Au programme, la réflexion sur les moyens et les compétences à mettre en œuvre pour que la DSI accompagne la transformation numérique et la croissance de l'entreprise. En anglais le "Digital growth", car le mot "digital" dont s’était approprié les agences de communications digitales en ne signifiant que la partie client et marketing en ligne, prend maintenant toute son ampleur avec la transformation de l'ensemble des processus de l'entreprise. Et ce ne sera pas que de la com, mais une transformation plus profonde!
Joe Peppard, professeur sur les systèmes d'information à la Cranfield University (school of management), a étudié la relation entre la DSI et la DG pour comprendre comment vont évoluer ces relations dans ce nouvel univers du digital. Sujet connu des lecteurs de GreenSI, qui article après article, voient bien que le Cloud, le Social, le Mobile et maintenant la Data, font évoluer la position de la DSI dans l'entreprise et surtout en dehors de l'entreprise. Et quand certains se demandent si "il faut avoir la peau du DSI", GreenSI y voit au contraire une formidable opportunité pour la DSI de se réinventer en accompagnant cette mutation de l'environnement numérique.
Et d'ailleurs Joe Peppard nous rappelle que c'est en 1980 que le terme CIO (Chief Information Office - DSI en anglais) a été utilisé par Business Week en lieu et place de l’appellation Responsable Informatique ou I/S Manager. L'information venait d’être perçue comme essentielle pour l'activité des entreprises. Ces dernières allaient devoir faire rentrer dans leurs états majors le CIO (Etat major des "C-Level" pour "Chief quelque chose Officer", CEO, CFO, CMO..).
GreenSI n'a pas retrouvé la trace de ce numéro de Business Week, mais un document de 1984 du non moins célèbre MIT (Sloan school of management) qui décrit le nouveau rôle du CIO (PDF collector) en commençant par "On doit dire aux I/S managers que leur monde est en train de changer!". Bon et bien ce n'est pas nouveau!
Bref, vous l'aurez compris, peut être aucun des autres Directeurs et services de l'entreprise, n'ont été confrontés a autant de changements dans leur métiers et leur fonctions en si peu de temps. Et ce n'est pas terminé avec les 4 nouveaux challenges de ces dernières années (GreenSI : Transformer 4). Alors quand 33 ans plus tard on passe de l'information au Cloud et à la Data, c'est presque un manque d'imagination que de prédire l'émergence d'un Chief Data Officer ou d'un Chief Cloud Officer pour parler du futur DSI...
Le message adressé aux DSI par Joe Peppard, c'est: voyez vous comme des managers en charge du SI et non pas comme des managers du SI.
Pour cela, oubliez les stéréotypes des DSI (et les acronymes en 3 lettres !), mais partagez dans l'entreprise et auprès des autres directeurs une vision de ce qui peut être accompli avec la technologie. Fournissez les plateformes qui vont rendre possible l'innovation avec le SI et les services numériques de la future croissance de l'entreprise.
Cette conférence et les échanges avec les autres participants a confirmé que la problématique et les idées autour de la transformation de la DSI sont vraiment partagées au niveau Européen. Ce n'est donc pas une mode passagère, encore moins un sujet franco-français comme celui de la MOA (pour un prochain billet !) car les racines sont profondes.
CIOCITY 2013 a été l'occasion de nommer les trois "DSI de l'année" à partir d'une sélection de 18 DSI de chaque pays effectuée avec le concours de l'INSEAD (autre école de management basée à Fontainebleau). Et c'est bien le management et la transformation de l'entreprise qui sont les critères de la sélection, plus que la technologie.
Ces DSI ont vu leur prix remis par Neelie Kroes, Vice Présidente de la Commission Européenne, en charge, entre autres, du "Digital agenda de l'Europe" et très actives sur tous les fronts: de la suppression du roaming des opérateurs à la neutralité du Net, en passant par l'innovation et la campagne pour combler le manque de compétence IT en Europe à l'horizon 2015 (1 million d'emplois).
Cette sélection s'est accompagnée d'une étude plus large sur les trois types de profils de DSI (le DSI ou la DSI) :
- orienté technologie: qui cherche a délivrer une infrastructure SI dans l'ensemble de l'entreprise a un coût et un niveau de service maîtrisé
- orienté processus: qui passe une plus grande partie de son temps a améliorer les processus y compris dans des centres de services partagés
- orienté clients externes: qui passe une plus grande partie
de son temps a innover avec le SI dans les services et produits de
l'entreprise ou chez les clients externes de l'entreprise
Et à l'avenir (dans 3 ans) seuls 12% se voient encore orientés technologies, ce qui est cohérent avec la transformation numérique où les processus et les services et produits de l’entreprisse sont réinventés avec et par le système d'information.
Les trois DSI de l'année de CIONET ont donc été choisis, chacun dans une catégorie:
- Luc Verbist, CIO De Persgroep - Technology driven
- Bassim Haj, CIO de Yara International - Process driven
- Gerry Pennel, CIO de London Organisation Committee of Olympics and Paralympics Games - Client driven
Pour préparer le "Digital agenda" de votre entreprise, foncez sur votre propre agenda et vérifiez le temps que vous passez avec les autres directions et les clients de l'entreprise.
C'est a priori la variable la plus importante a considérer, bien avant la technologie, pour savoir si vous êtes sur la bonne voie.
N'oubliez pas non plus de lire et de relire GreenSI ;-)