mardi 9 décembre 2014

Le retour du développeur (Episode VI)

Résumé de l'épisode V: L'usine à logiciels contre-attaque
Dans la nouvelle économie des applications, le DSI s'est muté en Chief Engineering Officer et pense "Digital First" pour faire entrer son SI dans la 3eme ère. Une ère où le logiciel est différenciant et où, les nouvelles usines à logiciels, reviennent pour englober, de façon agile, toute la chaîne de développement: BusDev et DevOps.
Au coeur de ces usines, réside la Force de l'architecture et du code: c'est le retour du développeur, le dernier billet de la trilogie.
La planète DSI est loin d'être sur une orbite tranquille de la galaxie...

GreenSI est persuadé que les années qui arrivent vont remettre sur le devant de la scène le développeur. Et avec lui le code et l'architecture.
Si vous pensez que Python est un serpent, que Java est une ile d'Indonésie, que le coeur noble de votre DSI c'est les études (ou le contrôle de gestion), et que tout le reste peut être sous-traité dans des pays low-cost, cet article est pour vous!

Car vous risqueriez de ne pas survivre dans la nouvelle économie des applications...

A la fin, c'est le code qui fera la différence

L'avantage concurrentiel de l'entreprise numérique réside bien dans sa capacité a produire du code performant et de qualité qui composera l'ADN de ses produits, services et processus.

Pour s'en convaincre, regardons en premier un secteur où les marchés sont devenus majoritairement numériques depuis longtemps: les bourses (marchés financiers).

Le trading y est progressivement devenu automatique avec des algorithmes sophistiqués, au delà des performances d'un humain, puis la fréquence de transactions s'est accélérée pour donner le THF (trading haute fréquence).

Ce trading logiciel THF peut ainsi exécuter des opérations sur les marchés financiers en moins d'une microseconde, pour exploiter des micro-anomalies de cours quand elles apparaissent, ou en vendant avant les vendeurs réels et en rachetant plus bas (après qu'ils aient vendu et donc fait baisser le cours).

De l'autre côté du spectre, une industrie très récente née dans le numérique, l'activité de Criteo, qui personnalise les publicités qui s'affichent sur les pages des sites en fonction de qui regarde la page. Quelques millisecondes pour traiter des algorithmes de prédiction exploitants des centaines de téraoctets (les traces de l'internaute collectées sur tous les sites marchands par lesquels il est passé).

Bien sûr, ces performances ne sont possibles qu'avec une architecture et une infrastructure adaptée, mais qui ne fait qu'un avec le code.

Même si dans certaines industries la vitesse d'exécution ne sera pas le seul atout, le time-to-market par exemple sera très important dans le e-commerce, la performance sera certainement essentielle dès qu'on touchera à l'expérience utilisateur. Et dans le domaine du "big data" qui agite tous les secteurs, ce sera encore le plus rapide qui comprendra avant les autres en analysant les données et décidera avant les autres d'en tirer un avantage concurrentiel.

Dans ce contexte, est-ce que vous pensez toujours que le dossier d'étude du THF, ou que sa refacturation aux Directions Métier, est LE point central?

Il est certes essentiel pour préparer la phase de développement, mais entre deux sociétés sur le même marché, ce qui fera la différence dans ce monde numérique, ce sera le code. Et si vous achetez cette idée, alors vous serez aussi d'accord sur le fait que sous-traiter au moins disant la réalisation de vos développements, relève peut être du poker.

Bien sûr, vous pouvez fixer des critères de performance dans les contrats et espérer que l'architecture logicielle mise en place sera conçue et testée dès le départ pour respecter cette performance. Sachant que les tests, en production et en charge, ne sont pas toujours simple a réaliser. Mais dans ce cas, ce n'est pas toujours le moins disant qui sera le mieux placé. Cela vous demandera aussi de vous impliquer dans le suivi de la réalisation, au moins pour vérifier que les critères d'acceptabilité sont respectés.

C'est donc peut être la fin de la sous-traitance "aveugle" du développement par les DSI. Du ré-équilibrage dans les projets entre les montants dépensés dans les études avec des consultants généralistes, et ceux dépensés avec des spécialistes de l'architecture logicielle et du développement. Et pourquoi pas de l'embauche de développeurs architectes dans les DSI. Certainement une piste de réflexion pour les ESN pour reconfigurer leurs offres de prestations à la DSI.

Des développeurs et des compétences... différentes!

Python et Java sont des langages et correspondent a des compétences techniques, très distinctes a un niveau avancé. Or c'est à ce niveau avancé que se fera la différence entre vos applications en ligne et celles de vos concurrents.  Une différence qui se traduira dans l'expérience utilisateurs et dans le développement de l'entreprise numérique.

Les compétences techniques ont un prix et le salaire d'un développeur dépend de ses compétences. Ce que parfois les contrats cadres voudraient nous faire oublier, en affichant des taux moyens qui ne déboucheront que sur... des développeurs moyens. Une nouvelle perspective qui ne sera pas simple a apprécier et intégrer dans les procédures achats quand le seul critère est souvent uniquement le nombre d'années d'expérience (pas nécessairement sur la compétence demandée).
 
D'ailleurs l'étude annuelle de Urban Linker spécialiste du recrutement web est une source très intéressante de données sur les salaires des métiers techniques du Digital.  
Des salaires qui dépendent de l'offre et de la demande car avec de nombreuses startups qui recrutent à la mission et des freelances qui se vendent au plus offrant, il existe un vrai marché pour ces compétences de développement.

Par exemple, vieillissement oblige, HTML4 / CSS2 est une compétence qui n'est plus demandée alors que celles des Frameworks open source ou de développement d'applications mobiles le sont plus. Un DSI m'a même confié cette semaine qu'il existait aux Etats-Unis des impressarios pour les développeurs stars, qui s'occupaient de gérer leur carrière. 

Si vous continuez a toujours prendre le moins disant, vos applications risquent de ne jamais bénéficier des experts. Et puis rappelez-vous le point développé dans Digital Business: l'économie des applications, vous allez à l'avenir développer plus d'applications qu'aujourd'hui. Notamment dans l'interface avec vos clients. C'est ce qu'il ressortait de l'enquête réalisée par CA.

Le code, un apprentissage fondamental?

Mais la question du développeur et du code dépasse le périmètre de la DSI. C'est aussi une question qui de société dont les associations et les politiques s'emparent.

Cette semaine, à l'occasion d'un discours TV sur l'avancée du plan numérique de l'éducation nationale, François Hollande a appelé à l'apprentissage du code à l'école et à la citoyenneté numérique. Précédé ces dernières années par les secrétaires d'Etat au numérique, Fleur Pellerin et Axelle Lemaire, qui ont bien déblayé la route des annonces, au pays de Hugo et Rousseau, où l'on se soucie plus généralement de manier le verbe et la plume, que le numérique.

En espérant aussi que l'apprentissage du code ne fera pas oublier que les élèves éduqués sont qu'un produit de sortie, et que c'est bien l'usine Education Nationale qu'il faudra transformer avec le numérique, avec les MOOC par exemple, et pas uniquement le produit de sortie.

Certaines préparations aux écoles d'ingénieurs comme l'Epita, ont intégré l'algorithmique et l'apprentissage du code dans leurs cursus (sciences informatiques)  au même titre que les mathématiques et la physique, les deux piliers classiques du chemin vers les grandes écoles d'ingénieurs.

Sur ce sujet de l'apprentissage du code, une excellente synthèse est le livre de Frédéric Bardeau et Nicolas Danet: Lire, Ecrire, Compter, Coder dans lequel GreenSI y a trouvé "Ce savoir est devenu un passeport pour l'emploi, tout au long de la vie, au même titre que lire, écrire et compter." ... "comment faire pour qu'il ne soit pas réservé à certaines élites? la majorité des développeurs hommes".

Les (meilleurs) développeurs sont donc déjà bien perçus comme l'élite de l'économie numérique. Et ceux qui sont passés "du côté obscur de la force", les hackeurs, sont bien identifiés comme les ennemis (ou les alliés) dans les conflits du cyberespace.

De part le monde, les initiatives pour l'apprentissage du code fleurissent. Du 8 au 14 décembre, est organisé par Code.org l'opération #HourOfCode (1 heure de code) pour inciter tous les enfants à s'ouvrir aux langages informatique.
Deux mois après l'initiative européenne CodeWeek qui avait les mêmes objectifs.

Une initiative soutenue dans une vidéo par Mark Zuckerberg et Barack Obama, entre autres célébrités.
Le site de l'association fourmille d'ateliers qui permettent aux enfants (et plus grands) d'apprendre les concepts du code, comme la programmation évènementielle, avec par exemple le jeu Flappy Bird, développé en 48h et qui rendu son jeune auteur tellement riche en quelques semaines, qu'il en a perdu la raison...

Alors prêt pour le retour des développeurs à la DSI?
Pour GreenSI c'est une carte qu'il ne faudrait pas sous estimer à l'avenir.
Previous Post
Next Post
Related Posts

L'humour de ceux qui aiment le numérique