-->
L'intelligence artificielle est revenue ces dernières années sur le devant de la scène après avoir traversé trois "hivers" depuis les premiers travaux qui ont posé ses fondements. On peut situer ses débuts dans les années 40 si on est un adepte inconditionnel de A.Turing (et du principe du même nom qui permet de faire la différence entre une machine et un humain) ou à la fin des années 60 quand des chercheurs ont orienté leurs travaux sur l'analogie entre le cerveau humain et l'ordinateur (qui dans le même temps devenait de plus en plus puissant).
Ce nouveau printemps de l'IA, confirmé par la rétrospective de 2017, est le résultat d'un réchauffement lié aux évolutions technologiques majeures récentes, dont la puissance et la connectivité sont amenées par l'Internet public et privé, mais également par des avancées dans les algorithmes de
traitement de données. "Le printemps de l'IA" est le premier chapitre
du livre certainement le plus commenté sur les réseaux sociaux fin de
l'année dernière "La guerre des intelligences", livre également très intéressant sur la perspective sociétale de l'IA.
Est-ce que l'IA accélère ? La vision de GreenSI est plutôt que l'IA est une technologie informatique structurelle, en rupture avec l'existant qu'elle remet en question.
Ce n'est pas une technologie de plus qui va se développer sur
l'existant à une vitesse donnée. Soit elle sera suffisamment performante
pour attirer de multiples usages qui se développeront sur ce nouveau
territoire, soit elle hibernera une quatrième fois. C'est donc bien du
côté des usages qu'il faut regarder l'accélération et moins du côté de
la technologie.
Sur ce nouveau territoire, il va être de plus
en plus difficile de séparer l'IA des applications et comme le titre de
ce billet l'indique, de séparer l'IA du business.
Si l'IA tient cette
fois-ci ses promesses, le système d'information
qui joue aujourd'hui ce rôle de développement des applications va donc
certainement devoir abandonner du terrain.
Le SI de l'entreprise est vu comme un cœur transactionnel (system of records), une couche décisionnelle (system of intelligence) et une couche relationnelle qui s'est développée avec l'Internet (system of engagement). Le nouveau territoire amené par l'IA remet en question ces deux dernières couches.
L'IA est bien sûr une rupture dans l'analyse des données et rend
obsolète une partie du décisionnel, mais les plateformes IA qui simulent
le comportement humain seront également plus performantes pour repenser
totalement l'interface Homme-machine. C'est tout l'enjeu des nouvelles interfaces vocales, qui semblent promises à un nouveau départ - mais ce n'est qu'un début.
Il est intéressant de noter que le motto de Google "Organize the world’s information and make it universally accessible and useful"
(Organisez l'information mondiale et rendez-la universellement
accessible et utile) fait totalement référence à ces deux dernières
couches.
L'IA est donc une nouvelle plateforme de développement des applications en dehors du système transactionnel, une plateforme de développement du business.
Mais
comme la pensée humaine ne se résume pas à des algorithmes et à de la
puissance de calcul, l'Homme ne sera pas totalement remplacé par l'IA et
trouvera sa place à côté de ces applications.
Donc non
seulement l'IA est une nouvelle façon de développer des applications
business, mais c'est une nouvelle façon d'organiser les processus de
l'entreprise avec ces applications. Une étude du BCG et du MIT, a mesuré cet impact pour chaque industrie et chaque fonction de l'entreprise (ci-dessus).
Les billets de GreenSI sur
ce sujet ont mis en évidence plusieurs points d'ancrage de cette
nouvelle plateforme qu'il faut garder en tête pour planifier le
développement business avec l'IA:
- les sources de données sont essentielles pour développer de l'IA avec
du machine learning. Quand 2018 sera l'année de la GDPR en
Europe et de
la protection des données, elles sera certainement celle de la conquête
des principales sources de données ailleurs dans le monde et de leur
analyse tous azimuts pour développer de nouveaux algorithmes.
- l'IA sera révélatrice de la transformation digitale.
La transformation reste l'objectif pour le business, l'IA est un moyen
de le faire via la capacité de développement de nouvelles applications
numériques orientées business. Réciproquement et sans transformation, il n'y aura pas d'émergence de services
numériques ni de nouvelles sources de données et de relations. L'IA aura alors peu de chance de
se développer.
- Si l'IA est une nouvelle forme de développement, la bataille pour recruter ses "développeurs" a commencé. Certes, on aura besoin de Data Scientists
comme "grand architecte des données", mais il est vraisemblable que la
plateforme IA baisse la barrière pour développer une application et que
la pénurie de data scientists n'est que temporaire. C'est avec cette
vision qu'il faut interpréter l'offre de Google annoncée cette semaine Cloud AutoML. Elle a vocation à simplifier l’accès au machine learning (ML), pour l'instant sur la création de modèles de reconnaissance d’images. Cela demande la mise à disposition dans son Cloud de machines dédiées TPU (Tensor Processor Unit) mises à disposition des entreprises pour réduire les temps de traitements.
Mais l'IA pose également des questions sur les enjeux géostratégiques car
la domination de ce nouveau territoire qui va rendre obsolète une
partie des systèmes d'information des entreprises (et donc créer une
dépendance technologique et business forte) mais également des questions sociétales sur le monde dans lequel les femmes et les hommes veulent vivre demain.
- L'IA déterminera qui des GAFAs conservera son leadership sur
les dix prochaines années, et la compétition est féroce. C'est vrai
pour ceux de la génération précédente qui ont presque disparu des radars
de l'innovation. IBM n'est encore aujourd'hui sur le devant de
la scène de l'innovation technologique qu'avec sa vision avancée sur
l'IA, concrétisée par Watson, mais peine à en faire un business
rentable.
- les BATX chinois sont également de la partie. La décision de Google, qui a quitté la Chine en 2010 (pour Hong Kong), d'y revenir en 2018 installer un laboratoire IA est un signe fort de cette bascule à l'Est.
- les
européens sont absents de la partie malgré le potentiel de leur écoles
et de leur main d'œuvre et comme cité précédemment, la GDPR ne va pas
faciliter la tâche puisqu'elle va mobiliser les rares ressources data
des entreprises sur une autre sujet autour des données.
- IA et manque de diversité ne feront pas bon ménage. Pouvons-nous
confier l'éducation de ces futures intelligences artificielles à des
équipes d'informaticiens où la diversité ne serait pas présente ?
La réponse est bien sûr non pour GreenSI.
Elle est également non pour Mounir Mahjoubi,
sécrétaire d'Etat au Numérique, dans son discours de mercredi dernier
devant un parterre de DSI présents à la cérémonie des DSI de l'année,
où il a annoncé que Femmes@Numerique pourrait être le label de la Grande Cause Nationale 2018. À suivre...
Sur ce dernier point on est pas tant rassuré que ça sur cette diversité quand IBM, un des acteurs de l'IA et pourtant dirigé par une femme, Ginni Rometty,
organise une conférence à Paris sur le thème "From Here to AI" et mobilise 9
intervenants sans aucune femme.
Comment peut-on sérieusement parler de
l'avenir de la transformation des entreprises sans amener une perspective plus
diverse ?
GreenSI propose donc un nouveau titre, en français, aux organisateurs : "De Her à l'IA".
Her comme
le meilleur film de science fiction sur le sujet de l'intelligence
artificielle, et Her pour se rappeler que l'IA à besoin de diversité: Never Without Her (jamais sans elle)
L'association #JamaisSansElles
qui œuvre pour la diversité dans les métiers de l'informatique, et qui
fête ses deux ans ce mois-ci, pourra leur fournir les noms des femmes
influentes en intelligence artificielle.
GreenSI donne également deux pistes : le poste de "Head of Data Sience" de plusieurs sociétés françaises (SNCF, Voyage-SNCF...) sont tenus par des femmes, idem pour celui de "Chief Digital Officer" (Natexis, Econocom, Suez,...).
Le BIM, pour Building Information Modeling, est l'approche qu'adopte l'industrie de la construction pour introduire des maquettes numériques tout
au long du cycle de vie du bâtiment et permettre ainsi une meilleure
collaboration, à chaque étape, et entre tous les métiers.
L'année 1 du
BIM a commencé en France en 2015 (en retard par rapport à d'autres pays
européens). GreenSI avait écrit un premier billet début 2016 (Le bâtiment se met aussi au numérique) pour parler du Plan de Transition Numérique dans le Bâtiment
(PTNB), qui a été lancé pour engager cette transformation. Faisons un
point d'étape avec ce billet mais surtout regardons un peu plus loin.
Après deux ans d'évangélisation et de travaux normatifs, la profession commence à adopter le BIM, un guide de recommandations aux maîtres d'ouvrages a été publié par la mission interministérielle, mais la
tâche reste encore immense; dans une industrie où de multiples TPE et
PME opèrent et où le plan 2D l'emporte encore sur la vision 3D. Le
rapport d'étape du PTNB de mars 2017 annonce cependant une progression
du taux d'adoption de 35% (parti de 27%) mais le pourcentage de ceux qui
n'utilisent jamais est encore de 65%...
Le BIM peut être vu comme le fil rouge de la transformation digitale de l'industrie de la construction.
C'est également celui du "travailler ensemble" et de la normalisation des échanges numériques dans une profession dont la stratégie nationale a été publiée le mois dernier (pdf).
Le BIM, sa normalisation et son règlementaire qui se renforce (même si
la loi qui le rend obligatoire n'est pas publiée), n'est finalement
qu'un prétexte pour adopter et maîtriser plus largement les données et
le numérique dans la filière de la construction.
Ces
transformations attendues du secteur du bâtiment visent la baisse des
coûts de la construction et d'exploitation des bâtiments, sur lʼensemble de leur cycle de vie. Une étude de McKinsey montre
que la progression de la productivité dans la construction sur 20 ans
est en retrait par rapport à la moyenne de l'économie en générale ou de
la fabrication en particulier. Les méthodes utilisées dans la
construction ont atteint un cap et demandent à être disruptées. L'impression en 3D par exemple, est une des pistes explorée par certains.
Dans tous les cas, ces transformations seront lentes car elles touchent les
organisations, les processus et la formation des employés.
Mais dans le même temps, les techniques de numérisation automatiques se développent très rapidement. Et leur coût est en baisse.
Il
est possible aujourd'hui de numériser une maison ou un bâtiment,
enveloppe extérieure et intérieure, avec des nuages de points capturés
automatiquement par un "radar" (lidar, photogrammétrie, ...) puis
traités numériquement pour obtenir un modèle 3D sur lequel on peut travailler.
Demain, avec le développement de drones pour capturer les images dans tous les espaces et les progrès de la reconnaissance d'objets sur ces images par l'intelligence artificielle,
on peut estimer que la précision pourra encore s'améliorer jusqu'à
recomposer un bâtiment et tous ses composants (portes, fenêtres,
textures,...) de façon presque automatique.
C'est une bonne nouvelle pour le BIM. Mais c'est également une question sur son avenir, ou plutôt son positionnement dans la transformation numérique de l'industrie.
C'est une bonne nouvelle car le BIM va pouvoir s'attaquer à la majorité du parc urbain: les logements déjà construits.
On va donc pouvoir les numériser à des coûts de moins en moins chers,
pour le bénéfice des exploitants qui eux devraient exploiter ces données
pour réduire leurs coûts d'entretien et de maintenance. Sans cette
technologie, le BIM ne serait réservé qu'aux programmes immobiliers
neufs, avec une modélisation initiale par les architectes au début de la
chaîne, retardant la généralisation du BIM pour les exploitants.
Mais
la perspective d'avoir de futurs "robots inspecteurs" en charge de
créer et maintenir la maquette numérique avec des données plus riches
(photos, vidéos, capteurs, ...) que celles imaginées dans la
normalisation du BIM, pose la question de la remise en cause des
processus collaboratifs de mise à jour des maquettes numériques que
l'industrie est en train d'apprendre et de déployer, pour in fine simplement échanger des données.
A
terme, le BIM dit "Open BIM", permettra à chacun de travailler sur la
même maquette numérique, à priori dans le Cloud. Donc utiliser la même
plateforme pour tous les acteurs au niveau d'un projet, voire d'un
territoire. Mais cet "Open BIM" n'est pas la cible actuelle de l'industrie, tout du moins en France. Pour
l'instant l'objectif est le BIM dit de niveau 2, où tous les acteurs
sont passés aux outils numériques et peuvent s'échanger des données,
d'où l'importance de la normalisation pour ces échanges.
Et quand on parle d'échanges, on ne parle pas ici du sujet cher à GreenSI, les APIs.
On parle d'échanges de fichiers, zippés en entre eux quand ils sont
liés, et à des formats lisibles par les logiciels de chaque métiers...
Et si technologiquement le BIM était déjà dépassé ?
Quand l'internet des objets
amène la gestion intelligente
des bâtiments, l'optimisation de leur performance énergétique ou la
gestion de la sécurité, pour ne citer que ces applications ; les besoins
de transformation numérique de la construction, et surtout des
exploitants des bâtiments (on exploite plus longtemps que l'on ne
construit), ont finalement déjà dépassé l'idée initiale du BIM, partager
une maquette le long du cycle de vie.
Le BIM est certainement un standard de modélisation des bâtiments,
mais on veut aller plus loin dans la gestion des états de chaque
composant (en temps réel pour certains) et surtout l'analyse des données
allant jusqu'à la maintenance prédictive. C'est tout l'enjeu du concept de "jumeau numérique", abordé par GreenSI il y a un an, que l'on voit se développer dans le monde anglo-saxon et dont on parle peut en France.
Pourtant ce concept a été adoubé par des travaux universitaires et des cabinets de conseil de renom, dont Michael Porter
(auteur du "Business process Reengineering") dans la Harvard Business
Review. Cette visibilité fait qu'il commence à mobiliser du capital
risque outre Atlantique pour financer des startups partant à l'assaut
de ce qu'elles adorent, les inefficacités et les gisements de
productivité...
Par rapport au BIM,
les jumeaux incluent la mise à jour temps réel des objets ou
infrastructures, ouvrant plus d'opportunités d'exploitation du
numérique.
Il est donc tout à fait possible qu'un
acteur émerge et disrupte en quelques années les fondamentaux du BIM
pour imposer sa plateforme à l'échelle mondiale, comme la référence de
toutes les constructions. En y réfléchissant, l'industrie informatique
également souvent critiquée pour ses projets en retard, a adopté en 10
ans l'agilité et sa plateforme Github est
devenue la référence pour la construction de millions de projets et la
communautés de centaines de milliers de développeurs. Comme quoi c'est
possible...
GreenSI voit donc le BIM comme une étape indispensable de transformation de la construction,
qui posera les fondamentaux des systèmes d'information de l'industrie
avec des données de qualité, partagées, et à la clef une première
réduction des coûts de la construction. Mais ceux qui sauront
l'exploiter iront plus loin, certainement plus vite, dans l'exploration
des nouveaux usages amenés par cette maquette numérique devenue plus
dynamique avec l'analyse temps réel de ses données et l'internet des
objets.
Regardez donc plus loin à l'horizon si vous êtes engagé dans un projet de BIM ;-)
Ce Noël, vous ne pouviez pas rater les assistants vocaux sous le sapin. Que ce soient ceux de Google, d'Amazon, ou des autres acteurs qui les suivent (Sonos, Bose,...). Et comme la bataille pour la domination de cette nouvelle interface vocale dans la maison se joue maintenant,
quand le père Noël ne l'offre pas, ces acteurs donnent leur version
d'entrée de gamme via des offres combinées avec d'autres produits
compatibles (ex. Thermostat + Enceinte).
Ce billet est pour GreenSI l'occasion d'explorer l'arrivée dans le grand public d'une interface déjà exploitée dans les entreprises : le vocal.
En
2018 les prévisions sont la vente de 56 millions enceintes
intelligentes, soit une progression de +70% sur un an, pour une
catégorie de produits créée par Amazon en 2014 aux États-Unis, suivi par
Google en 2016.
C'est de l'autre côté de l'Atlantique que se feront la majorité des ventes mondiales. La Chine, est également vue comme le pays n°2 des ventes ; un paradoxe quand ni Amazon ni Google n'y
sont prédominants. Ceci démontre la force du concept de cette nouvelle
interface conversationnelle, déjà copiée par les BATX, parlant chinois,
mais aussi anglais. Le premier est Xiaomi, qui a lancé en 2017 un produit au nom sans aucune équivoque de "AI speaker". Il sera prochainement suivi par Alibaba.
En France, le lancement de Google Home cet été, avant Amazon Echo, le taux de pénétration de Google dans le search en France (94%, plus fort qu'aux États-Unis), et le prix d'entrée de la Google Mini a moins de 50€, fait que GreenSI ne serait pas surpris si les chiffres montrent que Google dépasse Amazon sur le marché national dès 2017.
Les entreprises ont déjà exploité l'interface vocale pendant plus de 10 ans. Par exemple dans les centres d'appels avec les serveurs vocaux interactifs (SVI).
Cependant, les choix de navigation sur ces serveurs restent souvent
bien limités même si la reconnaissance vocale s'est un peu développée.
Appeler son opérateur ou sa banque sur un SVI est vécu par beaucoup
comme une contrainte et souvent la frustration d'un choix limité par
rapport à un contact humain. Le résultat n'est pas en général une expérience utilisateur hors du commun.
Les
enceintes connectées, elles, ont la chance de se lancer sur des sujets
plus "légers" (météo, ciné, wikipedia, musiques...) où vous n'attendez
pas nécessairement de régler un problème critique pour votre journée ou
votre épargne. Mme Michue sera donc certainement plus indulgente... à
moins de confondre Johnny et JJ.Goldman ;-)
Mais comme leur
reconnaissance vocale est radicalement plus performante que celle des
SVI, s'appuyant sur l'intelligence artificielle (y compris
reconnaissance de votre voix), il sera intéressant de voir si les
assistants s'imposeront comme des compagnons à qui finalement les
humains aiment parler. Et si c'est le cas, les SVI vont rapidement prendre un sacré coup de vieux...
Puis vers la fin des années 2000, quand la téléphonie a rejoint les standards de l'internet (avec la VoIP) l'entreprise
a pu imaginer et concevoir des applications vocales, c'est à dire
construites sur sa plateforme téléphonique sous IP, qui met en réseau la majorité de ses salariés et qui peut être reliée aux données des applications de gestion :
- Ainsi,
un responsable de magasin peut être appelé par une application métier,
sur son téléphone mobile, pour lui donner le niveau de stock d'un
produit dont les ventes marchent bien ce jour.
- Un commercial,
pendant une vente, peut appeler une application de configuration du
produit qu'il vends (voiture, ordinateur, ...) et obtenir directement
par la voix un prix lui permettant de faire un devis.
- Un
magasinier peut, en main libre, être piloté pour traiter une commande
par une interface vocale qui lui donne l'emplacement des produits
("picking") et suivre la complétude de la préparation.
- Mais
l'application la plus commune entre ces deux mondes (vocal, applicatif),
reste certainement l'envoi d'un email, suite à un appel manqué, avec en
pièce jointe un message vocal numérisé.
Ces
applications exploitant des interfaces vocales existent donc déjà dans
l'entreprise, mais force est de constater qu'elles ne se sont pas
beaucoup développées.
La porte ouverte par ces enceintes connectées va être de réinventer ce type d'applications vocales avec ceux qui les achètent, pour l'instant les clients particuliers.
Aujourd'hui, les technologies sous-jacentes des enceintes connectées sont différentes. Elles exploitent une reconnaissance vocale de meilleur niveau, dans de multiples langues, et surtout sont connectées aux services disponibles en temps réel sur Internet.
Mais attention toutes les reconnaissances vocales ne se valent pas. Si vous voulez éviter les "oopss, je
ne comprends pas", il vaut mieux choisir celles qui sont déjà au point dans
la langue souhaitée. Le test de poser 5000 questions aux assistants mobiles
montre un pourcentage de questions reconnues de moins de 70% et un taux
de réponses correctes de 60% à 90% selon les enceintes.
Sans
surprise, celui qui a le plus de données d'interactions avec des
humains pour son moteur de recherche est le meilleur pour les
comprendre...
Ces enceintes permettent d'écouter la musique, mais surtout elles peuvent rechercher le web et activer des services applicatifs qui se seront rendus compatibles. Le thermostat connecté Nest (acheté par Google) mais également Netatmo,
sont compatibles avec Google Home et peuvent être réglés et interrogés
par la voix. Ce sont les nouvelles applications vocales qui remplacent
l'usage d'une Apps sur son smartphone ou les boutons sur les
thermostats.
Amazon a aujourd'hui beaucoup de services applicatifs
et vous pouvez déjà par exemple commander un taxi ou une pizza (selon
les pays). Mais vu le rythme des ventes et donc des développeurs qui
rejoignent le développement sur ces nouvelles plateformes, comme pour
les Apps mobiles, ça peut aller très vite.
L'intégration de ces plateformes (pas que la partie émergée : l'enceinte) est donc la clef.
Et là vous savez que GreenSI va vous rappeler de vérifier avec votre DSI si vos applications clients ont bien des API pour s'intégrer à ces futures plateformes. Et
puis comme la conversation doit être naturelle, ces API seront
certainement dans le Cloud avec assez de puissance à la demande pour
avoir des temps de réponse excellents.
On est donc au tout début du retour de l'interface vocale dans l'entreprise.
Son nouvel objectif : entrer en relation avec ses clients et imaginer une nouvelle expérience d'achat et ou de service clients.
Et puis pourquoi pas dans quelques temps imaginer des usages pour les
salariés eux-même, par exemple dans les applications collaboratives de
communication et de gestion de tâches.
De
l'autre côté de cette interface, les internautes se retrouvent comme au
début du web, avec un "navigateur vocal" dans les mains leur permettant
d'accéder à une masse d'information... mais sans trop savoir quoi
demander !
Pour en tester un, j'avoue qu'il y a au départ un peu la même excitation qu'au début du Net, dès qu'on découvre un nouvel usage.
Les
premiers assistants vont bien sûr chercher à éduquer ces premiers
utilisateurs, dans l'intérêt du financement de leur service à long
terme. Donc leur apprendre des services qu'ils sauront valoriser...
En
effet, comme avec le web, si l'équipement est acheté au départ par le
client, il faudra bien financer la reconnaissance vocale sur le long
terme. La publicité, les recommandations, voire la vente de produits et
services, vont donc certainement venir s'incruster rapidement dans cette
interface. Comment, et de façon non-intrusive, restent à imaginer...
Certains vont donc crier au loup
et les articles sur "faut-il acheter un assistant" et "quelles
recommandations de la CNIL quand on en achète un" se multiplient. Par
rapport à la révolution précédente du web qui a laissé les cookies
proliférer sans contrôle, l'encadrement veut s'organiser plus en amont.
Sans
aucun doute, ces enceintes vont capturer et exploiter encore plus de
données personnelles et comportementales. Les données des européens
seront sous la surveillance du RGPD, mais
pas celles des américains et des chinois qui vont tirer le marché et la
technologie. Les versions européennes seront-elles bridées ? (voir RGDP l'épée de Damoclès sur l'innovation européenne)
Et
puis une fois adoptées (et l'opt-in validé) il sera difficile de
revenir en arrière et les utilisateurs l'accepteront en échange de la
nouvelle expérience rendue possible par cette interface vocale. Qui a
fermé son compte Gmail quand il a appris que l'analyse des emails
personnels permettait de cibler la publicité ?
Alors, même si
ces enceintes n'étaient pas sous votre sapin, surveillez quand même le
développement du retour du vocal dans les entreprises en 2018.
La souris, le clavier et l'écran ne seront plus les seuls moyens pour
vos applications d'interagir avec vos clients et pourquoi pas avec vos
salariés.
Pour ce dernier billet de l'année GreenSI vous
propose de regarder dans le rétroviseur de la quarantaine de billets
publiés en 2017. C'est un exercice que je fais régulièrement pour
apprécier la vitesse de la transformation digitale de la société et
surtout confirmer les faits que l'on sentait importants et qui se sont
révélés comme des points d'inflexion ou de rupture.
Généralement
les trajectoires qui suivent ces faits sont totalement modifiées et les
décisions à prendre dans ces domaine également.
2017 a commencé comme les deux années précédentes avec un buzz croissant en France autour du CES à Las Vegas (Pourquoi tant de buzz autour du CES à Las Vegas?
). Les cocoricos de la jeune #FrenchTech n'y sont pas pour rien. Cette année-là, le CES est devenu le "Car Electronic Show"
- et non Consumer - déplaçant les géants de la Tech bien sûr, mais
surtout les constructeurs automobiles qui jusque là misaient sur le
"Mondial de l'automobile" pour leurs annonces.
Le CES à Las Vegas pourrait devenir pour quelques années le salon mondial
de l'automobile et de son écosystèmes de services,
maintenant que le sujet est la voiture connectée, électrique et autonome
via une intelligence artificielle de pilotage. Nous saurons à partir du
9 janvier 2018 si cette trajectoire se confirme. En tout cas c'est bien
une voiture qui est sur la home page du salon ;-)
Autre thème de 2017, l'abondance jusqu'à plus soif des technologies (Entreprise du futur: arrêtons de parler de technologies).
Les
technologies ne sont rien sans les usages ; et ce qui fera l'entreprise
du futur, ayant réussi sa transformation digitale, sera son
organisation, son management agile et une plateforme digitale centrée sur des usages qu'elles saura valoriser avec son modèle économique.
La blockchain qui aura marqué l'année par l'envol du cours du Bitcoin -
l'une de ses applications - reste un pari technologique risqué pour sa
mise en oeuvre, autant sur le plan énergétique que de la concertation
que cela demande pour convaincre assez d'acteurs d'utiliser la même
plateforme qui deviendra un standard de fait (attirant donc toutes les
convoitises et incitant tout le monde à lancer la sienne).
D'où d'ailleurs le dernier billet de GreenSI sur un autre écueil de la technologie et des prévisions, souvent ambitieuses quand elles ne sont pas farfelues : la
technologie est bien un marché mondial mais son application reste
locale, soumise aux contraintes et à la culture des entreprises ou des
gouvernements. Donc ce n'est parce qu'on l'a lu sur Internet que ça va arriver près de chez vous.
Par exemple l'Intelligence Artificielle se
développera certainement plus rapidement aux Etats-Unis et en Chine
qu'en Europe, où le marché sera freiné en 2018 par la régulation sur les
données (RGPD: épée de Damoclès sur l'innovation européenne). 2017 a d'ailleurs été l'année de révélation de la Chine qui a rejoint les Etats-Unis dans les chiffres du e-commerce (le numérique se l'ève aussi à l'Est).
D'ailleurs en 2017, l'intelligence artificielle a marqué un cap. Elle
est de plus en plus comprise par les entreprises et la question d'une
stratégie dans ce domaine est posée par les Directions Générales. La
technologie "AI First" de Google a été annoncée, et la question de l'ERP à l'ère de l'IA se pose à toutes les entreprises industrielles.
La fin de la mission "France IA"
en début d'année qui avait accouché d'un rapport a été reprise par le
gouvernement avec une figure emblématique et compétente en la personne
du député Cédric Villani. La consultation large qu'il a engagé
s'achève dans quelques jours et on espère que 2018 donnera réellement à
la France les fondements d'une stratégie qui porte en germe de
nombreuses questions de notre société de demain.
Une de ces questions dans le numérique est celle de la diversité et IA et le manque de diversité ne feront pas bon ménage
à cause de l'apprentissage par les machines d'un monde non diverse
qu'elles auront tendance à reproduire dans leurs décisions autonomes.
2017 a été une année charnière dans l'internet des objets. Les ventes de l'Apple Watch
ne sont pas au rendez-vous et elle sera au mieux leader dans le domaine
de la e-santé et du coach personnel, aussi convoité par Nokia qui a racheté le français Withings.
Les objets connectés grands publics autour du poignet continuent de
chercher leur modèle économique et de pivoter. Les enceintes connectées
dopées à l'intelligence artificielle ont surpris tout le monde (merci
Amazon) en s'imposant dans les foyers américains. C'est certainement de
ce côté qu'il faut continuer de regarder en 2018.
En revanche, les objets connectés se portent bien dans les entreprises industrielles et
leurs applications convergent avec la supervision à distance mais
surtout les réalités augmentée, virtuelle ou mixte. La sécurité de ces
objets connectés (des passoires) venant sur le devant de la scène, c'est
l'Internet des objets Industriels - IIOT - qui reprend le flambeau de l'innovation.
Chose rare depuis les années 2000, cette innovation se passe dans les entreprises avant le grand public. C'est donc dans les entreprises que l'on trouve des applications opérationnelles de réalité augmentée, et que l'on construit les architectures pour gérer les millions d'objets anticipés.
Tous les éditeurs professionnels y voient un Eldorado mais il faudra sortir de l'internet des silos et surtout traiter la question de la propriété de la donnée des machines soulevée par GreenSI (va-t-on assister à une bataille pour les données des machines).
Dans
ce contexte, le rôle des DSI qui n'ont pas fait leur propre
transformation agile pour accompagner l'entreprise dans sa propre
transformation digitale s'est encore un peu plus marginalisé en 2017 (l'IA révélatrice de la transformation de la DSI).
Ces DSI ne sont pas présentes et/ou impliquées dans les sujets qui
construisent l'entreprise de demain. Quand la transformation digitale
peine, c'est peut-être que nous cherchons à agir à l'ère du digital mais nous pensons encore comme à l'ère précédente. GreenSI a sorti une série de billets pour renoncer à certaines règles du passé qui n'ont plus de prise dans le monde digital : #FlipYourMind
Mais la DSI peut reprendre la main en se transformant en "modern software factory", en simplifiant le SI pour le rendre moins vulnérable (Heureux comme un Wanacrypt dans un jeu d'applications obsolètes) et en reprenant en main la stratégie open source de la plateforme digitale de l'entreprise, deux sujets très présents en 2017. C'est certainement ce qu'attendent les CDOs -
Chief Digital Officer et Chief Data Officer - de l'entreprise, qui ont
maintenant besoin de bras armés pour déployer leurs stratégies à grande
échelle.
Enfin,
le numérique ne s'arrête pas à la porte de Mme Michu et des
entreprises, il irrigue aussi les territoires et 2017 restera une année
charnière dans l'ambition des Smart Cities avec l'attribution du projet Grand Dijon d'espace public connecté géré depuis un centre de pilotage unique en France (Smart City; quel modèle s'impose en 2017).
Après
une première vague d'expérimentation et de démonstrateurs, s'engage une
seconde vague de projets plus ambitieux, financés par de réelles
économies dans l'éclairage ou les nouveaux services aux citoyens.
Et au-delà de la ville, c'est la transformation numérique au service de la transition énergétique qui devient visible.
2017
aura donc été une année charnière avec de nouvelles trajectoires à
avoir en tête, notamment dans l'internet des objets industriels,
l'intelligence artificielle ou les villes intelligentes.
Les indicateurs sont plutôt au vert pour que 2018 soit toute aussi intéressante, alors continuez de lire GreenSI et d'en partager largement ses billets sur les réseaux - vous savez les boutons en haut à gauche !! - et remercier ZDnet de continuer de faire confiance à des blogueurs indépendants pour commenter l'actualité ;-)
Il ne me reste qu'à vous souhaiter une excellente année 2018 !
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