Car la beauté de ce mot anglais, ne faisant appel qu'a des bases de la langue de Shakespeare (big et data), fait que tout le monde croit comprendre de quoi il s'agit, et que personne ne parle de la même chose. De la comptabilité à la DG en passant par le marketing et bien sûr par la DSI.
Le buzz autour du Big Data est donc plutôt une cacophonie disgracieuse, entre ceux qui n'y voient que l'évolution du décisionnel, ceux qui au contraire y voient sa fin, sans parler de ceux qui viennent de découvrir que dans "informatique", il y avait "données", et prennent cela comme une révélation divine qu'ils répandent de machine à café en notes de synthèse.
D'ailleurs pour GreenSI, si il y avait un dieu du bigdata, ce serait plutôt une déesse : Minerve (ou Athena), déesse de la guerre (économique), de la sagesse (lue dans les données), de la stratégie (vers l'entreprise numérique), de l'intelligence (décisionnelle) et de la paix (éthique à conserver).
C'est aussi la patronne des artisans (et non des commerçants) ce que GreenSI interprète comme un signe du Panthéon romain (ou de l'Olympe grec) pour nous dire de voir le bigdata comme un outil de transformation des processus de fabrication et de services de l'entreprise, et pas uniquement comme un outil de marketing et de vente (la tendance du moment).
Et cette semaine, avec le salon Big Data Paris, le 1er et 2 Avril, le niveau de buzz autour de ce sujet devrait monter encore un peu plus. Et moi, et moi, et moi, nous faisons tous du big data... nous disent les 75 exposants de cette troisième édition.
Alors quand CIO.net France a proposé le 19 Mars a ses membres, de faire le point sur ce concept en prenant l'angle de sa valeur ajoutée et d'exemples concrets, c'est une salle pleine de DSI qui s'est déplacée.
Le big data annonce les beaux jours du marketing, mais certains comme GfK n'ont pas attendu l'avènement du concept Big Data pour s'en occuper.
C'est ce que nous rappelle Fabrice Benaut, DSI dans le Groupe GfK. une des dix plus grandes sociétés mondiales dans le domaine des études marketing, après Nielsen ou Ipsos.
Une société qui a ses racines en 1925 dans un institut de traitement de la données et qui est devenue une société privée en 1990 avec la mission est de transformer la donnée en connaissance pour ses clients. Le Big Data a comme un air de déjà vu...
Et GfK est confrontée depuis longtemps aux fameux "3V" - Vitesse, Volume, Variété - qui définissent généralement le Big Data.
Ce qui est nouveau pour GfK, et pour toutes les entreprises, c'est de s'adapter aux nouveaux usages des consommateurs sur Internet ou sur le mobile, et de conserver la vue complète de son parcours en y collectant de nouvelles données. Des données complémentaires à celles qu'ils collectent déjà dans les magasins et sur les autres canaux. Mais la démarche et les techniques, elles, changent finalement peu, et sont au cœur du savoir faire de GfK et de ses panels. Bien sûr ce n'est qu'une des applications du Big Data, mais on voit qu'elle est ancienne.
Le Big Data, c'est nouveau ? Finalement, pour des hyper-spécialistes du marketing, pas tant que ça. Pour eux, c'est plus un renouveau du marketing, en amenant des approches inductives et plus de potentiels pour développer les modèles statistiques.
Alors regardons donc du côté des ruptures pour mieux identifier ce qui est nouveau dans les évolutions de l'informatique amenées par le Big Data. Et pour cela CIOnet avait invité à "pitcher" des startups, rien de tel pour oublier les préjugés qui nous collent parfois un peu trop à l'existant:
- Dataiku insiste sur la préparation des données, qui est une étape essentielle et pas toujours maitrisée. Son atelier (Data Science Studio) en SaaS, met tous les outils de préparation à la disposition de toutes les entreprises et réduit ainsi le ticket d'entrée réel dans le big data.
On avait déjà parlé de BIME qui de façon proche, permet d'offrir la plateforme (Business Intelligence as a Service) et la puissance nécessaire au traitement des données.
Ces deux exemples montrent que les plateformes arrivent en SaaS, ce n'est pas nécessairement à la DSI de les monter, mais plutôt de se préparer à y injecter ses données. - OpendataSoft spécialiste de l'opendata nous fait prendre conscience de l'importance de l'intégration des données et de ne pas trop se fier au cloisonnement marketing du moment. Bigdata, opendata, dataviz... les liens sont nombreux quand on regarde de plus près, et toutes ces approches remettent au premier plan la donnée.
La rupture c'est donc de passer à une architecture des données et plus uniquement des applications. Le bigdata s'inscrit dans cette évolution des SI.
Et le passage du bigdata à l'opendata, puis à l'open-innovation est immédiat. Car dans une architecture plus ouverte, l'innovation et la co-construction avec ses clients, fournisseurs ou partenaires, en est facilitée. Les projets les plus porteurs pour l'entreprise seront ceux où l’innovation permettra de repenser le métier et notamment avec l'apport du prédictif. - Wizabi s'attaque à la réunification de l'information face à la multiplication des sources, pour retrouver une cohérence entre le web et les magasins, et donc d'une certaine façon numériser le "off line". Mais cela demande une analyse temps réel et permanente des sources autre rupture que l'on voit se profiler à l'horizon du bigdata.
- Concrètement une cliente qui vient chercher en magasin un produit commandé sur internet, peut se voir conseiller d'autres produits par la vendeuse. Une sorte de Critéo pour le monde physique, pour citer la société s'appuyant sur sa technologie bigdata pour proposer sur internet les banières les plus pertinentes pour chaque internaute.
- Quand à Wizii, elle s'attaque au profilage prédictif et comportemental des internautes... et là, pour certains, on vient de franchir la ligne. Car le bigdata fait aussi peur autant qu'il attire. Et c'est ce qui pourrait d'ailleurs le tuer, ou plutôt faire que les applications dans le domaine de la surveillance, y compris marketing, soient plus développées que les applications pour le business.
Mais pour revenir à TellMePlus la jeune pousse, fondée par de vieux routards de la donnée, elle nous assure que le respect de la vie privée est justement le point différenciant de leur solution par rapport aux autres technologies comme Google, Facebook ou Amazon. On veut le croire.
- les plateformes SaaS qui démocratisent des technologies autrefois chez des spécialistes (analyse, visualisation correlation...), et les mettent à disposition de tous. Ce qui avantagera les "petits" car, comme bien trop souvent, les "grands" vont se dire qu'ils peuvent mieux faire eux même et certains vont rater le train...
- le temps réel va devenir incontournable dans l'analyse et la décision,
- l'architecture de données va structurer les SI de demain dans un monde plus ouvert,
- la convergence entre le on-line et le off-line, et d'une certaine façon la numérisation du off-line, sera la règle,
- les limites éthiques et celles pour la protection de la vie privée qu'il ne faudra pas franchir, pour ne pas faire effondrer l'édifice tout entier.