lundi 31 octobre 2016

Mixez les compétences pour construire votre plateforme digitale

La technologie est abondante. La transformation numérique de l'entreprise est dans ses usages. Est-ce une évidence pour tous ?

Beaucoup d'entreprises ont encore des organisations qui isolent la technologie dans une DSI, quand d'autres cherchent toujours a sélectionner (sans fin) "la meilleure" technologie avant de (ne jamais) se lancer !

L'actualité récente devrait conforter ceux qui pensent que l'entreprise doit se fixer des défis "façon NASA" (ex. "un humain sur Mars en 2030") et mieux mixer ses compétences technologiques et non technologiques, internes et externes, pour résoudre ces défis et fédérer la majeure partie de ses investissements. C'est le thème de ce billet.

"The Mixer", c'est aussi nom de l'incubateur d'Unibail-Rodamco, spécialiste de la gestion des centres commerciaux en Europe, qui vient d'être inauguré fin septembre, pour imaginer les projets et les marchés de demain.

Il mêle les équipes internes du Marketing Digital, du "lab innovation" (UR-Lab) créé il y quelques années, avec les start-ups et les partenaires de son écosystème.

Ce sont aussi de nouveaux espaces de travail collaboratifs et créatifs, ou une salle de sport et bien-être qui repensent le lieu de travail sur 900m² au coeur du siège social du groupe.

Pour y avoir été la semaine dernière, l'effet de transformation du groupe n'est bien sûr pas garanti mais il est très bien engagé avec une telle visibilité et accessibilité par tous.

Le sujet brûlant c'est donc bien la transformation des organisations qui créent, manipulent et exploitent la technologie, et pas la technologie elle-même. La technologie non seulement devient une commodité, mais en plus, dans la majorité des cas, sera créée plus vite en externe qu'en interne.

GreenSI a déjà abordé dans d'autres billets (osez explorer...) ces structures qui émergent et évoluent, comme on le voit avec les "lab innovation" qui rejoignent maintenant le "marketing digital", et s'appuient pour les services numériques sur les organisations agiles de fabrication de logiciel (scrum, devops,...) à la DSI ou dans les BUs.

Ensuite, il faut gérer au quotidien ces nouveaux services numériques et créer les équipes de supervision et d'exploitation qui s'appuient sur des salles de contrôles (Social Media Center, Security Center, Centre de supervision de la télérelève des compteurs...), les nouvelles tours de contrôles des organisations numériques.

Lors du dernier symposium de Gartner à Orlando, et certainement aussi dans 10 jours à Barcelone, le cabinet de prospective égrenait pas moins de 34 technologies disruptives à garder sur les radars. Oui, trente quatre, comme la réalité virtuelle, augmentée, les chatbots, les assistants virtuels, les nanotubes, les véhicules autonomes, le machine learning, la blockchain, les robots intelligents...

Et puis quand Gartner sépare les entreprises performantes des autres on découvre aussi dans quoi il ne faut plus investir, notamment les ERP. Ce qui différencie les entreprises dans un monde en transformation rapide, ce sont les ressources perdues dans des sujets moins prioritaires que la Data, le Cloud et le Digital. Choisir c'est renoncer !




Vous l'aurez compris :
  • Aucune entreprise n'a les moyens de suivre seule autant de sujets avec ses équipes, et encore moins si elle cloisonne ses équipes en DSI, Innovation, Marketing ou Digital. Il va falloir ouvrir l'innovation et les écosystèmes.
  • Tout investissement dans une technologie déjà utilisée il y 5 ans est suspect, surtout si votre fournisseur préféré vous explique qu'il faut vite renouveler son contrat de TMA pour 3 ans...
  • La technologie ne doit pas être le point d'entrée de la réflexion. Elle doit au mieux en illustrer le point d'inspiration, comme l'a très très bien fait le véhicule autonome qui a même réveillé les assureurs dans un futur monde sans accident (en tout cas beaucoup moins).
Et la quantité de technologies disponible n'est qu'une partie de la question.
La vitesse à laquelle elles apparaissent et se périment demande aussi une autre révolution (capturée par l'agilité) qui doit se répandre dans toute l'organisation. Quand les entreprises ont mis en place des équipes agiles et arrivent à fabriquer des services de façon itérative et maîtrisée, elle butent alors sur de multiples rigidités comme les cycles budgétaires qui imposent un rythme annuel, quand ce n'est pas pluri-annuel, ce qui n'a plus aucun sens. Même les marchés financiers en sont déjà depuis longtemps à scruter l'horizon du trimestre quand ce n'est pas le mois.

Alors comment entraîner l'entreprise à prendre conscience des enjeux, du "mix de compétences" dont elle aura besoin, et des rigidités à assouplir pour avoir une chance d'y arriver ?

Prenons par exemple la technologie blockchain, qui permet de créer des registres partagés, et qui redéfinit la notion de confiance des écritures dans ces registres. Si elle présente un intérêt dans votre industrie, créez-vous une vision blockchain partagée à 5 ans. C'est une vision, pas un plan détaillé.

Peut-être d'ailleurs que votre vision comprendra les liens qu'il peut y avoir entre blockchain et Intelligence Artificielle ou objets connectés et combinera plusieurs technologies qui prisent seules seraient moins pertinentes.

Ensuite, identifiez l'écosystème qui assurera votre survie dans cette vision et organisez vos projets en conséquence. Il ne s'agit donc pas de lancer un "méga projet blockchain", mais de comprendre son impact et de transformer la marche de l'entreprise pour se préparer à cette vision.

L'implication de la DG est donc indispensable, et l'autre différenciateur entre entreprises sera aussi le "QI digital de sa DG". McKinsey parle de "Digital Quotient score" au niveau de l'entreprise. À position égale et moyens égaux, dans un monde où l'avantage au premier entrant est une réalité et où les meilleures compétences digitales sont en pénurie, le capitaine qui profitera au mieux des vents s'en sortira le mieux.



En parallèle, lancez des initiatives pour commencer à développer ou à louer les infrastructures ("assets") dont l'entreprise aura besoin pour opérer dans 5 ans. La technologie se pense donc en investissement dans des infrastructures qui ne sont pas juste des coûts mais des positions stratégiques dans un monde numérique.

Beaucoup de DSI ont mis du temps à comprendre que le Cloud n'est pas l'externalisation de l'ancien SI qu'ils géraient, mais bien la plateforme numérique stratégique de leur entreprise pour innover et développer de nouveaux services à l'échelle de la planète. Et même au-delà puisque les astronautes de la NASA twittent depuis l'espace ;-)

Amazon a annoncé ses résultats cette semaine, le Cloud génère 75% de ses bénéfices et croît 2 fois plus vite que son activité e-commerce, elle-même en croissance par rapport à une activité de commerce traditionnelle. C'est un peu comme si la DSI de Carrefour, après avoir développé l'activité e-commerce du distributeur ces dix dernières années, revenait dire en Comité de Direction Générale qu'en louant ses plateformes et ses algorithmes, elle gagne plus d'argent que l'épicier historique...

Ne pensez plus technologies, mais plateforme digitale. Incluez l'organisation pour la développer et l'opérer dans un monde qui n'aura rien à voir avec celui que vous connaissez aujourd'hui.

GreenSI est encore écrit par un humain, mais dans 5 ans la question se posera de savoir si une Intelligence Artificielle ne pourra pas plus efficacement analyser l'actualité de la semaine et interagir avec vous. Il ne restera alors peut-être aux bloggeurs, par rapport aux machines, que la conscience de savoir qu'ils sont en vie, et j'espère toujours, une bonne dose d'humour ;-)





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