lundi 25 février 2013

Explosion de chef de projet en plein vol, dans un nuage de services numériques



Récemment j'ai pu assister au dénouement d'une explosion en vol de chef de projet. Oh, rien de méchant. Juste la réalité d'un nouveau monde de services informatiques qui a fait voler en éclat les certitudes acquises depuis plus de 10 ans a coups d'ERP et de grands projets, avec la complicité et l'appétit aiguisé d'un d'intégrateur pour entretenir les illusions du chef de projet.



C'était quand même le bon temps quand la DSI recevait des cahiers des charges sans avoir été impliquée dans les phases amonts, les faisait chiffrer avec une marge sur les délais et un coefficient de sécurité sur les budgets, et pilotait tranquillement le tout sans quitter son QG.
C'était la belle époque:

  • quand annoncer 18 mois pour un premier lot ne choquait personne, et 5 ans pour un ROI était une chance de promotion,
  • quand les spécifications détaillées étaient faites en interne a grand renfort de consultants qui apprenaient le métier au fur et à mesure qu'ils écrivaient les livrables,
  • quand l'ergonomie était un art pratiqué par les mêmes consultants avec un faux nez, quand ce n'était pas directement par le chef de projet qui avait quand même postulé aux beaux arts avant de rejoindre l'informatique,
  • quand tous les composants techniques étaient connus et validés par la DSI avant même le projet... IE 6 et la taille de l'écran par exemple!
Mais aujourd'hui une partie du système d'information est:

  • un éléments des offres dans une économie aux cycle courts, et encore plus courts pour les sociétés cotées ou dans des marchés très concurrentiels,
  • un outil utilisé pas vos clients et partenaires au quotidien, que vous exploitez pour redéfinir vos relations et les fidéliser, mais qui en échange attendent des fonctionnalités innovantes, une ergonomie efficace et même une intégration avec leurs propres systèmes,
  • des services en ligne auxquels vos clients veulent accéder depuis leur propre terminal, PC ou smartphone, sans que vous leur imposiez vos contraintes techniques comme le choix du navigateur ou de l'OS par exemple,
  • le lien de l'entreprise vers de nouveaux espaces numériques sur Internet où les mêmes clients et partenaires sont aussi déjà présent, dans ces espaces qui contiennent plus d'information que tout ce que les SI des entreprises ont déjà connu.
Clairement le modèle d'applications concoctées et installées en interne, sans imaginer les services en ligne, sans participation externe et sans modèle économique est de moins en moins pertinent.

Et notre bon chef de projet, qui a engagé les rares deniers de l'entreprise en période de disette, selon son approche traditionnelle téléguidée par un intégrateur qui court-circuite la phase d'étude d'opportunité (on ne sait jamais, peut être que le système ne sert à rien), rédige le cahier des charges, et commence même la conception sans validation du projet et du dossier d’architecture (c'est toujours ça de vendu au cas ou l'étude s’arrête), se retrouve pris au dépourvu, quand la bise fut venue.

Et la bise du monde numérique souffle froid en ce moment :

  • quand on oublie que la validation d'une étude d'opportunité par le métier est une étape essentielle pour rédiger et valider le business case de la vente de ces services. Car le coût des projets est finalement moins important que le prix auxquels ces services vont être vendus, ou le chiffrage de l'avantage économique qu'ils octroient.
  • quand on oublie que les applications internes sont devenues des services externes et qu'ils se conçoivent avec les clients et partenaires. Et que les questionnaires de satisfaction de la version précédente, ne sont qu'une première étape pour comprendre ces clients. Ils appellent des séances de conception et de design avec les clients, pour intégrer leurs besoins véritables en conditions opérationnelles.
  • quand on oublie que l'industrie informatique est en révolution structurelle avec le Cloud et le SaaS, et qu'il existe encore quelques SSII affamées par le manque de projet d'intégration, pour entretenir l'illusion que vos (leurs) méthodes sont encore valides dans ce nouveau monde numérique. Alors qu'il n'y a aucune raison pour que ce soit le cas, tant les fondamentaux de l'industrie changent. Et qu'heureusement nombreuses autres ont suent s'adapter et proposer des approches nouvelles.
  • quand on oublie que le rythme n'est plus calé sur l'aiguille des heures mais sur celle des minutes et que tout ce qui amènera de la souplesse, de l'itération, de la réutilisation sera autant d’atouts qu'il faudra avoir dans son jeu
C'est bien une révolution qui est en cours et qui ne se satisfera pas de quelques acronymes de plus sur les transparents présentés à la DG pour l'aborder.



Il va falloir transformer la DSI et en premier lieu ses troupes d'élites: les chefs de projets.
Une conduite des changements rendue difficile par des années de succès. Et quand il y avait des échecs, les circonstances étaient souvent si compliquées qu'on ne pouvait leur en tenir rigueur. Alors pourquoi changer une équipe qui gagne? même quand elle perd...

Parce qu'il n'y a pas une semaine sans l'annonce d'une nouvelle stratégie digitale (peut être un de vos concurrents), sans une nouvelle utilisation des réseaux sociaux, sans un nouveau développement du Cloud Computing, sans une avancée silencieuse du BYOD (chut!)... qui sont autant de changements et de technologies qui impactent la DSI et remettent en cause son expérience et ses méthodes.

Parce qu'il n'y a pas une semaine sans que les "Usines à services informatiques" proposées par Amazon ou Google, pour ne citer qu'eux, ne délivrent dans des temps records des fonctionnalités dont l'entreprise n'avait jamais osé rêver, comme aspirer toutes ses données dans le Cloud et avoir une capacité de traitement infinie pour y fabriquer des tableaux de bords en temps réel par exemple.

Mais certains chefs de projet préfèrent ignorer ce que Louis Naugès appelle la "Révolution Industrielle Informatique". Ils préfèrent se réfugier derrière les certitudes de leur expérience et les piles de dossiers de leur bureau. Car même si ce monde bouge dehors, pourquoi devrais-je changer mes méthodes à l'intérieur de la DSI?
Comment créer ce "sentiment d'urgence" qu'il faut changer, qu'il faut invalider l'ancien monde et accepter qu'il va falloir bouger? Cette explosion en vol est peut être salvatrice et servira d'exemple pour la prise de conscience des autres chefs de projets là où elle s'est produite. Et GreenSI la relaye pour qu'elle profite a un cercle plus large, pour rebondir et enrichir.
 
Car les batteries de vos chefs de projets sont certainement au Lithium-ion comme sur les DreamLiner et menacent de s'enflammer en vol dans les turbulences des nuages en train de transformer notre industrie. Si vous ne les changez pas et que la bise de l'économie numérique commence à souffler, il ne vous restera plus qu'a clouer au sol vos chefs de projets, ce qui réduira d'autant le nombre de projets à piloter.
Remarquez, cela tombe bien car il y moins de budget cette année et c'est peut être l'opportunité qu'ils attendaient pour se former et se transformer. Et si en plus ils ont le droit de faire un stage en startup (voir DSI en mode startuphttp://greensi.blogspot.fr/2012/10/un-hackathon-pour-innover-la-dsi-en.html#.UStZGsWFCSo ), c'est un commando d'élite que vous allez retrouver en 2014...
Previous Post
Next Post
Related Posts

L'humour de ceux qui aiment le numérique