Organisé par l'Institut Lean France, se tenait cette semaine à Paris le 5ème Lean IT Summit
qui a rassemblé la communauté engagée dans la mise en oeuvre de
l'amélioration continue. Sans surprise le digital était sur le devant de
la scène, car pour cette 5ème édition, le 'lean IT" se conjugue avec
agilité et startup, sort largement du contexte de l'IT et est en train
de transformer toute l'entreprise.
Mais si vous êtes lecteur régulier de GreenSI,
vous savez que c'est l'IT qui sort de son contexte traditionnel avec le
digital, et ce sont bien ces technologies IT qui transforment
l'entreprise en entreprise numérique. Question : et si le "lean" était
la voie de la transformation digitale ?
Lors de cette conférence, à laquelle GreenSI a assisté et témoigné sur la mise en place du lean dans un projet digital, plusieurs pièces de puzzles semblent bien s'assembler.
Lors de cette conférence, à laquelle GreenSI a assisté et témoigné sur la mise en place du lean dans un projet digital, plusieurs pièces de puzzles semblent bien s'assembler.
L'agilité pour le "Fast IT"
Faisons d'abord un petit retour en arrière au Symposium Gartner d'Octobre 2014 à Barcelone (L'économie des applications). Pour Gartner, le SI évolue à des vitesses distinctes en deux parties (bi-modal IT). L'une des deux, appelée "Fast IT," est tournée vers l'expérimentation et l'agilité pour permettre de développer de nouveaux services et de nouveaux business modèles de l'entreprise numérique.Des services utilisés principalement par les clients et partenaires de l'entreprise, donc plutôt délivrés sur des infrastructures Cloud, accessibles de partout et depuis tout type de terminal, voire depuis des objets connectés avec des API.
Pour GreenSI, l'agilité se traduit par la capacité à itérer rapidement (et sans fin) le cycle "Business - Développement - Opérations". Pour cela, il faut fluidifier la collaboration aux interface entre chaque unité:
- le Business et développement (BusDev),
- le développement et les opérations (DevOps),
- superviser l'expérience et les usages des clients pour enrichir et adapter les services (BusOps). Ce dernier point est essentiel dans une approche lean, puisque toute amélioration commence avec le client et se termine avec lui.
Cette agilité concerne donc toutes les directions comme cela a été développé dans un billet précédent (Les Echos Digital).
Car à quoi bon livrer du logiciel chaque semaine si le marketing ne
sait pas définir des services dans les même délais; ou le service client
supporter ces clients qui vont utiliser ces nouveaux services.
Mais
l'agilité n'est pas que la vitesse de fabrication des produits et
services. Deux autres éléments de l'agilité son essentiels, et bien
maîtrisés par la DSI: l'infrastructure (Cloud) et l'architecture.
L'infrastructure, c'est le socle sur lequel l'entreprise numérique repose, et existe. Elle est bien sûr stratégique et les GAFAs, comment Facebook, le savent. Car dans un monde numérique, débranchez l'infrastructure et tout s'arrête...
Cela peut donc paraître contre-intuitif de parler d'agilité, car l'infrastructure est par expérience souvent la cause de contraintes et retards dans les projets. Qui n'a pas connu le projet qui doit attendre plusieurs mois la simple livraison du serveur commandé (sur mesure) et qui permettra de commencer les développements sur un environnement proche de la cible ? Mais en 2015, tout devient du logiciel, même l'infrastructure comme les composants réseaux, des machines aux datacenters (Software Defined). Ce changement de paradigme permet donc de réduire les temps de mise à disposition, de gagner en automatisation, notamment pour la création des environnements et la livraison du logiciel développé sur ces environnements. Tout un nouveau champ de compétences à développer à la DSI ou à sourcer chez un partenaire de Cloud hybride.
C'est même certainement une condition nécessaire à l'agilité que d'avoir la capacité de faire des livraisons en continu. Car, là encore, à quoi bon développer de nouvelles fonctions en une semaine si on ne sait les mettre en production immédiatement et les rendre accessibles aux clients ? Le lean, c'est bien ce souci de feedback permanent pour l'amélioration continue. Cela demande ces livraisons aux "vrais clients" de l'entreprise (ceux qui payent ces services) pour qu'ils puissent faire de "vrais retours" (succès ou améliorations) qui vaudront toujours plus que les retours de ceux qui, dans l'entreprise, sont payés pour tester les services mais sans avoir à les utiliser.
L'infrastructure, c'est le socle sur lequel l'entreprise numérique repose, et existe. Elle est bien sûr stratégique et les GAFAs, comment Facebook, le savent. Car dans un monde numérique, débranchez l'infrastructure et tout s'arrête...
Cela peut donc paraître contre-intuitif de parler d'agilité, car l'infrastructure est par expérience souvent la cause de contraintes et retards dans les projets. Qui n'a pas connu le projet qui doit attendre plusieurs mois la simple livraison du serveur commandé (sur mesure) et qui permettra de commencer les développements sur un environnement proche de la cible ? Mais en 2015, tout devient du logiciel, même l'infrastructure comme les composants réseaux, des machines aux datacenters (Software Defined). Ce changement de paradigme permet donc de réduire les temps de mise à disposition, de gagner en automatisation, notamment pour la création des environnements et la livraison du logiciel développé sur ces environnements. Tout un nouveau champ de compétences à développer à la DSI ou à sourcer chez un partenaire de Cloud hybride.
C'est même certainement une condition nécessaire à l'agilité que d'avoir la capacité de faire des livraisons en continu. Car, là encore, à quoi bon développer de nouvelles fonctions en une semaine si on ne sait les mettre en production immédiatement et les rendre accessibles aux clients ? Le lean, c'est bien ce souci de feedback permanent pour l'amélioration continue. Cela demande ces livraisons aux "vrais clients" de l'entreprise (ceux qui payent ces services) pour qu'ils puissent faire de "vrais retours" (succès ou améliorations) qui vaudront toujours plus que les retours de ceux qui, dans l'entreprise, sont payés pour tester les services mais sans avoir à les utiliser.
Enfin, il ne faut pas oublier l'architecture qui, à la fois se complexifie avec de multiples acteurs, et peut donc bénéficier de l'amélioration continue pour la maîtrise rapide de sa mise en place, mais qui permet
aussi d'isoler les éléments, comme par exemple avec des "API", et donc
de rendre l'ensemble agile en limitant les dépendances.
C'est ce qu'a pu présenter Philip Rademakers, de Toyota Motor Europe, qui a détaillé le "datahub produits" de Toyota et les API REST qui permettent de le partager largement dans son écosystème.
C'est ce qu'a pu présenter Philip Rademakers, de Toyota Motor Europe, qui a détaillé le "datahub produits" de Toyota et les API REST qui permettent de le partager largement dans son écosystème.
L'agilité permet le Lean
L'agilité amène donc la capacité d'itérer avec, en ligne de mire, la perspective du client et de la valeur perçue. Mais
les itérations amènent la possibilité de s'améliorer en continu et
d'apprendre. C'est là que les démarches "Lean" centrées sur la mesure et
l'amélioration continue, entrent en jeu. Agile et Lean sont donc intimement liés. Et on peut même se demander à quoi bon développer l'agilité sans développer le lean.
Certaines startups sont même allée plus loin et en ont fait un mode de fonctionnement, voire une organisation interne.
C'est ce concept qui est initialement développé en 2008 par Eric Ries (The Lean Startup) sur la base de la pensée Lean dans des entreprises high-tech de la Silicon Valley. Mais comme la seule obsession d'une startup n'est pas d'améliorer son fonctionnement ( contrairement à une entreprise plus mature) mais de capturer de nouveaux clients, toute l'attention de l'amélioration continue est mise au service de l'innovation et de la sortie de nouveaux produits ou la conquête de nouveaux marchés. Et une fois le client séduit, le "growth hacking" va pousser la startup à tout faire pour développer ses usages, le retenir et même en faire un ambassadeur pour conquérir de nouveaux clients. Tout est fait pour la croissance, et on la souhaite exponentielle. Il faut donc allumer en permanence de nouveaux moteurs pour casser la linéarité, parfois avec des démarches "non conventionnelles"...
C'est ce concept qui est initialement développé en 2008 par Eric Ries (The Lean Startup) sur la base de la pensée Lean dans des entreprises high-tech de la Silicon Valley. Mais comme la seule obsession d'une startup n'est pas d'améliorer son fonctionnement ( contrairement à une entreprise plus mature) mais de capturer de nouveaux clients, toute l'attention de l'amélioration continue est mise au service de l'innovation et de la sortie de nouveaux produits ou la conquête de nouveaux marchés. Et une fois le client séduit, le "growth hacking" va pousser la startup à tout faire pour développer ses usages, le retenir et même en faire un ambassadeur pour conquérir de nouveaux clients. Tout est fait pour la croissance, et on la souhaite exponentielle. Il faut donc allumer en permanence de nouveaux moteurs pour casser la linéarité, parfois avec des démarches "non conventionnelles"...
Le lean est un moteur d'innovation
Lean Startup est donc un manifeste pour l'innovation continue
qui créé des conditions de succès radicales, de disruption comme on dit
maintenant. D'ailleurs on y reviendra prochainement avec un billet sur
le HubForum qui s'est tenu cette semaine et dont le thème était "Disruption".
Pour les grandes entreprises, c'est la possibilité de donner carte blanche à des équipes agiles "en mode startup" (et pourquoi par à la DSI), pour développer l'innovation, en dehors du carcan des processus établis. C'est une tendance de fond que l'on retrouve dans la mise en oeuvre de simple "labs" ou d'équipes digitales plus structurés, quand ce n'est pas comme AXA ou Accor des programmes pilotés au plus haut niveau.
Pour les grandes entreprises, c'est la possibilité de donner carte blanche à des équipes agiles "en mode startup" (et pourquoi par à la DSI), pour développer l'innovation, en dehors du carcan des processus établis. C'est une tendance de fond que l'on retrouve dans la mise en oeuvre de simple "labs" ou d'équipes digitales plus structurés, quand ce n'est pas comme AXA ou Accor des programmes pilotés au plus haut niveau.
Mais de l'autre côté des Pyrénées, ça bouge aussi. Chez Telefonica, l'opérateur national de télécommunications, Susana Jurado nous a détaillé comment l'opérateur s'est lancé dans le "Lean Product Development" pour transformer la capacité d'innovation
de cette grande organisation qu'est Telefonica. À la clef, le lancement
de multiples produits pensés directement avec les clients.
Et si il y a bien un domaine vierge où l'innovation est le moteur, c'est le digital. Yves Caseau, en charge du Digital au siège d'AXA, a lui présenté comment le lean startup est devenu le moteur de l'innovation de l'agence digitale d'AXA. Sa
démarche pour transformer un assureur éloigné de la relation client
(les courtiers indépendants conseillent les clients et revendent les
produits, parfois de plusieurs assureurs) et à risques sur son coeur
métier (l'analyse de données), est fortement inspirée de la démarche
Lean Startup:
- Design Thinking, pour capturer les points de friction des clients,
- Minimum Viable Product, pour obtenir des retours de clients le plus rapidement possible,
- Growth Hacking: pour cultiver et tirer parti de la satisfaction client.
Mais ce qui est possible avec un client marche-t-il dans le secteur public avec des usagers, qui ne sont pas liés par une relation commerciale, mais plus par un besoin d'amélioration du service ?
C'est ce que Pierre Pezzlardi, co-fondateur d'OCTO technologies, mais aussi "coach" pour le gouvernement (au Secrétariat Général à la Modernisation de l'Action Publique), fait pour montrer qu'il est aussi possible d'innover en 6 mois dans le service public.
Que ce soit pour relancer des services peu utilisés comme le portail open data, ou lancer de nouveaux services comme une application "Le Taxi" pour personnes handicapées (qui va sortir dans peu de temps) ou un portail pour s'y retrouver dans la jungle des aides de l'Etat, le choix est varié.
Alors si la transformation numérique est sur votre agenda 2016, GreenSI vous recommande d'y ajouter à côté l'exploration du Lean, quitte à vous faire coacher par un expert.