mardi 1 janvier 2019

Rétrospective #TransfoNum 2018 : DSI, UX et RGPD


Pour ce dernier billet de l'année, GreenSI vous propose, comme l'an dernier, de faire le point sur l'année écoulée au travers de la quarantaine de billets publiés en 2018 et de regarder comment anticiper 2019.

Autant 2017 aura été une année charnière pour la transformation digitale avec l'arrivée à maturité de technologies et de projets aux nouveaux usages (internet des objets industriels, intelligence artificielle, villes intelligentes...), autant 2018 aura été consacrée non pas à la technologie, mais à la démarche de transformation et à sa gouvernance.

Le rôle de la DSI dans la transformation numérique évolue.

Au sein de cette démarche, le rôle de la DSI s'est affirmé être de plus en plus clivant pour la transformation de l'entreprise.
Il y a ceux qui adaptent la Direction des SI, avec en point d'orgue l'appel de décembre des DSI des plus grandes entreprises françaises - Cigref - à utiliser l'open source, et réussissent. Et puis il y a ceux qui conservent la gouvernance SI "traditionnelle", malheureusement obsolète dans une économie numérique, qui freine les initiatives digitales et en multiplie souvent les coûts.

Rappelons, s'il en était encore besoin, qu'en 2018 le digital tue ceux qui ne s'adaptent pas et qu'en 2018 la transformation digitale, n'est plus dans un "proof of concept" localisé, mais dans les grandes manœuvres mondiales. Même en France, en octobre 2018, Médiamétrie dénombrait plus de 52,9 millions d'internautes en France, soit 84,3% des Français de deux ans et plus.

En mai, GreenSI faisait le constat que c'était "dur dur d'être un DSI Digital en France !" car une étude de Gartner montrait qu'au niveau mondial, les entreprises qui croissent le plus vite, investissent le plus dans leur système d'information. Cet investissement était plus faible comparativement en France. Mais l'investissement dans le digital doit accompagner la croissance de l'entreprise et déboucher sur des systèmes opérationnels reliés au SI. Or la DSI, qui pilote le SI, ne pilote que 77% de ces investissements, chiffre en décroissance chaque année.

En 2019, avec un risque de récession économique annoncé par les experts et une pression plus forte sur les coûts, il faudra trancher et décider : soit stopper les initiatives de transformation digitale hors SI qui ne savent pas être industrialisées efficacement au cœur du SI, soit changer la gouvernance du SI pour qu'elle sache les industrialiser et mieux piloter l'investissement dans le digital. En 2016 GreenSI avait appelé à un "reboot de la DSI", on y est.

Mais concernant cette transformation du SI, en décembre GreenSI se posait la question, si "La DSI avait les compétences nécessaires pour la transformation du SI ?", suite à une étude McKinsey qui structure en cinq phases ce passage d'une DSI "traditionnelle" à une DSI totalement numérique. Or le point de blocage qui ressort de cette étude est clairement celui des RH et de la gestion des compétences.

C'est certainement LA priorité de la DSI en 2019... une fois le modèle digital adopté !
 
Quoi qu'il en soit, 2018 aura été pour la DSI une année de rupture avec les grands éditeurs qui ponctionnent une grande partie du budget des systèmes d'information, pour une valeur de moins en moins démontrée dans le temps (difficultés des mises à jour) et surtout des pratiques d'audit et d'interprétation des contrats discutables (voir La fronde du DSI contre les grands éditeurs).

Surtout que, quand il s'agit de l'ERP, son coût et le "risque éditeur" (audits, rachat ou changement de politique), deviennent des freins à l'évolution vers le digital (ERP digital : quand SCM et CRM ne feront plus qu'un). D'ailleurs, au-delà des progiciels, il est peut-être temps pour la DSI de rompre avec le monde de la construction qui l'a fortement inspiré dans les années 80s (Quand l'informatique s'inspire de la construction), et d'aller vers plus d'agilité, peut-être même de reprendre en main le développement d'applications et de plateformes (Au fait c'est quand votre prochaine DevConf ?) surtout depuis qu'elle utilise l'open source, comme les GAFAs.

Et puis de nouveaux challenges arrivent dans le système d'information, au sens large. Des challenges identifiés en 2018 que l'on va suivre ensemble en 2019 et qui devraient être visibles sur votre radar. Il s'agit principalement de :
GreenSI en ajoute un, celui de la diversité en informatique, notamment avec l'arrivée de l'IA (billet de 2017 : IA et manque de diversité ne feront pas bon ménage). Un objectif concret serait que dans le classement e-CAC40 des grandes entreprises qui auront le mieux piloté leur transformation numérique, il y ait plus que Christelle Heydemann (Schneider Electric) sur le podium autour du secrétaire d'État au numérique...


L'expérience utilisateur et de nouvelles IHM

Autre domaine majeur qui s'est révélé dans les billets de 2018 : l'Expérience Utilisateurs.

Le mobile est devenu une commodité, et il attire de multiples acteurs cherchant à capturer le plus de valeur possible sur ce terminal devenu majoritaire en 2018 pour l'accès Internet. Sans surprise ces nouveaux acteurs vont exploiter la recherche d'une nouvelle expérience utilisateur, même dans des domaines évoluant peu comme la banque (notamment Revolut qui a repensé la banque sur mobile).

Ceci va profondément transformer les opérateurs télécoms. Ainsi la nouvelle Delta de Free, qui a tout compris à la maison connectée, et celles de ses concurrents dont notamment Orange, augmentent les services vers les utilisateurs "façon Apple" et cherchent un nouveau modèle économique alternatif à celui du simple accès Internet au Go.

En 2019, la domination dans les nouvelles interfaces, dont vocales, sera à regarder de près, pour voir émerger les prochains champions dans tous les domaines : maison, voiture, magasins et pourquoi pas bureautique et productivité individuelle.

Ces nouvelles interfaces entre l'utilisateur et le SI, ou entre l'homme et la machine, nous font revenir aux sources de la construction des nouvelles IHM.
Pour cela GreenSI est convaincu que "le design thinking est là pour réconcilier Digital et SI" et amener sa pierre à la transformation de la DSI.
Plus les applications seront intelligentes, plus elles donneront le pouvoir aux utilisateurs, et donc plus l'utilisateur deviendra la pierre angulaire de construction des applications et des nouvelles architectures.
Le design thinking est la démarche qui permet de penser utilisateurs en créant de la valeur, mais aussi de s'adapter à une démarche agile de construction des besoins qui prépare la construction agile des équipes de développement informatique.

Open data, l'ouverture et l'innovation bousculées par le RGPD.

Enfin le 3em axe fort de 2018 aura été celui des données, et avec le focus mis sur l'expérience utilisateur, des données personnelles.

Le dernier billet de GreenSI faisait le lien entre ces données personnelles et l'expérience utilisateur. Il mettait en avant les résultats d'une étude qui montre que quand la priorité est sur l'expérience utilisateur, ceux-ci acceptent de partager leurs données et de construire une relation gagnant-gagnant.
Pour les adeptes de Star Wars, c'est le côté lumineux de la Force ;-)

Mais l'année 2018 aura surtout été marquée par la mise en œuvre du RGPD et son entrée en vigueur le 25 mai. Cela a demandé la mobilisation de beaucoup de ressources (internes et externes) pour la mise en conformité, loin d'être terminée en cette fin d'année dans de nombreuses entreprises.

Après tant d'efforts (le chiffre de 4 milliards jusqu'en 2021 circule pour la France) le résultat semble sans appel : une destruction massive de fichiers et de valeur, sans aucun bénéfice tiré côté client (Le RGPD 6 mois plus tard : tout ça pour ça ?!).
Le RGPD a donc été pris jusqu'à présent du côté obscur de la Force, par la contrainte, l'interdiction et la destruction. Le scandale de la fuite des données de Facebook annoncé en 2018 ne va certainement pas faire changer les choses à court terme.

En février GreenSI se demandait si la révolution de la data était vraiment engagée en France ?
Si la donnée est vraiment l'or noir du XXIème siècle, les raffineries de données devraient tourner à plein régime dans l'entreprise et valoriser cet or noir au maximum pour créer de la richesse. Or, cette valeur ne se voit pas dans les comptes des entreprises françaises et n'est pas anticipée par la Bourse. Si de plus le RGPD rend frileux les initiatives de valorisation des données, qui immanquablement déboucheront sur des données personnelles, n'est-on pas en train de rater la révolution des données ?

Développer une stratégie de valorisation des données équilibrée est à inscrire sur l'agenda 2019.

Dans les collectivités locale, 2018 aura été la prise de conscience qu'il était temps de redéfinir l'open data pour libérer tout son potentiel, si on voulait que les stratégies de données transforment les territoires comme elles ont transformés les services via Internet.

La libre circulation des données est au cœur des stratégies de services aux citoyens qui marchent, notamment dans le domaine de la mobilité. Or un constat est que l'open data né il y à maintenant 10 ans et imposé par la Loi (en 2016) ne fait pas circuler assez vite les données (Open data : 90% de hors-la-loi, et alors ?). Il lui faut donc un autre moteur pour se développer plus vite. Alors pourquoi pas celui de la valorisation des données ?

Mais le RGPD est aussi passé par là en 2018 en amenant une nouvelle schizophrénie numérique : RGPD ou open data, il va falloir choisir !
Dans ce domaine, le RGPD révèle surtout que la maille de découpage des collectivités locales n'est pas optimale pour gérer efficacement les systèmes d'information avec un niveau supérieur d'exigences. Avec des SI hétérogènes sur le territoire national, le risque serait d'amplifier la fracture numérique, non pas celles des citoyens mais celle de la collectivité et de ses services. Ce n'est pas le seul facteur de l'aménagement numérique des territoires, mais on peut se demander si on ne va pas vers une plus grande mutualisation des SI des collectivités. ?

Et puis le numérique d'un territoire et des villes intelligentes est loin de se résumer à celui de la seule collectivité qui en organise une partie des services. Les trottinettes et les vélos électriques dans les rues sont là pour nous le rappeler. La Cité du futur a besoin d'une architecture numérique et ses interfaces vont aussi évoluer, avec plus d'intelligence.
A nouveau cela est rendu possible par les données libérées du territoire (voir Comment puis-je vous aider à découvrir la ville ?).

Pour GreenSI 2018 aura donc été une année riche pour la démarche de transformation pour s'adapter à une économique numérique mondialisée, en mettant en évidence qu'au-delà des technologies, les activateurs de la transformation restent son SI et sa gouvernance, l'expérience utilisateur et la stratégie de maîtrise et d'ouverture des données.

La vision pour 2019 est que la plateforme digitale sera au cœur de toutes les attentions de ceux qui se transforment. Elle transcende les silos et les applications. Avec l'intelligence artificielle, elle délivrera des fonctionnalités pour construire de nouvelles interfaces entre l'homme et la machine, et rendre les deux plus efficaces dans leurs activités.
GreenSI vous souhaite qu'elle soit aussi une excellente année pour vous !

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