lundi 20 juin 2016

Welcome to the new Social Microsoft

Cette semaine il était difficile de rater le rachat de LinkedIn par Microsoft.

Un rachat qui a surpris, autant par l'importance du prix ($26.2 milliards) qui en fait le 3eme rachat de l'histoire de l'informatique, que par le fait de voir surgir un Microsoft sur le terrain des réseaux sociaux. Et comme l'Euro n'est pas trop le thème privilégié de GreenSI (quoique, avec le bigdata qui se développe...), c'est l'émergence de ce nouveau Microsoft qui a retenu l'attention de GreenSI pour ce billet.


Il est encore tôt pour confirmer l'orientation que prendra ce deal chez ce nouveau "Social Microsoft" issue de l'intégration des activités de LinkedIn, mais pour GreenSI, un certain nombre de signes confirme déjà des tendances qui concernent toutes les entreprises.


LinkedIn n'est pas nouveau sur GreenSI. Au moins trois billets d'analyses ont été écrit, avec LinkedIn au coeur des questions posées, et à titre professionnel je suis un grand utilisateur de ce réseau social B2B depuis presque son ouverture en mai 2003 :

Ces trois billets montrent le caractère hybride, unique, pour ne pas dire exotique, de LinkedIn dans le paysage des réseaux.

LinkedIn est un réseau de professionnels sur abonnement (freemium), alors que la plupart des réseaux de cette taille (433 millions de membres) sont financés exclusivement par la publicité (Facebook, Twitter,...).

LinkedIn est aussi un outil de collaboration très efficace dans l'entreprise pour entrer en contact avec d'autres professionnels, voire avec les collaborateurs de sa propre entreprise, au point de mieux en connaître les talents que la DRH. D'ailleurs une offre de LinkedIn "privé" pour l'entreprise est dans les cartons (comme Facebook) et sur mobile on trouve "Lookup" pour rechercher ses collègues.

Enfin, LinkedIn est une base de de données B2B mises à jour par les salariés eux-mêmes, ce qui explique certainement le montant du deal ($60 par membre et si on ne considère que les membres actifs certainement plus de $200).

 
Le premier constat de GreenSI est que si une entreprise sait exploiter LinkedIn, cette valeur, elle peut aussi la capter.

Si votre entreprise a 300 salariés présents sur le réseau qui ont en moyenne 200 contacts, Microsoft estime cette valeur à $3,6 millions selon la référence de $60 révélée par ce deal ! Et si vous avez dix salarié(e)s un peu ambassadeurs avec 6000 contacts chacun, on arrive au même montant. 

De plus, les outils analytiques pour suivre son compte (ou ses pages), et donc indirectement sa valeur, sont déjà présents, même dans l'offre gratuite.



Donc de quoi faire réfléchir :
  • sur la valeur que vous pouvez tirer du réseau, avec ou sans compte Premium,
  • sur qui sont vos ambassadeurs et comment les activer.
Il serait donc sage de confier la clef de votre compte LinkedIn à la Direction de l'entreprise qui saura le mieux exploiter cette valeur en s'appuyant sur les salariés qui y sont déjà présents. 

Donc pas obligatoirement sur la Direction de Communication, souvent à la manoeuvre pour la présence des entreprises sur les réseaux sociaux (préparée à la gestion de crise), mais pas toujours bien positionnée pour concrétiser ces contacts B2B en ventes, opportunités commerciales ou capture de talents. 

On rentre de plein pied dans le domaine du "Social Selling".

Le second enseignement c'est que Microsoft vient de gagner sa lettre de noblesse: le "M".

Il rentre ainsi dans l'acronyme des entreprises mondiales de l'internet, les GAFAM et anime un nouveau réseau social professionnel très actif. 
Des boursiers, aux analystes, tout le monde a applaudi cette acquisition surprise, dont on peut même se demander "pourquoi elle n'avait pas été faite avant ?"

Malgré la pertinence de la stratégie "Mobile, Cloud et Entreprise" insufflée par Satya Nadella depuis son arrivée, les bruits disent que c'est LinkedIn qui serait allé chercher Microsoft alors qu'il était en négociation avec Salesforce.

Une information sur Salesforce qui ne surprendra pas les lecteurs de GreenSI car, en tant que "base CRM B2B ultime", comme GreenSI l'a déjà présenté, LinkedIn avait certainement aussi énormément de valeur pour Salesforce.

On retiendra donc qu'une qualité de Microsoft est de savoir décider vite et fort !

Ce rachat est donc un coup dur pour Salesforce qui avait pourtant la "baraka" avec son acquisition récente deDemandware pour faire un pas de géant dans le e-commerce, et sa résistance à se faire racheter par Oracle (voir Oracle a-t-il la tête dans les nuages?).

C'est aussi un signal fort pour Google+, car Microsoft peut maintenant aussi suivre la piste de Google en cherchant a "socialiser" toute son offre de services et notamment Office 365, à l'instar des Google Apps qui se vendent en entreprise.
Certes Yammer (racheté $1,2 milliard) existait déjà chez Microsoft, mais il est cloisonné par entreprise, alors que LinkedIn est un réseau mondial où les membres échangent, entre entreprises, au sein de communautés ciblées.

Le dernier enseignement est bien la confirmation que l'avenir de la collaboration en entreprise est en train de s'écrire.

Dans son billet de novembre dernier sur ce sujet, GreenSI mettait en avant qu'une stratégie collaborative doit intégrer aussi bien les documents que les flux de conversations ou d'informations. Car  que ce soit en interne, comme en externe, ces conversations commencent ou se terminent souvent par un document. 

Sur LinkedIn ce sont des photos et des liens vers des articles qui s'échangent.

La valeur de ce blog GreenSI est autant composée de ses billets, référencés par les moteurs de recherche, que des échanges sur les réseaux sociaux, qui permettent aussi de les trouver. D'ailleurs de ce point de vue là, pour GreenSI, blog professionnel, LinkedIn est passé ces dernières années devant Facebook et parfois même Twitter pour le partage des liens vers ses billets.

Les derniers échanges se retrouvent sur les réseaux et les plus anciens via les moteur de recherche. En entreprise on peut aussi opposer e-mail (flux) et classement dans les dossiers (stocks). Les flux et les stocks d'information sont donc intimement liés dans les futurs espaces collaboratifs.

LinkedIn est déjà présents dans les "flux" exposés à son réseau sur sa page d'accueil et avec Pulse. Mais il est aussi dans les "stocks", car propriétaire de "Slideshare" pour partager les présentations, ou de cours de "e-learning". C'est donc certainement un autre atout pour Microsoft pour écrire l'évolution d'Office 365, principal outil de production de documents partagés par les salariés, que savoir exploiter les données que génèrent toutes ces interactions, le fameux graphe social au cœur de la valorisation de Facebook. Il va être intéressant de voir si pour cela Microsoft s'appuie sur son offre "Power BI" qu'il commerciale aux entreprises dans cette situation ou si il sera obligé d'inventer autre chose, vu la taille et l'importance du sujet pour récupérer la valeur des $26,2 milliards.

Le 14 juin 2016 restera donc comme la date de la création d'un nouveau Microsoft, abordant sans complexe l'exploitation en direct du Social Business et de ses graphes de données, alors qu'il y a peu de temps la majorité de ses ventes venait de son réseau de distribution indirecte. 

Surtout que Microsoft a aussi les autres briques "temps réel" qui vont compter dans cette nouvelle collaboration : Skype sa messagerie instantanée, et Cortana, la reconnaissance vocale qui va mener au prochain guichet unique de services collaboratifs en ligne.

J'ai quand même demandé à Cortana ce qu'elle pensait du rachat de LinkedIn, mais ça s'est terminé par... une recherche sur Google ! 


Comme quoi, à l'ère de l'Intelligence Artificielle, Microsoft a encore du boulot et de quoi occuper ses ingénieurs pour continuer la course avec ses nouveaux amis GAFA, qui eux fourbissent de nouvelles armes (Google Now, Apple Siri, Facebook M et Amazon Alexa).

L'histoire ne fait certainement que commencer pour le nouveau Social Microsoft...
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