samedi 28 avril 2018

L'internet se cherche un business modèle

L'internet, c'est cette plateforme informatique de communication mondiale que les États cherchent à contrôler pour en exploiter la portée ou à la restreindre à leur territoire. Mais c'est également un terrain de jeu pour des services commerciaux dont les moteurs de développement utilisés jusque là sont en train d'avoir des ratés. C'est l'analyse de GreenSI.

Équilibre subtil entre contrôle et laisser-faire


Avant de soulever le capot économique et de regarder ses moteurs, ne perdons la perspective que l'Internet est in fine gouverné par les États qui, de façon directe ou indirecte, contrôlent les moyens d'accès localisés sur leur territoire.

Et oui, il faut bien une porte (ou une cabine téléphonique pour les adeptes de Matrix) pour rentrer sur le réseau !
En Chine, cela se traduit par une grande muraille technique des temps modernes et son cadre législatif ("le grand firewall") et dans d'autres pays par la réglementation des opérateurs et par des lois donnant plus de droits aux agences gouvernementales et militaires. 

Les projets futuristes de Google ou Facebook, voire d'Eutelsat, de créer des opérateurs de réseaux internet "aériens" ou par satellites non localisés, risquent de changer la donne. Le contrôle du terminal et des services sera alors la seule possibilité pour les États qui n'ont pas d'accords privilégiés avec ces futurs opérateurs. Aujourd'hui ils peuvent contrôler le réseau qui circule sur leur territoire.

Les moyens de surveillance de ce cyberespace, voire les moyens militaires de certains pays, ont donc beaucoup à perdre de la fin de l'Internet commercial, qui, jusqu'à aujourd'hui, finance cet espace et les innovations technologiques qui le rendent plus performant tous les jours.

Réguler oui, mais sans tuer la poule aux œufs d'or. La création de richesse de la Chine sur ces 10 dernières années en exploitant le cyberespace le rappelle. L'internet est même soluble dans le communisme.
Mais ceux qui ont raté le train qui amenait à cette richesse, ont moins à perdre et peuvent tenter de déséquilibrer le système en espérant jouer un rôle plus grand demain...

L'Europe attaque le moteur des données personnelles

C'est dans ce contexte qu'en Europe sous l'angle de l'usage des données personnelles exploitées dans le cyberespace, que se met en œuvre le règlement européen sur la protection des données personnelles - RGPD. Sur le plan géostratégique il permet à l'Europe de tenter de reprendre la main sur le développement d'un Internet qui lui a échappé.

Mais rassurez-vous, ce n'est pas une déclaration de guerre mondiale, car le RGPD ne s'applique pas aux activités qui ne relèvent pas du champ d'application du droit de l'Union notamment relatives à la sécurité nationale (article 16) et à la politique étrangère de sécurité. Les États européens, mais également partout dans le monde, peuvent donc garder leurs moyens de contrôle de l'Internet qui gère l'équilibre subtil cité précédemment. 

Ce moteur économique de la valorisation de données personnelles, capturées en permanence sans consentement explicite (et non plus comme dans le monde physique par exemple en remplissant un formulaire pour avoir une carte de fidélité) va donc peut-être moins générer de revenus à l'avenir pour financer le cyberespace.

Les réseaux sociaux sont en première ligne pour essuyer le feu européen, notamment leur modèle à tous : Facebook. Mais depuis une semaine ils sont prêts (billet GreenSI) et ont commencé à répondre juridiquement en adaptant leur politique de confidentialité et en listant les données qu'ils collectent et ce qu'ils en font. Très instructif d'ailleurs de relire ces politiques de confidentialité.
Mais dans le même temps leurs utilisateurs les valident eux sans même les lire... 

Ne nous laissons pas abuser par le scandale Cambridge Analytica qui a vu ces données personnelles utilisées à des fins électorales. Ce qui a déclenché l'audition au Congrès américain et révolté les nations, c'est bien d'avoir modifié l'équilibre subtil de contrôle des États en laissant penser que le processus démocratique a pu être manipulé, sans contrôle de l'État. Rien de nouveau, le même débat est présent en France hors de l'internet, par exemple à chaque élection avec les temps de parole des candidats sur les télévisions.

Si Cambridge Analytica avait exploité les données personnelles détournées pour faire vendre plus de Nutella, on s'en serait ému un jour en se demandant si cela était bon pour la santé et pour la planète, et puis le moteur de financement du cyberespace aurait repris son fonctionnement à plein régime. Donc certainement plus que le RGPD, c'est bien le scandale du Cambridge Analytica qui marque un tournant dans l'ère de l'internet et de son modèle économique. 

Si la donnée personnelle ne fait plus recette, comment va t-on continuer de financer les infrastructures de l'internet?

Le luxe peut-il financer l'internet?

Le changement de politique d'Apple pour son navigateur Safari (qui devient très sélectif pour accepter les cookies de tiers) impacte fortement Criteo, l'une des deux licornes françaises, dont le cours de l'action a été divisé par deux depuis fin octobre 2017, date de l'annonce du changement de politique d'Apple.

Critéo a besoin de ces "cookies données personnelles" pour offrir son service de personnalisation des publicités quand vous naviguez et notamment d'avoir des publicités liées aux produits regardés qui vous suivent d'un site à l'autre.

Les actionnaires s'en sont ému et on demandé cette semaine à Jean-Baptiste Rudelle, le fondateur qui avait vendu ses parts et fondé une autre société, de revenir aux commandes de ce paquebot de la donnée personnelle.

Et ce n'est pas un hasard si c'est Apple (et pas un autre GAFA) qui a repris la main si fortement sur son terminal d'accès. Le modèle économique d'Apple est celui du luxe, pas celui des données personnelles. Les marges sur la vente de ses terminaux, aidées par l'optimisation fiscale, font d'Apple une machine à cash qui n'a pas besoin d'exploiter les données personnelles dans son modèle économique. Et avec Apple on ne parle pas de vente de matériel mais bien de la vente de services sur internet (Apps, musique, films...) car un iPhone non connecté ne servirait qu'à téléphoner, ce qui à $1000 fait un peu cher. C'est bien Internet qui donne la valeur aux produits Apple.

Pour revenir à Criteo, l'autre plateforme mobile, Android, n'a pas choisi la même voie qu'Apple. Il y a donc fort à parier que Criteo va renforcer sa présence dans cette direction, et pourquoi pas se vendre à une société qui pourra lui donner une "immunité" dans le traitement des données au sein de son propre cyberespace et collecter en masse les "opt-in" donc elle a besoin, par exemple Google ou Amazon.

Est-ce que le modèle d'Apple, un "internet de luxe" au sein d'un cyberespace de plus en plus curieux, est viable à long terme ?
Les derniers produits lancés par Apple semblent montrer que ce n'est pas gagné d'avance, même pour une marque jusque là intouchable qui sait y faire avec clients pour les faire revenir à la caisse.

D'abord l'iPhone X va certainement être stoppé. Les ventes de l'iPhone 8 (le modèle précédent) se poursuivent, voire décollent, un camouflet pour la firme de Cupertino qui ressemble de plus en plus à celui d'un Windows 8, les déboires techniques en moins.

Et puis il y a le HomePod censé rattraper le retard d'Apple dans l'univers de la maison intelligente où Google et Amazon vendent plusieurs millions d'enceintes connectées chaque année. Personne d'Apple n'a encore avoué le flop que l'on devine, mais le prix d'entrée à $349, deux fois plus cher que les concurrents, n'a pas encore fait basculer en masse les utilisateurs. Les analystes de Wall Street n'y croient plus et la Deutsche Bank a publié cette semaine une étude pour annoncer cette échec. La méthode des marges dignes du secteur du luxe ne financeront donc visiblement pas la maison connectée et les services qui lui sont délivrés depuis Internet, même chez les aficionados d'Apple.

Amazon et Google cherchent un modèle économique qui financera leur présence dans la maison intelligente par une commission sur les services rendus par ces nouveaux assistants dont les progrès pour la reconnaissance vocale, et demain visuelle, sont fulgurants.

Le commerce peut-il financer les services ?

A priori la réussite insolente d'Amazon le confirme pour les produits physiques, même si la société a mis plus de 10 ans pour avoir un modèle rentable. La grande distribution a sérieusement engagé sa mutation comme l'a traité GreenSI dans un billet récent (Oui, le digital tue ceux qui ne s'adaptent pas).

Et puis les géants chinois comme Alibaba et Tencent, ont développé un internet commercial plus développé que celui des GAFAs américains en volume de transactions financières entre internautes. En Chine, on paye déjà en masse avec son mobile et sur la messagerie WeChat.

Pour les produits numériques c'est plus simple, et le modèle par abonnement est certainement appelé à se développer à l'image d'un Netflix. Un modèle auquel Netflix a toujours maîtrisé car rappelons-le, Netflix est un ancien distributeurs de cassettes vidéo qui a su exploiter le Cloud pour développer un nouveau mode de distribution et l'internet pour y raccorder ses clients.

C'est certainement ce qui explique également le "retour de Microsoft", avec une offre de Cloud mise en priorité par Satya Nadella qui s'appuie sur ce modèle de l'abonnement, pour l'instant très orientée vers les entreprises. Wall street pense même cette semaine que Microsoft pourrait être la première société à dépasser les $1000 milliards de capitalisation (avant Amazon qui s'en est rapproché avant que le coup fourré de D.Trump sur Twitter ne l'en éloigne, et Facebook qui a glissé sur Cambridge Analytica). 

GreenSI pense donc que l'internet va certainement prendre la voie de l'abonnement et que le budget mensuel des particuliers pour payer des services va augmenter.

Mais l'internet va également prendre à court terme la voie de la consolidation. Les sociétés trop petites n'auront ni les moyens de survivre au ralentissement du moteur des données personnelles et aux investissement pour être en conformité, ni une base de clients suffisante pour se financer uniquement par abonnement. C'est peut-être le moment pour les entreprises qui n'avancent pas assez vite dans leur transformation digitale de faire quelques emplettes...

Enfin, le seul modèle viable et pérenne pour encore de nombreuses années reste celui de la surveillance généralisée par les États, mais celui-là contrairement aux données personnelles, c'est pour notre bien à tous. ;-)

samedi 14 avril 2018

RGPD européen: les américains sont prêts !

Alors que l'échéance se rapproche, il devient difficile d'échapper aux questions et réunions sur le RGPD - Règlement Général de Protection des Données - qui entre en application dans 40 jours à partir d'aujourd'hui.

Déjà, il a ceux dans l'entreprise qui veulent absolument laisser des traces avant le 25 mai 2018 pour montrer qu'ils s'en sont occupé, en étant totalement convaincu que ça ne les concerne pas. Par mesure de précaution ils spamment leur entourage d'e-mails pour s'assurer que d'autres ont bien pris les mesures adéquates... tout en évitant scrupuleusement de les citer ou de donner plus de détails ;-)

Et puis il y a les "américains", pragmatiques et à l'heure !
On utilise au quotidien leurs plateformes en Europe, alors ils ont lancé des campagnes d'information avant une "bascule" planifiée entre le 1er et le 25 mai, dont vous ne pouvez pas rater les e-mails.
Des e-mails qui eux sont très explicites sur la démarche, le calendrier et les mesures prises ou à prendre.

Sur Pinterest, le réseau social de partage d'images, c'est le service minimum avec un bandeau d'acceptation des modifications apportées à la politique de confidentialité et des conditions d'utilisation qui s'affiche sur le portail lui-même. Quand on veut en savoir plus on apprend (en français) que cela concerne toute l'Union Européenne et on est renvoyé sur le site (en anglais) de la Commission Européenne.




On saura après le 1er mai (date anticipée par Pinterest) si être européen se défini par surfer depuis une IP européenne ou si c'est un paramètre du compte Pinterest que l'on a. Le service annonce cependant que cette "clarification" sur l'usage des données personnelles s'applique à "tous les pays", mais vu qu'elle n'est pas très engageante et qu'elle ne modifie en rien l'expérience utilisateur, ils n'auront pas de problème à déployer cette stratégie mondialement.

Une étude BCG montre d'ailleurs que ce n'est pas nécessairement la meilleure stratégie de niveler tous les pays puisque les attentes individuelles dans chaque pays ne sont pas les mêmes. Une donnée que l'on partagera dans un pays sans y réfléchir (avec un opt-in) peut dans un autre pays être plus difficile à partager. Par exemple pour un italien de dire ce qu'il va acheter, alors qu'un allemand considérera cela comme très privé.



Et c'est encore plus vrai quand on ajoute l'Asie et l'Amérique non traitées dans l'étude. Les chinois n'ont par exemple aucun problème à partager beaucoup de leurs "données personnelles" dont la définition, très occidentale, ne prends pas en compte les cultures plus collectives et moins individualistes.


Les conditions générales de Pinterest ont donc été complétées avec les informations détaillées sur les données collectées (journal, cookies, appareil...), la manière dont elles sont utilisées et partagées. Ainsi, sans aucun détour Pinterest explique l'usage qu'il fait des données personnelles, outre la personnalisation du service : "Nous avons un intérêt légitime à proposer des publicités pertinentes, intéressantes et adaptées à votre profil pour générer du profit (car ce service a un coût important)."

En cliquant, vous acceptez ce périmètre de données, c'est le "opt in" obligatoire demandé par le RGPD. Si cela ne vous convient pas et bien vous pouvez supprimer votre compte ! Mais si vous continuez à utiliser Pinterest après le 1er mai 2018 (donc que vous ne l'avez pas supprimé) c'est que vous acceptez ces nouvelles mises à jour. C'est une vision un peu cavalière du "opt-in" !

Chez LinkedIn, le réseau social professionnel, la page d'export permet maintenant d'aller dans le détail de toutes les données et de les récupérer au format CSV en 10mn (avec cependant peu de clefs pour naviguer de l'une à l'autre).

Mais si vous voulez vraiment les données qui ont de la valeur pour LinkedIn il faut prendre les fichiers complets qui contiennent vos clics sur les pubs et les critères qu'ils utilisent pour cibler vos publicités...
Ces fichier eux ne seront disponibles qu'en 24h.

Ces exports permettent la portabilité du service mais pour GreenSI ce sera surtout le début du cauchemar de vos données personnelles qui vont se répandre partout une fois exportées.

En effet, on peut imaginer par exemple des virus dédiés qui vont certainement apparaître pour les récupérer sur votre disque. Il y aura aussi des offres alléchantes de réseaux qui vont vous proposer de les charger chez eux, sans compter que ces fonctions vont être visées en priorité par les hackeurs de tous poils puisqu'elles permettent d'aller directement à ce qui les intéresse. D'ailleurs la fonction a une sécurité renforcée sur LinkedIn qui demande de saisir à nouveau son mot de passe pour récupérer ses données. Espérons qu'il ne s'agisse pas tout simplement de "azerty" ou "123456" ;-)

Et puis le nœud du scandale de Cambridge Analytica c'est bien une porte ouverte sur les données de Facebook par une société tierce. Quand il y a une porte, on est motivé pour trouver la clef.

En conclusion, vu de la sécurité informatique, le meilleur moyen de protéger les données individuelles n'est certainement pas de mettre une fonction banalisée pour les exporter. L'optimisme affiché du RGPD et sur Twitter de Mounir Mahjoubi notre Secrétaire d'Etat au Numérique autour de cette fonctionnalité, vont certainement s'émousser après les premiers détournements de cette boîte de Pandore maintenant ouverte. A suivre...



Chez Facebook c'est Mark Zuckerberg lui-même qui a témoigné devant le Congrès américain que sa plateforme était conforme au règlement européen mais qu'il ne voulait pas généraliser ces règles à tous les pays car... le diable se cache dans les détails de son application !

Et il n'a peut-être pas tort car GreenSI trouve aussi que le RGPD, pour un texte qui restera difficile à faire évoluer (3 ans pour la première version), va loin dans l'engagement de moyens (ex. imposer un Chief Protection Officer) au lieu de demander des engagements de résultats. A moyen terme ceci limitera l'innovation et nivèlera la protection des données par le bas car la technologie, et notamment l'IA, permettra rapidement des moyens de protections plus performants que ceux imaginés hier par nos fonctionnaires européens.

Pour Google Analytics, qui collecte toutes les données de vos sites, dont les données personnelles de vos utilisateurs, la bascule en mode RGPD se fera le 25 mai. Il faut d'ici là choisir une période de rétention des données (14 mois à illimité) dont vous êtes responsable. Le 25 les données et les utilisateurs trackés seront purement et simplement effacés en fonction de cette période et de vos paramètres. Ces règles de destruction de données ne concernent donc que les données personnelles si vous traquez des adresses IP particulières ou des critères permettant sans aucune ambigüité d'identifier des individus.



En effet, contrairement à Pinterest on a ici un outil B2B utilisé par les gestionnaires de sites internet des entreprises. Google Analytics donne donc un outil à ces gestionnaires pour se mettre en conformité avec le stockage des données personnelles qu'ils font. De facto Google est ici un responsable de traitement de données personnelles pour le compte de l'entreprise et souhaite se dégager de cette responsabilité. Et pour ça il est à l'heure...
Les conditions contractuelles ont été changées par Google pour tous ses produits depuis le début de l'année. Elles doivent donc être acceptées dans la gestion de compte Google Analytics par les administrateurs des sites ce qui engagera la responsabilité de leur entreprise toute entière vis à vis du RGPD... ou alors il faut changer d'outil de tracking ou arrêter de l'utiliser.

Et là dans l'entreprise c'est tout de suite plus confus pour savoir comme dans l'exemple précédent qui valide : "Comment on a des outils de tracking?". "Mais qu'est-ce qu'ils font exactement ?".  "Ce ne sont pas les GAFAs les méchants du RGPD. Nous aussi nous sommes concernés ?"...

Et oui, l'entreprise se découvre avec des outils de tracking souvent très poussés pour analyser la qualité de service de ses sites internet, ce qui demande d'aller très profondément dans le tracking de la consultation des sites par des clients tout à fait identifiés. 

Pas problème, on va en parler au responsable de la conformité qui a un document avec des processus bien formalisés qui permettent d'identifier les traitements avec des données personnelles. Et bien GreenSI ne prend pas un grand risque en offrant le café à ses lecteurs qui pourront trouver dans ces processus tous les outils de tracking internet et e-commerce. Envoyez moi un e-mail pour réclamer votre prix si vous avez gagné !

D'ailleurs dans une étude NetApp publiée cette semaine portant sur des décideurs informatique en France, Allemagne, Royaume Unis et Etats-Unis, on apprends que 67 % des entreprises craignent de ne pas pouvoir respecter l’échéance, et mieux, que 40 % connaissent le lieu de stockage des données.

Même si GreenSI n'est pas dupe sur le fait que NetApp, qui vend une offre pour aider les entreprises avec le RGPD, agite certainement un chiffon rouge pour générer des opportunités commerciales, on sera certainement loin de 100% de conformité le 25 mai. Et puis en France, avec les ponts de mai et la grève SNCF, ça pourra bien attendre septembre...

Je ne sais pas vous, mais personnellement, contrairement aux américains, je n'ai reçu aucun e-mail relatif au RGPD de plateformes françaises. J'aurais pourtant pu recevoir un e-mail d'Orange qui gère mon abonnement internet et qui voit to

ut passer sur mon navigateur et ma TV (jusqu'à en filtrer TF1), de SFR pour mon portable géolocalisé en permanence, de la Fnac-Darty où j'achète en ligne tout ce que je lis et qui connait donc mes opinions, sans parler de la Cnam qui me traque chez le médecin et le pharmacien et du Trésor Public mon principal fournisseur bien loin devant Amazon.
Bon, allez quelle mauvaise langue, il reste encore 40 jours...



samedi 7 avril 2018

Hackathons: exploitation ou open innovation ?

Malgré l'actualité autour de Facebook, cette semaine GreenSI ne va pas vous parler de données personnelles exploitées par des plateformes (ce que le grand public fait semblant de découvrir) mais plutôt de méthode et de nouvelles façons de faire et de penser à l'ère du digital (#FlipYourMind).

Les hackathons sont ces évènements-compétitions organisés pour faire émerger des prototypes de nouvelles idées.

Ce sont des évènements car ils ont un côté ludique et surtout social en faisant que des participants aux compétences complémentaires se rencontrent souvent pour la première fois ce week-end-là. Ce sont également des compétitions car ils motivent les participants avec des prix financiers de plusieurs milliers d'euros. Les hackathons sont clairement ancrés dans l'ère du temps, celle des "makers" et de l'émergence de talents.

GreenSI les a découverts au tout début de leur apparition en France vers 2011 et avait écrit un premier billet en 2012 sur "un hackathon pour innover à la DSI en mode start-up". C'était les débuts du mobile et les hackhathons semblaient adaptés au développement de prototypes d'Apps, sujet qui était alors un casse-tête à la DSI tant cela changeait de la méthode projet du cycle en V.

Deux ans plus tard GeenSI avait constaté que le message était bien passé et que des grands groupes comme GDFSUEZ (aujourd'hui Engie) ou SNCF, l'utilisait comme un outil d'innovation pour engager leur transformation numérique et un outil de rencontres avec des étudiants plein de projets pour transformer leur industrie... pour mieux les recruter.
Quatre ans plus tard, en 2018, limiter les hackathons au développement d'applications informatiques serait cependant un manque de perspective.

Les hackathons sont devenus un outil dans la palette du Chief Digital Officer pour explorer de nouveaux sujets dans la transformation digitale et tisser des liens avec porteurs d'idées. Dans le secteur public c'est aussi un moyen d'associer des citoyens ou le monde associatif sur des projets de développement de la ville et de ses services.



On trouve également de évènement plus ciblés sur un des aspect de la transformation comme des "data hackathons" pour résoudre des problèmes avec des données (comme lors de ROOMn 2017) ou des hackathons pour imaginer de nouveaux business modèles.

Ce phénomène est mondial. Vous pouvez chercher le mot "#hackathon" sur Twitter chaque week-end vous en découvrirez des dizaines à chaque fois à travers le monde qui sont en train de se dérouler. Même chose avec le prisme de Google, les recherches ont triplé en nombre de 2013 à 2017. Il y a d'ailleurs un site pour rechercher les rechercher tous ;-)



Aujourd'hui les compétences qui se rencontrent dans les hackathons ne sont plus uniquement celles des développeurs. Le design, l'écologie, le social, la data science, le marketing... font aujourd'hui parti des thèmes des projets et les gagnants ne présentent plus un Nieme projet de développement d'une application mobile mais sont portés par des projets plus complets dans lequel la technologie n'est qu'un moyen. Les organisateurs ont donc aussi beaucoup évolué en se dotant de compétences plus transverses pour organiser ces évènements

Cette année j'ai été membre du jury du hackathon organisé en mars par la Métropole de Saint-Etienne et Suez sur le thème de la Smart City. Le thème était la digitalisation d'un quartier pilote (Beaubrun, Tarentaize, Couriot) en constante mutation.
L'équipe gagnante est principalement composée d'architectes et de designeurs. Ils ont imaginé une plateforme pour gérer les locaux vacants dans le quartier, leur trouver de nouveaux locataires mais également mettre de l'agilité pour organiser des magasins éphémères.

Bien sûr pour réaliser ce projet il faut une plateforme digitale et des API robustes qui s'appuient sur une base de données de qualité, mais elle n'est pas l'objectif final du projet dont l'ambition est la redynamisation d'un centre de ville. Une autre équipe a imaginé transformer un immense mur sur une place en écran numérique géant alimenté par des données locales qui parlent aux habitants (peu connectés), des dessins d'enfants, des petites annonces, des informations locales,...

En février sur la métropole de Grand-Dijon, j'ai également été mentor de projets lors du week-end Power Angels. C'est un évènement sponsorisé par BPI france qui se défini comme un week-end collaboratif, positif et convivial, où les participants sont venus pousser leurs projets pour réinventer la ville.

Un moment très rafraîchissant où, avec le pouvoir des idées le temps d'un week-end, la blockchain devient une monnaie locale et le recyclage une activité du quotidien dans une économie circulaire !

Pendant les 3 jours de l'évènements, des experts venaient coacher les projets tout au long du week-end sur les sujets important pour leurs projets comme le juridique, le référencement internet, la propriété intellectuelle... comme dans un incubateur de startups. A la clef un enrichissement des participants et des projets plus solides dont les pitchs ont été bien rodés.

Ainsi GreenSI constate que depuis au moins 6 ans, les hackathons n'ont cessé d'évoluer et de devenir des outils d'open innovation. Ils s'inscrivent dans les démarches de transformation et même si ce qui en sors est loin d'être prêt à l'emploi, ils ont créé des idées robustes et l'alchimie d'une équipe qui a envie de les porter. C'est pourquoi plus que le prix financier, c'est l'incubation des vainqueurs qui suit le hackathon qui a le plus de valeur pour les participants. 

La démarche "Hackathon > Incubation > Fabrication et Déploiement agile", devient donc un chemin utilisé pour aller de l'idée au produit industriel déployé.

GreenSI a donc été très surpris de retrouver dans la revue Usbek & Rica, pourtant très au fait de la transformation digitale, un article très négatif sur les hackathons et qui pose la question du travail précaire gratuit organisé par des entreprises. Outch ! 

La revue se fait l'écho d'une étude d'une sociologue américaine (Sharon Zukin) qui sur la base de sept hackathons étudiés à New York concluait que ces compétitions de développeurs reposent sur du travail précaire et gratuit. Cela semble être une vision très réductrice de cette chaîne d'open innovation.

Depuis 6 ans GreenSI a également interrogé de nombreux participants et organisateurs de hackathons, certes pas à New York mais en France, et GreenSI n'en tire pas du tout les mêmes conclusions... 

Déjà soyons clair, il n'y a bien sûr aucun lien entre les prix des vainqueurs et le travail effectué. Tous les acteurs sont bénévoles et sont venus de leur plein grès. C'est même la principale difficulté pour l'organisation : le recrutement des participants. D'ailleurs certains "serial hackathoneurs" reviennent même à plusieurs hackathons.

D'autre part le coût d'organisation financé par les sponsors dépasse largement la dotation en prix de quelques milliers d'euros puisqu'il faut gérer la logistique de l'évènement (salle, repas, animations,...) et sa préparation par des agences spécialisées comme BeMyApp ou MythMakers. La comparaison avec du travail précaire, et pourquoi pas déguisé, est donc très discutable a moins de dénoncer également ceux qui œuvrent  bénévolement dans leur association en utilisant leurs talents de professionnels.

Les participants rencontrés par GreenSI semblent loin d'être les nouveaux esclaves du monde moderne. Généralement jeunes et plein de motivation pour une cause en lien avec le thème du hackathon, ils viennent chercher des contacts, de l'expérience et pourquoi pas un titre à ajouter sur leur CV. Quand on leur pose la question sur leurs déceptions, la réponse est plutôt de ne pas avoir pu poursuivre le projet auquel ils croyaient et qui n'a pas gagné. D'ailleurs parfois ils le remettent sur la table à un prochain hackathon pour le rendre plus robuste avec de nouveaux équipiers.

Ensuite vient la question de la propriété intellectuelle. Elle est essentielle bien sûr pour que l'équipe puisse exploiter son idée qui aura pourtant été médiatisée. Cette propriété est prévue par les règlements signés par l'intermédiaire des organisateurs. Si cela se passe mal c'est la réputation de l'organisateur qui sera également entachée au sein de sa communauté ce qui lui compliquera l'inscription de participants à ses prochains évènements, un élément essentiel de son propre business modèle. En effet pour sélectionner une agence le critère le plus important n'est pas nécessairement le prix mais bien la capacité de l'agence à mobiliser des participants pour que, comme par magie, le jour J la salle soit remplie !

Il faut donc rester lucide, les entreprises qui exploitent les idées des participants comme certains voudraient le faire croire est certainement une vision très exagérée. Et puis tout le monde sait que l'idée n'est rien sans une capacité de mise en œuvre. Et c'est justement cette capacité que viennent chercher les entreprises dans l'open innovation, plus que les idées : tisser des liens avec l'équipe qui porte ces idées est donc le plus important. Et ça tombe bien car les profils d'entrepreneurs en entreprise ne sont pas légions, d'où l'accompagnement des premiers prix par une phase d'incubation en partenariat avec un incubateur labellisé French Tech.

Alors le hackathon système organisé de travail déguisé et le pillage de la propriété intellectuelle ? Et bien peut-être à New York, et il y certainement eu des abus en France aussi, mais GreenSI n'y croit pas. Le phénomène a pris trop d'ampleur et s'inscrit de façon forte dans la démarche de transformation qui concerne toutes les entreprises et également le service public.

GreenSI pense que les hackathons sont des outils qui vont se standardiser, comme les salons, les rencontres d'affaires ou les petits déjeuners dans la communication et le marketing. Ils peuvent être utilisés en interne et en externe (clients,usagers....), avant le lancement de projets qui se poursuivront par une démarche agile et itérative qui justement a besoin d'une implication forte des futurs utilisateurs. 

Sur les sujets de l'entreprise numérique de demain on va impliquer plus en amont les DSI (ou les Directions Digitales) pour organiser les études de besoins avec de multiples équipes agiles sous la responsabilité directe des entités opérationnelles qui mobilisent les utilisateurs. Et ça tombe bien car la DSI sera de moins en moins impliquée sur l'infrastructure et les serveurs qui sont de plus en plus exploités en externe avec le Cloud, et en amonts de nouvelles démarches se développent pour gagner l'engagement.

Les hackathons, qui continueront d'évoluer, vont juste devenir incontournables pour initier les projets et souder les équipes diverses et transverses, et certainement remplacer la bonne vieille réunion de lancement de projet avec 15 à 20 personnes autour de la table qui regardent leur smartphone.

Dans la transformation digitale l'engagement de l'équipe se construit très en amont et les hackathons sont des outils adaptés pour cela.

mardi 3 avril 2018

Oui, le digital tue ceux qui ne s'adaptent pas


Cette semaine le Président Donald Trump s'en est pris ouvertement à Amazon, sur son média préféré Twitter, en l'accusant de tuer le commerce, d'exploiter le bien commun (en l'occurrence le système postal) et de ne pas payer assez d'impôts.

La réaction des marchés a été assez immédiate et l'action Amazon a dévissé de plus de 6%. Les boursiers "achetant la nouvelle" d'une période d'au moins 2 ans de guerre (le reste du mandat de Trump) entre les deux personnes les plus puissantes des États-Unis et ont parié contre Amazon.

En effet, Jeff Bezos est devenu en mars l'homme le plus riche des États-Unis en dépassant Bill Gates

Personne n'est dupe de la posture d'un Donald Trump qui n'aime pas vraiment le patron d'Amazon propriétaire du Washington Post, un journal plutôt "anti-Trump" pendant la campagne électorale américaine.
Mais sur GreenSI on peut quand même se poser la question des fondements du contenu de ce tweet.

En premier lieu, le service postal américain doit certainement avoir une statue en or de Jeff Bezos dans son hall d'accueil tant le e-commerce les a sauvé au moment de la chute du courrier postal. Les colis représentent l'activité en forte croissance et ils se sont diversifiés dans la logistique.

Lentement (20 ans) mais sûrement, l'internet à totalement réorganisé les modes de distribution des produits et services.

Les produits se dématérialisent industrie par industrie. Dans les loisirs, Netflix qui envoyait ses cassettes vidéo par le service postal dans les années 90 est aujourd'hui totalement doté d'une distribution en ligne.
D'ailleurs depuis 2015, Netflix est dans le cloud public... d'Amazon Web Services. Si vous aviez encore un doute sur la vision stratégique de Jeff Bezos, vous êtes fixés.

Netflix c'est l'exemple préféré de GreenSI pour parler de ceux qui expliquent qu'ils préfèrent posséder leurs serveurs, ou qui construisent des clouds privés moins automatisés que l'offre publique du marché. Mais c'est un autre débat.

La distribution s'hybride donc entre les réseaux physiques et les magasins en ligne, pour offrir la meilleure expérience utilisateur personnalisée et les délais de livraison les plus courts. La logistique de ces modèles se complexifie donc car elle repose sur des entrepôts moins centralisés et plus près des clients, par exemple un réseau de magasins en ville, comme pour le "drive", auquel d'ailleurs peu de grands distributeurs croyaient au départ.

Ceci va donc changer les flux logistiques et donc l'offre logistique des sociétés du secteur qui vont devoir s'adapter. C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre le partenariat annoncé cette semaine entre Monoprix et Amazon. Certes, Amazon a trouvé de quoi basculer encore plus de ventes (de frais) sur le modèle en ligne, mais surtout a trouvé le réseau des magasins Monoprix pour stocker les produits et délivrer au plus vite. Monoprix, lui, s'est également diversifié sur internet plus tôt dans l'année en faisant l'acquisition de Sarenza (vente de chaussures en ligne). Ceci va lui apprendre le métier de e-commerçant, un atout pour gérer sa future relation avec Amazon...

Ce modèle de la distribution du frais peut paraître une évidence aujourd'hui, pourtant cela fait plus de 15 ans que l'industrie le cherche !

La première figure du web à l'avoir tenté (trop tôt et en écoutant pas assez ses clients) c'était WebVan qui a fait faillite en 2001 après 5 ans d'opérations.
Imaginez une camionnette (van) reliée à votre souris pour vous livrer en moins de 24h, c'était la promesse que WebVan n'a pas su tenir en gagnant de l'argent malgré un management très expérimenté et une levée de fond record de 440 millions d'euros. Elle a été valorisée 1,4 milliards d'euros avant de faire faillite. Et à cette époque WebVan n'était pas seul à avoir essayé, les autres sont Kozmo, Peapod, HomeGrocer... ont eux aussi levés des centaines de millions de dollars et si vous ne les connaissez pas aujourd'hui c'est parce qu'ils sont morts depuis.

Amazon s'y est ensuite frotté avec Amazon Fresh et en est arrivé à la conclusion que d'avoir un réseau de magasins était la clef. Il a racheté WholeFood l'an dernier et s'est lancé dans des magasins Amazon Go d'un nouveau genre, pour encore mieux comprendre le comportement d'achat de ses clients en ayant leur accord pour les tracer pendant leurs achats en échange de ne plus attendre à la caisse.

Est-ce que Amazon tue le commerce comme le prétend le Président américain ?
La vérité est plutôt que les modèles du commerce qui ne s'adaptent pas disparaissent tout seuls car leurs clients se détournent d'eux. Fallait-il ne pas innover pour ne pas détourner les consommateurs ? Il est surprenant que ce soit le Président des États -Unis, pays qui a mis le capitalisme et le client au cœur de son modèle, qui pose cette question. 

Enfin, pour ce qui concerne les impôts, c'est bien le système d'imposition des produits physiques en vigueur sur la planète qui n'est pas adapté à cette numérisation des produits et des industries. Les bases de la fiscalité du numérique doivent être reposées.

À ce jeu-là c'est d'ailleurs le président américain qui semble avoir été plus rapide que les européens en taxant à 15% les centaines de milliards de bénéfices effectués partout dans le monde par les GAFAs, qui seront rapatriés prochainement aux États-Unis. L'Europe a lancé sa riposte (taxer sur le CA au-delà d'une certaine taille) mais elle a peu de chance d'aboutir. Et puis tant mieux car, comme pour le RGPD, cette riposte risquerait de faire plus de dégâts collatéraux dans les sociétés européennes que dans les sociétés GAFAs visées.

La transformation digitale du commerce passe donc par l'adaptation de sa logistique à la digitalisation partielle ou totale des produits. Les sociétés qui ne s'adaptent pas perdent des parts de marchés, et si ce n'est pas Amazon qui les capture ça peut être n'importe quel autre acteur qui a trouvé la clef d'une distribution rentable adaptée à sa base de clients.

Costco par exemple, distributeur américain, aussi installé en France depuis peu, est en croissance et résiste très bien à Amazon. Son succès : un modèle de magasins-entrepôts "low cost", un modèle d'abonnement des clients pour venir acheter (80 millions de porteurs de sa carte "Cash" dans le monde), et une animation très originale des magasins avec des "chasses aux trésors" pour dénicher les hyper-promos.

Chez Zara, c'est le modèle logistique "J-15" qui cartonne depuis 30 ans. Son fondateur, l'espagnol Amancio Ortega, est d'ailleurs la sixième fortune mondiale devant Marc Zuckerberg de Facebook, preuve que le commerce physique peut aussi monter très haut, très vite.

Sa vision "J-15" transforme une idée en produit étiqueté dans un magasin prêt à être vendu en 15 jours quand les concurrents en étaient à 4 collections par an. L'agilité, poussée à son paroxysme par Zara, fait que, comme pour les "chasses aux trésors" de Costco, le client a le sentiment que s'il n'achète pas aujourd'hui l'offre ne sera plus là demain. Et ça marche !

Dans les deux cas les magasins ont été transformés en portails avec des flux plus fréquents, voire en réseau social. Donc oui Monsieur le Président, le digital tue ceux qui ne s'adaptent pas et les formes pour s'adapter sont très diverses.

Pour l'instant Amazon a su s'adapter avec à chaque fois un coup d'avance, mais Amazon peut aussi rater la prochaine étape qui demandera une plus forte présence physique. En 2011, Catherine Barba (Fédération e-commerce et VAD), publiait un billet visionnaire sur la fin du e-commerce en 2020, ou plutôt la disparition entre le commerce en ligne et le commerce traditionnel. Et bien on y est !

En France, la chaîne France Loisirs tombe depuis quelques années de Charibde en Scylla et annonce cette semaine la réduction de 25% de ses effectifs, entraînant avec elle sa chaîne logistique - son prestataire Setralog basé à Noyelle-sous-Lens - qui va être contraint de réduire lui aussi ses effectifs de 20%. Pour parler de ce drame social, comme Donald Trump, le raccourci de la presse est "Amazon a tué France Loisirs".

France Loisirs avait pourtant une base de 4 millions de clients qui payaient un abonnement pour être membre du club, comme pour Costco, et pouvoir acheter les livres de la sélection. Une base de lecteurs dont les réseaux sociaux auraient rêvé il y 15 ans pour mieux comprendre leurs goûts et personnaliser la publicité. Mais cette base n'a pas été assez fidélisée et est passée à 1,5 millions avec le développement de nouveaux usages de l'Internet qu'elle pas su assez détecter et suivre.

Des usages qui ont aussi impacté les plus gros comme Carrefour et ses hyper-marchés où tout ce qui n'est pas alimentaire peut également s'acheter sur Internet, quand ce qui est alimentaire s'achète plus près. Il va falloir trouver de nouvelles idées pour faire venir les clients en hyper-marché. La Fnac depuis sa fusion avec Darty cherche également à résoudre le même problème mais sans la contrainte de l'alimentaire.

En revanche les magasins en centre ville, ou du moins près des flux de clients, eux prennent de la valeur. Pourtant France Loisirs, dont les e-commerçants ont pourtant vu depuis 2011 la force de son réseau de boutiques en centre ville, n'a pas su trouver l'évolution de son offre pour la rentabiliser. GreenSI ne serait donc pas surpris qu'une enseigne de e-commerce ne rachète prochainement l'enseigne pour ses boutiques.

Est-ce que Amazon a tué France Loisirs ? Je vous laisse répondre à la question vous-même mais pour GreenSI France Loisirs était en avance sur un modèle, aurait peut-être du changer le produit distribué en se rapprochant d'un e-commerçant.

En tout cas il est clair que la distribution vient d'entrer dans une période de forte transformation de son modèle et que les acquisitions vont se poursuivre pour qu'elle se réorganise à l'ère du digital.


-->

L'humour de ceux qui aiment le numérique