samedi 22 mars 2014

Fin du support XP: une étincelle anachronique qui peut réveiller les DSI ?

Le 8 avril 2014 Microsoft mettra fin au contrat de support de l'OS qui a connu le plus grand succès de la gamme Windows depuis 1983, ne manquant pourtant pas de prétendants, et ce après 12 ans de bons et loyaux services :
Windows XP


En tant que DSI, on peut se demander en regardant dans le rétroviseur (article de Wikipedia très bien fait sur le sujet), si on avait finalement besoin d'autant de version d'OS et si finalement 1 version tous les 7-10 ans n'était pas suffisante: Win 3.1 / Win 98 / Win XP / Win 7.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/timeline/2bc6bcb010e8a812b00a97c0c9a44a1e.png


La réponse est certainement oui avec beaucoup d'énergie et d'argent qui aurait été économisés par toute une industrie qui a passé son temps à s'adapter aux versions d'OS.

Et GreenSI pense d'ailleurs (heureusement) qu'aucun DSI n'a installé successivement toutes les versions de Windows sur les parcs de son entreprise.  La plus boycottée étant Vista, ce n'était pas une décision difficile a prendre quand il fallait expliquer à la DG qu'on devait changer tous les PCS qui n'avaient pas assez de mémoire ou de disque. 

A un moment ou l'OS est en train de conquérir la voiture, et demain la domotique, après avoir conquis la téléphonie, il est peut-être temps de faire un retour d'expérience sur ces 40 ans d'aventure Windows.

Pourquoi changer d'OS?

Quand on change d'OS, quel est le bénéfice pour l'entreprise?
Pas facile a apprécier ni a expliquer dans le cas général et encore moins dans les cas particuliers comme ce bon vieux PC qui supervise une machine industrielle depuis 12 ans sans aucun problème, ou qui affiche les horaires dans les gares, et qu'il suffit de rebouter en cas de problème.


Si le PC n'avait pas existé, est-ce que les industriels n'auraient pas fait des systèmes pour réaliser les mêmes fonctions, plus fiables, plus longtemps? Car 12 ans c'est un exploit en informatique de nos jours (pas il y a 30 ans) mais quelque chose de normal dans l'industrie.
Vous connaissez le RaspberryPI ? C'est une réalité a moins de $50 qui tourne sur Linux et "fait le job" comme on dit à Montréal. On a plus besoin de mettre des PC partout !


C'est peut-être pour cela qu'il reste entre 16% et25% (selon les estimations) de PC sous XP. Et pas besoin de Win7 pour les faire tourner, encore moins de Win8, pensé pour de nouveaux usages. Et si Microsoft était en train de faire une erreur stratégique en ratant l'OS de pilotage des machines, fiable, robuste et peu gourmand ?.


C'est pourquoi le changement d'OS est facilité quand il y a au moins un bénéfice utilisateur a défaut d'un bénéfice métier. 

Microsoft l'a bien compris et a souvent essayé de pousser un nouvel Office avec un nouvel OS. La fin du support Office 2003 le 8 avril, n'est pas un hasard. Et pourtant Office 2003 est largement suffisant pour la majorité des usages en entreprise. Mais à défaut de vendre un nouvel OS, vendez le nouvel Office, ce sont les instructions implicites de Microsoft aux DSI.

Ce jeu de la "course à toujours plus", même si le "plus" n'est pas utilisé, et qui a eu son sens avec le duo Windows+Intel quand le progrès n'était qu'une question de puissance, est pourtant terminé.

Game is over !

Et ne pensez pas qu'il vous reste encore une vie à jouer.
  1. D'abord les utilisateurs rêvent de tablettes, de smartphone, et voudraient qu'une partie des fonctionnalités du PCs y basculent. Alors leur remplacer leur application SuperCompta sous XP par SuperCompta sous Windows 7, ce n'est pas très existant. Franchement !

  2. Pourquoi alors ne pas basculer sur Windows8, système tactile dual avec tablettes à la clef ? Et bien Microsoft a trop tardé et raté le départ. Et donc pour le DSI le risque d'être le premier à basculer tout un parc de milliers de machines sous Windows 8 est réel. Sans compter que Microsoft parle déjà de Windows9 ce qui n'incite pas les éditeurs a migrer leurs logiciels vers Windows8. Et les parts de marchés ne décollent pas.

    GreenSI ne serait donc pas étonné d'écrire dans un an un billet sur la fin de Windows 8...
  3. Et puis les utilisateurs ne rêvent pas de la SurfacePro et regardent du côté d'Apple, d'Android, de formats plus petits et surtout moins lourds. Une tablette n'est pas un PC mais un complement. Si c'était le cas cela se traduirait dans les ventes or elles ne décollent pas, alors que les tablettes s'envollent. Il faut donc revoir le coût du PC à la baisse pour la majorité des utilisateurs et financer un équipement mobile en complément.
  4. Les DG et les DAF eux regardent du côté de la crise et de la réduction des investissements pour se préparer quand le marché repartira. Surtout qu'avec le Cloud et le SaaS, on vient de leur expliquer ces trois dernières années qu'on basculait l'informatique dans un modèle à la demande, de l'infrastructure jusqu'au support en passant par les applications. Alors c'est quoi cette histoire de devoir investir dans un projet d'investissement pour changer tous les postes? Inaudible !
  5. Le dernier Office365, si c'est vraiment ça qu'on veut, tourne très bien dans le Cloud et il a même un concurrent avec les Google Apps. L'OS n'est plus déterminant pour faire tourner la suite bureautique, désolé Microsoft c'est Google qui l'a démontré et vous qui l'avez suivi.
  6. Et pour finir, un OS maintenant c'est gratuit. Ou du moins subventionné par un autre service qui a de la valeur. Avez vous payé la dernière version d'Android ou d'iOS ? Apple a très bien choisi le nom de sa dernière version Mavericks (rebelles, non-conformistes en anglais), un mot que les DSI devrait ajouter a leur vocabulaire !
    Apple a même, le mois dernier, mis a jour gratuitement iSO6 sur tout un parc de machines "anciennes" (iPhone 3GS, iPad1...) a cause d'une faille de sécurité et bien après avoir annoncé que ces machines ne bénéficieraient plus d'aucun support.  


Ce retour d'expérience doit quand même faire réfléchir les DSI sur les stratégies SI croisées avec celles de leurs fournisseurs, Microsoft servant d'exemple. A un moment ou la fonction de DSI est questionnée (DSI: l'âge de l'extinction?) et qu'il est de bon ton de montrer sa valeur ajouté.

Et donc sur la posture que l'on veut avoir en tant que DSI par rapport a nos fournisseurs:  
  • simple exécutant interne de leur stratégies produits (on voit ou cela mène), 
  • ou challenger de cette stratégie en ouvrant des alternatives pour ajouter le mot Maverick a son vocabulaire.

Quelles alternatives pour l'avenir?

Le premier rève que ferait GreenSI pour rendre ce monde IT plus "green" serait d'en appeler à l'open innovation de Microsoft en particuliers et aux fournisseurs de la DSI en général.

Travailler main dans la main avec les DSI et faire co-évoluer l'OS, en intégrant vraiment les contraintes de l'entreprise et surtout du "legacy technique" qu'il nous génèrent en permanence...  Dring, Dring! (réveil brutal) ... ce n'était qu'un rêve !


GreenSI ne peut alors s’empêcher de penser à une autre alternative: l'OpenSource ou du moins son approche collaborative et ouverte :
  • Pourquoi, par l'intermédiaire de l'open source, les DSI ne se réapproprieraient pas les standards de leur SI, au moins ceux du SI minimal qui sert a faire tourner la TV dans les ascenseurs et la machine a café. Incluant des logiciels partagés. Et pourquoi pas aussi pas les échanges entre SI, si l'avenir nous prépare un monde d'API comme le web le suggère.
  • Pourquoi les Telecoms arrivent a développer les normes communes a l'industrie et que les DSI, eux, s'en remettent (bourses comprises) à leurs fournisseurs ?
  • Pourquoi Linux ou Android, deux OS en open source, ne donnent pas des idées fédératrices aux DSI ? Et ne les impliquent pas plus dans des projets ouverts sur lesquels ils peuvent ensuite construire la partie spécifique à leur entreprise.
Parlez-en au DSI de Facebook et d'Amazon. Ces idées ne sont pas si étranges que cela, et depuis longtemps ils fournissent leurs spécifications de leurs serveurs aux fabricants. Et leur SI est pavé d'Opensource comme GreenSI l'a déjà traité dans un billet récent (La chaussée des géants du web, pavée d'open source).

Alors ces questions ouvertes sont posées au Cigref et à toutes les associations de DSI, avec l’arrivée de l'entreprise numérique. Un nouvel âge de la collaboration ne devrait-il pas germer :  




Et le 9 Avril, si on a encore du XP ?

Ces considérations pour éviter, à l'avenir, de reproduire le passé, ne résoudront malheureusement pas l'équation de la migration XP après le 8 Avril. 
Microsoft propose donc au entreprises qui ont encore du support XP, et mis en place le SP3 (dernier patch correctif), d'étendre ce support au delà du 8 avril pour 3 ans. 
A des prix qui n'ont bien sûr rien à voir avec les prix d'avant le 8 avril. 

Les tarifications de Microsoft, étant mondiales, sont toujours extrêmement compliquées. Au moins ça occupe les services achats. Mais là on touche le paroxysme de l'anachronisme :
  • plus c'est long, plus on paye (puisque le but et vous dissuader de rester sur XP). En gros de $200 par PC la première année, puis le double, puis le triple. De toutes les façons vous n'avez pas le choix.
  • ne sont compris que les correctifs critiques. Il s'agit donc d'un service minimum, les correctifs dits "importants" seront à payer en plus
  • vous etes engagé a basculer sur du Windows...
  • le contrat est rétroactif, à la date de fin du support. Donc pas de possibilité de prendre le risque vous même pendant 1 an, puis de prendre le support complémentaire la seconde année. Le contrat peut donc être souscrit a tout moment car de toutes les façons vous payez depuis le début !
Avast, le fournisseur d'antivirus, a de son coté annoncé qu'il maintiendrait les mises à jour de son produit sous XP pendant 3 ans. Il qualifie même l'abandon d'XP par Microsoft comme "une grosse erreur". Comme quoi, il y aussi des alternatives en dehors de la voie toute traçée par Microsoft, même si elles ne concernent pas la globalité de l'OS.

Et GreenSI ne serait pas surpris qu'en cas de grosse faille majeure, Microsoft fournisse (comme Apple l'a fait) un correctif gratuit a appliquer.

Quels sont donc les risques de ne rien faire? 
Il y en a clairement et je vous invite a lire cet article très complet sur le sujet (A quoi s'exposent les entreprises). 
Mais ce sont bien des risques. Pas des faits. Un risque peut se mitiger et s'évaluer, se cantonner, se contourner. C'est peut-être la piste qui sera empruntée par les DSI confrontés a un retard de migration XP, et qui n'ont ni l'argent, ni les arguments pour la la DG, d'une continuité de support avec Microsoft.

Mais pour revenir a Microsoft, dans un tel contexte quelque chose vient de se casser. La confiance, de la DG qui a eu vent de l'affaire, et des DSI qui se sentent un peu gênés de n'avoir pas anticipé ces coûts certainement. 


On se demande si finalement il ne vaut mieux pas divorcer de suite avec Windows, voire avec Microsoft.  

De toutes les façons cela fera mal a votre budget, alors autant demander a votre DG les moyens du support étendu pour vous, et de les utiliser pour solder une relation devenue totalement anachronique à l'ère du Cloud, de l'ouverture et de l'innovation.

Rappelons aussi que les DSI ont d'autres moyens de pression, pour (ne plus) considérer Microsoft comme un de leurs fournisseurs à l'avenir : ERP (Navision), Smartphone (Window8), Plateformes (SQL, Biztalk, WindowsServer, Azure), Bureautique (Office), pour ne citer que les plus connus.

Et peut-être pour s'éviter pareils déboires avec ces produits à l'avenir, quand la stratégie des entreprises, ne sera, une nouvelle fois, pas encore mieux considérée dans la stratégie de Microsoft.  

Ce retour d'expérience sur XP, sonnera t-il le réveil du DSI protégeant le trésor des investissements SI de l'entreprise ?
GreenSI l'espère...



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