lundi 22 juin 2015

Descente dans les forges des "Makers"

Cette semaine, lors d'un échange sur Twitter, GreenSI s'est laissé entraîné par l'énergie de la #TeamNewTech de GRTgaz dans une "Learning expedition" à Usine IO dans le 13eme arrondissement de Paris. Non loin du gigantesque chantier de la Halle Freyssinet, futur incubateur de startups.

Découvrons une de ces forges de l'ère numérique, où on réinvente la fabrication. Bienvenue chez les "makers"!

Dans la palette des outils pour réinventer les services de l'entreprise numérique, "le lab" est aujourd'hui celui qui retient beaucoup l'attention des grandes entreprises. Mais tout n'est pas que logiciel et les objets connectés sont là pour nous le rappeler. Avant de choisir ce bracelet à la mode qui va compter vos pas, vous allez peut être flasher sur son design et non sur les fonctionnalités de l'application mobile associée (qui dépend de l'OS), encore moins sur la pertinence de ses algorithmes, que vous apprécierez, ou pas, après plusieurs semaines d'usage. La fabrication et le design de l'objet physique sont donc tout aussi importants que le numérique qui l'accompagne.

Apple, Next ou le français Withings, pour ne citer qu'eux, ont bien compris l'importance d'essayer de maîtriser à la fois le logiciel (plateforme de données centrales et logiciels sur smartphone) mais aussi le matériel (téléphones, thermostats, balances, montres...). C'est pourquoi des "fab labs" (pour fabrication lab), qui ne sont pas exclusivement dédiés au logiciel, ont commencé a apparaître, pour aborder tous les aspects des nouveaux produits et services, et accélérer l'innovation.   

Usine IO, un laboratoire de prototypage industriel avec un atelier de fabrication numérique de 1500m2 au coeur de Paris, est clairement l'un de ces nouveaux lieux des "makers", pour reprendre l'appellation apparue aux Etats-Unis milieu des années 2000.

Usine IO, accompagne aussi bien les startups, voir les particuliers qui peaufinent leur idée pour le prochain concours Lépine, que les grandes entreprises.

C'est pourquoi l'équipe innovation SI de GRTgaz, dont l'objectif est d'évangéliser avec de nouvelles méthodes d'innovation, a choisi de lancer cette expédition et d'entrainer des salariés de toutes les Directions de l'entreprise, dans ce lieu inspirant et tellement atypique par rapport à une R&D classique. 


Autre lieu dans Paris, mais issu du secteur public cette fois (Usine IO est privé), La fonderie Ile de France, l'agence publique numérique d'Ile de France, associée au Conseil Régional, qui finance des projets dont des "fab lab". En Ile de France, les "makers" sont devenus des fondeurs ;-)

Elle met aussi en relation toutes les compétences et énergies en cartographiant l'écosystème des acteurs.

L'un des "fab lab" de la Fonderie a dans ses cartons une voiture connectée et un réseau de stations météo dont les données sont ouvertes et analysées. On en saura plus cet été après la phase de prototypage et GreenSI attend les photos avec impatience pour un prochain billet...

Mais pour ne pas vous perdre dans ce dédale de nouveaux lieux et nouveaux projets, des "guides" existent, comme LeHack40 une jeune pousse qui accompagne les entreprises dans l'innovation et la transformation.

Car au delà de la curiosité, GreenSI retrouve dans les "fab labs" de nombreux liens avec la transformation digitale qui est engagée. Ce billet fait echo au dernier billet de GreenSI "le numérique demande une nouvelle vision des choses" concernant la partie de la fusion entre le virtuel et le réel.  


Le meilleur des deux mondes: réel et virtuel

Déjà les "fab labs" utilisent des prototypes numériques extrêmement précis. Les maquettes sont numériques car les moyens mis à disposition par Usine IO, permettent à la journée ou au mois, d'accéder à des logiciels de conception  jusque là réservés à l'aérien ou au spatial.
Ces maquettes virtuelles deviennent LE produit, avant sa fabrication physique. On peut les partager, les échanger et les enrichir collaborativement.
 
Le passage de la maquette virtuelle à la maquette réelle, se faisant par impression 3D ou découpe laser, deux autres machines disponibles pour les "makers" de passage chez Usine IO.


Certains objets physiques, devenus ainsi numériques, sont même mis en licence open source et sont donc libres de droits pour être reproduits.

Après cette phase de prototypage, dont l'objectif est d'innover et d'accélérer les projets, vient une phase plus industrielle où ces maquettes numériques jouent encore un rôle majeur à l'heure de la mondialisation.

Car aujourd'hui on peut "louer" une usine, par exemple en Chine. Il suffit alors de transmettre ses plans via internet, payer par carte bancaire et recevoir sa marchandise quelques semaines plus tard. Il existe même des places de marchés comme ShapeWays, où tous ces services de production 3D sont mutualisés, y compris la phase de design. De la fabrication "as a service" en perspective.

Certes, ce n'est peut être pas le processus le plus optimisé quand on veut vendre des millions d'exemplaires (quoi que?) et la question d'avoir ses propres usines se posera à chaque industriel. Mais en attendant c'est le moyen de produire des milliers d'objets et de tester son marché... tout de suite!

L'agilité est donc le maître mot, de la phase d'idéation, à la fabrication en petite séries, en passant par le prototypage. Elle s'attaque a un nouveau domaine de l'entreprise et demande d'en revoir l'organisation.


La collaboration comme moteur

Une autre caractéristique de ces "fab labs", c'est qu'ils transpirent la collaboration et les rencontres. Ils s'inscrivent donc naturellement dans les démarches d'open innovation engagées par les entreprises et parfois par les DSI.

Conçus en ateliers ouverts, ils hébergent aussi des conférences et génèrent en permanence du "flux" d'échanges propices aux rencontres et aux idées. Et c'est comme cela que le spécialiste du moulage plastique, pourra rencontrer celui du capteur d'humidité, et un designer d'application mobile, pour peut être, imaginer un système révolutionnaire de suivi de la santé des plantes d'appartements.

D'ailleurs ces méthodes qui privilégient la transversalité sont aussi adoptées par certaines écoles d'ingénieurs, qui demandent en dernière année à leurs étudiants de travailler sur un projet intégrant au moins deux autres spécialités que la sienne. On peut même se demander si les "fab labs" ne vont pas se répandre aussi dans les écoles et universités, en s'ouvrant un peu plus à l'extérieur, mais avec une véritable offre de service structurée.

Alors, de là à penser, que les "fab labs" portent en germe la nouvelle révolution industrielle, il n'y a qu'un pas à franchir, que les "makers" comme Chris Anderson, ancien rédacteur en chef de la revue Wired, ont franchi en publiant un ouvrage passionnant du même nom (et déjà traduit en français - disponible ici ).

Mais il n'est pas seul. Les cabinets de conseil des gouvernements et dirigeants du monde entier ont aussi publié leurs réflexions autour de l'usine du futur, et de la bataille qui se livre au niveau mondial pour la compétitivité industrielle, par exemple :
Un mélange d'innovation collaborative au sein d'ecosystèmes (ou pôles de compétitivité dirait on chez nous), de fabrication décentralisée et mondiale, d'économies et de révolutions pour les ressources (qui se réduisent), dopés à l'analyse de données en masse, aux logiciels et aux algorithmes prédictifs ou d'optimisation.

Bref, la transformation numérique de l'industrie est en marche.
GreenSI aime d'ailleurs toujours autant la citation de Guy Mamou-Mani, Président du Syntec Numérique: 'Le numérique c'est l'industrie du futur et le futur de l'industrie'.

Avec les "fab labs", on perçois bien les deux côtés de cette citation. Alors recherchez la forge la plus proche et allez vite l'explorer!
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