lundi 14 septembre 2015

Un iPadPro pour l'entreprise: et alors?

Cette semaine s'est tenue la conférence d'Apple, attendue par tous les adeptes (ou disciples ?) de l'iPhone, pour lever le voile sur ses deux prochaines moutures 6s et 6s Plus. D'ailleurs une étude a montré que les utilisateurs d'iPhone n'étaient pas représentatifs de la population, mais bien sur représentés parmi les CSP+. Ce qui dans un monde toujours bipolaire (iOS, Android) est une bonne nouvelle pour les marques de luxe puisque cela leur amène une direction claire sur leur stratégie mobile ("iPhone first" voire "iPhone only") et une confirmation pour ceux qui visent le "service public pour tous" de bien exploiter au maximum Android.

Mais ce ne sera pas l'objet de ce billet. On retiendra cependant que la vitesse d'innovation sur le poste de travail mobile des salariés équipés d'iPhone est de une version par an. Ce qui d'ailleurs pose un problème à la DSI pour suivre comme le montre un autre chiffre, le taux de mise à jour des iPhone gérés par l'entreprise est très faible avec ses risques (vulnérabilités non patchées, anciennes versions plus compatibles avec les nouvelles applications...) Malgré les efforts d'Apple pour avoir mis en place un programme d'achat au volume et la possibilité d'avoir un App Store Pro.

En marge de l'émergence de ce nouveau soleil sur la planète Apple, la rumeur d'un iPad pour les Pros en novembre a été confirmée. Une tablette qui, pour GreenSI, est plus qu'un produit mais bien un signal intéressant pour toutes les entreprises et le positionnement d'Apple dans l'entreprise.

Pourtant, nous venons de voir qu'entre l'entreprise et iOS, il restait des marges de progrès à accomplir. Et les annonces d'équipements d'iPad pour quelques catégories de salariés très limitées, comme les pilotes d'une compagnie aérienne, les commerciaux d'une banque d'affaire, où les vendeurs de certaines boutiques haut de gamme, restent finalement une exception. Même si en revanche du côté des salariés les produits iOS sont très utilisés en entreprise (sans passer par la case DSI, ou juste pour l'accès à Internet).
Apple ne peut-il compter que sur cette stratégie du cheval de Troie pour pénétrer l'entreprise?

Il est cependant vraisemblable que dans sa mouture actuelle, l'iPadPro ne restera qu'un produit de niche pour la clientèle traditionnelle d'Apple, les inconditionnels du graphisme, de la musique et de la vidéo, qui étaient encore équipés de Mac quand Apple était au bord du gouffre en 1997: agences de communication, graphistes, éducation, professions libérales,...
Mais ce que retiendra GreenSI c'est plusieurs messages forts pour l'entreprise et pour ceux en charge de ses systèmes d'information:
  • Oui, Steve Jobs avait dit qu'un style ou qu'un iPad plus grand était stupide. Et cela n'a pas du être simple pour le concepteur de l'iPad Pro d'annoncer "Chef j'ai une idée, et si on faisait un iPad plus grand"...
    Mais visiblement la force d'Apple est aussi de se remettre en question. Un signal à écouter pour l'entreprise qui n'a pas toujours réussi a bien fonctionner avec un Apple totalement dévoué au grand public et donc à l'utilisateur.
  • Oui, Apple est sérieux sur ses alliances pour rentrer dans l'entreprise. C'est Kirk Koenigsbauer, le patron de Microsoft Office, un incontournable dans l'entreprise, qui est venu créditer la volonté d'Apple de fournir des outils de productivité pour les salariés. Accueilli parTim Cook par "qui connait mieux la productivité en entreprise que Microsoft ?".

    Là encore une rupture par rapport à Steve Jobsqui mettait plutôt Microsoft du côté "obscur de la force"... Et puis Microsoft a accepté de venir. Alors que la stratégie Windows10 déployée semble aller à l'encontre d'une diffusion d'iOS dans l'entreprise, qui viendra en limiter la partie mobile. Cela montre une plus grande ouverture de Satya Nadella, aux commandes de Microsoft, pour répondre aux besoins de ses clients entreprises.

    Mais on peut aussi l'interpréter comme un retour d'ascenseur d'Apple à un Microsoft qu'il a sauvé il y  a 12 ans en entrant à son capital et surtout qui a toujours continué à investir sur la plateforme Mac pour ses versions d'Office. Certainement en y perdant de l'argent puisque la base installée était réduite. Aujourd'hui dans le mobile c'est WidowsPhone qui est la base installée réduite.

    Après les accords avec IBM pour rendre disponibles les applications de l'entreprise sur iOS (programme IBM Mobile First for iOS: décisionnel, RH,...), c'est bien avec tout un jeu d'alliances qu'Apple articule sa stratégie pour s'ancrer plus fortement dans l'entreprise. La stratégie du cheval de Troie via les salariés n'est plus la seule.
  • Oui, la tablette en entreprise est un vrai sujet. Et Apple prend le risque de cannibaliser ses propres ventes de Mac Air pour le montrer. Ce sujet c'est celui de la mobilité et des nouvelles ergonomies, quitte à rajouter un clavier et un stylet. Et au siège de Google, nouvellement renommé Alphabet, on a du beaucoup rire en consultant le site d'Apple mis à jour après la keynote, et de constater qu'ils restaient leader de l'innovation;-)

    Le message de l'iPadPro, la DSI devrait interpréter en partant de l'utilisateur, de l'ergonomie, puis de descendre vers les applications avec bien sûr la question stratégique de l'architecture et de l'accès aux données (multi-terminaux, sécurisation, API,...). Apple irait même plus loin et ajouterai un effet "whaou" comme le dit Katharyn White dans soninterview sur CBR sur la relation entre IBM et Apple pour la construction d'applications mobiles.

    Et non pas de lancer un appel d'offre pour choisir tel ou tel système, de GMAO par exemple pour les agents mobiles sur le terrain, puis de constater après coup que l'éditeur retenu est en retard sur la mobilité, qu'il impose ses standards, voire qu'il verrouille ses données.
    Et puis pourquoi la productivité serait un domaine réservé aux opérationnels sur le terrain et qu'on ne pourrait pas trouver de nouvelles ergonomie et façon de travailler avec de nouveaux équipement dans le SIRH ou en Finances ?
  •  
  • Cela va être tout l'enjeu des tablettes mais aussi des objets connectés que l'on pourrait imaginer pour aider pro-activement les salariés à faire leur travail.

    Il est peut-être temps que la stratégie informatique quitte une approche par grands domaines fonctionnels verticaux cloisonnés pour basculer sur une approche plus horizontale et transverse, avec l'ergonomie d'accès aux données en ligne de mire. L'application n'est plus qu'un ensemble d'Apps sur cette architecture. D'ailleurs GreenSI vous en avait déjà parlé en 2012 (Après le PC, habituez vous aux Apps, elles sont là pour durer).

    Oui, cela remet en cause les approches intégrées des ERP (ce sera pour un autre billet). D'ailleurs SAP ne s'y est pas trompé et est en train d'adopter cette stratégie avec Hana et la mobilité. Côté Oracle Applications c'est quand même plus flou...
Est-ce qu'on est pas en train d'observer le renforcement d'une nouvelle stratégie d'ancrage dans l'entreprise par Apple?

C'est certainement une piste à prendre en compte pour les DSI, et à minima un signal de rappel sur la refondation de l'architecture d'entreprise pour intégrer, nativement, le multi-terminal dans les applications métiers. Ce sera tout l'enjeu de l'amélioration de l'expérience utilisateurs.

Go mobile first!
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