De la fourchette qui surveille si vous ne mangez pas trop vite de Hapilabs, au détecteur d'humidité des plantes de Parrot, en passant par la "Mother" de Sen.se qui veille sur vos enfants et vos objets, il était difficile d’échapper a l'engouement médiatique qu'ils ont déclenché. Presse, radio, qu'elle soit business ou people, tout le monde s'est arraché l'info pour parler de tout et parfois de n'importe quoi.
De nouveaux arrivent, mais ils sont bien déjà là ces objets, sur Amazon ou à la Fnac qui en fait un rayon dédié. Et même dès cette année en France, des magasins dédiés aux objets connectés sous le marque Lick (Inoov8) qui a repris 17 magasins The Phone House pour les reconvertir.
Mais voilà que Google annonce cette semaine le rachat de Nest. Une société fondée par un ancien designer d'Apple, qui après 4 ans d'activités a réussi a développer un objet connecté a succès, un thermostat dont GreenSI avait déjà parlé dans un billet précédent. Un rachat à $3,2 milliards qui ouvre à Google le marché de la domotique et génère beaucoup de questions sur les véritables intentions de Google.
Des objets connectés qui font quand même un peu peur...
On leur souhaite un engouement identique sur le plan financier. Mais pour ce qui est du marché français, GreenSI en doute, après avoir participé cette semaine à un "barcamp" dans la métropole Lilloise sur le thème des objets connectés. Le succès sera certainement très sélectif.
En effet, parmi les sujets discutés avec la vingtaine de participants de tous horizons (sociologues, consultants, startup,..), on voit clairement émerger deux craintes qui devront être compensées par de sérieux bénéfices pour l'utilisateur pour garantir une adoption à long terme.
La première sur les risques qu'ils font peser sur la vie privée en étant un peu trop curieux... malgré eux parfois. Et oui, cette fantastique fourchette est aussi le traceur indirect des horaires de vos repas. Qui accède à ces données? Qui pourra y accéder dans le futur? Comment être sûr qu'elles ont été effacées quand je ferme mon compte? Autant de questions qui incitent à la prudence. Surtout après les multiples douches froides des réseaux sociaux qui changent les CGU de façon unilatérale et sans prévenir. Et sans compter sur les éventuels hackers qui ne manqueront pas de se faire la main dans ce nouveau monde.
La seconde crainte est plus "humaniste". Elle pose la question de la relation de l'homme à l'objet et de son aliénation potentielle: n'est on pas en train de perdre un peu de notre humanité en déléguant a des objets des choses que l'on sait fait faire par instinct. Question un peu philosophique je vous l'accorde, mais si Mme Michu ou la presse grand public se pose des questions ce n'est pas bon pour la décision d'achat rapide et pour le business.
Surtout que la plupart des objets connectés présentés au CES sont vendus moins de $100, incluant l'application mobile, ce qui n'est pas beaucoup compte tenu des investissements, en tout cas 4 à 6 fois moins que "l'étalon smartphone". D'autre part pour l'instant ils ne génèrent pas de revenus récurrents. Donc ces sociétés doivent augmenter en permanence le nombre de nouveaux utilisateurs pour survivre. Ceux qui, une fois l’effet de découverte passé, ne sauront pas se montrer indispensables au quotidien n'auront donc pas beaucoup de chance de survie. Car le réseau des "early adopters", prêt à payer pour être à la pointe, ne sera pas assez dynamique pour convaincre les autres de basculer.
Un paradoxe qui condamne les objets connectés à nous aliéner...ou à disparaître. Ambiance ;-)
Des objets qui sont une véritable rupture dans le monde numérique
Mais attention, car de là à ne pas s'y intéresser, il y a une ligne qu'il ne faudrait cependant pas franchir. Il y a une véritable rupture derrière ces futurs compagnons du quotidien. Car les entreprises se numérisent, les consommateurs aussi, et chaque objet connecté peut devenir un accélérateur de cette numérisation, ou un futur concurrent de votre business.
Essayons donc de tirer quelques enseignements de ces deux semaines un peu folles, de mettre à jour la panoplie des "règles GreenSI" et de se poser la question de : "où mettre ces objets dans l'agenda déjà bien chargé d'un DSI?". Même quand il est à la maison!
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Avec les objets connectés, le système d'information de la maison va continuer de s’étoffer, et le consommateur en devenir le manager. C'est le thème des articles DSI@Home de GreenSI (voir aussi Ma chaudière est plus intelligente que mon frigo et C'est vous qui allez gérer vos données avec le VRM.
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1 - Le premier des objets connectés c'est le smart phone (GreenSI - Règle #2).
On a longtemps pensé que la TV connectée allait occuper
cette place et détrôner le PC, mais l'adoption massive du smartphone
ne laisse aucun doute sur sa place au centre de l'univers de chacun. Il devient le point d’accès au réseau et l'écran des autres.
Sa forme de 5" a 10" est en train de s'adapter aux usages et la
tablette assure la continuité pour aller au-delà. Contrairement à la
TV, il est mobile et peut se déplacer en entreprise. Ses standards
seront les futurs standards de l'entreprise.
S'il vous fallait une raison
de plus pour ne plus penser "PC-centric" dans l'entreprise et bien la
voici. Place à la pensée "Mobile First".
2 - L'innovation est toujours tirée par le grand public (GreenSI - Règle #9).
Ces objets portent les dernières idées innovantes et dégagent les futurs standards. Ils sont
a minima une source d'inspiration des tendances et au mieux des
produits directement réutilisables en entreprise ou dans les produits et
services de votre entreprise.
Le Bluetooth est partout
pour communiquer avec votre smartphone, qui lui, est relié à internet,
donc au Cloud et a vos applications. Renforçant d'année en année son
statut de standard de communication de facto. Le Bluetooth low
énergie arrive pour des objets où l’énergie n'est pas simple à trouver
comme au fond du jardin. GreenSI aime bien dire que si un produit n'a pas 100 millions de clients il n'est pas crédible pour être un standard mondial durable. Android et iOS ont passé la barre et sont présents au CES pour toutes les applications des objets connectés, BlackBerry et WindowPhone non.
Avant de faire des choix exotiques sur vos projets en entreprise, demandez-vous ce qu'en pense le grand public.
3 -Tout ce qui est connectable sera connecté (GreenSI - Règle #4).
GreenSI emprunte la formule à Jean-Michel Billaut, qui en a fait le titre de son article de rentrée 2014 sur son blog, que je vous invite à découvrir si vous ne connaissez pas ce génial agitateur d'idées, étendard du haut débit en France.
Et en parlant de débit, le 1 Gbits/s devient la base des produits LAN domestiques, filaires et aussi WiFi.
Attention dans votre réseau d'entreprise aux points qui ne sauraient
pas avoir ces débits à l'avenir. Car l'utilisateur s'habitue à la
vitesse et a ensuite du mal a revenir en arrière. Sa perception de la
performance évolue donc très vite, même si les sociologues rencontrés
au barcamp nous expliquent que pour la majorité des gens ça va déjà
trop vite. Mais là, ils parlaient de la vitesse d'innovation...
Attention les utilisateurs risquent de se plaindre des débits perçus et de la connectivité offerte en entreprise.
4 - Ces objets connectés produisent des données dans le Cloud qui peuvent vous intéresser
Le scenario du big data, c'est l'entreprise
submergée de données hétérogènes et temps réel, qu'elle va devoir
analyser pour développer de nouveaux processus ou de nouveaux business
modèles, lui conférant un avantage concurrentiel. Et pour ça, elle va
devoir changer de technologie, car son décisionnel actuel aurait
atteint un point de rupture pour satisfaire ce nouveau paradigme.
Enfin ça c'est la théorie! Car peu d'entreprises ont cette volumétrie de données en interne
et cette potentialité à identifier des algorithmes d'optimisation ou
prédictifs. En revanche, si on ouvre les portes de l'entreprise et que
l'on va chercher ces données à l'extérieur, là le potentiel d'en
faire quelque chose en les croisant aux données de l'entreprise
augmente fortement. Les réseaux sociaux ont déjà montré la voie avec le
social CRM.
Les objets connectés sont certainement les meilleurs capteurs d'information pour définir ces nouvelles stratégies.
5 - Méfiez-vous des "Techs
companies" ces nouveaux barbares qui ne respectent ni les frontières, ni
les règles établies des industries
A la place d'un Schneider Electric ou d'un Legrand,
venant tous deux de la fabrication de produits de gestion de
l'électricité, je me méfierais d'un Google qui investi massivement dans
la domotique. Car les règles de l'industrie électrique (non
interopérabilité de leurs produits domotiques, et standards
propriétaires...) ne seront certainement pas respectées par ces
nouveaux entrants d'un nouveau type qui savent mettre à leur avantage
l'Internet et l'Open Source (voir Numérisez-vous vite avant que les "Techs Compagnies" ne prennent votre business et Les barbares attaquent la DSI). Et Google n'est pas seul, d'autres "Techs companies" sont à l'affut de diversifications.
Mais cette menace existait déjà avant ce rachat, car Nest est quand même passé de 2 fondateurs à 300 personnes en 4 ans, en érigeant le design et l'expérience utilisateurs en business modèle.
Et des "Nest" il s'en créé tous les jours. La brosse a dents connectée
peut faire sourire, mais elle sera peut être le prescripteur de
dentifrice de demain et raflera la mise des budgets de communication
des Colgate et autres Sanogyl. Ou "Mother", l'objet de Sen.se
est peut être le futur de la surveillance à domicile, en remplaçant les
alarmes et les centres d'appels par de la data et de l'intelligence. La
seule limite, c'est leur imagination, le capital est là et cherche des
idées pour investir... même en France, détrompez-vous. Et le marché est mondial dès le départ.
La menace est donc double et pour toutes les industries : voir émerger de nouveaux acteurs, et voire arriver massivement des capitaux pour les développer. Mais toute menace est aussi une opportunité pour ceux qui, déjà fortement installés dans leur industrie, sauront aller vite avec le numérique. rappelons nous Peter Drucker: « L'innovation systématique requiert la volonté de considérer le changement comme une opportunité. »
Le gouvernement (pas moins de 3 Ministres) a d'ailleurs lancé cette semaine une mission pour évaluer la maturité numérique de la France et de la capacité de ses industries a se transformer numériquement.
Mais c'est à chaque entreprise de se prendre en main. Et
donc si votre comité de direction n'a pas envoyé quelqu'un au CES ou
mieux, si il ne sait pas ce que c'est le CES, faite leur rapidement une
petite note et GreenSI pense qu'il vous remercieront un jour. Si vous
voulez consulter le rapport le plus complet sur le CES, comme chaque
année, il va sortir sur Opinions Libres, le blog d'Olivier Ezraty le 27 Janvier.
Alors qu'est-ce que vous en pensez de ces objets connectés?
Toujours des gadgets pour Geeks?
Toujours des gadgets pour Geeks?