Lancée le 1er avril 2014, presque comme une blague, elle obtient en quelques mois des centaines de milliers d'utilisateurs et se trouve valorisée en juillet 2014, entre $5 millions et $10 millions, après avoir levé $2,5 millions. Aujourd'hui, un an plus tard, et après s'être enrichie de la fonction de partage de sa localisation, elle n'est plus sur les écrans radars des startups en vue. Mais peut être rebondira t-elle prochainement avec l'Apple Watch. Qui sait?
Pourtant, derrière ce qui pourrait ressembler à un canular et l'exubérance de riches investisseurs, se cache une idée toute simple, qui est en train de se répandre à grande vitesse dans le monde digital. GreenSI appelle cela l'automatisation des micros-messages. Découvrons la ensemble.
Systèmes complexes: les échanges doivent redevenir simples
Parfois, un micro-message vaut mieux qu'un long discours ou qu'une longue intégration entre deux applications.
Par exemple pour allumer une lampe depuis votre smartphone, pour demander la météo et enrichir le tableau de bord d'une de vos applications, ou tout simplement pour être alerté de façon moins rudimentaire qu'un simple "Yo". A chaque fois, les échanges peuvent se faire par des micros-messages normalisés, permettant un couplage "lâche" entre les deux parties (celui qui émet et celui qui reçoit).
Rien de bien nouveau pour ceux qui connaissent le middleware d'entreprise, sauf qu'il s'agit maintenant de gérer les échanges à l'extérieur de l'entreprise, à l'échelle de la planète et avec des performances adaptées aux mobiles et bientôt aux objets connectés.
Pour les adeptes de Twitter ou du SMS, je n'ai pas a vous convaincre que la frugalité d'un message (140 ou 160 caractères) n'est pas un frein. Les micros-messages vont donc à l'essentiel avec quelques paramètres.
Et si vous avez suivi les derniers billets de GreenSI sur les API (Quand les API vont tous nous connecter) vous savez que leur développement s'accompagne d'une nouvelle "grammaire" de messages pour interagir avec une application, ou même les services numériques d'une entreprise comme La Poste qui vient de les ouvrir (API: les dessous de l'omni-canal).
Tout est donc là pour stimuler le développement de micros-messages applicatifs pour interagir sur internet et automatiser le monde connecté. Mais Yo ne sera certainement pas le prochain Twitter des micro-messages entres applications et/ou machines.
D'autres comme IFTTT.com en ont compris tout le potentiel et sont beaucoup plus avancés. Ce n'est pas la première fois que GreenSI vous parle de cette plateforme qui permet "d'automatiser votre internet" en programmant des règles simples, déclenchées par des évènements dans une de vos applications, et produisant un résultat dans une autre de vos applications.
Pour ceux qui me suivent sur Twitter (@fcharles), vous avez du remarquer que depuis plusieurs années "j'annonce" en automatique le gel et la pluie sur Paris en utilisant une règle IFTTT:
Pour cela, IFTTT référence et permet d'activer, depuis sa plateforme, les API de toutes les applications de votre quotidien (mail, réseaux sociaux, documents, météo,...) pour créer des combinaisons de plus en plus nombreuses et imaginatives (appelées "Recettes" par ses utilisateurs). Les règles sont très simples a programmer, avec un assistant très intuitif depuis un PC ou un mobile, et peuvent être partagées. Donc si vous êtes pressé(e), recherchez qui a déjà résolu votre problème et reprenez sa recette...
Ce qui est nouveau, c'est que IFTT.com vient de sortir une application "Do button" pour réutiliser les API de sa plateforme vers toutes les applications référencées. Ce qui vous permet simplement et sans programmation, d'interagir avec une application tierce sans utiliser son interface, mais en passant par IFTTT et son interface.
Par exemple, si vous êtes vraiment un adepte de Yo, voici la règle pour envoyer un "Yo" géolocalisé a vos followers quand vous appuyez sur un bouton de votre smartphone. A peu près ce que sait faire l'application Yo...
Objets connectés: les micros-messages seront la règle
Bon, mais à part avoir la satisfaction de recoder l'application Yo en une règle, à quoi cela peut servir?
Et bien les objets connectés arrivent à la maison. IFTTT cherche à positionner votre smartphone comme télécommande universelle et personnalisée. Vous pouvez déjà commander la lampe Hue de Philips, et pourquoi pas votre thermostat Nest.
Gros avantage de cette télécommande, elle est programmable simplement. Le champ des combinaisons pour s'adapter à vos besoins est donc immense. Surtout, vous pouvez croiser vos applications de communications et sociales avec celles de vos objets connectés. Ce qui est plus difficile à faire par les fabricants d'objets connectés sans leur donner accès à chacun d'eux, à vos emails et vos autres réseaux sociaux.
Un service similaire à un autocommutateur, qui mettrait en relation les applications qui doivent se parler entre elles, quand elles doivent se parler.
Quelle est la portée stratégique de ces micros-messages?
On a beaucoup dit avec le digital qu'il y avait un risque de désintermédiation entre une entreprise et ses clients, si d'autres s'emparent de cette relation clients et vous relègue a être un simple fournisseur de services. Jusqu'au jour où ils n'auront plus besoin de vous...Avec les micros-messages, la question stratégique de la désintermédiation de vos applications se pose aussi.
Car Philips a bien sûr une application pour piloter les lampes Hue qu'il vend. Mais avec ce nouvel usage, elle n'est plus nécessaire puisque IFTTT vient de la désintermédier. Est-ce un nouveau risque dans cette économie digitale? Pas sûr tant que cela stimulera la vente du produit réel (la lampe Hue), mais dès qu'elle aura des concurrents, lowcost par exemple, ce sera une autre histoire. Car il suffira d'un simple reparamétrage des règles de votre smartphone pour adopter ce nouveau produit sans changer vos habitudes et sans que ce produit n'ait besoin d'avoir sa propre application.
Alors
si les API ne sont pas encore sur votre radar stratégique, GreenSI
espère que ce billet aura montré le potentiel d'innovation et de rupture
qu'elles contiennent et pourquoi il faut vous y intéresser. Pour en
discuter ensemble, ne ratez pas chaque mois les #APIConnection.
Et puis pour revenir à Yo, c'est peut être la démonstration d'une règle GreenSI (Règle #15) de l'internet et de l'innovation: la question n'est pas d'avoir l'idée en premier, mais d'être le premier à l'implémenter.Et IFTTT a l'air d'avoir pris, en un an, une bonne longueur d'avance.