dimanche 3 décembre 2017

#FoodTech: innovons ensemble

Cette semaine, se tenait à Dijon le salon de la #FoodTech, en terre de gastronomie et d'agriculture. Un salon et des conférences qui ont rassemblé sur 2 jours, tous les acteurs "de la fourche à la fourchette" comme les organisateurs aiment le présenter.

Signe d'une économie numérique, les "X-Techs" ont depuis longtemps quitté les seules "Bio Tech" et "High Tech", pour couvrir de plus en plus d'industries. L'alimentaire, de la production à la consommation, est aujourd'hui celle promise à une nouvelle révolution. GreenSI y voit également le signe d'une classification des industries qui devient de plus en plus obsolète, et où "la Tech" en tant que segment d'actions en Bourse n'a plus beaucoup de sens (voir ce billet de 2014: Vers la fin des industries). 

Cette première manifestation de la FoodTech a donc permis, en un même lieu, la rencontre des startups de la Production alimentaire, de la Transformation des matières premières, de la Distribution, sans oublier les consommateurs et leur Expérience de consommation.

C'est pour ne pas oublier cette expérience de mieux manger, de savoir ce que l'on mange, d'où ça vient... que le salon a ajouté le mot "use" entre les mots "Food" et "Tech", la FooduseTech, et mettre en avant ce changement profond des usages.

L'expérience consommateurs est d'ailleurs le domaine qui bénéficie de nombreux investissements.

On y retrouve par exemple AlloRestau et Deliveroo, ou le nouvel  UberEats, ces startups que l'on croise en vélo dans nos rues pour nous livrer en 30mn des plats de restaurants. Mais on peut également se faire livrer les plats froids à réchauffer chez soi avec Frichti qui vient de lever 30 millions d'euros, ou carrément se faire livrer "une box" d'ingrédients frais pour cuisiner nous-même comme les chefs, avec moiChef. Un domaine qui explose aux États-Unis.

La technologie des plateformes partagées entre acteurs (ici consommateurs, restaurateurs, livreurs, laboratoires de cuisine) va aider chaque domaine à devenir plus "smart" avec le numérique et à repenser son offre, sa logistique, ou  son modèle économique. La donnée se retrouvant au cœur de ces usages.
Dans la production, le développement de l'agronomie de précision est bien engagé avec l'internet des objets, les drones et maintenant les robots (voir le billet de GreenSI Les robots sont dans le pré). Mais la transformation des usages n'est pas non plus en reste avec par exemple WefarmUp qui s'est déplacée à Dijon pour proposer la location directe de matériels entres agriculteurs, et a calculé sur des données historiques dans le Sud-Ouest que cela permettrait de mieux utiliser de 40% la capacité de ces matériels et donc leur financement.

A l'extrême de la chaîne, imaginer de nouveaux usages et repenser l'expérience utilisateur est un domaine très dynamique comme on vient de le voir. Mais cela ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. En effet, entre production et consommation, c'est maintenant dans la transformation et la distribution que tout est encore à repenser. Comme cela a été dit dans l'une des keynotes; après 40 ans de développement du marketing orienté sur l'emballage, le prix ou le lieu d'achat, on a certainement oublié ce qui fait la véritable nature de notre alimentation: la qualité des produits.

L'assiette d'Arthur et Alex rejoint les startups qui proposent de court-circuiter radicalement cette chaîne et de mettre les produits du terroir à portée de clic. Au pas de course, décline le même concept au niveau du quartier dans une ville, ou comment transformer votre quartier en un supermarché en ligne géant avec livraison à domicile. Un concept intéressant dont les "smart cities" devraient peut-être s'emparer...

Ce développement des usages dont on ne voit pas la fin, a été rappelé par le partenariat entre SEB et Orange, autour de la plateforme collaborative de données et de recettes de cuisine Foodle, dont l'objectif est de construire un écosystème au-delà des produits de SEB.

Luc Bretones qui pilote le Technocentre d'Orange (design et marketing) & Orange Vallée (innovation) a donné sa vision sur le fait que "l'Histoire se souviendra de nous comme les hommes préhistoriques de la data".

Le simple sujet de partager sérieusement des recettes de cuisine pour créer un écosystème amène à réfléchir sur l'ontologie de ces données, des méthodes de collecte et d'analyse, le partage d'API, l'anticipation de la scalabilité et demain sur comment aborder les interrogations de cette base de données en langage naturel. Un sujet sur lequel Orange travaille pour que son assistant vocal Djingo puisse se connecter à Foodle.

Donc si vous gérez encore vos recettes sur fiches cartonnées vintages, décolorées par l'usage, gardez les, elles vont prendre de la valeur !  ;-)
Hasard du calendrier, au même moment sur Paris, Orange faisait le lancement de Orange Bank pour tenter de déplacer une autre frontière, celle de la Banque de Détail vers les opérateurs de services numériques. A suivre...
Pour revenir sur la transversalité de la FoodTech, quand on écoute Xavier Boidevézi, Vice-Président de l'Atelier Digital du Groupe SEB, on a quand même plus l'impression que SEB est passé dans l'industrie qui répond à la question "on mange quoi ce soir?", que dans celle de l'électroménager connecté.

La data va donc être ce liant entre toutes ces activités qui vont redessiner les frontières de nos industries, avec de nouveaux usages amenés par la technologie.La première application de ces données à laquelle on pense dans la FoodTech est bien sûr la transparence et la traçabilité sur la production et la transformation des produits alimentaires.

La startup TAGsparency propose l'usage de la technologie blockchain pour créer ce registre traçabilité entre producteurs, distributeurs et clients. Le produit que vous scannez dans votre frigo aura un code barre personnalisé qui consultera cette blockchain et vous dira d'où il vient, vous donnera les propriétés nutritives en fonction de la date de cueillette,  ou vous alertera si un problème est connu sur le lot de ce produit. Le distributeur peut alors vous proposer un coupon d'échange du produit directement sur votre smartphone.

Tout cela reste bien sûr à imaginer et n'est pas opérationnel, mais cette société illustre bien la révolution devant nous dans la consommation.

La donnée peut même devenir une marque, parce qu'elle rétabli la confiance et offre une nouvelle expérience.
C'est ce que fait Brandless aux États-Unis en mettant en avant les produits "sans marque". La grande distribution qui a depuis 20 ans créé des "marques distributeurs" très orientées prix bas, va certainement ouvrir ses chakras et imaginer d'autres terrains pour plus de différenciation.
Certains diront que la FoodTech est en retard sur d'autres industries transverses plus médiatisées, ou que la grande distribution veut garder le contrôle du jeu entre le produit et le consommateur, mais GreenSI a entendu dans les allées du salon l'argument qui bouge tout le monde depuis 2017 : Amazon !

Le cauchemar que ce soit ce géant américain qui réinvente la distribution avec de l'e-commerce, une dose d'abonnements et une logistique du dernier kilomètre sans faille, est sur toute les lèvres depuis le rachat de Whole Foods, et de toutes les rumeurs de rachats en France de Carrefour à Monoprix en passant par Casino.


Ce salon #FoodUseTech, placé sous le haut patronage du Premier Ministre, a été l'occasion pour Mounir Mahjoubi, secrétaire d'État au Numérique, interrogé par Xavier Boidevézi, de venir rappeler dans la conférence de clôture de la première journée l'importance de ce secteur pour la France, à la fois sur le plan de la "food", que de la "tech", où la France est désormais connue et reconnue avec la Frenchtech. Un message qu'il a réitéré le lendemain aux Docks Numériques, l'accélérateur de startups et l'espace de coworking basé à DijonGreenSI était également présent, et où s'est arrêté le #StartupTour du gouvernement sur le thème "on se dit tout". Une démarche qui vise à identifier tous les points de blocage à l'innovation en France à la rencontre de startups sur les territoires.

Sa conclusion a été donnée en signant la table de la salle de réunion (après y avoir été invité) par : "on innove ensemble".
Et c'est peut-être ça la définition de ces nouvelles industries transverses "Xtech" où des acteurs d'origines et d'industries différentes vont innover ensemble pour changer la donne.


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