 
Le message est là, très travaillé, répété, mais le fait de ne pas avoir de spectateurs se voit rapidement dans la stimulation de l'orateur, son regard sur l'écran de contrôle à ses pied ou dans les transitions sans applaudissement entre orateurs. Pour ceux qui sont des adeptes des conférences américaines, vous remarquerez aussi l'absence de la petite blague pour démarrer ou du classique "raise your hand" pour indiquer d'où vous venez.

Bref, l'ambiance n'y est pas. Pourtant très vite on se dit qu'en invitant une petite équipe dans son bureau ça pourrait être plus sympa pour débattre des sujets et de l'impact pour son SI en direct, alors que c'est plus difficile à faire dans un salon. La "ré-invention" doit aller plus loin pour réellement intégrer une nouvelle expérience utilisateur, et GreenSI y voit du potentiel.

Sur le plan de la fréquentation, GreenSI est allé chercher des statistiques comparatives dans les recherches Google des mots "Salesforce World Tour". On constate déjà que les pics de trafic sont liés à des évènements physiques qui ont bien eu lieu, comme celui de Paris le 27 juin 2019. La méthode semble bonne. En effet Salesforce déplace son Tour à travers le Monde.

Quand on regarde le niveau du 4 mars 2020, il est deux fois moindre que celui du tour de Sydney des années précédentes. Salesforce n'a pas publié de chiffres sur la fréquentation mais on peut imaginer qu'elle a été très en deçà de ce qui était attendu, même en ouvrant au Monde et au Replay (donc au delà des dates de l’événement). Maintenant c'était les premiers impactés, avec peu de temps pour en faire de la publicité, donc certainement mieux qu'une annulation totale.

Ce premier événement en ligne est surtout une bonne occasion pour étudier le bilan carbone de la multiplicité des évènements des "World Tour" Salesforce dans le Monde et d'apprécier la vertu d'un évènement en ligne. En effet Salesforce fait la publicité du neutre de son Cloud (au point de vu carbone) pour déculpabiliser ses clients d'utiliser le SaaS, ils seront donc surement sensibles aux résultats de ce premier salon en ligne sans avion et sans énergie dans le centre de congrès ;-)
Salesforce n'est d'ailleurs pas le seul à passer au virtuel.
GreenSI a pu identifier le salon d'Adobe, Adobe Summit à Las Vegas prévu du 29 mars au 2 avril, Google Next Paris le 7 avril et Domopalooza, celui de Domo, l'éditeur de tableau de bord , prévu à Salt Lake City du 17 au 20 mars. C'est dans 10 jours si vous voulez tester.

Mais beaucoup ont tout simplement annulé ou décalé la date en mai, voir en septembre (comme Oracle à Chicago).
L'impact économique pour les villes de congrès est réel et le taux de réservation à Las Vegas la semaine du 9 mars (que l'on trouve sur hotel.com) ou la semaine suivante n'est que de 52%.
Les éditeurs de logiciels ne sont pas les seuls touchés. Les GAFAs qui ont aussi leur vitrine d'annonce de produit et de "drague" des développeurs pour rejoindre leur écosystème, comme la Google I/O ou F8 pour Facebook. Elles sont aussi annulées. 

Alors GreenSI se pose la question : est-ce que c'est grave docteur si les salons disparaissent ?

Finalement à quoi servent ces grands salons ? A montrer ses muscles bien huilés et communiquer dans un monde encombré par la technologie et les paillettes ?

Pour les éditeurs, ils ont comme objectif d'éduquer, de dynamiser et surtout d'inspirer sa communauté. Ils ont besoin de développer des communautés, incluant les clients ou les distributeurs, il est important d'y proposer des formations et des séances de certification sur les produits. La fin des salons demanderait certainement une réorganisation de ces activités. 

Pour ce qui concerne les grandes "keynotes", qui souvent sont là pour faire venir les gens au salon - la destination faisant le reste - elles peuvent être réinventées. Salesforce a ouvert la voie. Mais on peut également s'inspirer du CES pour aller plus loin. De multiples conférences post-CES sont ensuite organisées - de façon indépendante - par des consultants. Elles permettent de revoir les annonces du salon, d'animer des tables rondes sur les usages ou les impacts, de partager le contenu bien au-delà du salon. Le virtuel a le mérite de produire le contenu, sa diffusion dans le réel peut être distincte, et pour quoi pas plus locale.

Il reste a faire qu'elle déclenche l'intérêt et supporte les ventes.
GreenSI est convaincu que ces "grandes messes" ne sont pas toujours efficientes (rapport entre les moyens et les résultats).
L'industrie du logiciel a poussé à l'extrême l'uniformisation et la mondialisation. La crise sanitaire actuelle est un rappel de la fragilité de toutes les chaînes logistiques mondiales, celle informatique ne fait pas exception et la prochaine pénurie annoncée d'iPhone marquera les esprits. Ironiquement un virus bien réel aura certainement fait plus de dégâts qu'un virus informatique auxquels tous étaient préparés.

Le prochain rassemblement avec une composante technologie et startups, est South by Southwest, qui doit réunir plus de 200.000 personnes à Austin (Texas) du 13 au 22 mars. Il devait être maintenu par les organisateurs qui s'étaient organisés pour réduire les risques, mais une polémique portée par les citoyens enflait ces derniers jours. Il vient juste d'être annulé pendant que j'écrivais ce billet. Quand ça veut pas, ça veut pas...

N'est-il par temps de réfléchir à un autre modèle mondial pour le marketing et la relation clients des éditeurs, plus résilient, plus pérenne et certainement plus durable ?



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