lundi 18 avril 2016

Le logiciel au coeur du nouvel industriel de l'internet: Facebook

Cette semaine Facebook a tenu "F8" sa conférence pour les développeurs. Ce billet sera donc l'occasion de se laisser inspirer par cette société aux 1,7 milliards de clients et de revenir sur plusieurs thèmes au cœur de la transformation numérique: l'écosystème, l'avenir de la collaboration et l'intelligence artificielle.

 
La première F8 c'était en 2007, quand Facebook avait 24 millions de membres. Son engagement pour créer un écosystème de développeurs et d'entrepreneurs autour de sa plateforme est donc dans ses gênes depuis l'origine.

L'objectif, c'est de les inciter à venir y développer leurs idées (en 2014 GreenSI avait déjà couvert F8: Gestion de l'infrastructure: Facebook et DSI même combat!). Et ça marche! Depuis l'an dernier, les développeurs sont 40% plus nombreux sur la plateforme, attirés par des revenus de plus en plus important pour la monétisation de leur trafic ou des abonnements reversés par Facebook.

Facebook n'a pas de store applicatif comme Google ou Apple. Il ouvre directement les API de sa plateforme à son ecosystème et leur met à disposition sur un portail dédié (https://developers.facebook.com) un ensemble d'outils pour simplifier leurs développements, tester leur code, signaler des bugs...
C'est aussi envers eux un engagement de stabilité de sa plateforme (pour qu'ils n'aient pas à adapter leurs logiciels en permanence) et de résolution de bugs (90% en moins de 30 jours).

 
Une approche qui est aussi adoptée par des entreprises plus traditionnelles comme La Poste(API: les dessous de l'omnicanal) pour le développement de leurs services numériques. C'est un moyen de faire de la vente indirecte et de multiplier sa présence, dans un Internet toujours en expansion.

GreenSI voit donc dans l'action de Facebook auprès des développeurs une bonne pratique pour toutes les entreprises, dont une partie de plus en plus grande de leur business dépendra du logiciel.

Facebook a aussi annoncé à F8 la possibilité d'insérer des "bots" dans Messenger, des logiciels pouvant prendre en charge de petites transactions de façon autonome comme réserver une place de cinéma ou prendre un rendez-vous.

Ces bots ne sont pas nouveaux et existent déjà. GreenSI a déjà abordé leur inscription dans le future de la collaboration. Par exemple avec #Slack en entreprise ou le bot de Citymapper qui permet de dialoguer pour obtenir son itinéraire dans Paris :




Ce qui est nouveau, c'est le support des bots par Facebook directement dans Messenger, la messagerie instantanée aux 900 millions d'utilisateurs.

Facebook a testé en 2014, avec "M ", un bot reposant à la fois sur de l'intelligence artificielle, mais aussi des humains pour répondre aux demandes que l'IA ne sait pas prendre en compte, comme dessiner par exemple. Mais ce modèle n'est pas scalable en l'état sans modèle économique. C'est donc certainement ce que cherche Facebook avec la stimulation de son ecosystème de développeurs à développer des bots pour enrichir Messenger.


La capacité de ces bots a transformer cette plateforme de relations "one to one" en assistant personnel est certaine. C'est d'ailleurs une réponse à Amazon Echo et sa gamme de produits qui vont permettre de contrôler sa maison (musique, films, domotique...) à la voix en langage naturel et de commander des produits... pas que sur Amazon !


Jeff Bezos le patron d'Amazon est convaincu que la voix est la prochaine plateformeMark Zuckerberg pense pour l'instant que c'est le tchat. Cette bataille de géants sera certainement passionnante.

Pour les entreprises cela veut dire qu'après les sites e-commerce, les Apps, puis les API, les bots seront les prochains développements a réaliser pour rester dans la course. Sur Internet le lieu de prise de décision des achats, voire de l'achat lui même, se déplace sans cesse. Il faut le suivre. La capacité de la DSI seule à accompagner cette course est de plus en plus mise en doute (les DSI en proie au doute).

Le F-commerce, la vente sur les réseaux sociaux, annoncé il y a quelques années n'a pas été au rendez-vous, le retour à l'omni-canal a sonné et en son coeur l'humain connecté avec une simple messagerie instantanée. Et ce dernier mot instantané est bien la raison pour laquelle les échanges vont se dérouler en temps réel et être exigeants sur le système d'information.

L'Intelligence Artificielle (IA), elle, permettra de l'accompagner pour interagir avec son réseau, mais aussi avec les marques, que Facebook aimerait bien qu'on prenne pour de nouveaux amis... vu que c'est elles qui financent le service !


L'IA est citée par Facebook comme une des trois directions clefs dans 10 ans, avec laconnectivité et la réalité virtuelle ou augmentée.



Mais ce qui est intéressant c'est que pour réaliser sa roadmap, Facebook est en train de se muter en industriel pour fournir les équipements (ailes volantes) qui permettront de raccorder 3 milliards d'individus supplémentaires, et de les plonger dans cette réalité nouvelle (2016: la réalité virtuelle va devenir une réalité) avec un casque Oculus ou celui de son partenaire Samsung qui embarque le logiciel Oculus.

Cette intelligence artificielle est vue comme un moyen d'automatiser les relations, comme dans les bots. Mais l'IA s'appliquera à de nombreux autres domaines. Elle a la capacité à transformer les entreprises et leur organisations. On peut l'extrapoler assez simplement aux centres d'appels quand on regarde l'exemple de "M", dont l'ancêtre est le Serveur Vocal Interactif, qui recherche la complémentarité entre le logiciel et l'humain pour la prise en charge du service clients. Recherchez tous les SVI de votre entreprise, ils sont a priori de bons candidats pour tester une approche plus innovante possible aujourd'hui.

Ces agents autonomes vont donc se développer et traiteront de plus en plus de transactions financières et dans les usines superviseront les équipements, la production et pourquoi pas les humains...

Au fait, si vous confondez IA et BigData, à la sauce machine learning, vous êtes victime de la buzzification de l'informatique et de consultants qui croient savoir, car ça n'a pas grand chose à voir. Oui il y a des données et des algorithmes dans les deux, mais comme partout depuis les débuts de l'informatique ;-) 

C'est dans ce domaine de l'IA qu'IBM a lui aussi pris l'un des virages de sa transformation et créée une division qui accompagne les entreprises dans cette voie. Facebook est certainement en retard sur Google (qui a battu le champion mondial de Go avant lui) et les deux compères en retard sur IBM qui en est déjà aux applications de l'IA dans la médecine ou la banque.

Mais quand IBM vends très cher à quelques entreprises, Facebook a les moyens de valoriser les bénéfices de l'IA, auprès de ses 1,7 milliards de membres et surtout les 900 millions adeptes de Messenger. Idem pour Google. C'est peut être la bascule du marché de l'IA du B2B vers le B2C auquel on va assister très prochainement. En tout cas les rachats et les investissements vont bon train autour des sociétés maîtrisant l'IA comme le montre l'étude CBinsights.



La conférence F8 est donc là pour nous rappeler que l'évolution du numérique est certes guidée par l'innovation et l'émergence de multiples startups financées par du capital investissement, mais elle ne doit pas nous faire oublier les "géants du web".

Ces acteurs comme Facebook, ont atteint un niveau d'économie d'échelle jusque là inconnu, qui peut à lui seul orienter le futur de centaines de millions de personnes sur Terre et de l'Internet tout entier. Surtout quand Facebook confirme ses plans pour devenir un opérateur mondial de l'Internet.

Les acteurs opérationnels de la transformation numérique des entreprises (CMO, CDO, DSI, ...) se retrouveront certainement dans ces 3 conseils que Facebook nous inspire:
  • développez et bichonnez l'écosystème de vos développeurs, internes et externes. A la fin tout ça c'est du code !
  • ouvrez votre SI pour l'omni-canal, et préparez vous à plus d'IA dans les relations de votre entreprise
  • progressez sur l'objectif "tous connectés": salariés, clients, partenaires, machines et plus encore
Mais le conseil le plus intéressant que retire GreenSI de cette conférence, c'est que le "Facebook d'origine" avec ses posts, son graphe social et ses publicités, est certainement devenu, 12 ans après son lancement, le legacy de Facebook.

Il est toujours là pour être valorisé, et c'est même la vache à lait, mais l'innovation à venir de Facebook sera certainement ailleurs. 

L'humour de ceux qui aiment le numérique