Le CeBIT vous connaissez forcément si vous êtes dans l'informatique depuis quelques temps. Le salon des technologies de l'information et de la bureautique (traduction littérale) est le plus grand salon IT au monde.
En France on avait le Sicob sur le même créneau, mais il n'en reste que le bâtiment (le CNIT à La Defense). Le CeBIT lui est encore là, et c'est un salon "english spoken", ce qui explique peut être la désaffection des français, toujours sous-représentés dans cette manifestation.
Cette année c'est Angela Merkel qui l'a inauguré et y a accueilli David Cameron, dont l'ambition de développer le numérique à Londres et au Royaume-Unis est clairement affichée. Le numérique est bien porté au plus haut niveau dans les économies de la vielle Europe.
Un David Cameron qui pour l'occasion signe un partenariat entre le Royaume Unis et l'Allemagne pour le développement de la 5G.
Mais où étaient donc les français? Peut-être a compter le nombre de réseaux 4G qu'ils leur fallait, 3 ou 4, la question brulante de la semaine autour de la vente de SFR.
Un salon CeBIT qui a mis en scène les tendances IT du moment: Big Data, sécurité et mobilité. Mais on sait sur GreenSI, que c'est surtout de l'autre côté de l'Atlantique que jaillissent les innovations dans ces domaines.
En revanche, comme le numérique c'est l'industrie du futur mais aussi le futur de l'industrie, c'est du côté des robots et des imprimantes 3D qu'il faut regarder au CeBIT. Des équipements qui vont changer les processus industriels et les chaînes de fabrication dans les années qui arrivent. Et niveau Industrie, les Allemands ont montré la vitalité de leurs PME, beaucoup plus automatisées que les françaises. Le CeBIT est clairement le salon à suivre sur l'industrie du futur.
Le CeBIT c'est aussi sur la terre natale d'un SAP, qui en a profité pour faire un bilan de la stratégie Cloud et BigData annoncée en 2010 et qui semble porter ses fruits. Pour les DSI c'est l'assurance de voir se dessiner un avenir aux investissements ERP qu'ils ont fait. Même si BusinessbyDesign, son ERP en SaaS, a fait l'objet de plusieurs rumeurs d'arrêt des investissements fin d'année dernière.
Mais SAP a aussi annoncé ses ambitions dans le domaine de la relation client en SaaS avec Sales on Demand, qui emprunte la fonction mur d'activités aux réseaux sociaux et intègre des fonctions décisionnelles. Une approche réellement neuve à suivre. Est-ce que ce sera la bonne clef pour ouvrir le nouveau saint Graal des éditeurs des deux prochaines années (suivre aussi Oracle, Microsoft, Salesforce et maintenant SAP) et qui tire la croissance du SaaS ?
Mais ce qui a retenu l'attention de GreenSI ce sont les startups. Car visiblement ça bourgeonne aussi de l'autre côté du Rhin.
Car la force IT du moment, c'est bien l'innovation.
Soit sur les grandes plateformes mondiales qui se consolident (les Amazon, Google, Apple, IBM, Microsoft,....) soit de l'autre côté du spectre chez les plus petits, et les plus disruptifs, les startups.
Au grand dam d'un salon comme le CeBIT qui va vite être a cours d'idée pour parler innovation, si il n'attire par les startups ou les grandes plateformes à l'avenir. Car ce sont elles qui tirent les usages numériques du grand public qui influencent ensuite les stratégies SI d'entreprises.
D'ailleurs un comptage par Google Trends, de 2004 à 2014, des recherches du mot CeBIT à partir de la France, montre que l'influence du salon chute.
Comme son audience d'ailleurs, qui malgré des rebonds quelques années, n'est plus ce qu'elle était à ses heures de gloire (850.000 visiteurs en 2001).
Et en comparant CeBIT (Rouge) avec SXSW (Bleu), un autre salon américain en mars dont je vais vous parler, la courbe montre que l'influence du CeBIT baisse vraiment et que celle de SXSW augmente. Le rapport de recherches de 10 pour 100 en 2004 en faveur du CeBIT, est aujourd'hui de 363 pour 100. En 2004 Nokia y annonçait son téléphone premier appareil photo Megapixels, aujourd'hui ces annonces ne sont plus en Europe, chez Apple ou chez Samsung.
Le second salon du numérique de la semaine c'est donc SXSW à Austin.
SXSW ("southby" pour les initiés) est l'un des plus grands festival de musique des États-Unis, mais qui contient aussi l'évènement "SXSW Interactive" depuis 1994, une manifestation qui a réussi le pari de faire une part de plus en plus grande aux créateurs, aux entrepreneurs du web. La technologie innovante suit ensuite derrière...
C'est en 2007 que Twitter y fut présenté et largement utilisé. Cela a marqué les esprits et renforcé la notoriété de cet évènement. Pas encore à la DSI, mais en tout cas là où naissent de nouveaux usages du grand public et là où se financent les technologies de demain.
Cette année, les startups françaises ont même pu bénéficier, comme à Barcelone en Février au Congrès Mobile, de l'appui de la délégation "French Tech".
Ce nouveau label innovant lancé par Fleur Pellerin pour fédérer et "rendre visible" la technologie française à l'international. Une sélection de 10 startups accompagnait donc UBI France, dont Azendoo, basée à Bordeaux et qui veut révolutionner la collaboration dans les projets et pourquoi pas les DSI.
Un écosystème numérique qu'Oliver Ezratty trouve en surchauffe, et c'est tant mieux, car c'est lui qui réchauffe et transforme une partie de l'industrie des technologies de l'information.
D'ailleurs, les "guest stars" de SXSW ne trompent pas sur la présence à Austin d'une certaine vision du numérique:
- Eric Schmidt venu y présenter son dernier livre "Un nouvel âge digital",
- Julian Assange (via Skype) le co-fondateur de WikiLeaks,
- et surtout Edward Snowden (en vidéoconférence) rappelant à la NSA qu'on pouvait être numériquement aux États-Unis et y porter la bonne parole, sans avoir besoin de franchir une frontière...
C'est un manifeste pour utiliser l'Internet du "bon côte de la force", comme on dirait dans StarWars. Qui pourrait basculer du mauvais côté? Les gouvernements...
Une vision d'un futur où en 2025 la majorité de la population mondiale (8 milliards) sera connectée et aura accès a l'information de façon non filtrée. Où les ordinateurs seront 64 fois plus puissants qu'en 2013 et où la réalité augmentée permettra une expérience immersive proche de la réalité. Et donc une connectivité qui touchera tous les pays, tous les continents, même si elle aura plusieurs vitesses.
Cette connectivité qui est en marche, aura donc un impact majeur sur les gouvernements et les nations, en plus des entreprises bien sûr. Les évènements récents ne sont que le début d'une vague de fond de cette information généralisée. Je vous invite à le lire (en anglais) si vous voulez jeter le regard au loin.
Et sans aucun doute, les révolutions à venir se préparent plus à SXSW qu'au CeBIT. Alors ajoutons le dans notre radar. Car la transformation numérique en cours, change aussi les sources d'information et les lieux d'innovation.