jeudi 13 juillet 2017

#FlipYourMind : Devenez data-boulimique

 #FlipYourMind est une série de billets de GreenSI sur le thème de la transformation digitale. Ne cherchons pas à agir à l'ère du digital tout en pensant encore comme à l'ère précédente. Si vous lisez ceci c'est certainement que vous avez choisi de prendre la pilule rouge ;-)







Dans une économie numérique, les données et la collaboration (les relations) sont au cœur de la valorisation des relations numériques.
On parle des données, parce que l'économie est certes numérique mais elle représente un monde réel. Plus on aura de données pour représenter ce monde, plus la représentation de ce monde sera exploitable. De même, on parle de relations parce que l'économie numérique repose sur un réseau qui relie virtuellement tous les serveurs, tous les humains, et demain tous leur objets. Ces échanges ont aussi de la valeur quand ils sont prêts à être activés.
La puissance des GAFAs repose autant sur la quantité de données qu'ils ont accumulée que sur leur capacité à activer les bonnes relations en temps réel pour exploiter ces données. Ce n'est un secret pour personne et toutes les discussions dans l'entreprise parlent maintenant de big data, de smart data, etc. Mais qui réellement en tire la conclusion que cette boulimie de données et de relations, seul ou en équipe, devrait être une arme de l'entreprise?

Cette semaine l'annonce de l'Alliance Gravity marque un tournant dans la publicité quand plus d'une dizaine de médias et d'éditeurs français ont décidé de partager les données qu'ils collectent sur leurs lecteurs visitant leurs sites. Il aura fallu plus de 5 ans de domination de Facebook et Google sur la publicité de l'internet mobile et fixe pour que l'industrie des médias réagisse, et mette en oeuvre le moteur de la valorisation des relations numériques: la data-boulimie collaborative.

Saluons l'initiative, car l'industrie de la musique ou des livres ne l'ont pas encore compris, alors que leurs produits deviennent maintenant des flux (streaming) qui génèrent beaucoup plus de données sur les usages que les produits physiques, puis numériques qu'ils vendaient.
Dans cette brochette d'acteurs - un peu trop masculine aux yeux de GreenSI et de #JamaisSansElles, les femmes avaient certainement piscine ce jour là - on y retrouve le Groupe Les Echos, Lagardère, Prisma Media, SoLocal et même l'opérateur mobile SFR, la FNAC Darty avec son e-commerce, ou les sites de la chaîne M6.



C'est une union qui démontre bien la porosité des industries amenée par le numérique et la possibilité de fédérer largement entre industries avec les mêmes outils.

Et puis dans la liste des entreprises de l'Alliance il y en a des très chahutées sur leur marchés, comme FNAC et Darty qui tentent la fusion pour résister à un Amazon dans un contexte d'hybridation entre les mondes numériques et réels en magasin. On y retrouve également SFR en perte de vitesse tout au moins d'abonnés mobiles et SoLocal pris dans une tempête boursière qui a reconfiguré son Conseil d'Administration le mois dernier. C'est peut-être un signe qu'il est plus facile dans nos organisations d'agir devant le danger au pied du gouffre plutôt que d'agir par anticipation quand tout va bien.


À l'ère du digital, la nouvelle façon de penser est donc de capturer toutes les données - même les plus insignifiantes, voire les gratuites comme la météo. Derrière toute transaction se cache un contexte et un environnement, pourquoi se limiter à enregistrer seulement la transaction si les deux autres peuvent être des variables explicatives de cette transaction?

À l'ère du digital, c'est aussi la priorité données aux écosystèmes, qui ensemble peuvent activer ces données ou ces relations. Cela amène sur une idée récurrente dans les billets de GreenSI c'est qu'une partie du SI de l'entreprise ne se construit pas dans l'entreprise, mais en dehors de l'entreprise.

Votre DSI est peut-être engagée à enfin mettre en place "son" immense Datalake pour répondre aux enjeux du numérique et décloisonner un système d'information construit par application et par direction métiers. Le virage de la transformation digitale semble donc bien pris, et la data-boulimie va pouvoir commencer, une fois cet estomac terminé.

Mais attention, car le diable se cache dans les détails de l'implémentation ; et les vieux réflexes de contrôle qui ont structuré la façon de penser des DSI de ces trente dernières années peuvent encore tuer une initiative de construction de valeur autour des données. Contrairement à ce que peuvent raconter les consultants qui vous ont vendu ce DataLake, et à moins d'être ouvert et installé sur le Cloud, il ne servira au mieux qu'à optimiser vos processus et votre décisionnel interne. Ce sont deux sujet qui ont également 30 ans mais qui ne sont qu'une petite étape vers la digitalisation de l'entreprise.

La plateforme permettant à une entreprise de devenir data-boulimique est nécessairement ouverte à son écosystème via des API pour que chacun y mette et retire, EN TEMPS RÉEL, les données qui seront essentielles à la prise de décision instantanée sur Internet.

Pour cela, le Cloud est le seul candidat, mais pas sur une instance qui implémente la politique de sécurité de l'entreprise (qui rejette toute requête externe), mais sur un Cloud construit pour travailler avec tout un écosystème. Une des entreprises peut opérer ce cloud collectif, mais sans en tirer un avantage au-delà d'entretenir sa maîtrise des infrastructures numériques.

Le développement de l'internet des objets pour les sociétés industrielles est également concerné par cette boulimie, que ce soit en B2C ou en B2B.
Chaque capteur amènera plus d'information contextuelle sur la production, la logistique, la distribution voire sur l'usage du produit ou du service par le client final. Ces données pourront être utilisées en interne pour optimiser les processus, mais surtout en externe dans une collaboration autour d'un écosystème.

Dans le domaine de la ville intelligente (Smartcity), qui est cher à GreenSI, certaines collectivités comme la Métropole de Saint-Étienne engagent des projets de collecte de données au niveau d'un territoire.

Cela favorisera les applications citoyennes qui informent en temps réel les habitants et luttera contre la "pensée unique" qui serait de n'avoir qu'une seule ville représentée numériquement en temps réel - celle de Google (Map, Streetview, Earth,...)

Pour GreenSI, si vous voulez penser à l'ère du digital, pensez tous les jours aux données que vous auriez pu capturer.

Créez les "connecteurs" pour alimenter la plateforme de votre future Alliance. Comme la gravité, elle aura ce pouvoir massif d'attraction des données, mais le but n'est pas de les garder que pour vous, vous devrez aussi penser pouvoir inverser la gravité pour qu'elles se valorisent partout dans ce nouveau monde numérique en construction.

Et puis, rater la révolution de la boulimie des données, c'est sans aucun doute la façon la plus sûre de rater la prochaine révolution, celle de l'Intelligence Artificielle dont l'apprentissage repose sur les données. Mais ce sera pour un autre billet.

Ne ratez pas les prochains billets #FlipYouMind  
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