dimanche 26 mai 2019

Gouvernance du SI, ne ratez pas la Saison #3

Après la première saison de la conquête de tous les territoires de l'entreprise par la DSI depuis les années 70s, puis la saison 2 qui a vu sa domination remise en cause par les métiers (SaaS, budgets...), par les utilisateurs (BYOD, ShadowIT...), par le digital (1.0, 2.0, IoT...) et par les GAFAs (Cloud), voici la troisième saison d'un monde numérique que l'on espère pacifiée.
Tel le scénario de la série Game of Thrones (HBO), l'influence de la gouvernance de l'entreprise fluctue entre Grandes Maisons.



Ready for IT qui a rassemblé plus de 700 membres de la "Guilde des Systèmes d'Information" à Monaco, juste avant le Grand Prix, aura été l'occasion de faire un point sur le sujet déjà abordé dans le premier billet GreenSI de l'année : 2019, une opportunité unique d'agir pour la DSI.

Ce billet mettait en évidence qu'avec l'arrivée du digital, et son assimilation par les entreprises ces cinq dernières années, celles qui réussissaient en 2018 transformaient ces initiatives en les industrialisant dans leur SI. Le modèle organisationnel entre les forces du digital et celles du SI devenait donc un critère d'efficacité des investissements dans le numérique, à un moment où ceux-ci sont très en retard en France par rapport au reste du Monde sans parler des GAFAs.
La Grande Maison des DSI est-elle passée à l'action ce début d'année avec un tel "alignement des planètes" qui fait du SI le catalyseur de la transformation digitale ?
Mais avant de se plonger dans la table ronde de ReadyForIT "2019 : l’année de la (du) DSI ?", qui a abordé le sujet avec trois de ses champions, revenons sur le modèle du digital autour de la Maison du CDO, le "Chief Digital Officer".

Une étude récente de la division stratégie de PWC s'est penchée sur le sujet.
Cette étude a compilé les annonces d'embauches de CDO dans 2500 entreprises ces trois dernières années. Elle révèle une diminution de celles-ci en 2018, et ce dans la continuité de 2017. Leur nombre a été divisé par 3 en deux ans.

Mais cela ne révèle bien sûr pas la fin du monde digital. Au contraire, c'est plutôt le signe de son ancrage dans l'entreprise et dans les Directions plus traditionnelles, comme la Direction Clientèle pour l'expérience clients, ou la DSI pour les opérations digitalisées.
D'ailleurs, dans d'autres pays, le rôle de CTO, "Chief Technology Officer", que l'on retrouve également dans les startups aux offres 100% numériques, est beaucoup plus développé. Ce rôle montre le lien fort entre SI et opérations mais aussi le lien entre toutes les technologies et infrastructures entre-elles, qu'elles soient Cloud, Edge, IoT, IA et pourquoi pas Blockchain demain.

Autre élément révélateur de l'étude, les CDO sont de plus en plus présents dans les instances de décisions stratégiques de l'entreprise (de 40% en 2016 à 54% en 2018) et leur profil est de plus en plus technique.
A terme le CDO technique pourrait fortement ressembler à un DSI business...
Donc si le DSI sait s'impliquer dans l'innovation et réaligner les compétences de sa direction vers les métiers, il peut clairement se positionner comme l’un des maitres d’œuvre de la transformation numérique, comme l'ont couvert les DSI mobilisés sur ce thème, autour de table ronde de la conférence.

Malika Pastor, DSI du groupe d'immobilier commercial canadien Colliers International en forte croissance, est aussi CTO du groupe. Elle conseille aux DSI qui prennent un nouveau poste, une période d'audit et d'observation dans leur nouveau poste pour s'imprégner de la culture de l'entreprise, puis de clairement endosser la casquette de leader sur l'architecture et l'infrastructure, y compris externes (IaaS, PaaS, SaaS). Ensuite, avec les premières transformations réussies, de conduire également les services qui contribuent au développement de l'entreprise avec le numérique.
Malika fait également partie des rares femmes DSI, reflétant une autre transformation en cours à la DSI pour plus de diversité.

Didier Pawlak, DSI du Groupe Pénélope, spécialiste de l'accueil en entreprise, opère dans une société qui fait 100 millions d'euros de chiffre d'affaires dans un marché très concurrentiel. Il accompagne la direction générale et les métiers pour renforcer la productivité de toutes les opérations et pour cela est rattaché directement au président du groupe.

Thierry Auger, Deputy CIO et CISO de Lagardère opère dans un groupe de presse qui a vu disparaître le magazine ces quinze dernières années, et basculer la radio vers les podcasts. Il a dû développer des relais digitaux pour développer son chiffre d'affaires, notamment avec des centaines de sites internet à monétiser. Cette transformation est un marathon plus qu'un sprint, elle a pris 10 ans pour les secteurs comme les médias, touchés en premier par la rupture amenée par l'internet.

Forte croissance, forte concurrence, digitalisation accélérée de l'offre, ces facteurs sont clairement des signes qui indique le rôle majeur du système d'information dans la transformation digitale. Le premier frein vient des équipes internes qu'il faut mobiliser en donnant du sens à cette transformation, pour ensuite pouvoir embarquer les utilisateurs.
Cette mobilisation est facilitée par une plus grande ouverture de la DSI sur l'extérieur avec une implication en amont dans la veille technologique, en allant à la rencontre du "shadow IT" pour comprendre ce qui manque aux utilisateurs et en poussant en permanence à la remise en cause, et à l'identification des obsolescences et des priorités. La DSI a besoin de faire son propre marketing et d'aborder des audiences non technophiles.

L'innovation est aussi essentielle et permanente. Une fois que l'on a dit cela il faut faire la chasse aux modèles de gouvernance qui la bride et mettre les moyens plus sur les usages que sur la technologie. Dans les nouveaux métiers de la DSI en interaction, la co-construction des solutions rendue possible par l'agilité, le design thinking et l'idéation pour impliquer la DSI en amont de la structuration des besoins. Cela demande de mesurer, mesurer et encore mesurer, pour s'améliorer en continue. Un vaste programme de conduite des changements est nécessaire.

La collaboration avec les directions métiers passe par un travail en binôme pour porter ensemble les dossiers en Comex et en finir avec une relation client fournisseur, quand elle s'est installée.

Cette collaboration devient encore plus proactive avec l'augmentation des besoins en matière de cybersécurité, qui devient une mission dans l'entreprise avec des solutions et pas uniquement une "posture régalienne".
Plus vous surveillez, plus vous détectez les changements d'états en amont, meilleure est la protection des données et la qualité de service.
Le DSI à maintenant la légitimité d'être bien positionné pour monter sur le Trône de Fer ;-) 
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