mercredi 5 octobre 2016

Le point sur la transformation digitale dans le monde

Cette semaine GreenSI s'est procuré l'étude mondiale « Keeping Score: Why Digital Transformation Matters, menée auprès de managers métiers et de responsables informatiques, par Coleman Parkes pour le compte de CA Technologies. Est-ce que notre expérience française ou notre contemplation de la Silicon Valley sont biaisés quand on regarde la force de transformation du numérique au niveau mondial ?

Cette enquête a donc interrogé des entreprises de tous les continents. Pour n'en citer que quelques-uns : aux Etats-Unis, au Brésil pour l'Amérique du Sud, en Europe, dont la France, en Australie, en Asie avec la Chine, le Japon et la Corée du Sud et en Afrique avec l'Afrique du Sud.

L’enquête s'appuie sur les évaluations de l’outil Digital TransformationBusiness Impact Scorecard (BIS) créé par Coleman Parkes.


Il permet de comparer les entreprises, les secteurs d'activités et les pays en comparant 14 indicateurs clés de performances (KPI). Ces indicateurs sont utilisés pour mesurer l’impact de la transformation numérique sur agilité, la croissance, et la capacité d'une entreprise à répondre aux besoins de ses clients et à sa rentabilité. 

Il ressort de l'étude que l'écart entre les secteurs qui se transforment le plus (TélécomsBanquesFinancesDistribution) et ceux qui ont pour l'instant été le moins impactés n'est pas très important. La transformation est donc bien engagée mondialement dans toutes les industries.
En revanche, l'écart au niveau des pays est plus significatif que celui entre secteurs.

La transformation digitale a un impact beaucoup plus fort sur l'Inde ou laThaïlande et le Brésil, par rapport aux Etats-Unis ou à la France.
 
Cela peut paraître surprenant, mais ce classement reflète la progression que le numérique à faite faire, en partant de niveaux différents dans chaque pays.
L'Inde, par exemple, c'est le pays où le digital révolutionne le monde de l’éducation avec la Khan Academy (MOOCs), le "wikipedia de l'éducation en vidéo", gratuite, pour tout le monde et pour toujours. Traduite en 36 langues, elle démontre la force de la pédagogie virtuelle versus celle dispensée dans nos meilleures écoles quand un adolescent indien obtient un diplôme du MIT après avoir suivi tous ses cours en ligne ! Elle est bien sûr complémentaire d'un enseignement classique qu'elle repositionne dans l'accompagnement des élèves, et non pas dans la répétition d'un cours. A méditer par nos chers enseignants français...

Ne pas sous-estimer non plus un pays qui a déjà produit un champion du monde des échecs (Viswanathan Anand, aujourd'hui n°8 mondial), un jeu reconnu avec le Go comme un terrain d'apprentissage de l'Intelligence Artificielle (Deep Blue d'IBM).

La Thaïlande elle a lancé cet été un plan sur 20 ans, Thaïlande 4.0, qui vise plusieurs objectifs dont passer de l’agriculture traditionnelle à l’agriculture intelligente, ou agriculture de précision, avec l'aide du numérique.

Au Brésil, l'Oréal conçoit des applications de maquillage en réalité augmentée, organise des hackathons mobiles, et l'entreprise investit massivement dans les technologies numériques capables d’améliorer l’expérience consommateur sur un marché de la beauté ultra concurrentiel. Ce n'est pas l'image immédiate qui nous vient à l'esprit mais le Brésil c'est plus de 100 millions de personnes sur Whatsapp la messagerie instantanée, et autant de potentiel pour l'ecommerce.

La France est en tête de la liste des pays européens. Les investissements dans le numérique, de startups ou de grands groupes, sont également plus élevés en France que dans le reste de l'Europe (l'Allemagne, l’Espagne et l’Italie suivent).

Les nouvelles "cartes du Monde" version Azure (la première) ou AmazonWS (la seconde) nous montrent d'ailleurs déjà les zones du Monde à fort potentiel avec le développement du Cloud et des webs services, deux technologies indispensables pour cette transformation. Ce sont les nouvelles cartes des explorateurs du monde numérique. Mais il est vrai que chaque datacenter offre ses services dans une zone qui dépasse les frontières des pays où il est installé.


 
L’enquête nous montre aussi les axes les plus critiques pour les entreprises pour réussir cette transition comme:
  • d’investir pour recruter les talents (84 % et 89% en France) qui est la première des priorités au niveau mondial ;
  • de concevoir une vision du métier axée sur le numérique (82% et 87 % en France) ;
  • de déployer des méthodologies agiles à grande échelle (79 %).
 
La transformation digitale est clairement une question de nouvelles pratiques et de leur déploiement dans l'entreprise, et non uniquement une question de nouvelles technologies.

GreenSI trouve toujours aussi pertinente l'idée que l'innovation est une nouvelle façon de voir les choses, qui demande d'abandonner la façon dont on les fait aujourd'hui.

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Si on compare les niveaux de maturité des entreprises dans l’adoption de ces nouvelles pratiques et technologies, l'enquête montre un certain nombres d'idées déjà suggérées dans d'autres billets de GreenSI, dont :
Enfin, l'étude propose une roadmap pour cette transformation. Elle est certainement un peu "classique" de la vision à la mise en oeuvre qui, dans la réalité, est moins linéaire qu'on ne l'imagine. Cependant elle équilibre bien la transformation managériale (recruter des talents, définir une vision, retour d'expérience, être agilie) et la transformation technologique (déployer devops, structurer des platforms ouvertes - API, identités) :

   
La transformation digitale est donc bien un phénomène mondial. Quel que soit le point de départ, ceux qui vont le plus vite ne sont pas ceux auxquels on pense immédiatement, le développement économique, l'agriculture et l'éducation vont pouvoir faire des progrès vertigineux dans certains pays. De quoi nous inciter a regarder au-delà de l'hexagone et de la Silicon Valley. 

D'ailleurs on sera prudent dans cette étude par la représentation de l'Afrique avec uniquement l'Afrique du Sud. Cette dernière ne peut représenter la diversité des initiatives et du potentiel d'innovation du continent, donc de la disruption à venir. Pour s'en convaincre, rendez-vous au Maroc (lieu non encore dévoilé) du 2 au 5 novembre, pour Africa4Tech, où la communauté digitale africaine va se réunir, entourée de quelques ambassadeurs du digital comme Gilles Babinet ou des sciences comme Cédric Villani

Parfois, à trop regarder nos difficultés à se transformer dans nos entreprises, on en oublierait presque que le Monde avance sans se soucier de nous ;-) !
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